Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, novembre 2022.

Source : Ministère de la défense russe

Sur la crise ukrainienne

Nous voudrions attirer l’attention sur une date importante pour l’Ukraine contemporaine. Le 1er décembre marque le 31e anniversaire de l’organisation du référendum panukrainien sur le soutien à l’Acte de proclamation de l’indépendance du pays adopté par le Conseil suprême de la République socialiste soviétique d’Ukraine le 24 août 1991. À l’époque, 90% des habitants de la république s’étaient prononcés en faveur de cette décision, confirmant les termes de sa politique nationale et étrangère contenus dans la Déclaration sur la souveraineté de l’Ukraine du 16 juillet 1990. Il s’agit notamment du statut neutre, non aligné et non nucléaire de la république. La référence à cet Acte a été ensuite consignée et se trouve à ce jour dans la Constitution de l’Ukraine.

Malheureusement, ni les anciennes ni les autorités actuelles de Kiev ne sont capables de respecter la loi fondamentale et leurs engagements. Sous le régime de Zelenski, le pays a de facto établi une dictature policière, les droits de l’homme sont bafoués, la dissidence est persécutée, une censure dure a été mise en place, il y a des exécutions sommaires. Cet arbitraire juridique ne reçoit aucun écho des parrains occidentaux du régime de Kiev, ce qui ne fait que renforcer son sentiment de permissivité et d’impunité.

Ces derniers temps, plusieurs pays occidentaux, comme sur ordre, ont commencé à promouvoir le thème de « holodomor » en Ukraine. Cette question était déjà politisée aux États-Unis, mais dans l’ensemble plusieurs pays le traitaient avec une « prudence historique ». La Roumanie, l’Irlande, la Moldavie, l’Allemagne et d’autres États ont adopté ou examinent des documents pour reconnaître « holodomor » comme un « génocide » du peuple ukrainien, traçant des parallèles cyniques avec l’Holocauste. Nous n’assistons pas à une telle attitude envers l’histoire seulement dans ce cas précis. Mais une telle « salade » historique pourrait conduire à une indigestion. Vous comprenez ce dont il est question? Une question pour les collègues d’Israël: que pensent-ils de telles comparaisons? Sachant que les faits historiques sont grossièrement déformés. Il semble absurde de devoir le prouver, mais nous vivons à une époque quand l’absurdité devient partie intégrante d’une nouvelle « normalité », comme on cherche à nous le présenter. Je cite nos arguments.

Il est affirmé que la « famine imposée » avait pour but de « réprimer politiquement » la conscience nationale du peuple ukrainien. De quelle manière? Un autre peuple réprimait l’ukrainien au sein de l’Union soviétique? L’Ukraine n’était pas dirigée à l’époque par des Ukrainiens ethniques? Ou par des gens qui vivaient depuis toujours sur ces territoires? Que dire des dirigeants de l’Union soviétique qui disaient appartenir à la nationalité ukrainienne ou étaient des ressortissants du territoire ukrainien supervisant ces projets? C’est absurde. Il est peut-être possible de le présenter ainsi quelque part où l’on ignore complètement ce qu’est l’Ukraine, les Slaves. Même si j’ignore comment cela serait possible à l’époque des médias et des communications. Deux cliques suffisent pour trouver un document et se plonger dans toute époque historique. À cela s’adresse-t-il? Il faut détruire tout un ensemble de documents historiques pour étudier de telles idées à titre d’hypothèse ou de théorie. Ce qui est impossible.

Nous voudrions rappeler une fois de plus que cette tragédie des années 1930 a touché de nombreux peuples et régions de l’Union soviétique, et pas seulement l’Ukraine et les Ukrainiens. Elle a été provoquée par des mauvaises récoltes sans précédent. Les pays occidentaux ont contribué en grande partie à la famine en exigeant de l’URSS de payer avec des céréales dans les opérations commerciales extérieures avec eux. Nous sommes confrontés aujourd’hui à une situation identique quand l’Occident exporte d’Ukraine des vivres, remplit ses propres réserves en lui fournissant en échange des armes et en entraînant le conflit vers un « trou noir ». Cette situation est bénéfique pour les multinationales et l’industrie militaire des pays occidentaux. Surtout compte tenu du fait que l’argent alloué verbalement et sur le papier au régime de Kiev revient dans les mêmes banques d’émission (voire ne les quitte pas).

