Par Andre Damon

Chaque jour qui passe apporte des preuves de plus en plus nombreuses que les troupes israéliennes fonctionnent à Gaza comme des pelotons mobiles pour exécutions de masse.

Jeudi dernier, Al Jazeera a publié des interviews vidéo d’habitants d’un immeuble de la ville de Gaza, qui déclarent que les troupes israéliennes ont systématiquement torturé et exécuté 15 hommes.

Heba Selem, une témoin, a déclaré: «Ils les ont déshabillés, à l’exception de leur caleçon, et les ont forcés à s’allonger sur le ventre à même le sol. Ils ont commencé à exécuter les hommes à terre. Ils n’ont épargné personne. Je jure devant Dieu qu’ils ont transformé l’endroit tout entier en vrai bain de sang.

«C’est un jour qu’on ne peut pas oublier, je ne peux pas l’oublier». Son mari a été tué dans cette exécution.

«Après avoir torturé mon mari devant nous, ils lui ont cassé la mâchoire, l’ont roué de coups au visage et l’ont battu jusqu’à ce que ses bras soient en sang. Ils ont déshabillé tous les hommes, ils les ont torturés et humiliés, puis ils les ont exécutés. Tout cela s’est passé sous nos yeux».

Al Jazeera cite William Schabas, professeur de droit international à l’université de Middlesex, qui a déclaré que ces images constitueraient des preuves de crimes de guerre devant la Cour pénale internationale. «Je dois ajouter qu’il n’est pas vraiment important de démontrer qu’il s’agit de civils. Les exécutions sommaires, même de combattants, constituent un crime de guerre», a-t-il déclaré au média.

Dans une interview ultérieure, Muhammad Shehada, chef des programmes et des communications de l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme, a déclaré à Al Jazeera qu’il existait un schéma d’assassinat «systématique» à Gaza.

Dans au moins 13 des exécutions sur le terrain, nous avons corroboré qu’il s’agissait d’un acte arbitraire de la part des forces israéliennes», a-t-il déclaré, ajoutant: «Nous pensons que les FDI (Forces de défense israéliennes) ont abandonné toute retenue dans leur conduite à Gaza, ce qui a permis aux soldats de commettre ces atrocités en toute confiance, sans crainte de devoir rendre des comptes, et c’est pourquoi nous voyons celles-ci dans de nombreux quartiers et parties de la bande de Gaza ».

Le 20 décembre, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a publié un rapport alléguant que les forces israéliennes avaient procédé à une exécution massive de civils dans le nord de la bande de Gaza, séparant 11 hommes de leurs familles et les abattant sommairement.

Dans son rapport du 20 décembre, le HCDH dans les territoires palestiniens occupés a déclaré «avoir reçu des informations troublantes que les Forces de défense israéliennes (FDI) ont tué sommairement au moins 11 hommes palestiniens non armés devant les membres de leur famille dans le quartier d’Al Remal, à Gaza-ville, ce qui suscite l’inquiétude quant à la commission possible d’un crime de guerre».

L’agence des Nations Unies écrit: «Le 19 décembre 2023, entre 20h et 23h, les FDI ont apparemment encerclé et perquisitionné le bâtiment Al Awda, également connu sous le nom de «bâtiment Annan», dans le quartier d’Al Remal de la ville de Gaza, où s’abritaient trois familles apparentées en plus de la famille Annan».

Ni les dernières révélations d’Al Jazeera ni les rapports des Nations unies et d’Euro-Med n’ont été rapportés par les médias américains ou européens, qui ont largement abandonné toute couverture systématique du génocide.

Lors d’un briefing, le porte-parole de la Maison-Blanche pour la Sécurité nationale, John Kirby, a nié qu’Israël se livrait à des crimes de guerre «délibérés».

Un journaliste a posé la question: «Hier, le Mexique et le Chili ont demandé à la Cour pénale internationale d’enquêter sur d’éventuels crimes contre des civils à Gaza. Une quelconque réaction»?

Kirby a répondu: «Nous n’avons aucune indication qu’il y ait de la part des Forces de défense israéliennes des efforts délibérés, délibérés de commettre des crimes de guerre».

Et de déclarer: «Actuellement, bien sûr, nous nous concentrons à juste titre sur le fait de garantir qu’Israël ait ce dont il – continue d’avoir – ce dont il a besoin pour se défendre».

Alors que Washington redouble d’efforts pour défendre les crimes de guerre d’Israël, les États-Unis étendent encore leur guerre au Moyen-Orient.

Vendredi, les États-Unis ont effectué une nouvelle frappe au Yémen, la sixième en dix jours. Kirby a affirmé que ces attaques «préventives» avaient été menées dans le cadre de la «légitime défense ».

Kirby a menacé de lancer d’autres frappes: «Ils continuent d’avoir des capacités offensives et continuent de vouloir les utiliser» ajoutant, «nous disposons également de nombreuses capacités de défense, et nous continuons aussi à les utiliser».

Ces attaques continues et quotidiennes contre le Yémen montrent clairement que les États-Unis ont lancé une nouvelle guerre sans fin au Moyen-Orient, ciblant principalement l’Iran dans le cadre de leur offensive militaire mondiale visant la Russie et la Chine.

Selon l’Observatoire Euro-Med des droits de l’homme, 32.246 personnes ont été tuées à Gaza depuis le 7 octobre et 62.234 personnes ont été blessées. Un nombre incroyable de 1,95 million de personnes ont été déplacées.

Les Nations-unies ont rapporté vendredi que «selon le ministère de la Santé de Gaza, 142 Palestiniens ont été tués et 278 autres personnes ont été blessées entre l’après-midi du 18 et celui du 19 janvier».

Selon Euro-Med, 72.440 maisons ont été entièrement détruites à Gaza et 190.250 ont été partiellement détruites.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, la plupart des hôpitaux de Gaza ont complètement cessé de fonctionner, tandis que les 15 hôpitaux restants fonctionnent à jusqu’à trois fois plus que leur capacité.

La semaine dernière, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré qu’Israël poursuivrait son assaut sur Gaza au mépris du droit international: «Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni l’axe du mal [dirigé par l’Iran], ni personne d’autre».

(Article paru d’abord en anglais le 20 janvier 2024)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/articles/…