Par Pascualina Curcio

Pour quelle raison éthique le Venezuela devrait-il maintenant fournir du pétrole aux États-Unis et à ses complices en ce moment difficile pour eux ?

• Après neuf ans d’incessantes et inhumaines agressions contre le peuple vénézuélien, l’application de mesures coercitives, unilatérales, illégales qui ont provoqué des pertes économiques de l’ordre de 258 milliards de dollars entre 2016 et 2020, ce qui équivaut à l’importation d’aliments et de médicaments pendant 60 ans ;

• Après avoir retenu 6 milliards de dollars à la banque internationale en empêchant, entre autres choses, des enfants de notre patrie d’être opérés ;

• Après une attaque systématique contre PDVSA qui a provoqué une baisse de 80% de notre production pétrolière qui est passée de 2 800 000 barils par jour en 2013 à 568 000 barils par jour en 2021, une diminution de 93% de nos revenus d’exportation qui sont passés de 93 milliards de dollars étasuniens en 2012 à 7 milliards en 2020 ;

• Après une attaque criminelle contre le Bolivar qui a provoqué sa baisse depuis 2012 et s’est terminée par un hyper inflation et une détérioration des conditions de vie de tout un peuple ;

• Après avoir planifié des pénuries de nourriture et de médicaments programmées qui ont provoqué de longues queues et affecté la tranquillité de tous les foyers vénézuéliens, après avoir financé des épisodes de violence grâce à des agents politiques de l’opposition la plus extrémiste lors desquels des rues ont été barrées, des Vénézuéliens ont été brûlés vifs et des Garimbas ont été montées ;

• Après avoir soutenu le président anticonstitutionnel autoproclamé Guaidó en tant que président « intérimaire » de la République, après nous avoir volé CITGO, ce qui a impliqué une perte de 11 milliards de dollars par an et de 7000 millions d’actifs ;

• Après avoir laissé le pays entier dans l’obscurité grâce à un sabotage du système électrique, après toutes les tentatives pour nous isoler du monde grâce à des menaces, après avoir engagé des mercenaires pour nous envahir par nos côtes ;

• Après toutes les actions de génocide contre notre peuple, la Maison-Blanche, la gueule enfarinée, cyniquement, envoie deux porte-parole à Miraflores.
Combien coûte le brut vénézuélien pour les USA ?

Ils sont venus « nous demander » de leur fournir du pétrole – du moins, c’est ce qu’ils disent. Pour ceux qui ont encore des doutes, nous ne sommes pas n’importe quel pays, nous sommes le joyau de la couronne, nous sommes la première réserve de pétrole et d’or du monde et nous sommes dans une position stratégique et privilégiée sur la planète.

Il est très intéressant que cette visite ait été publique, notoire, avec des caméras, des lumières, des réflecteurs et de puissants amplificateurs pour que littéralement, le monde entier le sache et pour que le message que les Yankees sont en train de « se rapprocher » des Vénézuéliens voyage rapidement de l’Occident à l’Orient.

Le message de la rencontre à Miraflores est arrivé en temps réel en Russie, le pays contre lequel la Maison-Blanche a intensifié sa guerre économique dans le cadre du conflit en Ukraine, évidemment provoqué à l’origine par l’attitude hostile des Yankees grâce à leur bras armé, l’OTAN, et avec le soutien de la toujours soumise Europe.
Elle a appliqué des mesures coercitives unilatérales et par conséquent illégales, l’a exclue du système financier Swift de la réserve fédérale, a cherché à l’isoler de la communauté internationale et elle lui a bloqué ses médias. Des actions qui, entre autres choses, ont provoqué non seulement une riposte du Kremlin mais une grave crise de l’énergie et du commerce qui se répercute sur tous les coins de la planète.

La Russie est le second plus important producteur de pétrole du monde.
Sur les presque 70 millions de barils de brut par jour qui sont produits en 2020 :
La Russie en a produit 9 500 000,
Les États-Unis ont produit 11 200 000 sur les 18 400 000 qu’ils consomment,
L’Europe a produit 3 000 000 des 13 000 000 qu’elle consomme,
La Chine a produit 3 800 000 des 13 200 000 dont elle a besoin tous les jours.
Les États-Unis importent 5 800 000 barils de brut par jour, 31% de ce qu’ils consomment
L’Europe importe 10 400 000 (80% de sa consommation) ;
La Chine importe 10 800 000 (82%).
La Russie n’importe pas de brut mais exporte 4 600 000 de barils par jour (données de l’OPEP).