Les États-Unis et leurs alliés de l’Otan encouragent la poursuite des hostilités en Ukraine sans compter les pertes grandissantes de l’armée ukrainienne ni leurs propres problèmes économiques et sociaux. Cependant, ces livraisons ne suffisent pas au régime de Kiev. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmitri Kouleba a récemment exigé de l’Alliance dans une interview à Politico d’accroître la production de l’armement pour en approvisionner sans interruption l’Ukraine. Dans ce cas il faut préciser: approvisionner le régime de Kiev, pas l’Ukraine. « Sinon, nous ne pourrons pas remporter la victoire. » Repris par le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense Alexeï Danilov, qui a appelé une nouvelle fois les partenaires occidentaux à fournir à l’armée ukrainienne des missiles de plus de 800 km de portée afin de riposter aux tirs de l’aviation russe contre des sites énergétiques ukrainiens.

Les représentants du régime de Kiev ne cachent pas non plus leurs plans de « libérer » la Crimée par la force. C’est ce qu’a été directement déclaré par l’ancien commandant de « l’opération des forces alliées » dans le Donbass Mikhaïl Zabrodski dans une interview au média The Economist. Il a dit qu’il était « prévu de reprendre » la péninsule pour 2023. De nombreux représentants du régime de Kiev rêve d’un rendez-vous avec la République de Crimée. Vladimir Zelenski a déclaré qu’au printemps prochain il nagerait sur la côte sud de la Crimée, alors que son conseiller Mikhaïl Podoliak promettait dans six mois d’accorder une interview aux journalistes ukrainiens à Yalta. Pas besoin d’attendre. Venez. Nagez. Si vous voulez accorder une interview, amenez des journalistes ukrainiens. Bienvenue. Je peux dire au conseiller du bureau de Vladimir Zelenski qu’il aura le temps d’accorder une interview à Yalta s’il vient. Prenez un grand groupe de journalistes ukrainiens pour que tout le monde voie. Aucun problème. Pas besoin de se retenir. Les médias ukrainiens et occidentaux avaient toujours la possibilité de visiter la République de Crimée. Toutefois, ils ne le faisaient pas pendant huit ans. Ils racontaient des histoires, mais ne se rendaient jamais sur le territoire de la République, ils ne se rendaient pas du tout dans le Donbass où la situation ne s’inscrivait pas dans leur mainstream. Tout comme ils ne laissaient aller nulle part les journalistes et les habitants de la Crimée pour qu’ils ne puissent pas dire la vérité sur la situation.

En même temps, les révélations de Mikhaïl Zabrodski et les documents retrouvés pendant l’opération militaire spéciale témoignent clairement que Kiev se préparait sérieusement à une vaste offensive au printemps 2022. Ou une fois de plus nous avons mal compris quelque chose? Mal traduit? Les représentants du régime de Kiev devraient déterminer enfin ce qu’ils disent et comment. Chez nous, cela forme toujours une ligne logique.

Cela confirme une fois de plus la présence de menaces réelles à la sécurité de la Russie (et à la région dans l’ensemble) et la justification des actions entreprises pour protéger la sécurité des gens qui vivent sur ce territoire. Comme les autorités russes l’ont dit à plusieurs reprises, les menaces seront éliminées et les objectifs de protection de la population civile contre le régime de Kiev profasciste et de démilitarisation et de dénazification de l’Ukraine seront accomplis.

Sur la déclaration des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Otan

Nous ne pouvions pas laisser sans réaction la déclaration des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Otan, adoptée lors de la réunion du Conseil de l’Alliance au niveau des ministres des Affaires étrangères les 29 et 30 novembre 2022 à Bucarest.

Le contenu du document prouve que l’Otan n’est pas intéressée par une solution politique et diplomatique en Ukraine. La ligne adoptée immédiatement après le coup d’État de février 2014 pour « blanchir » le régime de Kiev et diaboliser la Russie afin de justifier la « nécessité de l’Otan » a été poursuivie. Les pays de l’Alliance tentent d’accuser la partie russe d’actes criminels et d’atrocités commis par les forces armées ukrainiennes avec la complicité totale des parrains occidentaux du régime de Kiev. On nous attribue la perturbation de l’approvisionnement alimentaire global, même si c’était Moscou qui avait proposé de vraies solutions aux problèmes sans que nous en soyons responsables. Leur mise en œuvre est en cours malgré les restrictions de Washington et de Bruxelles.

