Un homme est assis sur les décombres tandis que d’autres se promènent parmi les débris des bâtiments qui ont été ciblés par les frappes aériennes israéliennes dans le camp de réfugiés de Jabaliya, au nord de la bande de Gaza, mercredi 1er novembre 2023.

Par Andre Damon

Au lendemain du bombardement du camp de réfugiés de Jabaliya à Gaza, les États-Unis et leurs alliés ont non seulement justifié l’atrocité commise par Israël, mais ils ont également proclamé que la population civile de Gaza constituait une cible militaire légitime.

Mardi, des avions de guerre israéliens ont largué de multiples bombes sur le quartier peuplé de Jabaliya, qui abrite le plus grand camp de réfugiés de Gaza, tuant des dizaines de personnes. Le lendemain, les Forces de défense israéliennes (FDI) ont réagi à la vague de colère suscitée par ce massacre en frappant à nouveau le camp de Jabaliya. Le bilan des deux bombardements s’élève désormais à 195 morts et 120 disparus.

Les autorités israéliennes se sont félicitées d’avoir délibérément attaqué une zone où se trouvaient des centaines de femmes et d’enfants. «Mais vous savez qu’il se trouvait beaucoup de réfugiés, beaucoup de civils innocents, hommes, femmes et enfants, dans ce camp de réfugiés aussi, n’est-ce pas?» Le modérateur de CNN, Wolf Blitzer, a commenté au porte-parole des FDI, le lieutenant-colonel Richard Hecht.

Ce dernier a clairement répondu par l’affirmative. «C’est la tragédie de la guerre, Wolf», a-t-il répondu.

Lorsqu’on lui a demandé de réagir directement à la déclaration de Hecht, le porte-parole du Pentagone américain, le général de brigade Pat Ryder, a approuvé l’attaque en accusant les Palestiniens de servir de «boucliers humains». En réponse à ce bombardement, le sénateur Lindsay Graham a déclaré publiquement qu’il n’y avait «aucune limite» au nombre de civils tués que les États-Unis étaient prêts à tolérer à Gaza.

Les plans américano-israéliens deviennent clairs. Depuis 50 ans, les puissances impérialistes parlent d’une «solution» au «problème» des Palestiniens. Aujourd’hui, elles en ont trouvé une: la «solution finale de la question palestinienne».

Israël, avec le soutien des puissances impérialistes, mène une guerre d’anéantissement de masse et de nettoyage ethnique, visant à tuer le plus grand nombre possible de Palestiniens et à chasser de Gaza tous ceux qui restent en vie, dispersés dans le monde entier en tant que réfugiés apatrides ou chassés dans le désert du Sinaï.

Mercredi, Galit Distel-Atbaryan, membre du parlement israélien et ancienne ministre de l’Information du gouvernement israélien, a appelé à «effacer tout Gaza de la surface de la Terre» et à faire en sorte que «les monstres gazaouis s’envolent vers la barrière sud et tentent de pénétrer sur le territoire égyptien – ou qu’ils meurent […] Gaza doit être effacée».

La déclaration de Craig Mokhiber, ancien directeur du bureau de New York du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, annonçant sa démission mardi, décrit ce qui apparaît de plus en plus clairement au monde entier. «Il s’agit d’un cas typique de génocide», a déclaré Mokhiber. «Le projet colonial européen, ethnonationaliste, de colonisation en Palestine est entré dans sa phase finale, vers la destruction accélérée des derniers vestiges de la vie palestinienne indigène en Palestine. Qui plus est, les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et d’une grande partie de l’Europe sont totalement complices de cet horrible assaut. Non seulement ces gouvernements refusent de remplir leurs obligations conventionnelles “d’assurer le respect” des Conventions de Genève, mais ils arment activement l’assaut, fournissent un soutien économique et des renseignements, et couvrent politiquement et diplomatiquement les atrocités commises par Israël».

