Somoud Wahdan regarde la caméra tandis qu’elle et son enfant attendent l’arrivée de camions d’aide humanitaire dans la ville de Gaza, le 25 juillet 2025. [AP Photo/Abdel Kareem Hana]

Par Andre Damon

Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré dimanche que 289 personnes, dont 115 enfants, étaient mortes de malnutrition et de famine depuis le début du génocide américano-israélien à Gaza. Cette annonce fait suite à la déclaration officielle vendredi par l’IPC (le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire), un organisme de surveillance de la faim reconnu par l’ONU, d’une famine à Gaza.

« Cette famine est entièrement causée par l’homme, et elle peut être stoppée et inversée », prévient le rapport. « Le temps des débats et des hésitations est révolu ; la famine est présente et se propage rapidement. »

Selon les chiffres de l’ONU, près de 12 000 enfants de moins de cinq ans souffraient de malnutrition aigüe en juillet, un chiffre qui n’a cessé d’augmenter depuis.

Munir al-Bursh, directeur du ministère de la Santé de Gaza, a déclaré qu’au cours des 24 dernières heures seulement, huit Palestiniens, dont un enfant, étaient morts de faim ou de malnutrition. « Nous sommes dans une course contre la montre pour lutter contre la famine, car la réponse humanitaire doit être immense. »

Dans une déclaration publiée ce week-end, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a qualifié la famine à Gaza de « causée par l’homme », affirmant qu’elle était « le résultat d’une obstruction systématique, d’indifférence et de retards ».

Dans une déclaration faite ce week-end, Philippe Lazzarini, commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), a comparé le génocide de Gaza à l’Holocauste, déclarant : « Le “plus jamais ça” est délibérément redevenu réalité. Cela nous hantera. Le déni est l’expression la plus obscène de la déshumanisation. »

La famine qui sévit actuellement intervient alors que les Forces de défense israéliennes (FDI) intensifient leur campagne pour s’emparer de la ville de Gaza, dans le but de placer l’enclave sous contrôle militaire total d’Israël en vue de transférer la population de Gaza vers des camps de concentration dans le sud du pays et de l’expulser finalement vers d’autres pays. La semaine dernière, Israël a mobilisé 60 000 nouveaux réservistes pour cette campagne.

Vendredi, le ministre de la Défense, Israel Katz, a promis de poursuivre l’offensive à Gaza malgré les protestations dans plusieurs grandes villes du monde entier. Il a déclaré : « Le premier ministre et moi-même, conformément à ce qui nous a été autorisé par le cabinet, avons approuvé les plans de l’armée israélienne à Gaza et les avons également salués. »

Il a ajouté : « Bientôt, les portes de l’enfer s’ouvriront sur les têtes des meurtriers et des violeurs du Hamas à Gaza, jusqu’à ce qu’ils acceptent les conditions posées par Israël pour mettre fin à la guerre, à savoir principalement la libération de tous les otages et leur désarmement. »

Mais la veille, le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou avait déclaré que l’offensive prévue sur la ville de Gaza aurait lieu indépendamment de tout accord de cessez-le-feu avec le Hamas, indiquant clairement que tous les discours sur un « cessez-le-feu » tenus par les États-Unis et les médias internationaux n’étaient qu’une couverture frauduleuse pour les plans génocidaires du gouvernement israélien. « Nous allons le faire de toute façon. Il n’a jamais été question de ne pas éliminer le Hamas », a déclaré Nétanyahou à Sky News. « Je pense que le président Trump l’a très bien dit, il a déclaré que le Hamas devait disparaitre de Gaza », a-t-il ajouté.

En d’autres termes, Israël prévoit d’ouvrir « les portes de l’enfer » quoi que fasse son supposé adversaire militaire, le Hamas, y compris s’il dépose les armes. Ces déclarations montrent clairement que la « guerre » israélienne à Gaza est, et a toujours été, une tentative d’annexion et de nettoyage ethnique de Gaza, utilisant les actions du Hamas comme prétexte.

Les avions de combat israéliens ont mené des dizaines de bombardements sur la ville de Gaza samedi et dimanche, rasant des bâtiments et des maisons et tuant un grand nombre de personnes. Selon l’organisation de défense civile de Gaza, 42 personnes ont été tuées dimanche à Gaza. L’organisation a rapporté que plus de 1000 bâtiments avaient été détruits dans la ville de Gaza depuis le 6 août, et que des centaines de corps demeurent ensevelis sous les décombres.

Environ la moitié de la population restante de Gaza vit actuellement dans la ville de Gaza, et l’assaut entrainera un déplacement massif de la population vers le sud du pays, sans nourriture, sans logement et sans soins médicaux pour les soutenir. Selon l’ONU, Israël occupe déjà 90 % de la bande de Gaza.

Karim Hamdan, un épicier de 52 ans, a déclaré au Financial Times : « Nous n’avons pas les moyens financiers d’être déplacés […] Nous ne pourrons pas déménager. Comment vais-je m’organiser ? Comment vais-je pouvoir marcher ? »

Selon l’ONU, près de 90 % du territoire de Gaza a été intégré dans des zones militarisées israéliennes ou fait l’objet d’ordres de déplacement forcé. Une grande partie des 2,1 millions d’habitants de l’enclave est déjà concentrée à Mawasi, une bande côtière surpeuplée au sud, seul refuge restant pour les Palestiniens qui fuient la ville de Gaza.

Israël a commencé la construction d’une série d’immenses camps de concentration dans le sud de la ville, où la population de Gaza sera contrainte de se rendre sous les bombes et les fusils. « Des centaines de milliers de personnes vulnérables seront contraintes de se rendre dans ces zones déjà densément peuplées, où elles devront fouiller les poubelles et se battre pour des ressources qui s’amenuisent », a déclaré Chris McIntosh, porte-parole de l’organisation caritative Oxfam, au Financial Times.

Dans un discours prononcé à Jérusalem ce week-end, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré qu’Israël était engagé dans une «conquête de la terre » et que les plans d’expansion des colonies en Cisjordanie approuvés par le gouvernement israélien le week-end dernier «effacent pratiquement l’illusion des deux États et consolident l’emprise du peuple juif sur le cœur de la terre d’Israël ».

Le génocide israélien a officiellement tué au moins 62 000 personnes, dont la grande majorité est des civils, et le nombre réel de morts dépasse probablement les 100 000 personnes à ce stade. La grande majorité des maisons, des commerces, des écoles et des hôpitaux de Gaza ont été détruits, et la quasi-totalité de la population a été déplacée à plusieurs reprises à l’intérieur du pays.

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…

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