Des dizaines de milliers de civils yéménites ont été tués depuis le début de la guerre
lancée par la coalition saoudo-émirati-US en 2015 contre le Yémen.

Par Al Manar

Rédaction du site

Dans un rapport publié en exclusivité par Disclose, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) apporte les preuves des crimes de guerre perpétrés au Yémen par le 5e client d’armes de la France.

La nouvelle à fait la Une de la presse française. Le 3 décembre dernier, lors d’un déplacement à Abou Dhabi, Emmanuel Macron a annoncé la vente aux Emirats arabes unis de 80 avions de chasse Rafale de l’industriel Dassault Aviation et de 12 hélicoptères Caracal.

Montant estimé du contrat : 16,6 milliards d’euros. « Le plus gros contrat à composante militaire de notre histoire », s’est aussitôt félicité Emmanuel Macron.

Mais ce richissime Etat du Golfe n’est pas un client comme un autre, comme le rappelle un rapport de la Fédération internationale des droits humains (FIDH), réalisé en partenariat avec l’Observatoire de l’armement, la Ligue des droits de l’homme et l’ONG Yéménite Mwatana.

Après un an d’enquête, les auteurs de ce rapport de soixante pages (lire le rapport en intégralité) documentent les dessous du « partenariat stratégique » entre la France et la monarchie émirienne. Ils confirment également que des armes « made in France » peuvent être utilisées « dans la répression menée par le régime à l’intérieur du pays » ainsi que dans « les crimes de guerre perpétrés au Yémen ».

Les preuves de crimes de guerre au Yémen

Depuis 2015, les Emirats arabes unis sont régulièrement accusés de crimes de guerre au Yémen – malgré les preuves qui s’accumulent, l’Etat français n’a jamais interrompu ses ventes d’armes à l’allié émirien.

Dans leur rapport, la FIDH et ses partenaires apportent de nouvelles preuves des exactions commises par les EAU contre la population yéménite.

Témoignages de victimes à l’appui, les auteurs de l’enquête ont pu identifier huit personnes ayant fait l’objet d’arrestations arbitraires et de tortures par des soldats émiriens, entre 2016 et 2018. Dans la plupart des cas, ces victimes auraient été enlevées au milieu de la nuit par des militaires les accusant, sans preuve, d’être liés à une organisation terroriste.

Au cours de leur détention, elles auraient été frappées à coups de barre de fer, électrocutées et auraient fait l’objet de simulacre de noyade. D’après le rapport, l’une des victimes serait morte à la suite de ses blessures.

Prison secrète sur un site de Total

D’après les éléments recueillis dans le rapport, l’une des huit victimes identifiées a été emprisonnée et torturée sur l’ancien site gazier de Total, à Balhaf, au sud du Yémen.

Le terrain, réquisitionné en 2015 par les forces émiriennes, a servi de prison secrète jusqu’en août 2019, avant d’être reconverti en base militaire servant à accueillir les forces de la coalition dirigée par les Emirats et l’Arabie saoudite.

Des sociétés françaises implantées aux Emirats

Autre révélation : les Emirats arabes unis sont devenus un important pays d’accueil pour des poids lourds de l’industrie de l’armement française.

Un phénomène rendu possible, selon le rapport, par la création depuis plus de dix ans de joint-ventures entre des entreprises émiriennes et des sociétés françaises telles que Safran, Thales, Airbus, Lacroix ou encore Dassault.

Objectif : contourner la réglementation française en matière d’exportation de matériel de guerre en transférant sur place des technologies nécessaires à la production.

Un phénomène qui contribue, selon les auteurs, « à la construction d’un pôle industriel d’armes militaires et d’équipements de surveillance alimentant un Etat policier autocratique en interne et criminel sur le terrain au Yémen, en violation des lois françaises ».

Le cas de Thales

Les auteurs de l’enquête prennent l’exemple de Thales qui a créé, en 2009, une joint-venture avec une société des Emirats arabes unis baptisée Thales Advanced Systems. Celle-ci a permis à Thales d’obtenir de nombreux contrats, dont l’installation et la mise à niveau des systèmes de communication des forces aériennes émiriennes.

D’après le rapport, Thales a également utilisé ses filiales à l’étranger pour livrer des armes utilisées dans la guerre au Yémen par la monarchie du Golfe.

En 2016, sa filiale sud-africaine, Thales south africa, a ainsi fourni des systèmes d’artillerie et des outils de visée servant à équiper des véhicules blindés déployés sur place. L’année suivante, sa filiale domiciliée aux Pays-Bas a fourni un système de tir équipant deux patrouilleurs émiriens et des outils de communication pour les chars Leclerc.

Répression… sous couvert de lutte antiterroriste

Arrestations arbitraires, disparations forcées, tortures systématiques… Depuis dix ans, et au prétexte de lutter contre le terrorisme, les autorités émiriennes n’ont eu de cesse de réprimer violemment la population.

« Le dispositif de lutte antiterroriste a conduit à un démantèlement presque complet du mouvement des droits humains » aux Emirats arabes unis, précisent les ONG.

En conclusion, la FIDH et ses partenaires « appellent les autorités françaises à placer la légalité internationale au cœur de ses relations avec ses alliés stratégiques » afin, précisent-elles, de ne pas se retrouver responsable « des crimes commis par les Emirats arabes unis ».

Rappelons que des dizaines de milliers de civils yéménites ont été tués depuis le début de la guerre lancée par la coalition saoudo-émirati-US en 2015 contre ce pays le plus pauvre de la péninsule arabe.

Source: Avec Disclose

Source : Al Manar
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