Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 6 avril 2022.

Source : Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie

Point de situation en Ukraine

[…] L’opération militaire spéciale se poursuit en Ukraine. Ses objectifs consistent à libérer les républiques populaires de Donetsk (RDP) et de Lougansk (RPL), à démilitariser et à dénazifier l’Ukraine, à éliminer les menaces pour la Russie émanant du territoire ukrainien où sévissent des néonazis. Les militaires russes font tout pour éviter des victimes parmi la population civile. Ils ne frappent pas les installations civiles et ouvrent tous les jours des couloirs humanitaires pour que les gens puissent quitter les zones dangereuses.

Dans ce contexte, le régime de Kiev soutenu par les superviseurs américains et européens, qui augmentent les livraisons d’armes létales, bombarde les communes, élimine sa propre population et mène le pays vers une catastrophe humanitaire.

Ces derniers temps, les provocations, la désinformation et les mises en scène mensongères sont devenues l’arme principale des nationalistes ukrainiens, qui ont pour but d’accuser la Russie de crimes de guerre. Nous avons assisté à de tels « spectacles » il y a quelques années en Syrie. Pas seulement en Syrie, et pas seulement il y a quelques années.

Le 3 avril, le monde a assisté à un nouveau crime des autorités de Kiev à Boutcha où a été organisée une mise en scène d’un prétendu meurtre de civils par des militaires russes.

Après la vérification et la comparaison des informations, le Ministère russe de la Défense a rapidement fait une déclaration avec un démenti détaillé. Jusqu’au 30 mars, tant que Boutcha se trouvait sous le contrôle des militaires russes, et après leur départ, jusqu’au 3 avril, les habitants locaux se déplaçaient librement dans la ville et utilisaient le réseau mobile. Ils auraient pu se plaindre des actions de qui que ce soit, y compris les militaires russes, mais il n’y avait pas de quoi se plaindre. Les militaires russes ont livré et distribué à la population 452 tonnes d’aide humanitaire à Boutcha et d’autres communes de la région de Kiev. Pendant que Boutcha se trouvait sous le contrôle des forces armées russes, aucun habitant local n’a été victime d’actes de violence. Il n’y avait pas et il n’y a pas de telles informations. Les routes de Boutcha, notamment vers Kiev, n’étaient pas bloquées. Sachant que les forces ukrainiennes bombardaient sans cesse les banlieues sud de la ville, y compris des quartiers résidentiels (ils le font toujours et partout), avec de l’artillerie de gros calibre, des chars et des lance-roquettes multiples (LRM).

Le 31 mars, le maire de Boutcha Anatoli Fedorouk a confirmé dans son communiqué vidéo que les militaires russes avaient quitté la ville, et il n’a mentionné aucun habitant local fusillé. Dépêchez-vous de voir cette vidéo avant qu’elle ne soit supprimé de YouTube, Twitter et d’autres plateformes américaines qui sont complices de cette action criminelle. En diffusant des infox et en bloquant la vérité, le point de vue alternatif, les dossiers des investigations et le discours direct, ils sont complices de cette terrible tragédie résultant des crimes de Kiev. Si ce n’était pas la direction directe du régime de Kiev, alors il s’agit des forces qui ont échappé au contrôle du Président ukrainien Vladimir Zelenski. Ou qui ne lui étaient jamais subordonnées.

J’accuse les médias occidentaux, avant tout américains, non seulement de diffusion d’infox et de désinformation, mais également de complicité du crime commis à Boutcha. Les journaux, la télévision et les commentateurs sont complices de cette action punitive. Je sais que ce n’est pas une première pour eux.

Le monde avait déjà assisté à une opération identique. Sur le continent européen, malheureusement. En octobre 1944, en menant des activités militaires sur le territoire allemand, l’armée soviétique a occupé pendant quelques jours la ville de Nemmersdorf. Après une retraite forcée, des spécialises allemands en matière de propagande ont afflué dans la ville, y compris le chef du département de la propagande NSDAP pour la Prusse orientale Karl Gebhardt. Après deux jours de travail médiatique sanglant, le principal journal nazi Völkischer Beobachter a publié un article intitulé « La férocité des bêtes soviétiques ». Les temps ont changé, par les délais. Quand ils veulent, ils peuvent faire des choses dans un délai réduit. Cela ne rappelle rien? La même chose même dans le titre. Pas besoin d’inventer. Ils copient les choses de l’époque contre les néo-manifestations de laquelle nous luttons aujourd’hui. Cet article décrivait les « horreurs » et les « mutilations » soi-disant infligées à la population civile de Nemmersdorf par les forces soviétiques. C’était fait en détail, ils décrivaient les « tortures », les « meurtres » dont les preuves ont été découvertes par les fascistes.

