Le président Donald Trump lors d’une précédente rencontre avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le mardi 4 février 2025, à Washington.
[AP Photo/Evan Vucci]
Par Andre Damon
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a rencontré lundi le président américain Donald Trump à la Maison Blanche pour planifier la prochaine étape du génocide de Gaza et de la guerre américano-israélienne menée dans tout le Moyen-Orient.
Netanyahou, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, mène une campagne continue de génocide, de famine massive délibérée et de nettoyage ethnique dont le but est de tuer ou de déplacer les Palestiniens restants à Gaza.
Au moins 56 000 Palestiniens ont été tués jusqu’à présent dans ce génocide, la plupart par des bombes fournies par les États-Unis. Avec le soutien de la Maison-Blanche et d’autres puissances impérialistes, Israël mène délibérément une politique de famine massive, qui a déjà entraîné des milliers de cas de malnutrition aiguë chez les enfants. La semaine dernière, le journal israélien Haaretz a publié une enquête comprenant des interviews de soldats israéliens qui ont déclaré avoir reçu l’ordre répété d’ouvrir le feu sur des foules non armées de demandeurs d’aide.
La visite de Netanyahou à Washington était la première depuis que les États-Unis et Israël ont lancé une guerre illégale et non provoquée contre l’Iran en mai, profitant des négociations diplomatiques annoncées par les États-Unis quelques heures plus tôt pour assassiner de hauts responsables civils, militaires et scientifiques iraniens. Dans les semaines qui ont suivi les attaques, il est apparu clairement que la majeure partie du matériel nucléaire iranien n’avait pas été endommagée, ce qui a suscité au sein de l’establishment politique américain des appels à « achever le travail ».
Le 18 mars, Israël rompit unilatéralement un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Il a ensuite bloqué l’entrée de toute nourriture, eau et électricité à Gaza et installé des points de « distribution d’aide» où ses troupes ont massacré au moins 600 demandeurs d’aide dans une vingtaine de 20 tueries séparées.
Ignorant toute l’histoire du génocide en cours, les médias américains ont présenté la réunion de lundi à la Maison Blanche comme visant à obtenir un «cessez-le-feu», pour lequel Trump serait en train de «faire pression».
En réalité, tout «cessez-le-feu» à Gaza ne serait qu’une pause temporaire destinée à permettre aux forces israéliennes de recharger leurs armes pour exécuter la prochaine étape du génocide et de la guerre au Moyen-Orient. Le véritable objectif de la politique américano-israélienne est la création d’un «Nouveau Moyen-Orient» dominé par l’impérialisme où les Palestiniens seraient assassinés ou chassés de leurs terres et où l’Iran serait à nouveau placé sous la domination directe de l’impérialisme.
John Bolton, architecte idéologique de l’invasion de l’Irak en 2003 et du bombardement de l’Iran en 2025, a exposé sans détour les véritables objectifs de la rencontre entre Trump et Netanyahou dans une tribune publiée dimanche dans le Telegraph. « L’issue la plus importante de lundi à la Maison Blanche concernera les décisions sur l’éventuel recours supplémentaire à la force militaire américaine et israélienne pour atteindre des objectifs clés sur les deux fronts », à savoir à Gaza et l’Iran.
Trump et le gouvernement Netanyahou ont tous deux clairement exprimé leurs objectifs à Gaza. En février, Trump a déclaré que « les États-Unis prendraient le contrôle de la bande de Gaza », pour la « raser » et disperser la population palestinienne de Gaza vers « d’autres pays ».
En mai, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré: «D’ici un an, […] Gaza sera entièrement détruite, les civils seront envoyés […] au sud dans une zone humanitaire […] et de là, commencera leur départ en grand nombre vers des pays tiers ».
Les préparatifs de cette perspective horrifiante sont déjà bien avancés. La semaine dernière, le Financial Times a fait état d’un document stratégique secret élaboré par le Boston Consulting Group, un important cabinet de conseil américain, pour « relocaliser » les Palestiniens de Gaza. Le Financial Times rapporte que le cabinet en question estime à 23 000 [dollars] les économies réalisées pour chaque Palestinien relocalisé. Cette opération de nettoyage ethnique « augmenterait la valeur de Gaza de 0 dollars aujourd’hui à environ 324 milliards de dollars », concluait le document secret.