Les tentatives de rendre la Russie responsable de l’incident avec le missile ukrainien tombé sur le territoire de la Pologne sont flagrantes. Rappelez-vous comment le régime de Kiev a commencé à crier qu’il s’agissait d’un missile russe, une attaque contre la Pologne, contre l’Otan? Qu’il faut lancer des procédures pour protéger l’alliance? Le matin est venu, le brouillard s’est dissipé et il s’est avéré que le missile n’était pas russe, mais on ne savait pas à qui il appartenait, il n’y en avait pas deux, mais un seul. Varsovie a commencé à rassurer tout le monde en appelant à comprendre et à compter. Il fallait démentir la désinformation qui pourrait conduire à une grave complication de la situation pour tout le monde. Les peuples de Pologne et d’autres pays de l’UE ont commencé à en parler. Ils ont demandé aux dirigeants ce qu’ils faisaient, s’ils poussaient notre continent vers une catastrophe mondiale.

Maintenant, les membres de l’Otan sont réunis. Bien que tout n’ait pas été tout à fait comme ils essayaient de présenter les faits dès les premières minutes, la Russie était toujours coupable. Le sujet était très chaud. Pendant de nombreuses années, des fonds, des forces, des capacités technologiques y ont été utilisés. Pas un mot n’était dit sur les résultats de l’enquête très médiatisée annoncée par les autorités polonaises. La Pologne est membre de l’Otan. Où est l’enquête? Que se passe-t-il? Vous ne l’avez pas encore fait ? Réalisé, mais les résultats n’ont pas été annoncés ? Quel est le problème? Besoin de plus de temps? Une enquête annoncée est menée avec des membres de l’Alliance. Qu’est-ce qui était alors écrit dans la déclaration adoptée? Y a-t-il un paragraphe disant que toutes les thèses politiques doivent être confirmées par les résultats d’une enquête qui n’a pas encore été menée? Ce n’est pas du théâtre de l’absurde, mais du mimétisme. Franz Kafka, Andreï Platonov, je peux énumérer longtemps les auteurs qui essayaient de décrire l’absurdité de ce qui se passait, mais n’ont pas trouvé les mots justes pour en faire un concept philosophique, alors ils ont proposé des œuvres de dystopie ou d’utopie.

Une fois de plus, tout le monde a soutenu le régime de Kiev. Il était souligné qu’en Ukraine, on défendrait des valeurs communes pour les membres de l’Otan. Lesquelles? Formulez-les. Au moins nous allons comprendre. En tenant compte de ce que nous voyons, il s’avère que les valeurs de l’Alliance sont l’idéologie néonazie, des personnes avec une croix gammée qui ont érigé des portraits de collaborationnistes à côté des symboles d’État de l’Ukraine. De telles valeurs? Ce n’est pas la première fois que le régime de Kiev les prêche. On ne voit pas d’autres. Quant à la démocratie, la liberté d’expression, le pluralisme, les libertés et les droits de l’homme, ils n’ont jamais existé. Les dernières décennies l’ont prouvé.

Je voudrais mettre un accent sur la politique de la « porte ouverte » de l’Otan. Quatorze ans plus tard, à Bucarest, ils ont rappelé la formule notoire du sommet de l’Alliance qui s’y était tenu en 2008 sur les perspectives d’adhésion à l’organisation de l’Ukraine et de la Géorgie. Bonne référence à ces évènements. Nous avons parlé plus d’une fois du danger de telles déclarations. Dans le même 2008, de telles déclarations ont conduit à l’agression du régime de Saakachvili contre l’Ossétie du Sud, puis à la maturation du régime nationaliste en Ukraine, qui depuis 2014 détruisait la population du Donbass, ses infrastructures civiles et opprimait la population russophone dans toute l’Ukraine.

Dans ce contexte, les allégations sur la nature soi-disant défensive de l’Otan sont cyniques. Je ne sais pas qui entourait l’Alliance, mais je sais qui entourait l’organisation elle-même. En fait, il s’avère que les promesses de l’Otan de continuer à fournir une assistance à l’Ukraine aussi longtemps que « ça sera nécessaire » indiquent seulement que la ligne pour une nouvelle escalade du conflit dans ce pays et la déstabilisation de la situation sur le continent européen restent les missions principales de « l’Occident collectif ». Une telle politique dangereuse d’alliance pseudo-défensive, qui depuis les bombardements barbares des villes pacifiques de Yougoslavie en 1999 n’a apporté que la douleur, les souffrances, la destruction, les fausses valeurs et la substitution de concepts, mérite la condamnation la plus ferme.

