Par Luc Michel

# LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
GUERRE EN UKRAINE : LA LIVRAISON « D’ARMES A SOUS-MUNITIONS A KIEV EST UN GESTE DE DESESPOIR ET UN AVEU DE FAIBLESSE »

Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/

2023 06 11/Série V/

La Russie a réagi ce samedi après la livraison d’armes à sous-munition autorisée par les Etats-Unis à l’Ukraine.

La Russie a estimé samedi que la livraison de bombes à sous-munitions à l’Ukraine décidée par les Etats-Unis était un “aveu de faiblesse” qui rendra Washington “complice” des morts civiles provoquée par cette arme controversée.

“Le transfert d’armes à sous-munitions est un geste de désespoir et un aveu de faiblesse dans le contexte de l’échec de la prétendue contre-offensive ukrainienne”, a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

BOMBES A SOUS-MUNITIONS : LE PRESIDENT ALLEMAND APPELLE A NE PAS « BLOQUER » WASHINGTON

Le président de la République fédérale d’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, fait entendre sa différence sur les armes à sous-munitions que Washington va livrer à l’armée ukrainienne. « La position allemande contre les armes à sous-munitions est toujours aussi justifiée. Mais on ne peut pas, dans la situation actuelle, bloquer les Etats-Unis », déclare-t-il à la télévision allemande ZDF. « Si l’Ukraine n’a plus les moyens de se défendre, ou si ceux qui l’aident à assurer sa défense ne le font plus, alors ce sera la fin de l’Ukraine », justifie M.Steinmeier, dont les pouvoirs sont essentiellement représentatifs et cérémoniels. M. Steinmeier rappelle qu’il a « signé » au nom de son pays la convention d’Oslo lorsqu’il était ministre des affaires étrangères. Mais « il n’y a aucun doute sur (…) qui est l’agresseur, et qui est la victime, et sur le fait que nous devons nous tenir aux côtés des victimes », ajoute-t-il.

« Nous sommes certains que nos amis américains n’ont pas pris à la légère la décision de livrer les munitions en question », avait déjà réagi vendredi Steffen Hebestreit, le porte-parole du gouvernement allemand d’Olaf Scholz. « Nous avons également affaire ici à une configuration particulière, l’Ukraine utilisant des munitions pour protéger sa propre population (…) afin de libérer son propre territoire », a-t-il détaillé, rappelant que « la Russie a déjà largement utilisé des armes à sous-munitions » en Ukraine.

ARMES A SOUS-MUNITIONS : LE CAMBODGE MET EN GARDE L’UKRAINE EN RAPPELANT SON « EXPERIENCE DOULOUREUSE »

Le premier ministre cambodgien, Hun Sen, met en garde l’Ukraine contre l’usage d’armes à sous-munitions. « Ce serait le plus grand danger pour les Ukrainiens pendant de nombreuses années, voire jusqu’à cent ans si des bombes à sous-munitions étaient utilisées dans les zones occupées par la Russie sur le territoire ukrainien », a tweeté Hun Sen. L’homme fort du Cambodge a cité « l’expérience douloureuse » de son pays, où les largages de bombes à sous-munitions américaines au début des années 1970 ont tué ou mutilé des dizaines de milliers de personnes.

Les Etats-Unis ont largué des millions de bombes sur le Vietnam, le Cambodge et le Laos pendant la guerre du Vietnam dans les années 1960 et 1970 pour tenter d’atteindre des bases communistes. « Par pitié pour le peuple ukrainien, j’appelle le président américain, en tant que fournisseur, et le président ukrainien, en tant que destinataire, à ne pas utiliser de bombes à sous-munitions dans la guerre, car les vraies victimes seront les Ukrainiens », a-t-il déclaré.

