Des Palestiniens cherchent des survivants après une frappe aérienne israélienne dans le camp de réfugiés de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, mardi 7 novembre 2023.
(AP Photo/Mohammed Dahman) [AP Photo]

Par Andre Damon

Chaque jour qui passe montre plus clairement que l’assaut israélien contre Gaza a pour objectif le nettoyage ethnique de la région, au cours duquel les Palestiniens qui survivront aux bombardements, à la famine et à la déshydratation seront définitivement expulsés de leur terre.

Dans une interview donnée samedi, Avi Dichter, membre du cabinet de sécurité israélien et ministre de l’Agriculture, membre du Likoud de Benjamin Netanyahu, a déclaré: «Nous lançons la Nakba de Gaza». La Nakba, qui signifie «catastrophe» en arabe, fait référence au nettoyage ethnique d’environ 700.000 Arabes palestiniens à la suite de la guerre israélo-arabe de 1948 et de la création d’Israël.

Dichter, ancien directeur du Shin Bet, le service de sécurité intérieure israélien, a déclaré: «La Nakba 2023 à Gaza. C’est ainsi que cela se terminera». Lorsqu’on lui a demandé si les habitants de Gaza seraient autorisés à revenir, Dichter a répondu: «Je ne sais pas comment cela pourrait arriver».

Dans le même temps, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a clairement indiqué vendredi qu’Israël conserverait le contrôle total de la bande de Gaza, même après la fin de la «guerre». Il a déclaré catégoriquement: «Les forces de l’armée israélienne garderont le contrôle de la bande de Gaza, nous ne le céderons pas aux forces internationales».

Le génocide israélien à Gaza provoque des manifestations de masse de millions de personnes dans le monde entier. Des manifestations ont été organisées ce week-end dans des dizaines de grandes villes pour exiger un cessez-le-feu.

Dans ce contexte, les responsables américains continuent de donner carte blanche à Israël pour mener à bien le massacre systématique et le nettoyage ethnique de la population palestinienne.

Lors d’une interview à l’émission «State of the Union», le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a refusé de répondre à la question de savoir si Israël commettait des crimes de guerre, déclarant au contraire que les États-Unis soutiendraient tout ce que fait le régime de Netanyahou.

À la question de la modératrice Dana Bash, «Israël agit-il selon les règles de la guerre?», Sullivan a répondu: «Eh bien, Dana, je ne vais pas jouer au juge ou au jury sur cette question». Il a déclaré: «Israël a le droit, et même la responsabilité, de se défendre contre un groupe terroriste qui, au cours des deux dernières semaines, a déclaré qu’il aimerait répéter le 7 octobre encore et encore jusqu’à ce qu’Israël n’existe plus».

Interrogé sur le fait qu’Israël a systématiquement attaqué l’hôpital Al-Shifa, Sullivan a réitéré l’affirmation selon laquelle le Hamas utilisait des civils comme boucliers humains. «On peut voir, même à partir de sources publiques, que le Hamas utilise les hôpitaux, ainsi que de nombreuses autres installations civiles, pour le commandement et le contrôle, pour stocker des armes, pour loger ses combattants», a-t-il déclaré.

Alors qu’Israël poursuit ses bombardements incessants sur les infrastructures de santé de Gaza, la quasi-totalité du système de santé du nord de la bande de Gaza a cessé de fonctionner.

Dans leur rapport sur la situation à Gaza, les Nations unies ont indiqué que le nombre de morts à Gaza n’avait pas été mis à jour depuis 48 heures, en raison de l’effondrement du système de santé.

«Pour la deuxième journée consécutive, suite à l’effondrement des services et des communications dans les hôpitaux du nord, le ministère de la Santé de Gaza n’a pas mis à jour le nombre de victimes», ont indiqué les Nations unies. Vendredi, lors du dernier décompte, le nombre de morts s’élevait à 11.078, dont 4.506 enfants et 3.027 femmes. 2700 autres personnes, dont 1500 enfants, étaient portées disparues.

Dimanche, le ministre de Gaza a déclaré que les corps non enterrés et les déchets médicaux s’accumulaient à l’hôpital Al-Shifa, le personnel n’étant pas en mesure d’enterrer 100 corps en décomposition. L’hôpital Al-Shifa est complètement à court de carburant, ce qui a entraîné la mort de deux bébés prématurés. Des dizaines de bébés prématurés ont été retirés des unités néo-natales en raison du manque d’oxygène et d’autres fournitures.

Les bombardements près de l’hôpital se sont intensifiés dimanche. Les Nations unies ont rapporté: «Des infrastructures essentielles, notamment la station d’oxygène, les réservoirs d’eau et un puits, le service cardiovasculaire et la maternité, ont été endommagées et trois infirmières ont été tuées. Si de nombreuses personnes déplacées à l’intérieur du pays et certains membres du personnel et patients ont réussi à fuir, d’autres sont bloqués à l’intérieur, craignant de partir ou étant dans l’incapacité physique de le faire».

Dans une déclaration sur Twitter, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a écrit que la situation à l’hôpital Al-Shifa était «désastreuse et périlleuse». Il a ajouté: «Cela fait trois jours que nous sommes privés d’électricité, d’eau et d’Internet, ce qui nuit gravement à notre capacité à fournir des soins essentiels. Les tirs et les bombardements incessants dans la région ont aggravé la situation déjà critique. Tragiquement, le nombre de patients décédés a augmenté de manière significative. Malheureusement, l’hôpital ne peut plus servir d’hôpital».

Et de conclure: «Le monde ne peut rester silencieux alors que les hôpitaux, qui devraient être des havres de paix, sont transformés en scènes de mort, de dévastation et de désespoir. Cessez le feu. MAINTENANT».

Dimanche, le Croissant-Rouge palestinien a annoncé que l’hôpital Al-Quds, dans la ville de Gaza, n’était plus opérationnel en raison de l’épuisement du carburant disponible et d’une panne d’électricité.

Les Nations unies ont noté que «dans l’après-midi du 11 novembre, une frappe aérienne aurait touché et détruit la clinique suédoise du camp d’Ash Shati, à l’ouest de la ville de Gaza […] Dans la nuit du 11 au 12 novembre, une autre frappe aérienne a touché l’hôpital Al-Mahdi dans la ville de Gaza, tuant deux médecins et en blessant d’autres».

Selon l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), sur les 2,2 millions d’habitants de Gaza, environ 1,5 million ont été déplacés à l’intérieur du pays, les trois quarts d’entre eux étant hébergés dans des abris de l’UNRWA.

Alors même que la catastrophe humanitaire continue de s’aggraver, les États-Unis intensifient leur implication directe dans la guerre qui s’étend au Moyen-Orient. Dimanche, les États-Unis ont mené leur troisième série de frappes aériennes en Syrie en deux semaines.

Dans un communiqué, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin a déclaré: «Les forces militaires américaines ont mené aujourd’hui des frappes de précision sur des installations dans l’est de la Syrie utilisées par le Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran (CGRI) et des groupes affiliés à l’Iran, en réponse aux attaques continues contre le personnel américain en Irak et en Syrie». Il a conclu que le président Joe Biden «a dirigé l’action d’aujourd’hui pour montrer clairement que les États-Unis se défendront, défendront leur personnel et leurs intérêts».

(Article paru en anglais le 13 novembre 2023)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…