Le Troisième Reich avait créé une « commission internationale » en y invitant des « gouvernement de poche », notamment l’Estonie. En littéralement une semaine, la commission de Hjalmar Mäe a publié un rapport accusant de tout Moscou. Pour les titres, nous avons déjà compris. La réaction internationale? La même. En une seconde les déclarations des représentants et des dirigeants européens, qui avaient réussi à comprendre ce qui s’y était passé uniquement d’après les photos et à prononcer un verdict, avaient fait le tour du monde.

La « commission internationale » a émis un décret « clair ». Le rapport de Hjalmar Mäe de fin 1944 est devenu l’un des documents les plus cités de la propagande de Goebbels. Ses copies étaient envoyées en langues étrangères à toutes les agences de presse mondiales. Berlin avait ordonné au plus haut niveau d’utiliser « l’affaire Nemmersdorf » en tant que preuve des « cruautés » des forces soviétiques.

Plusieurs historiens ont analysé ce problème après la guerre. L’histoire allemand de la guerre Bernhard Fisch, qui a lui-même participé aux combats de Nemmersdorf, reconnaissait qu’aucune tentative d’identification n’avait été entreprise après la découverte de corps par les Allemands. Les photos publiées représentaient des corps spécialement réunis des victimes de plusieurs villages de la Prusse orientale. N’était-ce pas le cas à Srebrenica? Si. En Syrie? À Alep, à Douma? La même chose. Qui finance tout cela? Washington, Londres et Bruxelles collectif.

Au XXIe, le Ministère des Affaires étrangères de l’Allemagne a reconnu que les falsifications de Nemmersdorf avaient été spécialement fabriquées par le lieutenant Pfeiffer de la police secrète de la Wehrmacht (Geheime Feldpolizei), après quoi elles ont été relayées par Berlin. De toute évidence, les idéologues et les propagandistes derrière les crimes de Boutcha connaissaient bien cette histoire. Mais comment cela a été commis? Ont-ils ramassé des corps quelques parts pour les faire venir ici ou des militaires ukrainiens donnaient l’ordre sur place de fusiller? Il faut le découvrir. Les méthodes, les formes et les objectifs sont identiques. La même signature. Tant de preuves de l’innocence de la Russie ont été présentées que ce thème devrait être clos de ce point de vue, mais ouvert du point de vue d’accusation directe du régime de Kiev et de tous ceux qui l’aident ou ordonnent de le faire.

Les médias occidentaux peuvent nous bloquer tant qu’ils veulent sur Twitter, censurer, placer des étiquettes, menacer les utilisateurs que l’information est soi-disant « dangereuse pour la santé ». Et en même temps ils diffusent des faits qui ne le sont pas. On peut le faire tant qu’on veut, mais il faut se rappeler que l’histoire remet toujours les points sur les i. La vérité triomphera toujours. Y compris cette fois. Seulement quelques jours se sont écoulés. Même les accusateurs les plus ardents se sont calmés. Ils ont compris l’ampleur de ce qui a été commis à Boutcha par des extrémistes, néonazies, militaires et barbares ukrainiens – appelez-les comme vous voulez.

Ainsi, le 3 avril, des preuves ont été établies de ce qui restait dans cette ville après l’arrivée d’agents du Service de sécurité ukrainien (SBU) et peut être de renseignements d’autres pays (cela reste également à établir). En réalité, non pas de ce qui restait, mais de ce qui a été commis après l’entrée de combattants contrôlés (ou incontrôlés) par le régime de Kiev.

Les politiciens et médias occidentaux, sans même tenter de vérifier quoi que ce soit, de savoir si ces photos sont vraies, l’ont immédiatement publié comme un verdict de la culpabilité de la Russie. Ignorerions-nous quelque chose? Pendant des années ils faisaient la même chose dans ce genre de cas: ils prononçaient un verdict et mettaient en application les menaces promises sans prendre la peine de vérifier les informations. Le Président français, le Premier ministre britannique, le Chancelier allemand et le Secrétaire d’État américain exigeaient immédiatement sans fondement que les autorités russes répondent des crimes. Tous ces gens sont personnellement responsables pour le soutien du crime commis par le régime de Kiev et les forces qu’il contrôle (ou ne contrôle pas) auxquelles il s’associe.

Il m’a été demandé pourquoi Moscou n’a pas immédiatement commencé à réfuter les publications après leur parution. Il faut analyser pour confirmer ou réfuter quelque chose. Cela demande du temps. Et c’est précisément le but. Ils utilisent exprès l’effet d’une intox de masse, de surprise pour inciter immédiatement à faire des commentaires. Il ne faut pas le faire. Il faut vérifier les informations malgré toute l’absurdité de sa présentation. Il est impossible de faire des commentaires officiels sans vérification primaire. Elle a été faite. Il était impossible de croire à l’intensivité et à l’ampleur de la propagation de tels fakes. Une vérification a été faite même malgré toute l’absurdité de ces déclarations et accusations.