Le principal partenaire commercial de la Russie n’est pas les États-Unis, ce n’est pas elle qui, principalement, lui fournit du combustible. Les exportations totales de la Russie (pétrolières et non pétrolières , sont destinés :

13% à la Chine,
10,5% aux Pays-Bas,
6,57% à l’Allemagne,
5,09% à la Biélorussie,
4,9% à la Turquie (données de WITS)

Mais l’une des préoccupations des États-Unis, en plus de la nécessité d’envoyer en Orient un éventuel message de rapprochement envers le Venezuela, est l’impact inflationniste qu’aura l’augmentation des prix du pétrole et de l’énergie électrique suite au confit en Ukraine. Une inflation qui, même occasionnée par un choc de l’offre dû à l’augmentation du prix du pétrole provoquera quand même une chute de la production, c’est-à-dire une stagflation, ce qui, aux États-Unis et en Europe, est très dangereux dans le cadre du mécontentement de leurs peuples qui se manifeste de plus en plus et avec de plus en plus de force.

La photo des porte-parole du département d’État assis à Miraflores est arrivée aussi en quelques millièmes de secondes en Chine, principal concurrent des États-Unis depuis qu’en mars 2018, ce pays lui a déclaré la guerre commerciale.

Les États-Unis doivent être en grande difficulté dans ce conflit mondial pour être venus au Venezuela « nous demander » une bouée de sauvetage et en même temps envoyer un message à l’autre bout du monde.

Dans le domaine économique
• Ils ont la dette la plus élevée du monde (30 mille milliards de dollars étasuniens ) qui ne peut être honorée s’ils ne volent pas tout l’or qu’il y a sur la planète et leurs réserves internationales ne couvrent même pas 2% de cette dette ;

• Depuis des années 70, ils dépendent commercialement de la Chine, principal détenteur de leurs dettes et pays dont, même pendant la pandémie, la production n’a pas baissé ;

• Ils ont à peine assez de réserves internationales pour 2,1 mois d’importations alors que la Chine en a pour 14,8 mois et la Russie pour 16,6 mois (Banque mondiale).

• Dans le domaine de l’énergie, les États-Unis n’ont que 6 ans de réserves de pétrole (OPEP) alors que la Russie en a pour environ 61 ans et nous pour 2000 ans.

• Dans le domaine militaire, La Russie les surpasse depuis longtemps.

• Dans le domaine technologique, la Chine la devance.

Lancer une bouée de sauvetage aux États-Unis « en lui fournissant » du pétrole mais surtout en lui tendant la main après tous les dégâts que, sans justification, ils nous ont faits à un prix très élevé, beaucoup plus élevé que les 300 $ étasuniens le baril que certains prévoient.
Aujourd’hui le prix de notre pétrole pour les Yankees est infini.

Nous, les Vénézuéliens, sommes un peuple de paix, nous avons toujours plaidé pour le respect du droit international, pour l’autodétermination des peuples et pour le dialogue respectueux pour résoudre les conflits. Nous sommes contre les guerres, mais il y a des choses qui sont inestimables pour les Vénézuéliens et qui font que le prix de notre pétrole pour les Yankees augmente, nous parlons de nos principes qui ne sont négociables en aucune circonstance :

1) La dignité de ne pas s’agenouiller devant ceux qui, pendant presque 10 ans, sans aucun motif ni aucune raison, nous ont déclaré une guerre non conventionnelle criminelle et génocide ;

2) La loyauté, le fait de ne pas trahir ceux qui, dans des moments très durs pour le peuple vénézuélien, nous ont tendu la main et de les remercier. Certains d’entre eux sont de l’autre côté du monde, en Orient ;

3) La justice, une condition indispensable pour la paix.

Par Pascualina Curcio: économiste bolivarienne.
Sources : Resumen Latinoamericano; via Bolivar Infos; Réseau international

Source : Al Manar
https://french.almanar.com.lb/…

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