À cet égard, je voudrais attirer votre attention sur le briefing officiel du porte-parole de l’Otan, Jamie Shea, daté du 25 mai 1999. Il contient une position clairement formulée de l’Alliance. Nous avons trouvé ce fragment directement sur le site de l’Otan. Il est là même maintenant. Espérons qu’il ne sera pas supprimé rapidement. Question: Si vous dites que l’armée [yougoslave] a beaucoup de générateurs, alors pourquoi privez-vous le pays de 70% non seulement de l’électricité, mais aussi de l’approvisionnement en eau, car, selon vous, [l’Otan] ne frappe que les sites militaires.

Réponse: Malheureusement, les systèmes de commandement et de contrôle dépendent également de l’électricité. Si Slobodan Milosevic veut vraiment que ses citoyens aient l’eau et l’électricité, il lui suffit d’accepter les exigences de l’Otan et nous arrêterons cette campagne. Jusqu’à ce qu’il le fasse, nous continuerons d’attaquer les sites qui alimentent son armée en électricité. (Dans une ligne précédente, le représentant de l’Otan a directement fixé les exigences aux citoyens de ce pays.) Si cela a des conséquences pour la population, ce sont ses problèmes [de Milosevic]. L’approvisionnement en eau et en électricité est utilisé contre le peuple de Serbie, nous les avons « coupés » pour toujours ou pour longtemps au nom de la vie de 1,6 million de Kosovars qui ont été chassés de chez eux et dont la vie a été gravement endommagée . Cette différence ne plaira pas à tout le monde, mais pour moi cette différence est fondamentale.

Il y a 20 ans, l’Alliance de l’Atlantique Nord a formulé une position concernant les infrastructures civiles, les besoins de la population civile en électricité et en eau, et ses propres intérêts. En 1999, l’Otan dirigée par les Américains a déclaré ce qui suit: si quelqu’un n’accepte pas leurs conditions, il n’y aura aucun moyen d’utiliser l’eau et l’énergie vitales. Y a-t-il d’autres questions sur quelque chose de défensif, d’humaniste? Peut-être parlons-nous de « valeurs » avec des documents sous la main? Ils aiment s’en souvenir mais pas entièrement. Lorsque vous proposez de parcourir des documents, des faits historiques, de comparer leurs déclarations qui se sont déroulées sous nos yeux, ils évitent la conversation, essayant de s’en débarrasser: « oublions l’histoire », « l’histoire est déjà passée », « l’histoire commence aujourd’hui ». Les gens qui suivent cette logique n’ont aucune idée de ce que sont les valeurs. Pour eux, ils n’ont d’importance que maintenant – momentanées, directement liées au bien-être spécifique d’aujourd’hui. Ils sont incapables de penser autrement.

Réponses aux questions: 

Question: L’autre jour, le président de la République fédérale d’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier a déclaré que les appels à un cessez-le-feu en Ukraine en ce moment ne sont pas sérieux, car « une trêve en ce moment signifierait, en fait, la reconnaissance d’une injustice qui s’est déjà produite ». Comment commenteriez-vous cette déclaration?

Réponse: Par cette déclaration, le chef de l’État allemand confirme clairement ce que la partie russe disait lors de l’opération militaire spéciale des forces armées de la Fédération de Russie en Ukraine: les principaux pays occidentaux, dont l’Allemagne, souhaitent la prolongation maximale des hostilités dans le cadre de l’opération militaire spéciale.

Berlin et d’autres capitales, fournissant constamment au régime de Kiev des armes de tous les calibres possibles, cherchent par l’intermédiaire des soldats ukrainiens et au détriment du bien-être du peuple ukrainien d’infliger le plus de dégâts possible à la Russie. Pour eux, les Ukrainiens ne sont que du consommable pour la mise en œuvre d’un projet géopolitique visant à contenir notre pays. Cela ne suscite rien d’autre que de la douleur chez nous. L’Occident a cyniquement trompé le peuple ukrainien, les politiciens de Kiev, l’opinion publique du pays, parlant et les impliquant dans une sorte d’ »avenir radieux » sous la supervision de l’Occident. Et après les avoir attirés dans un piège, il jette maintenant de l’huile sur ce feu.

