Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, à gauche, et le secrétaire d’État Antony Blinken, au centre, lors d’une réunion le dimanche 24 avril 2022 avec le président ukrainien, Volodymyr Zelenskyy, à Kiev (Photo: Bureau de presse de la présidence ukrainienne)

Par Andre Damon

Dimanche, le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin se sont rendus en Ukraine, où Austin a effectivement déclaré que les États-Unis étaient partie prenante de la guerre en Ukraine.

Après avoir rencontré le président ukrainien Volodomir Zelensky, Austin a déclaré dans des remarques préparées, «notre objectif dans la réunion était de parler des choses qui nous permettraient de gagner le combat actuel et aussi de construire pour demain».

Austin a utilisé la première personne du pluriel pour décrire les États-Unis et l’Ukraine comme engagés dans un «combat» contre la Russie. De cette manière il a effectivement admis – pour la première fois par un officiel américain – que les États-Unis sont un combattant dans cette guerre.

Cette déclaration est particulièrement frappante compte tenu de la déclaration de Biden en mars dernier, selon laquelle «une confrontation directe entre l’OTAN et la Russie est une troisième guerre mondiale, que nous devons nous efforcer d’éviter.»

En combinant les déclarations d’Austin selon lesquelles «nous» sommes engagés dans un «combat» contre la Russie, et la déclaration de Biden selon laquelle une guerre entre les États-Unis et la Russie signifierait la «Troisième Guerre mondiale», il est impossible d’éviter la conclusion que la guerre par procuration entre les États-Unis et la Russie au sujet de l’Ukraine menace de se transformer rapidement en une guerre mondiale.

Austin a ensuite déclaré: «Nous voulons voir la Russie affaiblie au point qu’elle ne puisse pas faire le genre de choses qu’elle a faites en envahissant l’Ukraine».

La déclaration d’Austin fait écho à la déclaration du commandant de l’armée américaine en Europe, Ben Hodges, selon laquelle les États-Unis devraient viser à «venir à bout de la Russie». Un récent éditorial du New York Timesa également évoqué la perspective de «mettre la Russie à genoux».

Commentant les déclarations d’Austin, David Sanger, du New York Times, a écrit:

Les commentaires de M. Austin, soutenus par les déclarations du secrétaire d’État Antony J. Blinken sur les différentes façons dont M. Poutine a «déjà perdu» dans la lutte pour l’Ukraine, reflètent une décision prise par le gouvernement Biden et ses alliés les plus proches – ont déclaré plusieurs responsables lundi – de parler plus ouvertement et avec plus d’optimisme de la possibilité d’une victoire ukrainienne dans les prochains mois.

Sanger poursuit:

Un deuxième risque existe: si M. Poutine estime que ses forces militaires conventionnelles sont étranglées, il se tournera vers une intensification des cyberattaques contre les infrastructures occidentales, vers des armes chimiques ou vers son arsenal d’armes nucléaires tactiques «de champ de bataille». C’est une possibilité qui était à peine concevable il y a huit semaines, mais qui est régulièrement évoquée aujourd’hui.

«Compte tenu du désespoir potentiel du président Poutine et des dirigeants russes, compte tenu du revers qu’ils ont essuyé jusqu’à présent sur le plan militaire, aucun d’entre nous ne peut prendre à la légère la menace que représente un recours potentiel à des armes nucléaires tactiques ou à des armes nucléaires à faible rendement», a averti au début du mois William J. Burns, le directeur de la CIA.

En d’autres termes, le gouvernement Biden entraîne consciemment la population de l’Ukraine, de la Russie, des États-Unis et du monde entier sur une voie qui risque d’aboutir à une guerre nucléaire.

Pourtant, il n’y a pas de débat public sur les implications de ces politiques, et le gouvernement Biden n’alerte pas la population sur le vaste danger que représente l’escalade de la guerre. Au contraire, depuis des mois, il s’efforce systématiquement de chloroformer l’opinion publique sur les dangers de la guerre nucléaire. Ainsi, Biden a récemment déclaré: «Je ne pense pas qu’il [Poutine] envisage le moindrement d’utiliser des armes nucléaires.»

Les responsables russes, en revanche, ont menacé à plusieurs reprises d’utiliser des armes nucléaires et ont souligné les immenses dangers posés par le conflit actuel. Lundi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a mis en garde contre le risque d’escalade nucléaire, déclarant que «les risques sont désormais considérables».

Lavrov a conclu: «L’OTAN, en substance, est engagée dans une guerre avec la Russie par le biais d’un mandataire et arme ce mandataire. La guerre signifie la guerre».

Les remarques de Blinken et d’Austin ont clairement montré l’ampleur de l’engagement américain dans la guerre. «La stratégie que nous avons mise en place – un soutien massif à l’Ukraine, une pression massive contre la Russie, la solidarité avec plus de 30 pays engagés dans ces efforts – a des résultats concrets», a déclaré Blinken.

Dimanche, Blinken et Austin ont annoncé le financement de plus de 322 millions de dollars de nouvelles armes pour l’Ukraine. Cela porte le total des livraisons d’armes américaines à 3,7 milliards de dollars depuis le début de la guerre, rapporte Reuters. Les livraisons d’armes américaines comprennent des missiles Javelin, de l’artillerie, des munitions et des drones.

Lundi, le département américain de la Défense a annoncé qu’il utilisait une déclaration d’urgence pour approuver la vente de 165 millions de dollars de munitions à l’Ukraine. Le Pentagone a déclaré que la vente comprendrait des munitions pour obusiers, chars et lance-grenades.

Reuters a rapporté que le plan «pourrait inclure des munitions d’artillerie pour obusiers, chars et lance-grenades, telles que des cartouches de 152 mm pour 2A36 Giatsint; des cartouches de 152 mm pour canons D-20; des VOG-17 pour lance-grenades automatique AGS-17; des munitions HE de 125 mm pour T-72; et des cartouches de 152 mm pour 2A65 Msta».

Cette semaine, les États-Unis accueilleront une réunion de dizaines de pays axée sur l’armement de l’Ukraine.

Aujourd’hui, deux mois après le début de la guerre, les responsables américains déclarent publiquement ce qu’ils n’admettaient auparavant qu’en secret: les États-Unis sont la force motrice d’une guerre qui vise à paralyser et à soumettre la Russie et à renverser son gouvernement.

L’admission de facto par Austin que les deux pays qui disposent des plus grands arsenaux nucléaires du monde participent tous deux au conflit militaire en Ukraine doit être vue comme un sérieux avertissement par les travailleurs du monde entier. La crise actuelle pose d’immenses dangers et soulève le besoin urgent de mobiliser la classe ouvrière internationale en opposition à la guerre.

(Article paru en anglais le 26 avril 2022)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…

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