Par le CPI
Centre palestinien de l’information
Au cours des changements rapides que connaît le dossier palestinien, le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé d’adopter la vision américaine sur le secteur de Gaza et son avenir, loin de la libre volonté palestinienne.

L’écrivain et analyste politique Alaa Rimawi a présenté au Centre palestinien de l’information une analyse particulière de cette décision et des dispositions politiques et sécuritaires qu’elle comporte, mettant en lumière les changements internationaux et régionaux qui poussent vers ce qu’il a qualifié de « remodelage de l’environnement de Gaza selon la volonté internationale ».
« Consensus » sous pression américaine, une nouvelle colonisation
Selon Al-Rimawi, la caractéristique la plus marquante de la situation est le consensus arabe qui s’accompagne d’une tendance internationale croisée à soutenir le plan américain pour la gestion de la bande de Gaza.
Il ajoute que l’abstention de Moscou et de Pékin ne signifie pas une opposition, mais reflète plutôt une acceptation implicite de la nouvelle initiative américaine, en particulier compte tenu de l’identification arabe, ce qui indique une volonté internationale d’imposer de nouveaux arrangements politiques sur le terrain.

Selon Al-Rimawi, ce changement n’est pas un détail insignifiant ; il reflète « une large impulsion internationale pour assurer le succès du projet américain », ce qui place les factions palestiniennes face à une réalité politique complexe et multidimensionnelle.
Contenu du plan international
Selon Al-Rimawi, le plan proposé repose sur trois éléments principaux :
- Premièrement, le déploiement d’une force internationale dans la bande de Gaza chargée d’assurer la sécurité pendant une période de transition ;
- Deuxièmement, la création d’un cadre civil régi par la volonté internationale et chargé de l’administration et des services ;
- Le troisième élément consiste à s’attaquer à la question des armes de la résistance, considérée comme le point le plus sensible du projet.
On estime que le mouvement Hamas fera preuve de souplesse face à la proposition administrative, mais qu’il restera attaché à sa structure militaire, ce qui complique le plan international et pourrait entraver sa mise en œuvre.
Hamas : rejet et mise en garde
Dans un communiqué officiel, le mouvement Hamas a exprimé son rejet catégorique de la décision internationale, estimant qu’elle « impose une tutelle sur la bande de Gaza » et cherche à réaliser ce que l’occupation n’a pas réussi à accomplir militairement.

Le mouvement a affirmé que le fait de confier à la force internationale des missions liées au désarmement de la résistance prive ces forces de leur neutralité et les rend parties prenantes au conflit.
Elle a également averti que cette décision portait atteinte à l’unité géographique palestinienne et visait à imposer une nouvelle réalité séparant Gaza politiquement et administrativement de la Cisjordanie.
L’« Autorité » palestinienne : soumission rapide… et calculs complexes
Al-Rimawi souligne que l’ « Autorité palestinienne » s’est empressée d’accueillir favorablement cette décision, motivée par son désir de reprendre le contrôle de Gaza. Cependant, la situation est complexe : L’entité sioniste ne souhaite pas voir une Autorité palestinienne exercer une influence réelle dans le secteur, tandis que Washington estime que l’Autorité n’est pas prête ou « mature » pour gérer des dossiers sécuritaires lourds.
Il est donc probable que le rôle de l’Autorité, s’il existe, sera limité et placé sous la supervision directe du Conseil de paix américain.
L’arme de la résistance et les risques de confrontation
Al-Rimawi estime que la question des armes restera le principal obstacle à la mise en œuvre de tout accord. La résistance ne renoncera pas à ses armes, et la force internationale, si elle est chargée du désarmement, perdra son statut de médiateur et s’engagera dans une confrontation politique, voire militaire.
Il prévoit également que la résistance aura recours à des manœuvres verbales et politiques lui permettant de cohabiter avec certains aspects du plan, sans faire de concessions substantielles qui affecteraient sa structure militaire.
Scénarios futurs :
Al-Rimawi propose trois scénarios possibles pour le projet :
- Succès total,
- Succès conditionnel à des blocages
- Échec total.
Mais il penche pour un quatrième scénario, celui du « succès relatif », c’est-à-dire tenter de faire aboutir le plan en établissant un équilibre entre les parties, tout en laissant subsister les cercles d’escalade et les crises.
Facteurs influents : les élections au sein de l’entité sioniste et le chantage dans le dossier de la reconstruction
Il est probable que les prochaines élections sionistes redessinent les contours de la position de l’entité, entre intransigeance et engagement provisoire dans les accords internationaux.
Quant au dossier de la reconstruction et du retrait, Al-Rimawi affirme que l’occupation sioniste les utilisera comme moyens de pression et de chantage sur les habitants de la bande de Gaza et les parties politiques, ce qui rendra le chemin vers tout projet de règlement semé d’embûches.
L’analyse d’Al-Rimawi, ainsi que la position du Hamas, révèlent un paysage politique complexe où les volontés internationales se croisent avec les calculs internes des Palestiniens. Entre une force internationale attendue, des discussions sur la gestion et les complexités de l’arme de la résistance, la bande de Gaza se trouve face à une phase de transition « ouverte à toutes les possibilités » qui pourrait redéfinir l’avenir du conflit ou reproduire ses crises sous de nouvelles formes.
Source : CPI
https://french.palinfo.com/…
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