Ce meurtre de masse et ce nettoyage ethnique de Gaza sont activement alimentés et dirigés par les forces américaines. Mardi soir, le New York Times a rapporté que «des commandos américains étaient sur le terrain en Israël». Cela faisait suite aux remarques de Salman al-Harfi, l’ancien ambassadeur de Palestine, qui a déclaré que des troupes américaines «sont impliquées dans des opérations militaires sur le terrain à Gaza». Des responsables américains discutent actuellement de la possibilité de faire jouer aux troupes américaines un rôle encore plus direct dans le conflit, y compris dans l’occupation de Gaza par des forces américaines et de l’OTAN.

La guerre brutale contre la population civile de Gaza est le produit de trois décennies de guerre perpétuelle menée par les États-Unis après la dissolution de l’URSS, de la guerre du Golfe avec son «autoroute de la mort» à la destruction systématique des infrastructures civiles de la Yougoslavie, en passant par l’invasion et l’occupation de l’Irak et de l’Afghanistan dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme».

Ces guerres ont évolué en ce que les États-Unis considèrent comme un conflit mondial omniprésent, qui vise l’Iran, la Russie et la Chine. Comme l’a déclaré Blinken lors d’un témoignage au Capitole, «pour nos adversaires, qu’ils soient ou non des États, il s’agit d’un seul et même combat».

Le massacre qui a lieu à Gaza marque l’adoption par les États-Unis du génocide comme outil de politique étrangère. Le «nouvel ordre mondial» américain, auquel Biden a de nouveau fait référence ce mois-ci, se construit sur le meurtre de masse.

La facilitation et la justification des crimes de guerre de la part des États-Unis et de leurs alliés démontrent l’hypocrisie totale de l’impérialisme américain en matière de «droits de l’homme». Lorsque la Russie a été accusée d’avoir bombardé une maternité à Marioupol en mars 2021, tuant trois personnes, la vice-présidente américaine Kamala Harris a déclaré qu’il s’agissait d’un «crime de guerre. Un point c’est tout». Pourtant, Israël tue délibérément des milliers de civils, avec le soutien total du gouvernement Biden.

Des millions de personnes dans le monde entier ont réagi à la criminalité des États-Unis et d’Israël en participant à des manifestations de masse. Les gouvernements impérialistes ont l’audace de qualifier d’«antisémitisme» ces manifestations contre le meurtre de masse.

Le génocide est perpétré par l’État israélien, qui agit en tant que mandataire de l’impérialisme américain, et non par le peuple juif, dont beaucoup ont participé aux manifestations contre le massacre.

Les travailleurs doivent exiger l’arrêt immédiat des bombardements américano-israéliens sur Gaza, la démobilisation de toutes les troupes israéliennes et leur retrait de la frontière avec Gaza. Le siège de Gaza doit être levé et la nourriture, l’eau, l’électricité, les soins médicaux et tous les autres produits de première nécessité doivent être mis à disposition immédiatement.

Le mois dernier, un groupe de syndicats palestiniens a appelé les travailleurs du monde entier à refuser de manipuler du matériel de guerre. Le 31 octobre, une coalition de syndicats du personnel au sol des aéroports belges a appelé ses membres à «cesser de manipuler les cargaisons d’armes destinées à Israël». Le World Socialist Web Site exhorte les travailleurs du monde entier à se mettre en grève pour couper l’approvisionnement de toute ressource susceptible de soutenir le génocide israélien. Les dockers, le personnel des aéroports et les travailleurs des transports du monde entier devraient refuser de traiter les cargaisons d’armes destinées à Israël.

Les manifestations qui ont éclaté dans le monde entier pour s’opposer au génocide israélien doivent être approfondies et élargies en se tournant vers la classe ouvrière sur la base d’un programme socialiste. Ce mouvement de masse doit être dirigé contre tous les gouvernements capitalistes et les partis politiques de la classe dirigeante.

(Article paru en anglais le 2 novembre 2023)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…