Après trente ans d’une guerre civile qui a pris fin en 1998, le Cambodge reste l’un des pays les plus minés au monde. Environ 20 000 Cambodgiens ont été tués au cours des quatre dernières décennies, ayant marché sur des mines ou des munitions qui n’avaient pas encore explosé. Les travaux de déminage se poursuivent à ce jour, le gouvernement s’engageant à éliminer toutes les mines et munitions susceptibles d’exploser d’ici à 2025.

En janvier, un groupe de démineurs ukrainiens ont visité des champs de mines au Cambodge dans le cadre d’une formation.

Les armes à sous-munitions sont interdites dans nombre de pays, notamment européens, signataires de la convention d’Oslo de 2008, dont ni les Etats-Unis, ni l’Ukraine, ni la Russie ne sont parties prenantes. Leur usage est très controversé car les charges qu’elles dispersent sont accusées de faire beaucoup de victimes civiles collatérales.

Le président américain, Joe Biden, a assuré que la décision de livrer des bombes à sous-munitions à l’Ukraine avait été « très difficile », mais que c’était « la bonne chose à faire ».

L’EUROPE RESTE INDIFFERENTE

« La position allemande est toujours aussi justifiée, mais… »

Les réactions sont rares en Europe. Ces armes sont prohibées par un traité.

ARMES A SOUS-MUNITIONS : LONDRES SE DEMARQUE DE WASHINGTON

Alors que le président des Etats-Unis, Joe Biden, est attendu en Grande-Bretagne, où il doit rencontrer le premier ministre, Rishi Sunak, et le roi Charles III avant de participer au sommet de l’OTAN, qui se tiendra la semaine prochaine à Vilnius, en Lituanie, le gouvernement britannique maintient sa position sur les armes à sous-munitions.

Victoria Atkins, la secrétaire au trésor, a rappelé ce matin que : « Le Royaume-Uni a signé la convention [d’Oslo] qui interdit l’utilisation des bombes à sous-munitions et bien entendu nous faisons de notre mieux pour soutenir l’Ukraine. L’an dernier nous avons dépensé 2,3 milliards de livres pour aider l’Ukraine, mais nous lui avons aussi fourni de l’artillerie lourde et des chars et nous allons continuer à le faire cette année. Mais nous avons signé cette convention, c’est notre position sur ces armes et nous nous y tenons. »

Rachel Reeves, chancelière de l’Echiquier du « cabinet fantôme » du Parti travailliste, est sur la même ligne : « Nous sommes tous d’accord pour dire que l’Ukraine doit être correctement armée pour lutter contre la Russie. Mais je suis préoccupée par l’utilisation des armes à sous-munitions, et le Royaume-Uni n’est pas le seul à être préoccupé, d’autres pays le sont également. J’aimerais donc trouver un moyen d’armer correctement l’Ukraine, mais sans utiliser ces armes qui peuvent avoir un impact, non seulement sur le champ de bataille à ce moment-là, le jour de leur utilisation, mais aussi pendant des mois et des années. C’est une chose qui me préoccupe profondément. Si je soutiens le désir du président Biden de veiller à ce que l’Ukraine soit pleinement armée pour lutter contre la Russie, je ne suis pas convaincu qu’il s’agisse d’armes appropriées ».

Lord Ricketts, qui a été conseiller à la sécurité de David Cameron, entre 2010 et 2012, et ambassadeur britannique en France de 2012 à 2016, a déclaré Sky News : « On sent que les alliés sont tous très mal à l’aise avec cela. A l’exception des Américains, nous avons tous signé la convention [d’Oslo] : ce qui signifie que nous ne produisons pas, ne stockons pas et n’utilisons pas ces armes. (…) Cela me met mal à l’aise, j’aimerais que cela ne se fasse pas, mais je pense que nous pouvons comprendre pourquoi [les Américains et les Ukrainiens] le font. »

POURQUOI LA LIVRAISON D’ARMES A SOUS-MUNITIONS A L’UKRAINE ANNONCEE PAR WASHINGTON EST CONTROVERSEE

Kiev affirme que la livraison de ces armes lui permettra de combler au moins en partie son déficit en termes d’artillerie face à la Russie. Les ONG, elles, déplorent leur impact monstrueux sur les civils.

