UN News/Abdelmonem Makki.
Une femme utilise une machine pour fabriquer un tapis dans le complexe Al-Thumama, au Qatar.

Par Vibhu Mishra et Abdelmonem Makki,
nos correspondants spéciaux à Doha

Source : ONU Info

Transformé après la coupe du monde de football, le complexe Al-Thumama abrite aujourd’hui près de 2 000 évacués de Gaza, dont des centaines d’enfants, dans un centre de soins et de réhabilitation où la vie tente de reprendre.

À une vingtaine de kilomètres du centre de Doha, dans la lumière douce de l’après-midi, l’ensemble résidentiel ressemble à n’importe quel quartier tranquille : allées pavées, immeubles alignés, ronronnement des climatiseurs dans l’air chaud du désert. Mais derrière cette façade paisible, un autre monde s’affaire. 

Construit pour héberger les supporters de la coupe du monde de 2022, le site accueille désormais entre 1 700 et 2 000 évacués de Gaza – dont plus de 700 enfants, pour beaucoup devenus orphelins.

Construit pour accueillir les supporters de la coupe du monde de football de 2022, le site abrite désormais entre 1 700 et 2 000 patints évacués de Gaza – dont plus de 700 enfants, pour beaucoup devenus orphelins.

Lundi, la présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s’est rendue sur place pour rencontrer les familles, le personnel médical et les enfants en rééducation. 

« Toutes les personnes arrivées ici ont été diagnostiquées avec un trouble de stress post-traumatique », a indiqué Sheikha Al Jufairi, du Qatar Social Work Foundation.

Depuis sa reconversion, le complexe est devenu un centre de vie et de soins : logements, dispensaire ouvert 24 heures sur 24, unités de physiothérapie et de pose de prothèses, espaces de soutien psychologique et salles d’activités pour enfants.

UN News/Abdelmonem Makki. La présidente de l’Assemblée générale de l’ONU, Baerbock (au centre), en conversation avec une jeune fille dans le complexe Al-Thumama, au Qatar.

Lorsqu’une fillette s’approche, vêtue d’un sweat « Brooklyn », Annalena Baerbock lui sourit : « Je viens de New York – là où se trouve Brooklyn ». Une timide complicité traverse alors la pièce.

Non loin de là, une autre fillette en robe fleurie et chaussure dorée, marche en boitant avant de prendre la pose pour une photo. Un petit garçon de trois ans, amputé des deux bras, dort dans les bras de sa grand-mère.

Un adolescent, chemise turquoise impeccable, s’avance. Il tend à Mme Baerbock un petit livre dont il est l’auteur, intitulé « Biographie de l’enfance et de l’héroïsme : mémoires d’un enfant de Gaza ».

Mme Baerbock lui dit : « Je garde ton nom, Ramadan, pour pouvoir raconter l’histoire des enfants forts de Gaza, les enfants les plus brillants que j’aie rencontrés ».

Après la visite, la présidente de l’Assemblée confie combien cette rencontre est révélatrice des enjeux à venir. « Parler aux enfants et aux familles du complexe Al-Thumama a montré combien il est important non seulement de reconstruire Gaza, mais aussi de soutenir une génération traumatisée – des enfants qui ont tout perdu : leurs mères, leurs pères, leurs proches et leurs amis, leurs bras, leurs jambes – mais qui continuent de se battre et d’espérer un avenir enfin en paix ».

UN News/Abdelmonem Makki. La présidente de l’Assemblée générale, Annalena Baerbock (à gauche), s’entretient avec Ramadan, le jeune auteur de « Biographie de l’enfance et de l’héroïsme : mémoires d’un enfant de Gaza ».

De l’autre côté de la rue, un bâtiment abrite les services psychosociaux du Croissant-Rouge du Qatar. Dans la première pièce, une femme brode un cœur avec de la laine, de la même couleur que la robe d’Annalena Baerbock. Sur une table voisine, deux tournesols achevés – l’un rose et blanc, l’autre éclatant de couleurs – semblent sortis d’un dessin d’enfant.

Plus loin, des femmes âgées cousent en silence, concentrées sur leurs motifs : fleurs violettes et émeraude, petites pochettes, porte-clés, jouets en tissu. Chaque entrée du bâtiment est équipée d’une rampe – rappel discret que nombre de résidents apprennent encore à marcher.

À la sortie, une femme en fauteuil roulant tend à la visiteuse une assiette de douceurs maison. L’échange est bref, sincère, chaleureux.

UN News/Abdelmonem Makki.
Une femme confectionne un tapis en forme de fleur dans le complexe Al-Thumama, au. Qatar.

Un peu plus loin, le centre de santé primaire fonctionne jour et nuit. Les affiches sur les murs – vaccination, lavage des mains, grippe saisonnière – rappellent n’importe quelle clinique du monde. Médecins et infirmières expliquent les soins prodigués et les transferts vers d’autres hôpitaux de Doha.

Sur une porte, un panneau indique : « En cas d’urgence, sonnez ». Une banalité en apparence – mais qui, ici, dit tout : la routine a repris sa place au cœur de l’exception, et la vie, peu à peu, s’efforce de recommencer.

Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/…

Notre dossier ONU
Notre dossier Palestine

Laisser un commentaire