À Ivry au Forum Liberté Égalité Antiracisme le 4 avril

Dans nos débats, il y a souvent la question : « comment en est-on arrivé là ? Comment le racisme a-t-il pu gangrener à ce point notre société ? »

Je vais examiner une autre question , celle de l’évolution d’un grand nombre de Juifs français. À l’UJFP, nous voulons être les héritiers d’une période où la majorité des Juifs considéraient que leur émancipation comme minorité opprimée passait par l’émancipation de l’humanité. Moi-même, je viens d’une famille de résistants au nazisme dans la MOI.

Aujourd’hui ceux qui prétendent parler au nom du judaïsme sont souvent des racistes et des colonialistes, à l’image d’intellectuels comme Alain Finkielkraut.

Je vais parler d’antisémitisme. Pour dire d’abord que le mot est impropre, c’est une invention de l’ennemi. Les Sémites, les Aryens, les races, ça n’existe pas. C’est un des premiers théoriciens du racisme biologique, Willelm Marr, qui a inventé ce terme.

Les autorités disent souvent : « le racisme et l’antisémitisme ». S’agit-il d’un racisme à part ? Il l’a été incontestablement au moment du génocide nazi car tous les racismes ne mènent par à l’extermination. Il ne l’est plus.

Pendant un siècle, l’antisémitisme a été le dénominateur commun de toutes les idéologies de haine et d’exclusion. Les Juifs étaient les « parias » de l’Europe, pour reprendre les mots d’Hannah Arendt. L’antisémitisme est aujourd’hui remplacé dans ce rôle par l’islamophobie et par le racisme contre les Noirs, les Arabes, les Roms.

Il y a des actes et des crimes antisémites en France. Mais, alors que le gouvernement encourage ou ne réprime pas le racisme contre les Noirs, les Arabes, les Roms, les Musulmans (et on doit parler d’un véritable racisme d’État), alors qu’il protège systématiquement les forces de l’ordre coupables de crimes racistes, il réagit à chaque acte antisémite. Ce traitement différencié ne protège pas du tout les Juifs, au contraire . Il les met sciemment en danger, il alimente les fantasmes.

Il n’y a qu’un seul racisme et la riposte à toutes les formes de racisme doit être unitaire à l’image de ce qui s’est passé lors des attentats contre les mosquées de Québec et Christchurch, ou contre la synagogue de Pittsburgh.

Peut-on dissocier l’antisémitisme et la guerre qu’Israël mène contre le peuple palestinien ?

Non. Israël se définit comme État juif. Il installe des « colonies juives » pour expulser les Palestiniens. Les dirigeants israéliens et leurs relais en France brandissent systématiquement l’antisémitisme pour justifier les crimes de guerre et la destruction programmée de la société palestinienne.

Les sionistes n’ont aucun droit à capter l’antisémitisme qui est notre histoire intime. Leurs crimes sont une injure à notre mémoire, à notre histoire, à notre identité. Aujourd’hui les dirigeants israéliens sont activement soutenus par tous les dirigeants racistes de cette planète : Trump, Orban, Bolsonaro …

Et la complicité active de la France avec ce régime raciste et colonial est une horreur. La confusion entretenue sciemment entre antisionisme et antisémitisme ou la dissolution d’associations défendant les droits du peuple palestinien sont des marques de cette complicité.

L’antisémitisme est un crime.

L’antisionisme est un devoir.

Pierre Stambul

Source : UJFP
https://ujfp.org/…

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