Himars, chars de combat, missiles longue portée et maintenant, des armes à sous-munitions… Les Etats-Unis s’apprêtent à fournir à l’Ukraine ces armes interdites par plus de 100 pays en raison de leur impact sur les populations civiles, a confirmé vendredi 7 juillet la Maison Blanche, franchissant un seuil important dans le type d’armements offerts à Kiev.

« C’est une décision difficile. On l’a différée » un certain temps, a déclaré à la presse le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, tout en ajoutant que c’était « la bonne chose à faire » afin d’aider l’Ukraine dans sa contre-offensive contre les forces russes.

Jake Sullivan a affirmé que le président Joe Biden avait pris la décision en consultation avec les alliés et après une « recommandation unanime » de son administration. Le responsable a encore assuré que les Ukrainiens avaient fourni des garanties « par écrit » sur l’usage qu’ils feraient de ces armes pour minimiser « les risques posés aux civils ».

Cette annonce survient dans le cadre d’un nouveau paquet d’aide militaire à l’Ukraine d’un montant de 800 millions de dollars et qui porte le total de l’aide militaire américaine depuis le début de la guerre en février 2022 à plus de 41 milliards de dollars. Outre les armes à sous-munitions, les Etats-Unis vont fournir des véhicules blindés, des munitions d’artillerie, des armes antichars et autres équipements.

DES CHARGES EXPLOSIVES LIBEREES EN GRAPPES

Les armes à sous-munitions contiennent plusieurs charges explosives libérées en grappes, contrairement à la plupart des missiles et des bombes. Une fois le projectile tiré, le conteneur de munitions, qui peut être une roquette, un obus ou encore un missile, laisse échapper des dizaines voire des centaines d’explosifs, les sous-munitions.

Selon le Washington Post, les Etats-Unis vont fournir des obus d’artillerie de 155 mm, les M864, en service depuis 1987. Ces obus transportent jusqu’à 29 kilomètres des sous-munitions à double effet : antipersonnel et antichar. Le quotidien américain rapporte que « dans sa dernière estimation rendue publique, il y a plus de vingt ans, le Pentagone avançait que cet obus d’artillerie avait un taux de “ratés” de 6 %, ce qui signifie qu’au moins quatre des 72 sous-munitions transportées par l’obus resteraient non explosées dans une zone d’environ 22 500 mètres carrés ».

Jeudi, lors d’un briefing, le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder précisait que les Etats-Unis disposent de plusieurs variantes d’obus DPICM (Dual-purpose improved conventional munition ou « munition conventionnelle améliorée à double usage »). « Celles que nous envisageons de fournir n’incluraient pas les anciennes variantes, dont le taux de ratés est supérieur à 2,35 % », a-t-il précisé.

LES MEMBRES DU PARTI DEMOCRATE AMERICAIN PATRICK LEAHY ET JEFF MERKLEY ONT QUALIFIE LA DECISION DE WASHINGTON DE FOURNIR DES BOMBES A FRAGMENTATION A L’UKRAINE DE GRAVE ERREUR.

Ils en ont parlé dans un article du Washington Post.

« Néanmoins, le président Biden a approuvé la fourniture d’armes à sous-munitions à l’Ukraine. C’est une grave erreur » ont déclaré les politiciens.

Leahy et Merkley ont également noté que pour la fourniture de bombes à fragmentation à Kiev, les États-Unis devraient payer « un prix moral et politique insupportable ». De plus, l’envoi de munitions détruira des décennies de politique de Washington et conduira à plus de tragédies.

« Nous devons continuer à fournir à l’Ukraine une assistance militaire, économique et humanitaire, mais d’une manière digne des États-Unis », ont conclu les démocrates.

Voilà, l’important, c’est l’image des USA et, en même temps, de participer à tuer des gens mais « dignement » ! Comme le million en Irak, les 100.000 Libyens, etc, etc …

Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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