À son issue, la Russie a immédiatement demandé une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU afin de discuter ouvertement de la situation actuelle. Peut-être échanger des données si quelqu’un possède des informations supplémentaires. Appeler les choses par leur nom, c’est appeler une provocation criminelle une provocation criminelle. Cependant, la présidence britannique du Conseil de sécurité de l’ONU a rejeté notre initiative à deux reprises en 24 heures. Pas plus tard qu’hier, une réunion s’est tenue sur la situation en Ukraine, qui avait déjà été prévue auparavant (prévue, c’était au programme). Nous avons droit à une réunion urgente, compte tenu de l’ampleur avec laquelle les infox se sont propagées, de l’enthousiasme avec quel les pays mentionnés ont appelé à lutter contre ces infox et quelles accusations ont été faites. Mais l’essentiel, c’est ce que nous avons vu sur les photos. Nous connaissons Londres – pour étayer leurs accusations, rendre une sentence et l’exécuter, ils n’ont besoin d’aucun fait, sauf leur propre volonté et leur décision.

Nous avons profité de l’occasion de tenir une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour dire et présenter au monde les faits dont nous disposons. Rappeler les promesses non tenues du régime de Kiev de mettre fin à la guerre dans le Donbass et de respecter les droits de la population russophone. La partie russe a exhorté au moins à se rappeler que nous parlons de civils. L’Ukraine et la population de ce pays doivent cesser d’être des pions dans le jeu qui se joue sur leur territoire depuis de nombreuses années par des pays qui ne sont même pas limitrophes. Ils n’ont pas d’intérêts primordiaux, vitaux, véritables sur le territoire de cet État. Ils jouent tout simplement un autre scénario géopolitique de chaos mondial.

Nous avons profité du Conseil de sécurité de l’ONU pour attirer l’attention de la communauté internationale sur l’alimentation continue de l’Ukraine en armes de toutes sortes et « couleurs ». À tel point que les entrepôts sont vides, il n’y a plus rien à y fournir. Il ne s’agit pas d’aide humanitaire, ni de pain, ni de céréales, ni de médicaments, mais d’armes – pour qu’ils se mutilent davantage. Selon les responsables de Berlin, il n’y avait plus rien à fournir. Pouvez-vous l’imaginer? Et ces livraisons continuent. La même chose se fait dans d’autres parties de l’Europe (Est, Centre, Nord).

La discussion au Conseil de sécurité de l’ONU a montré que nos collègues occidentaux évitaient d’analyser les incohérences flagrantes des images de Boutcha, diffusées par leurs médias. En principe, ils n’allaient pas discuter de tout ce qu’il y a sur ces images. Ils ont fait leurs déclarations avec des accusations et sur ce, ils voulaient clore ce dossier. Ça a toujours été le cas. Quand était-ce l’inverse? Peut-être que quelque chose a changé après la provocation en Syrie? Ou après les scénarios fabriqués autour de Salisbury et Amesbury? Est-ce que quelque part une enquête a été menée à son terme, fondée sur la loi, sur le plan juridique? Jamais. Rien. Donc tout restait en suspens. En revanche, les accusations politiques appuyées par l’expulsion de diplomates et les sanctions sont une tradition. Elle était constamment soutenue.

Il est évident que cette terrible infox criminelle a été fabriquée pour justifier un autre volet de sanctions préparées d’avance, y compris l’expulsion massive de diplomates russes d’un certain nombre de pays occidentaux, et pour compliquer (voire interrompre complètement) les négociations, dans lesquelles Kiev a commencé à montrer des signes d’une approche réaliste. Le troisième facteur important est d’attiser une fois de plus la situation non seulement dans la région, mais aussi dans le monde. Il est nécessaire d’expliquer d’une manière ou d’une autre aux gens qui souffrent des sanctions imposées par l’Occident à la Russie, mais qui sont soit revenues en boomerang, soit se sont répercutées dans toutes les régions du monde.

Il faut expliquer pourquoi on continue d’introduire ces sanctions. Partout dans le monde, des gens manifestent, « prennent d’assaut » leurs représentants, responsables, milieux politiques, pour qu’on leur explique pourquoi ces pays subissent ou soutiennent des sanctions contre la Russie. Pourquoi les peuples des États qui ne sont pas impliqués dans la situation autour de l’Ukraine ou en général dans les problèmes du continent européen commencent-ils à souffrir de ces restrictions.

