Par Karine Bechet-Golovko

Lors de la visite de Macron aux Etats-Unis, le Président américain a fait une déclaration, qui a le mérite de mettre les points sur les i : il n’acceptera de discuter avec la Russie, que si elle capitule. Cela devrait permettre de calmer des «pacifistes», c’est-à-dire ceux qui rêvent toujours d’un monde «comme avant», ne pouvant ouvertement appeler à une soumission totale au diktat atlantiste — et la disparition de la Russie, comme Etat souverain. 

La presse française est aux anges, Macron est en visite chez le Chef, le vrai, et a été très bien reçu. 20 Minutes commence ainsi sa présentation très révérencieuse :

C’est le grand jour de la visite d’Etat d’Emmanuel Macron aux Etats-Unis.

Et enchaîne pour rassurer le bon peuple, sur le fait que le Chef l’aime toujours :Après un accueil en grande pompe, avec le protocole millimétré qui va avec, les deux hommes vont s’entretenir en début d’après-midi en privé, durant plus d’une heure, dans le Bureau ovale.

Passons, la France joue le jeu et fait ce qu’il faut pour défendre les intérêts américains, le Président Macron y veille personnellement, il n’y a donc aucune raison pour qu’en retour, il ne reçoive pas un bon gros susucre et une gratouille sous l’oreille gauche.

Une fois la gratouille passée, la conférence de presse a mis en avant un élément géopolitique intéressant. Non pas que ce soit une surprise, mais les paroles de Biden permettent de clarifier les choses, alors que certains laissaient sous-entendre que les Etats-Unis poussaient l’Ukraine à négocier. Discours, que l’on retrouve par ailleurs aussi dans les médias russes. Selon l’expression russe, l’espoir meurt en dernier. Ajoutons — juste au moment de la disparition physique du corps, qui le porte.

Ainsi, Biden dresse le portrait d’un Zelensky pacifiste, avec «son» plan de paix, celui-là même dont nous avions parlé ici (voir notre texte) et qui fut considéré comme inacceptable par la Russie, et pour cause. Il accuse donc d’entrée de jeu la Russie d’être responsable du conflit, mettant entre parenthèses les années d’agression militaire du pouvoir atlantique ukrainien contre son propre peuple depuis 2014. Ainsi, les Etats-Unis préparent le discours politique du «crime d’agression», dont la Russie et ses dirigeants personnellement doivent être déclarés coupables devant une instance internationale montée sur mesure pour cela par ce pouvoir atlantiste lui-même (voir notre texte d’hier à ce sujet).

Et la suite logique est l’absence de pourparlers de paix, mais uniquement l’acceptation de la capitulation de la Russie. Premier acte, Biden déclare :

« Il faut que la Russie se retire de l’Ukraine. Poutine paie un lourd tribu, les civils Ukrainiens aussi. Je ne vais pas prendre contact avec Poutine. Je serai prêt à lui parler lorsqu’il aura décidé de mettre fin à la guerre. Cela n’est pas le cas. L’idée que Poutine va vaincre l’Ukraine dépasse l’entendement, c’est inimaginable. Il pensait être accueilli par les Russophones en Ukraine », dit Biden. 

En effet, la Russie a été accueillie par l’armée atlantico-ukrainienne, le territoire ukrainien étant politiquement et militairement occupée depuis 2014. 

Il y a un temps pour chaque chose, ce n’est manifestement pas celui des pourparlers. Qui ne sont objectivement actuellement dans l’intérêt d’aucuns des camps. 

PS : A la déclaration de Macron, selon laquelle il garde le contact avec Poutine, le porte-parole du Kremlin a précisé à la presse qu’il n’y a aucun entretien téléphonique prévu entre Poutine et Macron prochainement … 

Karine Bechet-Golovko

Source : Russie politics
https://russiepolitics.com/…

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