Dans un article paru en première page dimanche, le Financial Times a également révélé que le plan avait été élaboré avec la participation de collaborateurs de l’ancien Premier ministre travailliste britannique Tony Blair. « l’Institut Tony Blair a participé à un projet visant à élaborer un plan d’après-guerre pour Gaza, qui envisageait de relancer l’économie de l’enclave grâce à une ‘‘Riviera Trump’’ et une ‘‘Zone industrielle intelligente Elon Musk’’» écrit ce journal.
Il ne fait aucun doute que la proposition révélée par le FT fera l’objet de discussions approfondies entre Trump et Netanyahou, jusqu’à la valeur en dollars à laquelle ils évaluent chaque Palestinien expulsé de Gaza, ou mieux encore, tué.
Alors que le tapis rouge est déroulé à Washington pour le meurtrier de masse Netanyahou, les opposants au génocide de Gaza sont systématiquement persécutés et emprisonnés.
Dans l’attaque la plus radicale contre des groupes anti-guerres à ce jour, le groupe britannique Palestine Action a été qualifié d’organisation terroriste par le gouvernement britannique, ce qui signifie qu’il est illégal non seulement d’en être membre, mais aussi de partager ses messages sur les réseaux sociaux.
C’est la première fois dans l’histoire britannique que les lois antiterroristes sont utilisées contre une organisation de désobéissance civile. Les membres du groupe risquent jusqu’à 14 ans de prison pour avoir exercé leur liberté d’expression, protégée par le droit britannique et les lois internationales dont le Royaume-Uni est signataire. Dimanche, la police britannique a arrêté 20 personnes accusées de terrorisme, simplement pour avoir participé à une manifestation organisée par le groupe.
Le gouvernement britannique prévoit également de poursuivre les groupes de musique Kneecap et Bob Vylan pour terrorisme en raison de leurs déclarations d’opposition au génocide. L’administration Trump lui a emboîté le pas, révoquant les visas des membres de Bob Vylan après qu’ils eurent mené des chants de protestation contre le génocide de Gaza au festival de Glastonbury, en Angleterre, le mois dernier.
Ces actes constituent un avertissement : les puissances impérialistes s’efforcent de criminaliser toute critique de leur politique étrangère, aussi illégale soit-elle. Face à l’opposition populaire massive au génocide, elles criminalisent toute tentative visant à entraver ou à attirer l’attention sur leur complicité dans le génocide.
Le génocide et le nettoyage ethnique systématiques du peuple palestinien, menés depuis Washington et Tel-Aviv, sont en réalité soutenus par tous les gouvernements impérialistes. Tous les gouvernements «démocratiques» d’Europe et d’Amérique du Nord sont dirigés par des criminels de guerre ou par des complices.
Il faut tirer des conclusions précises de l’expérience du génocide de Gaza et de la criminalisation de l’opposition à ce génocide.
Le génocide fait partie d’une guerre à l’échelle mondiale. Les puissances impérialistes, dirigées par les États-Unis et leurs alliés, ont entrepris de réimposer le joug colonial à l’ancien monde colonial, à la Russie et à la Chine. Elles banalisent les massacres, le nettoyage ethnique et la famine comme outils politiques. Les mêmes méthodes barbares employées contre les Palestiniens seront utilisées ailleurs.
Cette escalade de la guerre impérialiste est incompatible avec les droits démocratiques. Dans tous les pays, la classe dirigeante se prépare à la dictature. Aux États-Unis, la criminalisation de l’opposition au génocide, amorcée sous Biden et les Démocrates, est indissociable de l’instauration d’une dictature présidentielle sous Trump.
L’opposition des travailleurs et des jeunes grandit. Des millions de personnes ont participé aux manifestations contre le génocide de Gaza, et les manifestations « No Kings » du mois dernier contre Trump ont été parmi les plus importantes de l’histoire des États-Unis. L’enjeu crucial est d’unir le mouvement croissant contre la guerre et pour la défense des droits démocratiques au mouvement de la classe ouvrière pour la défense de ses droits sociaux et économiques, et d’armer cette lutte d’une perspective socialiste.
(Article paru en anglais le 7 juillet 2025)
Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…