Malheureusement, les habitants de ce pays voisin se sont révélés être les otages des ambitions hégémoniques des pays de l’Otan et des autorités actuelles de l’Ukraine totalement contrôlées par eux. La franchise de Frank-Walter Steinmeier est remarquable et symptomatique – l’Occident verbalement cesse déjà de cacher sa véritable attitude envers l’Ukraine. Il la considère uniquement comme une arène pour la lutte contre la Russie, un terrain d’essai pour ses armes et une source de nourriture bon marché. C’est devenu une évidence pour tout le monde. Une paix et une stabilité précoces ne sont pas incluses dans ce schéma. Frank-Walter Steinmeier en a parlé. 

Question: Il y a quelques mois, les pays occidentaux se sont mis d’accord pour renoncer complètement au pétrole russe acheminé par voie maritime à partir du 5 décembre. L’une des mesures prises dans le cadre de l’embargo pétrolier est ce que l’on appelle le « prix plafond ». Il reste encore une semaine avant l’entrée en vigueur des restrictions, mais le prix plafond n’a pas encore été convenu. Comment Moscou évalue-t-il cette situation? À quoi attribuez-vous les différends entre les pays occidentaux?

Réponse: À mon avis, il ne s’agit pas d’un « plafond », mais d’un « fond ». Il a été dit à plusieurs reprises que l’introduction d’un « prix plafond » sur le pétrole russe est une mesure anti-marché qui perturbera les chaînes d’approvisionnement et pourrait compliquer considérablement la situation sur les marchés mondiaux de l’énergie. La Fédération de Russie ne fournira pas de pétrole aux pays qui soutiennent cette idée provocatrice antirusse. Il y aura des conséquences dévastatrices pour tout le monde. Nous en avons parlé plusieurs fois.

Les différends actuellement observés entre les pays de l’UE concernant le « prix plafond » de l’énergie confirment la déconnexion de cette initiative des réalités économiques. Le diktat des prix et la formation d’un « cartel d’acheteurs » créent un précédent extrêmement dangereux pour le commerce international, qui se déroule toujours selon les principes du marché.

Peu à peu, en Europe et dans les pays de l’UE, on commence à comprendre ce que les États-Unis font avec eux et à quelle fin.

Les États-Unis pointent deux centres de tension de ses « efforts » (étant donné qu’ils ne peuvent pas rivaliser) – la Chine et la Russie. Mais en fait il y en a un troisième (qui est probablement le premier). À en juger par les actions destructrices des États-Unis contre l’UE, on a le sentiment que les États-Unis voient désormais l’Union européenne parmi ses alliés « intimes ». Ils veulent faire effondrer son marché, son territoire d’opportunités,  son rôle de l’un des acteurs majeurs et des « centres de pouvoir ». Cela ne peut pas se faire ouvertement – par des déclarations, des pressions politiques, du chantage – car il est reconnu que Washington ne peut pas résister à la concurrence économique et recourt donc à de telles mesures. En fait, c’est ce qui est fait. Les Européens eux-mêmes, les membres de l’UE, ont commencé à se demander où les eurodéputés les emmenaient en se tenant la main. Visiblement dans le sens inverse de la prospérité, de la paix et de la stabilité sur le continent européen. C’est de plus en plus profite en termes de réalisation des intérêts d’un autre acteur, les États-Unis, qui imposent cette volonté par l’intermédiaire des gens qui mettent en œuvre une politique pro-américaine à Bruxelles.

De nombreux pays pétroliers s’opposent également à une telle mesure, sachant qu’elle est aujourd’hui dirigée contre la Russie (bien qu’indirectement elle frappe déjà tout le monde), et demain, pour des raisons politiques ou autres, elles pourront s’appliquer à n’importe quel autre pays.

Question : L’UE travaille sur un cadre législatif qui permettra de saisir les biens des entreprises russes et les biens de l’État à l’étranger. Parallèlement de telles mesures sont en cours de préparation au niveau national des États membres de l’UE. Quels sont les projets du ministère des Affaires étrangères à cet égard? Que comptez-vous faire pour sauver les avoirs étrangers?

Réponse: Depuis plusieurs mois les dirigeants de l’Union européenne élaborent des plans visant à mettre en place un cadre juridique pour créer les conditions de la saisie, du vol et de la confiscation des avoirs « gelés » sur le territoire de l’UE appartenant à des personnes physiques et morales russes faisant l’objet de sanctions unilatérales de l’UE. Permettez-moi de vous rappeler que l’expropriation de la propriété d’autrui sans donner à ces actions au moins une apparence de légalité est embarrassant pour eux. Peut-être ont-ils peur que la même chose s’appliquera à eux, alors ils essaient d’inventer quelque chose. Premièrement, il existe un risque élevé de dépôt massif de plaintes auprès des tribunaux nationaux des États membres de l’UE, qui, contrairement à la Cour de justice de l’UE, qui déclare ouvertement la primauté de l’opportunité politique sur le droit depuis assez longtemps, peuvent prendre une décision défavorable. Deuxièmement, les vestiges de l’ancienne réputation de l’Union européenne en tant que garant du respect des principes fondamentaux d’une économie de marché sont en jeu.