Je pense que ces pays et forces politiques avaient une « demande » pour expliquer au moins quelque chose à leur population, les prix du carburant élevés, les crises alimentaires, les problèmes logistiques dus aux annulations de vols, aux fermetures de frontières, etc. Il devait y avoir une explication. S’il n’y en a pas, il faut l’inventer. Et ils ont réussi. Ils ont sorti le script de 1944 et l’ont mis en œuvre.

C’est pourquoi nous traitons ces gens en Ukraine de néonazis et de punisseurs – ils professent la même logique. Rien ne les distingue des gens qu’on appelait alors fascistes et nazis. Ils glorifient cette idéologie, s’en délectent, considèrent que c’est un outil efficace pour régler des comptes, intimider et détruire ceux qui ne partagent pas leur idéologie ou ne se rangent pas sous leurs bannières. Nous luttons contre cela. Les régions d’Ukraine se sont rebellées contre cela. Pendant de nombreuses années, ils défendaient leurs droits, survivaient et mouraient sans être brisés par la machine néonazie. Cela ne peut être accepté qu’une seule fois. Ensuite cette « noirceur » absorbe. De là il n’y a plus d’issue.

Il y a un crime et un châtiment. Les gens ne sont pas des anges, pas des saints. Tout le monde peut commetre une erreur, fare quelque chose de mal dans cette vie, y compris enfreindre la loi et être puni pour cela. Mais c’est autre chose. Il ne s’agit pas de crime et de châtiment, mais de déshumanisation. Le fait que ce processus puisse ne pas avoir de retour. Les gens deviennent complètement submergés par cette idéologie. C’est une idéologie globale pour une personne. Elle n’a pas d’exceptions.

Dans le contexte de ces terribles et sanglantes infox sur les actions de la Russie, les nationalistes ukrainiens continuent de commettre des crimes de guerre. Un autre exemple est l’explosion d’hier de conteneurs avec des produits chimiques dans la ville de Roubejnoïe, en République populaire de Lougansk. L’explosion a été réalisée en tenant compte de la direction du vent – de sorte que le nuage toxique se déplace vers l’est, profondément dans le territoire de la Répuplique. C’est un autre acte de génocide contre le peuple du Donbass.

Alors que Marioupol est libérée par l’armée russe et que les habitants sont évacués, de plus en plus d’atrocités néonazies font surface. Les habitants de la ville en parlent. Des crimes monstrueux ont été découverts dans la prison secrète Biblioteka à l’aéroport de Marioupol, où des nationalistes ukrainiens ont torturé et tué des gens pendant des années. Il existe des preuves, mais rien de tout cela ne parvient aux médias occidentaux.

Maintenant, on comprend pourquoi ce sont les réseaux sociaux américains qui ont annoncé leur politique et ont commencé à la mettre en œuvre en bloquant ces images. Vous ne trouverez pas cette information dans les médias occidentaux. C’est un génocide informationnel. Il peut être différent, mais il inclut également l’exclusion d’informations importantes, objectives pour des personnes représentant le peuple et le pays. Cette exclusion est un génocide informationnel.

Vous n’y verrez pas de sujets sur les « escadrons de la mort » des nazis ukrainiens, qui circulaient dans les rues de Kharkov dans des voitures prises à des civils et qui tiraient au hasard sur des immeubles résidentiels pour intimider la population. Il y a littéralement quelques journalistes sur des centaines de milliers qui peuvent en parler. Mais ils seront également « enveloppés de ruban adhésif »et collés au « pilier occidental » (comme cela se fait actuellement en Ukraine) et ostracisés s’ils osent dire un mot contre le point de vue officiel.

On ne vous parlera pas des disparitions massives dans cette ville de ceux qui étaient soupçonnés de sympathie pour la Russie ou défendaient leur position. La cruauté et le sadisme avec lesquels les nazis ukrainiens traitent les prisonniers de guerre russes sont incompréhensibles et n’ont aucune justification. Des images non pas de passages à tabac, de meurtres ou de torture, mais de sacrifices au mal ont fait le tour de l’internet. Nous parlons du XXIe siècle, qui a remplacé l’ère monstrueuse du fascisme et du nazisme avec des chambres à gaz et des expériences sur des êtres humains. Non. Tout recommence.

J’ai parlé à mes collègues. Ils m’ont avertie et demandé de ne pas regarder ces images. Je n’ai pas tout regardé. C’est insupportable. Je ne parle pas d’endurer la torture, mais la torture d’avoir pris connaissance de ces images: arracher les yeux, démembrer des gens vivants au centre de l’Europe. Qui protégez-vous, M. Di Maio, M. Macron? Je ne parle pas des Britanniques. C’est inutile. Mais vous êtes les mêmes Européens, dans les pays mêmes où sont nés non seulement la démocratie, mais aussi le système juridique actuel de l’Europe et du monde.

