Maria Zakharova lors du briefing hebdomadaire ce 2 novembre.
© Service de presse du ministère russe des Affaires étrangères / RIA Novosti

Par RT France

Source : RT France

Interrogée au sujet d’un projet israélien visant à déplacer de façon définitive les 2,3 millions de Palestiniens de la bande de Gaza vers la péninsule du Sinaï, la porte-parole de la diplomatie russe s’y est fermement opposée, dénonçant les risques de déstabilisation de la région.

«Si le projet est mis en œuvre, les conséquences de déplacements massifs de personnes seront catastrophiques et ne feront qu’aggraver la situation dans la région», a mis en garde ce 2 novembre Maria Zakharova lors de son briefing hebdomadaire.

La porte-parole de la diplomatie russe réagissait aux révélations de la presse israélienne concernant une récente recommandation du ministre israélien du Renseignement de déplacer les 2,3 millions d’habitants de Gaza dans le Sinaï à la fin du conflit contre le Hamas, et ce de façon définitive.

«Le processus comprend trois étapes» détaille le quotidien économique Calcalist qui a révélé le 24 octobre l’existence de ce document. En l’occurrence, «l’établissement de villes de tentes dans le Sinaï», au sud-ouest de la bande de Gaza, «la création d’un couloir humanitaire» par lequel les Palestiniens seraient autorisés à fuir, «et enfin la construction de villes dans le nord du Sinaï».

Un document «conceptuel», défend le bureau de Netanyahou

Fin octobre, reconnaissant l’existence de cette note, le bureau du Premier ministre israélien avait toutefois minimisé la portée du document, le qualifiant de «conceptuel» et d’«hypothèse de travail». Pour autant, ce n’est pas la première fois qu’une telle suggestion est faite en Israël depuis le début du conflit avec le Hamas.

Mettant en avant «une opportunité unique et rare d’évacuer toute la bande de Gaza en coordination avec le gouvernement égyptien», l’institut Misgav avait publié le 17 octobre un document suggérant également un transfert définitif de la population de Gaza vers le Sinaï. Ce think tank, dirigé par un proche de Netanhyahou, évoque notamment le «nombre immense d’appartements construits et vides» en Egypte et estime le coût que cela représenterait pour l’Etat hébreu s’il fallait financer leur achat afin de reloger tous les Palestiniens de la bande de Gaza.

«Il y a le désert du Néguev en Israël, les Palestiniens peuvent y être déplacés jusqu’à ce qu’Israël achève son opération», avait déclaré le lendemain de cette publication le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lors d’une conférence de presse conjointe avec le chancelier allemand Olaf Scholz, s’opposant à tout déplacement des Palestiniens dans son pays.

Hausse «catastrophique» du nombre de victimes

«Tout le monde est à bout : les Israéliens, les Palestiniens, leurs voisins et ceux qui, à travers le monde, compatissent aux deux parties du conflit», avait déploré le 31 octobre sur sa chaine Telegram la porte-parole de la diplomatie russe, lors d’un premier commentaire concernant ce «plan» israélien. «Et pourquoi ? Parce qu’un pays s’arroge le droit de décider du sort de millions de gens», avait-elle enchainé.

Ce 2 novembre, Maria Zakharova s’est également alarmée que le nombre de victimes soit «en hausse catastrophique». Depuis le 7 octobre, le conflit a déjà coûté la vie à «8 000 Palestiniens et 1 500 Israéliens», souligne la diplomate russe. «Il y aurait au total plus de 30 000 blessés», a-t-elle ajouté, indiquant qu’il ne s’agissait que d’estimations. «Je pense qu’elles seront précisées ultérieurement, mais, hélas, ce bilan ne sera pas revu à la baisse».

Depuis le début du conflit, la Russie appelle à un cessez-le-feu et à l’application des accords d’Oslo ouvrant la voie à la création d’un Etat palestinien. Une position réitérée le 1er novembre par le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov qui a rencontré à Moscou les chefs des missions diplomatiques des pays arabes ainsi que le représentant de la Ligue des pays arabes afin de tenter de trouver une issue au conflit.

Selon le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères, celle-ci doit «se baser sur les décisions de l’Organisation des Nations unies et de l’initiative arabe de paix […] et elle doit donner lieu à la création d’un Etat palestinien correspondant aux frontières de 1967 avec pour capitale Jérusalem-Est, vivant dans la paix et la sécurité avec Israël».

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