Communiqué du collectif Tsedek !

La mort de Nahel, tué par la police, a ouvert une importante séquence de lutte antiraciste contre l’État et son appareil répressif. La répression policière et judiciaire qui s’abat sur les révolté·e·s est terrifiante et s’inscrit dans la politique de démantèlement de la démocratie d’un gouvernement fragilisé. Il est urgent de faire bloc contre l’autoritarisme et le racisme d’État. 


Nous exigeons justice pour Nahel, ainsi que l’abrogation des lois répressives et liberticides, l’amnistie pour les révolté·e·s et la fin de l’impunité policière.

Les crimes policiers s’inscrivent dans un système plus large d’inégalités, de politiques discriminatoires, et de violences symboliques qui découlent du passé colonial de la France et des processus de hiérarchisation raciale qui l’ont façonné. Cet héritage colonial est particulièrement visible dans la gestion des quartiers populaires et la ségrégation sociale et raciale qui divise notre pays. La police se permet si aisément de tuer des hommes noirs et arabes, car elle reproduit une logique coloniale raciste faisant d’eux une « menace », une population devant être reléguée aux marges de la nation.

Les appels au calme, souvent paternalistes, qui ignorent la colère des habitant·e·s des quartiers populaires, ne font que renforcer le déni de justice et légitimer la violence de l’État.

La révolte des quartiers d’immigration soulève un enjeu majeur de démocratie et d’égalité. Elle appelle les organisations qui se réclament du mouvement social et du mouvement ouvrier à prendre leurs responsabilités et à se tenir fermement du côté des révoltés, de leur colère et de leurs revendications légitimes. Au sortir de l’intense séquence de lutte des classes que nous avons traversée avec la réforme des retraites, le gouvernement, pourtant fragilisé, profite de ce soulèvement pour approfondir son tournant autoritaire et casser toute contestation. Répondre aux injonctions de la classe dominante, c’est emprunter le chemin qui mène à la collaboration de classe.

Quand Emmanuel Macron qualifie « d’inexcusable » et « d’inexplicable » le meurtre de Nahel par un policier, il feint d’ignorer sa dimension profondément raciste. La répression violente qui s’est abattue contre les révoltes de ces derniers jours en est une autre manifestation, tout comme celle qui se déchaîne en ce moment même dans les tribunaux.

Pour façonner une nation homogène conforme au fantasme d’une tradition chrétienne et aujourd’hui, prétendument « judéo-chrétienne », l’État a historiquement cherché à éliminer tous.tes celles et ceux perçus comme des ennemis de l’intérieur, comme étrangers au corps de la nation. Les juif·ve·s hier ; les musulman·e·s, arabes, noir·e·s, communautés dites « du voyage » et autres minorités ethniques aujourd’hui. 

Nous n’oublions pas que la police française a joué un rôle primordial dans la déportation des juif·ve·s et qu’elle a toujours servi de bras armé au racisme d’État. Au sein de la police aujourd’hui règne un climat d’extrême droite qui reflète la fascisation de notre pays. Le communiqué d’Alliance Police nationale et UNSA Police accumule les références au suprémacisme blanc, appelant à la « guerre » contre des « hordes sauvages ». Cela devrait tous nous alarmer.

Tsedek !, collectif juif décolonial, apporte tout son soutien aux mobilisations de #JusticePourNahel. Nous demandons l’amnistie pour tous·tes les interpellé·e·s et l’abrogation de l’article L.435-1 qui permet à la police de tirer en cas de refus d’obtempérer, ainsi que le droit à un procès équitable pour toutes les familles et proches des crimes policiers et donc le démantèlement de l’IGPN et la création d’un organisme indépendant.

Source : UJFP
https://ujfp.org/…

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