Malheureusement, l’Occident ne le voit pas parce qu’il n’y a pas d’information, mais parce qu’il ne le veut pas. Ils ont choisi l’autre côté de l’histoire. Tout comme ils fermaient les yeux sur les crimes de guerre de Kiev dans le Donbass pendant huit ans. Ils ne voulaient tout simplement pas le voir. Ils savaient mais ne voulaient pas.

Pour cause des atrocités inhumaines des forces de sécurité ukrainiennes contre nos militaires, je tiens à dire que nous travaillons sur les informations fournies. Le ministère des Affaires étrangères de la Russie, les réprésentations étrangères collectent les données. Nous agissons en étroite coordination avec des collègues du ministère de la Défense, du Comité d’enquête, du Bureau du procureur général afin de les envoyer aux organisations internationales. Bien sûr, nous ne pouvons pas compter sur elles. On voit comment les institutions mondiales se discréditent. Pas parce qu’elles sont mal organisées.

Les pères fondateurs du système des Nations unies ont fait du bon travail pour rendre l’Organisation universelle. Mais les résponsables qui y sont représentés discréditent désormais l’ONU par leur inaction et leur position engagée.

Les dirigeants de notre pays et les forces de sécurité impliquées dans la résolution des crimes ont clairement énoncé leur position: toutes les personnes impliquées dans de tels crimes contre le personnel militaire russe seront retrouvées et traduites en justice. Sous quelle forme, cela sera décidé plus tard. Ils recevront leur « récompense ». […]

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Commentaire de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, aux médias sur la situation autour de l’Ukraine, Moscou, 5 avril 2022.

Source : Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie

Ces derniers jours, la machine de propagande de l’Occident et de l’Ukraine vise uniquement à attiser l’hystérie autour de la séquence vidéo, qui, comme nous le comprenons, a été tournée par l’armée et les services de sécurité ukrainiens à Boucha dans la région de Kiev.

La fabrication flagrante et le caractère mensonger des affirmations concernant « certains crimes de guerre » commis par les forces militaires russes dans le cadre de l’opération spéciale militaire ont été prouvés plusieurs fois: au cours des briefings détaillés du ministère de la Défense de la Russie, au niveau de notre ministère et de la mission permanente auprès des Nations unies, où une conférence de presse spéciale a été tenue hier. Aujourd’hui notre représentant permanent Vassili Nebenzia a exposé en détail notre position, à présenté des preuves et a lu les déclarations des témoins oculaires lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies.

Une question se pose: quelle est la raison de cette provocation manifestement fausse, dont la véracité est impossible à justifier? Nous sommes enclins à croire qu’il s’agit d’un désir de trouver un motif pour faire échouer les négociations en cours et de le faire exactement au moment où une « lueur d’espoir » est apparue. Lors des négociations à Istanbul le 29 mars, pour la première fois pendant toute la période de contacts entre nos délégations, la partie ukrainienne a proposé sa vision écrite de l’accord concernant les parties relatives au statut de l’Ukraine et aux garanties de sécurité.

Pour la première fois, la partie ukrainienne a mis sur le papier sa disposition à proclamer son État neutre, non aligné est dénucléarisé. Elle s’est déclarée prête à refuser l’installation d’armes étrangères sur son territoire et d’organiser des exercices militaires impliquant des soldats étrangers sur son territoire sauf avec le consentement des garants du futur accord, y compris la Fédération de Russie. Les garanties de sécurité prévues par l’accord contribuent à la prise de conscience de la nécessité de négocier de sorte que l’élargissement de l’Otan à l’est, surtout vers l’Ukraine, soit totalement exclu et que la sécurité indivisible sur le continent européen soit assurée.

La partie ukrainienne a inscrit elle-même dans ce projet de dispositions fondamentales du traité que les garanties de sécurité, qui seront octroyées à l’Ukraine en cas d’entente, ne s’appliqueraient pas à la Crimée et au Donbass. Ici l’on voit aussi des progrès significatifs du point de vue d’une prise de conscience réaliste par Kiev du statut de ces territoires.

Conformément aux accords d‘Istanbul, la partie russe a décidé de désamorcer la situation sur le terrain à titre de geste de bonne volonté. Tout d’abord dans les régions de Kiev et de Tchernigov. C’est à ce moment-là, trois jours après le retrait de nos militaires de la ville de Boucha, que la provocation dont nous parlons aujourd’hui a été organisée. Nous avons toutes les raisons de croire que cela a été fait pour détourner l’attention du processus de négociation et du fait que la partie ukrainienne avait déjà essayé de poser de nouvelles conditions et a commencé à faire « marche arrière » juste après la rencontre d’Istanbul.

