Par Karine Bechet-Golovko

Manifestement, les hommes politiques actuels n’ont plus l’habitude de porter la responsabilité de leurs paroles. Ils se sentent en totale impunité, pouvant dire tout et n’importe quoi, sans aucune conséquence. C’est le cas de Joseph Borrell, qui vient de traiter au Parlement européen la Russie de pays fasciste, reprenant la tendance atlantiste actuelle et traduisant l’ambiance dans les coulisses des institutions européennes, tout en oubliant manifestement le caractère public de ses propos. Se cachant derrière une « erreur de traduction », qui n’en fut pas une, la Russie considère avec stupeur le cadavre de la diplomatie en Europe.

Il est vrai que traiter la Russie de pays fasciste est à la mode. En avril un pseudo « débat » est organisé sur le thème :

Les médias popularisent le discours, instrumentalisant les « experts » de service à consonnance russe :

De son côté, Bernard-Henri Lévy, notre philosophe-mercenaire, a développé cette qualification depuis des années. Ses sponsors ont besoin de faire perdre à la Russie d’aujourd’hui, l’auréole de Nuremberg, l’auréole de la victoire contre le nazisme.

Lors de la conférence interparlementaire du Parlement européen à Prague, manifestement, Joseph Borrell, habitué à cette rhétorique, s’est … « oublié ». Et, intervenant par vidéo-conférence, il a déclaré en répondant à une question :

«  »Nous nous réunissons aujourd’hui dans le cadre des négociations d’adhésion avec des représentants de l’Ukraine (à Bruxelles dans le cadre du Conseil d’association UE-Ukraine, auquel participe le Premier ministre Denys Shmyhal – note TASS). Jusqu’à présent, nous n’avons pas de plan concret sur comment vaincre la Russie fasciste et son régime fasciste. On m’a posé des questions à ce sujet, mais ce n’est pas ma tâche, ma tâche est plus modeste – aider l’Ukraine par des efforts conjoints et poursuivre la discussion avec nos partenaires, ainsi qu’appliquer efficacement les sanctions que le Conseil de l’UE a adoptées ». »

Ces paroles ont provoqué un tollé : en effet, comment un diplomate peut-il employer une telle terminologie ? Très rapidement, son porte-parole a déclaré, qu’il s’agissait d’une erreur de traduction. 

Comment peut-on « par erreur » traduire « la Russie fasciste et son régime fasciste » ? On ne peut pas, les traducteurs traduisent ce qu’ils entendent. 

Ce n’est pas une erreur de traduction, puisque Borrell a bien prononcé ces mots, qui ont bien été traduits. Simplement, il a repris, car rien ne le choquait, les termes employés dans la question, qui lui était posé. Ce qui montre bien que cette terminologie est courante dans les milieux européens actuels.

Peskov, le porte-parole du Kremlin, a déclaré, même après cette piteuse tentative de rattrapage, qu’en prononçant ces mots, Borrell s’était totalement discrédité comme diplomate :

« Avec de telles déclarations, M. Borrell disparaît complètement en tant que diplomate. Bien sûr, désormais, aucun de ses jugements concernant la Russie et ses relations avec elle ne peut avoir de caractère pertinent. »

Evidemment, aucune remarque n’a été faite à Borrell, il restera en poste, car c’est bien le discours que le commandement atlantiste veut entendre. Et si les pays européens peuvent au passage en pâtir, tant mieux. Comme nos pays ont remis les clés de la souveraineté entre les mains de l’UE et que celle-ci défend jusqu’au fanatisme les intérêts atlantistes, nous sommes bien mal positionnés … 

Le prix de la servitude est toujours très élevé.

Source : Russie politics
https://russiepolitics.blogspot.com/…

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