Par Kader Tahri

Alors que Gaza subit bombardements, famine et siège, les institutions internationales échouent à protéger les civils. Le silence et l’inaction des gouvernements occidentaux deviennent une complicité. Nous devons demander pardon à la population de Gaza et transformer ce pardon en engagement pour la justice et la vie.

Pardon pour notre silence trop long, pour notre indifférence parfois complice, pour nos institutions incapables de protéger les plus vulnérables. Pardon d’avoir laissé se répéter, sous nos yeux, l’histoire tragique d’un peuple soumis à l’occupation, au siège, à la destruction méthodique de ses maisons, de ses écoles, de ses hôpitaux, de ses vies

Chaque jour, les images nous parviennent : immeubles effondrés, enfants blessés, familles décimées, hôpitaux bombardés. Et chaque jour, nous restons collectivement impuissants, prisonniers d’un système international qui se révèle incapable d’arrêter ce carnage. Il ne s’agit plus de politique étrangère ou de « conflits lointains » : il s’agit d’humanité, de droit, de justice

C’est à nous, peuples et citoyens, de prendre le relais. Notre responsabilité n’est pas seulement morale, elle est politique. Les dirigeants continuent d’armer et de soutenir l’offensive parce qu’ils estiment que l’opinion publique ne leur coûtera pas cher. C’est là que nous intervenons : par nos voix, nos votes, nos mobilisations. Nous devons exiger de nos gouvernements des positions claires, des sanctions ciblées, la suspension des ventes d’armes, la reconnaissance de l’État de Palestine, et l’appui aux enquêtes judiciaires internationales.

Certains disent : « c’est trop compliqué ». Non. Le droit humanitaire est simple : on n’attaque pas les civils, on n’affame pas une population, on ne détruit pas les infrastructures vitales. Ce sont des règles universelles, les mêmes partout. Et quand elles sont violées, il faut le dire sans trembler, quel que soit l’auteur.

D’autres disent : « mais critiquer Israël, n’est-ce pas prendre parti ? » Oui, c’est prendre parti : celui du droit, celui des victimes, celui de la justice. Être du côté des opprimés n’a jamais été une faute. L’erreur, c’est de se réfugier dans un silence prudent ou dans un « équilibre » qui n’est que la justification de l’injustice.

Car ce qui se passe à Gaza n’est pas une « opération militaire », ce n’est pas une guerre entre deux armées. C’est la mise à mort d’une population enfermée, privée de tout, bombardée sans relâche. Les chiffres ne sont pas abstraits : ce sont des enfants aux yeux immenses, des mères endeuillées, des médecins qui opèrent à la lueur des téléphones, des journalistes assassinés pour avoir témoigné. Chaque jour, Gaza crie, et le monde détourne le regard.

Demandons pardon à la population de Gaza, car nos institutions internationales ont échoué. L’ONU, prisonnière des vetos des grandes puissances, s’avère incapable d’imposer un cessez-le-feu. La Cour internationale de Justice a pourtant reconnu le risque plausible de génocide. Mais les décisions de justice restent lettre morte quand elles ne sont pas accompagnées de courage politique. Cet échec n’est pas neutre : il dit au peuple palestinien que sa vie vaut moins que d’autres.

Demandons pardon à la population de Gaza, parce que des gouvernements continuent d’armer ceux qui bombardent. Parce qu’ils osent parler de « droit à se défendre » alors que ce droit ne peut jamais justifier l’extermination de civils innocents. Parce qu’ils répètent les mêmes phrases creuses — « retenue », « désescalade », « solution à deux États » — pendant que les bulldozers détruisent, que les bombes tombent, que les enfants meurent.

Demandons pardon à la population de Gaza, car nous savons tous que la résistance à la colonisation, reste d’actualité et ceci depuis deux années écoulées, et par la voix d’Abou Ubaidah,  la résistance  demeure vivant, porté par l’écho de sa détermination. Sa marche a traversé le pays, éveillant les consciences, appelant au sursaut et rappelant à chacun la noblesse du combat. Aujourd’hui, la nation entière le cherche et le suit. Pour certains, il est un motif de fierté : il a relevé son peuple, ravivé en lui la flamme de la résistance et réaffirmé son honneur. Pour d’autres, il est une ombre dérangeante : ils espèrent son silence, car sa voix dévoile leur échec et leur faiblesse.

Israël a voulu frapper l’âme d’une communauté Palestinienne d’hommes et de femmes, et pensait la réduire à la résignation. Mais lorsque l’âme demeure vivante, le corps retrouve sens et la bataille retrouve sa valeur. Si l’assassinat suffisait à éteindre la résistance, elle se serait éteinte depuis près d’un siècle, avec le martyre d’Izz ad-Din al-Qassam.

Demandons pardon à la population de Gaza pour les deux années de massacres. Deux années de bombes déversées sur une bande de terre de 40 kilomètres, pour les deux années qui ne sont pas un accident de l’histoire, mais l’accomplissement méthodique d’un projet criminel et sanguinaire d’une armée super-militarisés, qui n’a jamais caché son ambition, faire un nettoyage ethnique.Gaza est devenu le laboratoire de cette obsession.

Demandons pardon à la population de Gaza, avoir permis à cette armée fasciste d’occupation est entrée à Gaza, armée du matériel de guerre le plus moderne :

Les drones de reconnaissance qui transmettent des images thermiques haute résolution en temps réel.