Nous partons du principe que la communauté internationale est obligée de connaître la vérité sur la volonté de la partie russe de travailler de manière honnête et cohérente à la table des négociations. Si la délégation ukrainienne continue de déclarer la nécessité de certaines démarches supplémentaires de la part de la Fédération de Russie, de refuser catégoriquement (comme elle le fait actuellement) de discuter des objectifs de dénazification et de démilitarisation, de rétablissement des droits de la langue russe, de déclarer qu’il n’y a aucun problème avec la langue russe, les droits de la population russophone et la nazification de tous les domaines de la vie du pays, je ne crois pas que cela contribuera à la poursuite du processus de négociation.

Nous voudrions une fois de plus appeler ceux qui dirigent les actions de Kiev (nous savons qui ils sont) à assumer leur responsabilité pour la sécurité en Europe, l’avenir de l’ordre mondial et à assurer le respect des principes de la Charte des Nations unies. La Russie est prête pour cette conversation.

Pour parvenir à un réel progrès plutôt qu’à son apparence, nous insistons à ce qu’un signal sans ambiguïté soit envoyé à Kiev pour qu’il ne se mette pas au sabotage. Sinon nous risquons de répéter le destin des Accords de Minsk. Nous ne le ferons jamais.

Nous sommes préoccupés par le fait que la partie ukrainienne a décidé d’exiger la cessation de toutes les hostilités sous quelques jours au cas où un accord était conclu et que les forces militaires de la Russie quittent l’Ukraine.

Après cela il y aura prétendument un référendum, une ratification au parlement. Il est fort probable que si les résultats étaient négatifs, le processus de négociation devrait recommencer à zéro. Nous ne voulons pas jouer au « chat et à la souris ».

Nous ne voulons plus que le sort des Accords de Minsk se répète. Nous ne pouvons pas le permettre.

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Allocution et réponses à la presse de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, lors d’une conférence de presse conjointe avec Ahmed Aboul Gheit, Secrétaire général de la Ligue arabe, et Sameh Choukri, Ministre des Affaires étrangères de l’Égypte, Moscou, 4 avril 2022.

Source : Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie 

Mesdames et messieurs,

Je voudrais remercier nos hôtes, les représentants du Groupe de contact de la Ligue arabe, qui a été convoqué en rapport avec la situation en Ukraine.

Notre conversation a été utile. Nous avons parlé en détail de l’émergence de la situation actuelle. Elle murissait pendant des années dans le cadre de la ligne de nos voisins occidentaux visant à créer en Ukraine une véritable « anti-Russie », comme l’a expliqué en détail le Président russe Vladimir Poutine.

Nous avons reproduit aujourd’hui l’historique et la chronologie de ces événements. Une nouvelle fois nous avons expliqué en détail les objectifs de l’opération militaire menée en Ukraine sur décision du Président Vladimir Poutine. Nous avons répondu à de nombreuses questions de nos amis, notamment concernant les perspectives du règlement de la situation actuelle: quelles sont les exigences pour cela et comment elle impacte les relations bilatérale, l’interaction avec le monde arabe, avec les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

Ces relations ne sont pas influencées par la situation en soi, et par les sanctions complètement illégitimes, illégales et sans précédent de l’Occident contre la Russie. Elles portent sérieusement atteinte à l’économie mondiale, notamment aux pays consommateurs de produits agricoles, d’engrais et de bien d’autres, ce qui est directement lié aux liens commerciaux et d’investissement avec la participation de la Fédération de Russie.

Nous avons remercié la Ligue arabe pour ses décisions prises en rapport et pendant la crise ukrainienne, notamment pendant la réunion plénière de tous les membres de la Ligue arabe pendant la première moitié du mois de mars 2022. Nous nous sommes dits prêts à interagir et à continuer d’informer nos collègues de l’évolution de la situation, sur les perspectives pour atteindre les objectifs fixés.

Nous avons examiné la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Nous avons accordé une attention particulière au problème palestinien qui n’est pas réglé depuis des années. Notre position est unanime. Nous prônons le règlement de toutes les questions relatives au statut définitif, y compris Jérusalem, uniquement par le biais des négociations directes entre les Palestiniens et les Israéliens.

Nous apprécions les efforts entrepris par l’Égypte et plusieurs autres membres de la Ligue arabe pour la réunification des Palestiniens et l’unité palestinienne. Nous trouvons que c’est un objectif primordial qui dépend des Arabes eux-mêmes.

