UN News. Une fillette à Gaza attend de remplir son récipient de lentilles.

Par ONU Info

Source : ONU Info

Malgré les « pauses tactiques » décidées par Israël la semaine dernière afin de permettre le passage en toute sécurité de convois humanitaires et les largages aériens d’aide, la bande de Gaza est toujours en proie à une forte augmentation des taux de malnutrition chez les enfants et chez les femmes enceintes et allaitantes.

Dans l’enclave palestinienne, les ravages de la faim se matérialise depuis plusieurs mois déjà à travers les images insoutenables d’enfants au corps décharné et aux yeux enfoncés dans les orbites, diffusées par les hôpitaux de l’enclave ou relayées par les messages des agences humanitaires sur les réseaux sociaux.

WHO. Une femme aide une jeune fille très amaigrie par la faim à enfiler ses vêtements.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), sur les 117.000 enfants âgés de 6 à 59 mois dépistés en juillet, 9.205 enfants ont été identifiés comme souffrant de malnutrition aiguë.

Il s’agit « du chiffre mensuel le plus élevé jamais enregistré à ce jour ». Le précédent triste record remontait à décembre dernier et faisait état de 5.436 enfants atteints de malnutrition aiguë.

Parmi eux, plus de 1.700 enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère, dont 40 ont été hospitalisés dans des centres de stabilisation.

La majorité des cas identifiés se trouve dans la ville de Gaza, avec 4.280 enfants dont 725 cas de malnutrition aiguë sévère.

Suivent Deir al Balah, avec plus de 3.400 cas de malnutrition dont 675 atteints de malnutrition aiguë sévère ; Khan Younis avec 1.470 cas dont 369 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère ; 36 à Rafah ; et 52 dans le nord de Gaza. Mais les données individuelles issues de ces dépistages restent limitées au nord de Gaza et à Rafah en raison des contraintes d’accès et d’une présence opérationnelle réduite.

La publication de ces dernières données survient alors que les rapports des médias ont publié les dernières statistiques sur l’impact de la faim dans l’enclave. Selon le ministère de la santé de la bande de Gaza, les hôpitaux du territoire ont enregistré cinq nouveaux décès dus à la famine et à la malnutrition au cours des dernières vingt-quatre heures.

Cela porte à au moins 193 le nombre total de victimes directes de la faim, parmi lesquelles 96 enfants.

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) prévient que la grande majorité des enfants souffrant de malnutrition sévère finiront par mourir d’autres causes. Ils ont dix fois plus de risques de contracter une pneumonie, la rougeole ou d’autres maladies mortelles.

La plupart de ces décès ne seront même pas signalés, car la majorité des enfants souffrant de malnutrition ne peuvent même pas être hospitalisés.

Les agences de l’ONU et les ONG ont averti à plusieurs reprises que l’aide acheminée dans l’enclave était insignifiante et loin d’être suffisante pour atténuer la crise alimentaire actuelle.

Par ailleurs, l’impact de la pénurie alimentaire sur les femmes enceintes et allaitantes est particulièrement grave, car leurs bébés sont plus susceptibles de naître avec des complications de santé, et il devient plus difficile pour les mères d’allaiter, ce qui expose les enfants à un risque accru de maladies infectieuses.

UN News. Une femme à Gaza a reçu de la nourriture apportée par des camions.

Selon l’OCHA, les pénuries d’approvisionnement font partie des principaux défis à relever pour maintenir les programmes nutritionnels. Au 2 août, les stocks du programme général d’alimentation complémentaire étaient complètement épuisés à Gaza, et l’insécurité actuelle ne permet pas de collecter les fournitures préventives aux points de passage et de les distribuer à Gaza à l’échelle nécessaire pour couvrir tous les enfants de moins de cinq ans et les femmes allaitantes.

Les ordres de déplacement récurrents continuent également de perturber la prestation des services nutritionnels et entraînent une fonctionnalité fluctuante des établissements de santé et des sites spécialisés. Ces structures sont fréquemment contraintes de suspendre ou de cesser leurs activités.

Les enfants et les femmes allaitantes sont alors obligés de parcourir de longues distances à pied pour accéder à des services nutritionnels ailleurs. En outre, bien que les hôpitaux n’aient pas été contraints d’évacuer, les services qu’ils dispensent sont devenus inaccessibles aux populations à nouveau déplacées par les ordres d’évacuation.

© UNOCHA. Le personnel de l’ONU participe à l’évacuation de patients hospitalisés à Khan Younis, à Gaza.

Alors que la faim extrême ravage l’enclave assiégée, les organismes d’aide font face à des obstacles logistiques et administratifs. Les agences humanitaires de l’ONU et les ONG redoutent d’être radiées par Israël dans les semaines à venir

« Les agences des Nations Unies et les ONG appellent les autorités israéliennes à annuler l’obligation introduite le 9 mars imposant aux organisations non gouvernementales (ONG) internationales de partager des informations personnelles sensibles sur leurs employés palestiniens, sous peine de voir leurs opérations humanitaires dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, interrompues », notent ces organismes d’aide dans un communiqué.

À moins que des mesures urgentes ne soient prises, les organisations humanitaires préviennent que la plupart des ONG internationales partenaires pourraient être radiées d’ici le 9 septembre, voire avant, ce qui les obligerait à retirer tout leur personnel international et les empêcherait de fournir une aide humanitaire vitale aux Palestiniens. Cette obligation fait partie d’une série de nouvelles conditions restrictives imposées aux ONG internationales, qui prévoient des sanctions en cas de critique publique des politiques et pratiques du gouvernement israélien.

D’ores et déjà, les ONG qui ne sont pas enregistrées dans le cadre du nouveau système se voient interdire l’envoi de fournitures à Gaza. En juillet dernier, les autorités israéliennes ont rejeté les demandes répétées de 29 ONG qui souhaitaient acheminer de l’aide humanitaire à Gaza, invoquant le fait que ces organisations n’étaient « pas autorisées ».

« Empêcher les ONG de participer à la réponse humanitaire collective viole les obligations d’Israël en vertu du droit international humanitaire et survient à un moment où nous recevons quotidiennement des informations faisant état de décès par famine alors que Gaza est confrontée à une situation de famine ». 

Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/…

Notre dossier ONU
Notre dossier Palestine

Laisser un commentaire