UNMAS. Un agent de l’UNMAS procède à l’inspection d’une école à Khan Younis, dans le sud de Gaza.

Par ONU Info

Source : ONU Info

Après deux ans de bombardements israéliens massifs et de ripostes du Hamas, Gaza est confrontée à une contamination explosive d’une ampleur inédite. Pour les Palestiniens déplacés au sein de l’enclave qui rentrent chez eux à la faveur du cessez-le-feu, cela signifie apprendre à vivre parmi des restes de guerre menaçant à tout moment d’exploser.

Depuis le début du conflit, le 7 octobre 2023, environ 70 000 tonnes d’explosifs ont été larguées sur Gaza. Le service de lutte antimines de l’ONU (UNMAS) estime que 5 à 10 % de ces munitions, tirées par Israël ou abandonnées par le Hamas, n’ont toujours pas explosé : entre 3 500 et 7 000 tonnes d’engins demeurent dispersés dans les maisons, les hôpitaux et les écoles.

Avec l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 10 octobre, les Gazaouis – dont une large majorité reste déplacée – ont commencé à reprendre le chemin de leurs quartiers, souvent réduits à des amas de béton. Pour le responsable local de l’UNMAS, Julius Van Der Walt, les risques liés aux engins non explosés sont « immenses », non seulement pour les deux millions de résident de l’enclave, mais aussi les opérations humanitaires et les efforts de relèvement.

« Les munitions non explosées constituent l’une des menaces les plus aveugles dans tout conflit, car elles ne font aucune distinction entre un travailleur humanitaire, un civil, un soldat, un acteur armé non étatique ou, en fait, n’importe lequel d’entre nous », a expliqué mercredi M. Van Der Walt, à Genève. « Leur présence met tout le monde en danger de la même manière ».

© UNICEF/Mohammed Nateel. Une femme trie des vêtements devant sa tente à Gaza.

Plus de 60 millions de tonnes de décombres recouvrent désormais Gaza. Dissimulés dans ces ruines, les milliers d’engins non explosés constituent un danger constant, particulièrement pour les enfants.

Selon l’ONU, la quasi-totalité des bâtiments résidentiels ont été endommagés ou détruits par les frappes israéliennes. Dans ces conditions, près de 80 % de la population vit aujourd’hui dans des tentes de fortune ou au milieu des décombres. 

La pénurie d’abris sûrs pousse nombre de familles à s’installer à proximité de zones soupçonnées de contenir des explosifs. « Les gens se blessent simplement en allant chercher des produits de première nécessité au quotidien », souligne M. Van Der Walt.

Au total, plus de 400 personnes ont été touchées par des accidents impliquant des munitions non explosées, selon l’UNMAS. 

« Pour donner un ordre d’idée de l’importance du nombre des victimes, la Syrie en est actuellement à environ 2 500 depuis le 8 décembre 2024 », précise le responsable. « Si l’on prend la population et que l’on considère la population de Gaza, qui est de 2,1 millions d’habitants, on arrive à peu près au même pourcentage ».

UNMAS. Des équipes de l’UNMAS effectuent, le 13 juillet 2024,
une mission de reconnaissance à Nuiserat, dans la bande de Gaza.

L’ampleur des déplacements internes et l’inaccessibilité de nombreuses zones rendent chaque intervention périlleuse. Malgré cela, l’UNMAS a escorté plus de 800 convois humanitaires depuis octobre 2023 et mené plus de 650 évaluations de risques dans des infrastructures vitales – hôpitaux, écoles, routes, abris. Fait positif, l’agence ne détecte pas, la présence de mines ou d’armes à sous-munitions parmi les décombres.

Pour l’UNMAS, la trêve actuelle a ouvert une fenêtre d’opportunité afin d’engager un travail de sécurisation à grande échelle. « Il s’agit avant tout de sauver des vies, de restaurer la dignité et de garantir que chaque communauté de la région puisse vivre dans un environnement plus sûr et durable », conclut M. Van Der Walt.

D’ici là, les Palestiniens de Gaza n’ont d’autre choix que d’apprendre à vivre avec ce danger permanent, dans un quotidien où chaque geste, même en temps de trêve, risque d’être le dernier.

Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/…

Notre dossier ONU
Notre dossier Palestine

Laisser un commentaire