Nous avons également parlé de la situation en Libye, au Yémen, en Syrie. Nous espérons que la question relative au retour de la Syrie dans la Ligue arabe sera réglée très prochainement. Cela consolidera la position de nos amis arabes dans toute la région.

Je voudrais remercier les représentants de la Ligue arabe, le Secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit, le Ministre des Affaires étrangères de l’Égypte Sameh Choukri, pour leur participation à cet événement opportun.

Question: L’opération spéciale russe s’accompagne dans les médias d’une grande campagne occidentale de désinformation, d’infox. Le dernier épisode étant les images de Boutcha. Quelle est la raison des obstacles causés par le Royaume-Uni à l’organisation d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur Boutcha? Comment Moscou réagira-t-il à toute tentative de l’Occident d’entreprendre des démarches unilatérales hors du cadre du droit international? Quel est le mécanisme approprié pour examiner dûment le dossier humanitaire sur l’Ukraine basé sur les faits et les arguments, et non la désinformation et la falsification?

Sergueï Lavrov: En ce qui concerne la campagne de désinformation (malheureusement, ce n’est pas la dernière, de toute évidence, mais chronologiquement – l’épisode de Boutcha), elle accompagne aujourd’hui pratiquement tous les conflits. Nous y sommes habitués. Nous savons comment travaillent en Syrie les Casques blancs. Au fur et à mesure du succès des forces gouvernementales dans la lutte contre les terroristes, leurs superviseurs occidentaux ont été contraints d’évacuer les Casques blancs. Ils ont convaincu la Jordanie d’accueillir plusieurs centaines de ces gens. Ils ont promis de les envoyer d’ici deux mois en Occident: en Allemagne, au Canada, au Royaume-Uni. Mais ils n’ont pris pratiquement personne, car ils ont compris que ces individus étaient de véritables extrémistes travaillant main dans la main avec l’État islamique (Daech) et d’autres groupes terroristes.

Il y a eu plusieurs exemples d’infox flagrantes pendant l’opération militaire en Ukraine. Elles servaient immédiatement à la campagne de propagande, aux condamnations indignées. Quelques jours plus tard, quand la vérité faisait surface, plus personne en Occident ne voulait en parler. Nous dénoncerons de telles infox. Nous avons percé à jour, début mars, la situation qu’on cherchait à faire passer pour une tragédie dans une maternité de Marioupol.

Le 30 mars déjà, les forces militaires russes dans le cadre de la reconfiguration de leur présence ont quitté la zone de la ville de Boutcha. Dans les trois jours qui ont suivi, le maire de la ville disait à la télévision que la ville revenait à la vie normale. Les forces armées ukrainiennes y sont venues, elles montraient les rues où il n’y avait aucun corps. Et trois jours plus tard ils ont visiblement décidé d’organiser une telle mise en scène.

Je rappelle qu’encore hier nous avons exigé de convoquer une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies. Nos collègues britanniques qui président actuellement le Conseil de sécurité ont refusé de le faire. Notre tentative d’aujourd’hui a également échoué. Ils prétendent que demain ils prévoyaient eux-mêmes d’examiner la situation en Ukraine sous tous ses aspects. En connaissant la diplomatie britannique, j’imagine que l’objectif consiste à dissoudre cette infox concrète dans la ville de Boutcha dans des réflexions démagogiques sur la nature de la crise ukrainienne. Mais nous organiserons tout de même aujourd’hui une conférence de presse à New York au niveau de notre Représentation permanente. Nous y présenterons les informations détaillées révélant la véritable nature des événements dans la ville de Boutcha que nos collègues occidentaux cherchent à présenter aujourd’hui comme une preuve des crimes de guerre de la Fédération de Russie.

Nous insisterons pour que les crimes commis par l’armée ukrainienne menée par les bataillons nationalistes néonazis ne restent pas impunis.

Nous travaillons avec nos amis et collègues pour appliquer les normes appropriées du droit international humanitaire et pour que ces accusations soient fondées sur des preuves concrètes irréfutables. C’est précisément ce que nous ferons, contrairement à ceux qui fabriquent ces faits.

Question: Récemment vous avez parlé des progrès émergents dans les négociations russo-ukrainiennes concernant la neutralité de l’Ukraine. Au vu des nouvelles circonstances, quelles sont les chances de résoudre le conflit de manière pacifique et de parvenir à des accords qui par la suite seront consignés lors du sommet des deux présidents?

Sergueï Lavrov: À l’issue du cycle des négociations à Istanbul le 29 mars, on a aperçu une manifestation de réalisme dans la position de la délégation ukrainienne en ce qui concerne les moyens d’assurer la sécurité de l’Ukraine. Les représentants de Kiev ont réalisé qu’il était impossible de s’assurer des garanties de sécurité au sein de l’Otan et que l’adhésion à l’Alliance devait être oubliée. Il y a plus de réalisme quant à la nécessité d’assurer le statut de neutralité de l’Ukraine, ainsi que son statut dénucléarisé dans le traité étant donné le « flirt » avec ce sujet que l’on a pu entendre de la part des dirigeants de l’Ukraine au cours des derniers mois.

