Ramallah, 3 juillet 2021 – La police d’Abbas, véritable force supplétive de l’occupant israélien, bloque les manifestants réunis pour exprimer leur colère face au lâche assassinat de l’opposant Nizar Banat
Photo : Activestills

Par Miko Peled

Blâmer l’AP pour la mort brutale et tragique de Nizar Banat revient à blâmer le doigt de la personne qui a appuyé sur la gâchette, ou blâmer le poison plutôt que ceux qui l’ont administré.

Palestine occupée – Le meurtre tragique et inexcusable du militant palestinien Nizar Banat, – le farouche critique de l’Autorité Palestinienne, ou AP, dont la « santé » s’est mystérieusement « détériorée » la semaine dernière alors qu’il était détenu par l’AP – nous montre une fois de plus que les Palestiniens ne sont pas protégés.

Aucun Palestinien n’est en sécurité lorsqu’il décide de se lever pour réclamer ses droits, la justice, ou même la vie. Tous les indicateurs désignent maintenant l’AP, comme responsable de cet meurtre répréhensible. Toutefois, l’AP n’est que le doigt qui a appuyé sur la gâchette.

L’Autorité Palestinienne est une création d’Israël et elle travaille pour Israël – c’est un outil entre les mains du régime d’apartheid. Israël est en fin de compte responsable de la mort de Nizar, tout comme il est responsable de la mort d’innombrables Palestiniens.

L’État d’Israël est un état raciste et violent qui sévit en Palestine depuis plus de sept décennies et il faut l’arrêter avant qu’une goutte de sang supplémentaire ne soit versée.

Le New York Times a rapidement publié un article fustigeant l’autorité Palestinienne corrompue et même le Département d’État états-unien a émis une déclaration concernant la mort de Nizar Banat. Le porte -parole du Département d’État, a déclaré :

Nous sommes profondément troublés par la mort du militant palestinien Nizar Banat et les informations qui circulent concernant les circonstances de sa mort. Nous offrons nos sincères condoléances à sa famille et à sa communauté. Nous incitons l’Autorité palestinienne à mener une enquête transparente et approfondie pour que les responsabilités soient pleinement établies dans cette affaire. Nous avons de sérieuses préoccupations eu égards aux restrictions imposées par l’Autorité Palestinienne à l’exercice de la liberté d’expression des Palestiniens et le harcèlement des organisations et militants de la société civile. »

La famille et les amis de Nizar éprouvent sans aucun doute un profond sentiment de gratitude envers le Département d’État des États-Unis qui se sent suffisamment concerné pour faire une déclaration, on se demande, néanmoins, pourquoi il ne fait pas ce type de déclaration quand des Palestiniens meurent alors qu’ils sont détenus par les Israéliens.

Est-il possible que le département d’État n’entende pas parler des milliers de Palestiniens qui se font arrêter, torturer, et tuer par les autorités israéliennes ? Curieusement, ce n’est que lorsque le bourreau est palestinien que le Département d’État états-unien sort de sa torpeur (ou peut-être fait-il une pause dans sa propagation de la démocratie à travers le monde) et prête attention aux Palestiniens.

Si les gens sont très heureux de critiquer l’Autorité Palestinienne, ils ne doivent pas oublier qu’elle fut créée par Israël pour servir Israël et ses intérêts. Blâmer l’AP de la mort de Nizar Banat revient à blâmer le doigt de la personne qui a appuyé sur la gâchette, ou blâmer le poison plutôt que ceux qui l’ont administré.

Qui sera le prochain ? Qui pour le défendre ?

Des reportages dans les médias soulignent le sentiment anti -AP qui s’exprime dans les manifestations de masse qui secouent les villes palestiniennes. Ce dernier acte de violence de l’Autorité Palestinienne est peut-être celui de trop et l’AP a peut-être sous-estimé le contrecoup de l’assassinat de Nizar.

Il se peut même que quelqu’un se fasse licencier voire arrêter pour cela ; mais le fait est que l’Autorité elle-même est un bras armé de l’oppression israélienne.