– Des chiens électroniques (robots) qui pénètrent dans les bâtiments et les tunnels détruits et filment chaque angle avec des caméras avancées, et sont même équipés de mitrailleuses et de petites bombes. –

-Des robots terrestres blindés télécommandés capables de détecter les explosifs et les embuscades avant l’arrivée des soldats.

– Des systèmes de communication et de brouillage reliés à des salles de commandement connectées à des satellites, surveillant chaque murmure et chaque mouvement, aussi simple soit-il.

Et aujourd’hui, cette armée la plus criminel au monde, continue, à se bercer d’illusions, à croire que bombarder des civils affamés est synonyme de victoire. Quelle victoire, au juste ? Celle d’une armée qui, armée jusqu’aux dents, s’acharne contre des enfants, contre des hôpitaux, contre un peuple piégé ?

Bande de ratés, oui.

Demandons Pardon à la population de Gaza pour une résilience incomparable à celle de ce petit peuple de Gaza. Depuis vingt-trois mois d’une guerre implacable, sans répit ni rémission, ils continuent de tenir debout là où toute force humaine semblait devoir s’effondrer. Ni la puissance des armes, ni l’étouffement économique, ni les ruines accumulées n’ont pu briser leur volonté. Cependant, au milieu de cette forêt de fer, quelque chose d’incroyable se produit : Les embuscades leur explosent au visage et les soldats tombent morts et blessés. Pire encore : certains d’entre eux sont extraits vivants du cœur de la bataille, devant leurs drones, leurs robots et leurs satellites !

Comment cela se produit-il ?

D’après tous les témoignages militaires et techniques, ce que la résistance a accompli est proche d’un miracle. Perturber les systèmes électroniques, Cachant des combattants dans les décombres, En utilisant des tactiques de tromperie et de camouflage, Traînez les soldats jusqu’à un point mort hors de vue, Alors bondissez. Ce n’est pas seulement une tactique.

Demandons pardon à la population de Gaza pour ce miracle observé jour et nuit. Une armée équipée des outils les plus modernes du monde échoue face à des esprits fidèles et à des pieds nus, et s’en sort avec des pertes catastrophiques, laissant derrière elle un mystère militaire que ses dirigeants sont incapables d’expliquer. Je ne trouve d’autre explication que la parole du Tout-Puissant : « Nous avons placé devant eux une barrière et derrière eux une barrière, et nous les avons couverts afin qu’ils ne voient pas. 

Demandons pardon à la population de Gaza, car nos voix ne se sont pas élevées assez fort. Certes, il y a eu des manifestations, des tribunes, des pétitions. Mais combien d’entre nous ont préféré se taire par peur de choquer, par crainte d’être mal compris ? Combien ont choisi le confort du silence plutôt que le risque de l’indignation ?

Et pourtant, l’histoire nous enseigne que les peuples ne sont jamais condamnés à l’impuissance. L’Afrique du Sud a montré la voie en portant plainte devant la CIJ. L’Irlande, l’Espagne, la Slovénie et d’autres ont reconnu l’État de Palestine malgré les pressions. Des diplomates, Algériens, défendent inlassablement la justice au sein d’institutions hostiles. Ces gestes ne suffisent pas, mais ils montrent que l’honneur n’est pas mort.

Alors, que faire ? Ne pas détourner les yeux. Ne pas céder à la résignation. Exiger de nos gouvernements qu’ils cessent de livrer des armes, qu’ils appuient les enquêtes judiciaires internationales, qu’ils reconnaissent la souveraineté du peuple palestinien. Soutenir les ONG qui risquent leur vie pour acheminer l’aide humanitaire. Relayer la voix des médecins, des journalistes, des habitants de Gaza.

Mais au-delà du politique, il nous faut un sursaut moral. Car ce qui se joue à Gaza n’est pas seulement une question géopolitique : c’est un test pour notre humanité. Si nous acceptons que des milliers d’innocents soient sacrifiés au nom d’alliances stratégiques, alors le mot « droit » n’a plus de sens. Si nous tolérons qu’un peuple entier soit affamé, déplacé, détruit, alors nous ne valons guère mieux que ceux que nous accusons.

Demandons pardon à la population de Gaza, mais faisons en sorte que ce pardon ne soit pas un mot vide. Qu’il se traduise en actes, en solidarité, en mobilisation. Qu’il soit un engagement à ne plus jamais fermer les yeux.

Car un jour, les enfants de Gaza liront dans nos livres d’histoire ce que nous avons fait — ou pas fait. Ils sauront qui a gardé le silence et qui a eu le courage de dire « assez ». À eux, nous devons au moins cette promesse : ne pas laisser leur souffrance disparaître dans l’oubli.

Alors, aujourd’hui, répétons-le ensemble : Ce qui se joue à Gaza dépasse Gaza. C’est la crédibilité même de notre idée de justice universelle qui est en cause. Si nous acceptons que des milliers d’innocents soient sacrifiés au nom des équilibres géopolitiques, alors le mot « droit » n’a plus de sens. Mais si nous transformons notre indignation en action, alors, peut-être, les enfants de Gaza sauront que nous n’avons pas tous gardé le silence.

Ne détournons plus le regard. Exigeons la justice, exigeons la vie.
Demandons pardon à la population de Gaza. Mais faisons de ce pardon une force pour la justice et pour la vie.

Kader Tahri
Chroniqueur engagé, observateur inquiet
« Il faut dire les choses comme elles sont, mais refuser qu’elles soient comme ça. »

Source : auteur

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