À présent il y a beaucoup plus de compréhension dans la position de la délégation ukrainienne sur la situation concernant le statut de la Crimée, des républiques populaires de Donetsk et de Louhansk. Il reste à savoir comment ces « notes » vont être interprétées sur le « papier » du traité. Les contacts se poursuivent par vidéoconférence. Les délégations travaillent de façon assez intensive. Au moins de notre côté un tel travail est en cours.

En ce qui concerne les chances. Il y a toujours une chance. J’en ai déjà parlé plusieurs fois. Nous sommes disposés à réaliser toutes ces chances. Les objectifs de notre opération ont été déclarés par le Président Vladimir Poutine. Nous faisons tout notre possible pour qu’ils soient consignés dans le traité qui est actuellement en cours de discussion et de préparation. J’espère qu’il sera finalement mis au point et finalisé dans toutes ses dispositions.

M. Poutine a déclaré à plusieurs reprises qu’un sommet des présidents de l’Ukraine et de la Russie pourrait avoir lieu lorsqu’on aura vu le résultat à consolider.

Question: Comment les négociations russo-ukrainiennes influencent-elles le déroulement de l’opération spéciale en Ukraine?

Sergueï Lavrov: Ce ne sont pas les négociations qui influencent le cours de l’opération mais les « acteurs » extérieurs qui essayent d’empêcher ces négociations et de maintenir les combats sur le terrain le plus longtemps possible. Nous savons qui donne de tels « conseils » à nos voisins ukrainiens. Cela est fait à des fins inappropriées qui n’ont rien à voir avec les intérêts du peuple ukrainien et la sécurité de l’Ukraine et de l’espace OSCE, de notre région européenne.

J’espère que ceux qui dirigent la délégation de Kiev au cours des pourparlers mentionnés commencerons à s’inspirer de leurs propres intérêts nationaux et de ceux de leur peuple et qu’ils n’écouteront pas des « conseillers » venus de loin qui ne cherchent parfois qu’à observer comment la situation de crise va s’aggraver.

Question: Le Président des États-Unis Joe Biden a traité le Président da la Russie Vladimir Poutine de « criminel de guerre » et a appelé à demander qu’il soit jugé pour des crimes de guerre. Qu’est-ce que cela signifie dans le cadre de la réputation internationale de la Russie?

Sergueï Lavrov: Tout d’abord, cela veut dire que de nombreux hommes politiques américains, qui ont été à l’origine de la guerre en Irak sous les prétextes bien connus, qui ont dévasté la Libye avec leurs partenaires de l’Otan, qui ont envahi la Syrie, ont des problèmes de conscience. Je pense que vous avez entendu l’administration de Joe Biden commenter ces déclarations plus tard, expliquant que « ce n’était pas ce qu’il voulait dire ».

Nous souhaitons connaître le point de vue du peuple russe sur cette situation (et toute autre). Dans quelle mesure il comprend les missions que les forces militaires remplissent. Le plus important c’est qu’il se rend compte qu’il ne s’agit pas du tout de l’Ukraine mais du fait que l’Occident collectif, qui s’est définitivement et incontestablement rassemblé sous le « toit » de Washington, est le modèle même du monde unipolaire qu’il voudrait préserver coûte que coûte (plutôt par des moyens mensongers).

Il s’agit du fait que ce « souverain » du monde unipolaire peut tout se permettre. Les autres n’ont même pas le droit de penser à assurer leur propre sécurité. Ce « souverain » a créé des situations autour de nos frontières et celles de ses concurrents, que nous sommes obligés de régler maintenant, y compris par des méthodes assez dures.

Les appels et les conjurations de longue date à respecter les accords sur l’indivisibilité de sécurité se sont heurtés à la manifestation d’une absence totale de la volonté de l’Occident de discuter de quoi que ce soit. Cette arrogance qui a déferlé à tous les niveaux possibles ne finira pas bien. Ce n’est dans l’intérêt d’aucun peuple dans le monde, y compris les pays occidentaux eux-mêmes.

Nous sommes prêts à une conversation honnête. Je dis bien, honnête. Nous sommes habitués à un jeu déloyal de la part de nos partenaires. Ce n’est plus sérieux. C’est un jeu habituel qui consiste à designer les coupables et à affirmer sa propre grandeur.

Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.

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Source : Le Cri des Peuples
https://lecridespeuples.fr/…

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