Rapport du CPI

Gaza – Centre Palestinien d’Information

Les pressions internationales s’intensifient sur l’Union européenne pour qu’elle prenne des mesures plus strictes contre l’entité sioniste en raison des crimes de génocide et de nettoyage ethnique commis en tuant et en affamant les civils dans la bande de Gaza. Ce changement est qualifié de remarquable dans le discours officiel et médiatique des pays qui ont longtemps représenté un mur de soutien inconditionnel à l’occupation.

Quelles sont les positions européennes les plus marquantes et dans quelle mesure peuvent-elles provoquer un véritable tournant dans le conflit ?

La Grande Bretagne: Un virage?

La Grande-Bretagne, le pays du « péché originel » pour avoir « donné ce qu’il ne possédait pas à ceux qui n’en étaient pas dignes », a décidé de geler les négociations sur un accord commercial bilatéral.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a annoncé la suspension des pourparlers sur un accord de libre-échange avec l’entité occupante et l’imposition de nouvelles sanctions contre des individus et des organisations liées aux colonies sionistes en Cisjordanie occupée. 

Lammy a indiqué que son gouvernement réexaminerait la « feuille de route 2030 » des relations entre son pays et l’entité sioniste, estimant que « les actions du gouvernement Netanyahu rendaient cela nécessaire ».

De son côté, Hamish Falconer, ministre britannique chargé du Moyen-Orient, a convoqué l’ambassadrice sioniste à Londres, Tzipi Hotovely, pour l’informer de cette décision. 

La décision britannique fait suite à une « réprimande publique rare » adressée à l’entité sioniste par les gouvernements du Royaume-Uni, de la France et du Canada, condamnant l’escalade de l’offensive contre Gaza comme « disproportionnée et atroce ».

Le Premier ministre britannique Keir Starmer s’est joint au président français Emmanuel Macron et au Premier ministre canadien Marc Carney pour publier une déclaration commune la semaine dernière, menaçant de prendre des « mesures concrètes » contre l’entité sioniste si elle ne mettait pas fin à son offensive totale (« Charrettes de Gédéon ») et ne levait pas les restrictions sur l’aide humanitaire à Gaza. 

L’Espagne et l’UE durcissent leur position

Le Parlement espagnol a approuvé une « résolution non contraignante » (176 voix contre 171) exhortant le gouvernement à « interdire les exportations d’armes » vers l’entité sioniste. Le texte vise également les équipements militaires (casques, gilets pare-balles, carburant à usage militaire) et demande une réforme des lois commerciales espagnoles pour bloquer les accords militaires avec les pays accusés de génocide ou de crimes contre l’humanité, en référence explicite à Gaza. 

À Bruxelles, l’UE a entamé une « révision de son accord de partenariat » avec l’entité après qu’une majorité des 27 États membres (dont les Pays-Bas, l’Espagne, l’Irlande et la France) ont soutenu cette initiative lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères. Des diplomates ont évoqué un consensus de 17 pays pour activer une clause liée au « respect des droits de l’homme »

 Un rejet sioniste

Ces critiques n’ont pour l’instant pas infléchi la position des sionistes. Le gouvernement d’occupation a affirmé que les « pressions extérieures » ne l’empêcheraient pas de « défendre l’existence et la sécurité de l’entité occupante ». Le porte-parole du ministère sioniste des Affaires étrangères, Oren Marmorstein, a répondu à la suspension des négociations commerciales par le Royaume-Uni : « Si Londres veut nuire à son économie, c’est son choix » 

Une occasion manquée pour l’Europe ?

Pour l’analyste politique Jean-Pierre Perrin, l’Europe a gaspillé son influence au Moyen-Orient malgré ses leviers économiques (40 % du commerce de l’entité dépend de l’UE). Il souligne toutefois que les divisions internes à l’UE et les pressions américaines entravent l’adoption de sanctions efficaces. 

Le journaliste Herbjørnsrud (fondateur du Centre d’histoire des idées mondiales à Oslo) déplore que les dirigeants européens ne se soient pas réveillés plus tôt, malgré les multiples résolutions de l’ONU et de la CPI. Il note que l’Allemagne, en raison de son histoire, reste moins critique envers l’entité sioniste que d’autres pays comme l’Irlande ou l’Espagne. 

L’ancien ambassadeur français Bertrand Besancenot estime que la division européenne nécessite une approche unifiée pour faire pression sur Netanyahu. Il évoque la conférence internationale co-organisée par la France et l’Arabie saoudite à New York (17-20 juin) comme une opportunité, à condition qu’un cessez-le-feu durable soit obtenu. 

La rue européenne comme catalyseur

Le professeur de droit international Mohammed Hanafi relève que plusieurs pays (France, Luxembourg, Espagne, Irlande, Slovénie) envisagent désormais la reconnaissance de l’État palestinien comme une nécessité politique. Après les reconnections récentes de l’Irlande, de l’Espagne, de la Norvège (mai 2024) et de la Slovénie (juin), le nombre de pays européens reconnaissant la Palestine est passé à 12, marquant un tournant sans précédent. 

Dans un article intitulé « L’Europe a-t-elle vendu l’entité sioniste ? », Hanafi analyse les évolutions occidentales

– Adoption d’un langage juridique dur contre les violations sionistes. 

– Remise en cause ouverte des relations avec Tel-Aviv. 

– Appels croissants à restreindre la coopération militaire et économique. 

Il souligne que ce revirement est davantage le fruit d’une pression cumulative (médias, opinion publique, ONG, diplomatie) que d’une soudaine prise de conscience morale. Reste à savoir s’il s’agit d’un changement structurel ou d’une indignation passagère. 

Réalignement géopolitique

Hanafi relie ce changement aux reconfigurations régionales de mai 2025 : 

– Médiation américaine dans la crise indo-pakistanaise (avec le G7). 

– Trêve maritime au Yémen (parrainée par Washington, avec médiation omanaise). 

Ces avancées ont privé l’entité sioniste de ses arguments sécuritaires habituels (menace iranienne-houthiste-Hamas), facilitant une posture européenne plus ferme. Certaines estimations évoquent même un rôle discret des pays du Golfe, en échange de pressions américaines sur l’entité. 

Des sanctions encore insuffisantes

Si les mesures actuelles (gel d’accords, restrictions militaires) ne constituent pas encore une réelle dissuasion, elles marquent une rupture avec le soutien traditionnel à l’entité sioniste. Hanafi y voit l’amorce d’un isolement économique et diplomatique, alimenté par la mobilisation des sociétés civiles occidentales (syndicats, universités, partis politiques). 

Ces pas, bien que limités, brisent le consensus occidental et ouvrent la voie à des outils de pression concrets : révision des accords, suspension des partenariats, restrictions diplomatiques… qui pourraient s’étendre à des mesures plus sévères.

Source : CPI
https://french.palinfo.com/rapports/…

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