Par Lahouari Addi
Cette photo ci-dessus est de bonne augure. Le post-islamisme rappelle l’évolution du christianisme politique qui a donné naissance au 19èm siècle aux partis de la démocratie chrétienne et aux sociaux-démocrtaes de sensiblité chrétienne. Comparaison n’est pas raison, mais les similitudes son là. Les islamistes des années précédentes ont construit leur projet politique autour des ‘ibadates, ce qui est non seulement irréaliste mais contraire à l’esprit du Coran qui stipule que seul Dieu est juge des ‘ibadates. Les hommes ne peuvent juger que les mou’amalates, c’est-à-dire les actions profanes de tous les jours. Et pour cela ils instituent un droit inspiré par leur culture et par la conscience sociale liée à une représentation du monde. On dira oui « mais en islam, la chari’a est le droit immuable décrété par Dieu ». Bullshit! Cette thèse est celle des orientalistes occidentaux qui, à l’appui de textes de théologiens musulmans du Moyen Age, l’ont propagée. La réalité est que la culture mulmane fait la distinction entre la charia, idéal de justice divine pour une société parfaire, et le fiqh, droit religieux séculier. Le fiqh est un droit positif religieux qui aujourd’hui est tombé en sésuétude parce que correspondant à la culture des sociétés musulmanes d’il y a 10 siècles. Le droit évolue en fonction des culttures et de la conscience de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. C’est le réel, c’est l’histoire, c’est la vie qui imposent aux islamistes d’évoluer et de s’adapter sinon ils disparaîtront. C’est ce qu’a compris le post-islamiste Erdogan qui, par expérience, sait qu’il n’existe pas et qu’il ne peut exister un Etat religieux. Les Etats sont des constructions politiques, et quand ils se légitiment par la religion, les dirigeants se substituent à Dieu pour juger les hommes, ce qui contredit le Coran qui stipule que al hakimya appartient à Dieu. Al Hakimya en arabe veut dire arabitrer. Dieu est l’arbitre, lors du jugement dernier, au sujet des divergences entre musulmans, chrétiens et juifs, mais aussi entre les différentes pratiques religieuses parmi les musulamns. Ce mot al hakimya a été mal compris par al Mawdudi dont la langue maternelle n’est pas l’arabe. Il l’a traduit par souveraineté, dézduisant ainsi que la démocratie est kofr. Les orientalistes occidentaux en ont fait leur tarte à la crême érigeant al mawdudi comme un théologien alors qu’il était journaliste de formation et de profession. Le post-islamisme est la rupture avec les écrits de Mawdudi et de son élève Sayyed Qotb pour qui les sociétés musulmanes sont retombées dans la jahilya. Aotb a implicitement dit que nous, nos parents et grands-parents ne sont plus musulmans et que nous irons tous en enfer. Mais pourquoi ces thèses burlesques sont devenues populaires au point où l’islam est devenue une idéologie politique? La réponder à cette question renvoie à l’échec du nationalisme arabe radical représenté Assad, Saddam, Nasser, Boumédiène… qui, soucieux de préserver leur pouvoir, n’ont pas osé entamer la réforme théologique qu’avait pronée la Nahda au 19èm siècle. C’est parce qu’il n’y avait une théologioe musulamne moderne compatible avec la liberté de conscience et l’égalité hommes-femmes que l’islam politique s’est propagé. L’islam politique est l’enfant illégitime de Nasser, Assad, Boumédiène… En Algérie, le FIS était le fils du FLN. Ce FLN qui, une fois au pouvoir, n’a pas osé toucher à la théologie. Boumédiène avait même mobilisé les imams payés par l’Etat, ce qui est une hérésie, pour défendre la révolution agraire. Les régimes de Assad, de Saddam, de Boumédiène… n’avaient pas de projets de modernisation de la société et de la culture. Ils avaient instrumentalisé les aspirations des couches populaires à la justice sociale et à la modernité pour s’accaparer du pouvoir que leur culture considérait comme un butin de guerre. C’est là la cause de l’échec de Assad et de Saddam. Les héririers de Nasser en Egypte n’ont sauvé son régime qu’en s’appuyant sur les anciennes puissances coloniales et sur Israël. La question qui se pose est la suivante: est-ce que le post-islamisme connaitra la même évolution ou construra-t-il un ordre politique interne qui tienne compte des changements culturels des sociétés musulmanes et des aspirations de la jeunesse? La Syrie est ç un carrefour: ou bien elle suivra Mawdudi et Qotb, et dans 20 ans il y aura une autre guerre civile, ou bien elle construit une démocratie dite musulmane compatible avec la liberté de conscience et les valeurs universelles de la dignité de la personne.
Source : la page FB de l’auteur
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