Ceux d’entre nous qui sont profondément impliqués et engagés dans la lutte pour la justice en Palestine connaissent intimement des militants palestiniens. Il faut être clair, le monde a laissé Nizar se faire tuer. Je n’ai pas personnellement eu l’honneur de rencontrer Nizar, mais je vis dans la crainte pour la vie de ceux que je connais.

Les protestations après les faits ne ramèneront pas Nizar et à moins que nous agissions pour empêcher le prochain mort palestinien, nous aurons failli à notre responsabilité.

Nous avons négligé de protéger Nizar et sa famille de l’injustice brutale qui sévit en Palestine.

Tragiquement, il n’est pas la première ni ne sera la dernière victime palestinienne de cette injustice. C’est une injustice qui a un nom et un visage, et avec laquelle tant de gens et de gouvernements sont satisfaits d’entretenir des relations.

La question que soulève la mort prématurée de Nizar est la suivante : qui prendra la défense des militants palestiniens ? Des hommes politiques progressistes en Occident nous demandent de « modérer nos propos. » On a posé à Bernie Sanders la question suivante sur l’utilisation du mot « Apartheid : » « Pensez-vous que ceux qui partagent votre point de vue ne devraient pas utiliser ce genre de vocabulaire ? » A laquelle le sénateur a répondu, « Je pense que nous devrions modérer nos propos. »

La question qui aurait dû s’en suivre est celle-ci : « Jusqu’à quand ? » Pendant combien de temps encore faudrait-il « modérer » nos propos ? Combien d’hommes, de femmes et d’enfants remarquables doivent encore être arrêtés, torturés, expulsés, et/ou tués avant qu’il ne convienne de « hausser » le ton ?

M. Sanders a, il est vrai, introduit une résolution pour bloquer temporairement des ventes d’armes à Israël d’un montant de 735 millions de dollars, et il a bien reconnu que les ventes d’armes à Israël ne font qu’ « alimenter le conflit. » Néanmoins, ceci est loin d’être suffisant.

Il est urgent de protéger les militants palestiniens des droits de l’homme qui consacrent leur vie à libérer leur pays et leur peuple de l’oppression sioniste. Ces militants sont continuellement persécutés par Israël – et par l’agent sous contrat d’Israël, l’Autorité Palestinienne.

Ces militants et leurs enfants sont régulièrement ciblés, harcelés et torturés ; et, comme dans le cas de Nizar Banat, tués. S’il est possible qu’un responsable palestinien soit renvoyé pour ce qui doit être perçu comme une situation embarrassante pour l’AP, cela ne mettra pas fin à cette persécution tant qu’une réelle protection n’est pas apportée à ces courageux militants.

Le temps est révolu d’exprimer sa solidarité en portant des T-shirts « Libérez la Palestine ». Les gens de conscience qui veulent voir la fin de cette sanglante injustice en Palestine doivent retrousser leurs manches et l’exiger. Il ne peut y avoir aucune tolérance pour le sionisme.

Les sionistes et la multitude d’organisations sionistes partout dans le monde doivent être bloqués et tous les responsables élus, des membres des conseils d’administration des établissements scolaires à ceux qui occupent une position nationale, doivent condamner le sionisme et l’état d’Israël ou être destitués dans la honte

Sionisme égal racisme, et le sionisme a apporté la mort et la souffrance à la Palestine et à son peuple. Il nous revient de faire en sorte que la mort de Nizar Banat ne soit pas vaine.

Auteur : Miko Peled

* Miko Peled est un auteur et un militant des droits de l’homme né à Jérusalem. Il est l’auteur de “The General’s Son. Journey of an Israeli in Palestine,” et “Injustice, the Story of the Holy Land Foundation Five ».

30 juin 2021 – Mint Press News – Traduction: Chronique de Palestine – MJB

Source : Chronique de Palestine
https://www.chroniquepalestine.com/…