En conséquence, le contournement des restrictions sera reconnu au niveau de l’UE comme une infraction pénale au même titre que le terrorisme, le trafic de drogue et d’armes, le blanchiment d’argent, la corruption, l’exploitation sexuelle des femmes et des enfants. En fait un stratagème absolument frauduleux et le banditisme sont proposés. Le « figurant » de la liste des sanctions est chargé de déclarer volontairement ses avoirs sur le territoire de l’Union européenne. L’absence de cette information ou la fourniture incomplète d’informations pertinentes sera automatiquement traitée comme une infraction pénale de contournement des sanctions avec la possibilité d’une confiscation ultérieure des avoirs. Permettez-moi de vous rappeler que nous parlons de restrictions unilatérales adoptées par l’Union européenne en contournant le Conseil de sécurité de l’ONU et donc illégitimes du point de vue du droit international. Il s’agit donc dans cette situation d’un double arbitraire juridique.

Bruxelles ne comprend pas que de tels exercices pseudo-juridiques, s’ils sont mis en œuvre, finiront par enterrer la réputation de l’Union européenne en tant que juridiction fiable pour faire des affaires. Ils croient que personne ne le voit et sont tellement convaincus de leur propre justesse qu’ils dotent les autres de ces qualités et soutiennent également cette excitation. En conséquence, ils croient que leurs actions illégales sont perçues par le « monde entier » comme une norme.

Des milliards de personnes vivant dans un certain nombre de régions ont déjà une attitude négative à cet égard, ils ne le perçoivent pas comme une action légitime. Cela se passe maintenant quand de telles mesures ne les concernent pas. Et quand et si l’Union européenne prend ces mesures et les met en œuvre, alors une vague colossale se lèvera dans le monde, ce qui entraînera des conséquences imprévisibles. Je vous assure que Bruxelles trouvera des arguments pour extrapoler de telles actions à d’autres pays du monde. C’est la destruction des fondements de l’ordre mondial contemporain, des dispositions mêmes du droit international que le monde a élaborées et adoptées. Tout est sapé.

Mais le désir des opérateurs économiques et des investisseurs étrangers de faire des affaires dans l’UE, où toutes les garanties légales d’inviolabilité de la propriété privée sont piétinées en un clin d’œil, va évidemment diminuer. Ce processus est déjà en cours. En raison de la situation économique, du fait que l’UE ne contrôle pas la « situation » chez elle et ne peut contrer les mesures destructrices prises par Washington, les entreprises du continent européen partent aux États-Unis. Les Européens préfèrent ne pas en parler ouvertement. Bien que ce soit l’un des principaux problèmes.

Une fois de plus, nous avertissons que s’il s’agit d’une véritable saisie des biens des citoyens et des entreprises russes ou des avoirs publics de notre pays, des mesures adéquates suivront inévitablement du côté russe. Je ne peux pas dire maintenant à quoi elles ressembleront – symétriques ou asymétriques. Elles seront réciproques et réelles. Rien ne restera en paroles. La responsabilité de leurs conséquences, y compris pour les intérêts des entreprises européennes, incombera uniquement à Bruxelles.

J’ai l’impression qu’après avoir fait exploser le gazoduc, et ils n’ont même pas réussi à dire quoi que ce soit, apparemment, la volonté des Européens (je veux dire des pays de l’UE) a été complètement piétinée. Leur infrastructure civile a été détruite et ils ne peuvent rien dire. Vu la rapidité des investigations que l’on a pu observer ces dernières décennies dans les pays occidentaux, on pourrait déjà inventer quelque chose sur le gazoduc. Avant cela ils inventaient des explications sur ce qui se passait partout dans le monde. Nous avons élaboré une position pour les situations les plus difficiles avec une précision au millimètre. Maintenant, quelque chose qui était vital pour les citoyens de ces pays a été détruit sur leur territoire. Et ils ne peuvent même pas « marmonner » quoi que ce soit.

Source : Le Cri des Peuples
https://lecridespeuples.fr/…

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