14 mai 2021 – Selon l’ONU, plus de 10 000 Palestiniens ont été déplacés du nord de la bande de Gaza à la suite de frappes aériennes israéliennes, les forçant à se réfugier dans des écoles de l’UNRWA dans la ville de Gaza – Photo: Mohammed Zaanoun/Activestills

Par Daoud Kuttab

Les Palestiniens et ceux qui les soutiennent reprochent depuis des années aux pays occidentaux de ne s’engager que du bout des lèvres à mettre fin à l’occupation, tout en soutenant financièrement, militairement et politiquement les occupants israéliens.

Les déclarations en faveur de leurs droits sonnaient bien creux tandis que de nombreux pays tentaient d’interdire légalement les boycotts et déclarait que la politique ne devrait pas toucher au sport et que les sanctions ne devraient pas être utilisées contre un pays qui prétend être une démocratie.

Les attaques israéliennes contre les médias, le personnel médical et les civils ont été qualifiées de dommages collatéraux involontaires, ou le résultat de l’utilisation par le peuple occupé de ses propres citoyens comme boucliers.

Les pays occidentaux et les médias ont souvent utilisé les termes exacts des Israéliens pour décrire les actes de résistance comme des actes de terreur. Même les initiatives diplomatiques ont été qualifiées de « terrorisme diplomatique ».

Jusqu’à l’Ukraine… Du coup, les femmes qui préparent des cocktails Molotov sont des héroïnes adulées dans les médias. Les sanctions ne sont pas seulement utilisées contre l’armée ou les personnalités politiques, mais s’étendent même au sport.

La Russie est accusée de crimes de guerre, et même la Cour pénale internationale y prête attention, et sans délai. La Croix-Rouge diffuse des messages rappelant aux occupants russes leurs obligations en vertu du droit international.

Le double standard n’est plus une question abstraite mais une démonstration ouverte d’hypocrisie de la part de la ainsi-nommée communauté internationale, qui n’a pratiquement jamais rien fait pour s’opposer à l’occupation des territoires palestiniens.

Hussein Al Sheikh, membre du comité exécutif de l’OLP, a tweeté : « Quand la couleur, la religion et la race deviennent une identité, c’est quand les valeurs, la morale et l’humanité sont perdues. Lorsque la légitimité internationale est violée par deux normes, la justice est perdue, les droits sont détruits et le pouvoir est devenu une tyrannie. »

L’écrivaine jordanienne Rula Samain a déclaré : « J’ai été attristée parce que nous avons appelé au boycott, mais personne ne nous a soutenus. La Palestine est dans mon cœur. »

Depuis le Liban, la critique des médias Magda Abu-Fadil a dénoncé le racisme des médias occidentaux dans un article publié sur Medium intitulé « Le sectarisme des médias haut et fort en Ukraine était une couverture ». Elle a écrit : « L’ignorance, l’arrogance et le racisme dégoulinant de la bouche des correspondants et présentateurs étrangers occidentaux couvrant les évènements en Ukraine ces derniers jours fourniront aux Spécialiste des problèmes d’éthique des médias des études de cas pour les années à venir. »

Son article regorgeait de citations de journalistes qui ont mis en avant la résistance ukrainienne et sympathisé avec les réfugiés, ce qui différait nettement de la manière dont la résistance palestinienne est couverte ou de la manière dont les réfugiés arabes et musulmans sont mentionnés.

Dima Khatib, une journaliste palestinien connue à Doha, a déclaré à Al-Monitor qu’il s’avère que la résistance est autorisée si vous avez les yeux bleus. « Il semble que nous ne soyons pas assez ‘civilisés’ et pas assez ‘blancs’ et nos yeux ‘ne soient pas assez bleus’. Bien sûr, la résistance à l’occupation est désormais légitime et les gens qui descendent dans la rue avec des armes à feu sont non seulement autorisés mais dignes d’éloges, punir l’agresseur est désormais logique. Oh, si nous étions d’une autre couleur, nous serions devenus des héros et non des terroristes. »

Même le comédien sud-africain Trevor Noah a pris la parole dans un épisode du Daily Show. « J’ai été choqué de voir des journalistes du monde entier, soit dit en passant, sembler penser que c’est plus une tragédie lorsque des Blancs doivent fuir leur pays parce que, je suppose, quoi ? Les darkies ont été faits pour ça ? Les mots et les images reflètent un parti pris clair de la communauté mondiale. On nous dit que les victimes ukrainiennes sont différentes parce qu’elles sont ‘civilisées’. »

Nous assistons à une comparaison frappante dans la manière dont l’invasion, l’occupation, la résistance et le droit international sont traités.

D’un côté, l’utilisation sans précédent de tous les outils diplomatiques et politiques contre les Russes. D’un autre côté, les demandes de longue date pour des actions beaucoup plus modérées contre Israël ont été rejetées par les pays occidentaux.

De telles attitudes clairement racistes envers la situation difficile des Palestiniens sont des plus évidentes, et une source encore plus grande de frustration.

Auteur : Daoud Kuttab

* Daoud Kuttab est journaliste palestinien né à Jérusalem.
Il a enseigné le journalisme à Princeton et dirige actuellement le Community Media Network, organisation dédiée au progrès du journalisme arabe indépendant.
Son compte Twitter : @daoudkuttab

7 mars 2022 – Al-Monitor – Traduction : Chronique de Palestine

Source : Chronique de Palestine
https://www.chroniquepalestine.com/…