Pour évoquer la mission des universités dans la bande de Gaza pendant cette agression horrible qui se poursuit depuis plus de 20 mois, le journal régional suisse « Le Ô » a effectué un entretien avec Ziad Medoukh, professeur de français universitaire, chercheur et écrivain d’expression française, et simple citoyen palestinien de Gaza en direct de sa ville dévastée le vendredi 27 juin 2025.

Le professeur palestinien a parlé au début du système universitaire à Gaza, avant et après le 7 octobre 2023, et surtout il a expliqué comment l’année universitaire a pu être sauvée malgré la destruction de la plupart des universités, l’assassinat de centaines de professeurs et de milliers d’étudiants pendant cette agression horrible qui se poursuit depuis 20 mois maintenant.

Il a ajouté que ces universités engagées ont un rôle scientifique avec toutes ses spécialités.

Ensuite, les universités offrent un rôle social, un rôle plus ou moins public. En effet, l’université est le seul lieu où existe la mixité, les rencontres, les débats publics libres. Si les universités palestiniennes sont différentes les unes des autres au niveau du système, elles offrent toutes cet espace de liberté et d’échanges qui n’existent pas dans les collèges et les lycées, et qu’on ne trouve pas dans la société.

Les universités ont donc participé à la démocratisation de la société palestinienne. Elles ont formé les jeunes à la prise de parole et aux échanges.

Malheureusement, après le 7 octobre 2023 et 20 mois de bombardements intensifs d’incursions militaires, on peut dire que toutes les grandes universités de Gaza, leurs salles, leurs laboratoires les ont détruites totalement ou partiellement. Les universités qui n’ont pas été totalement détruites sont utilisées comme centre d’accueil et refuge pour les personnes déplacées ou dont l’immeuble a été rasé. De plus, les facultés ont également été touchées et parfois complètement détruites.

130 professeurs, des savants, 5600 étudiants ont été assassinés par les bombardements depuis le 7 octobre 2023. La situation est dramatique pour les universités de Gaza.

Entre octobre 2023 et octobre 2024, une année universitaire a été perdue. Avec les bombardements intensifs et les déplacements de plus d’un million de personnes, l’incursion militaire, les coupures d’électricité et celle d’internet, les professeurs ne pouvaient plus enseigner. Ce n’est qu’en octobre 2024, avec la volonté des Palestiniens et le soutien des universités étrangères qu’il a été décidé de reprendre les cours virtuellement. Il a fallu s’adapter au contexte. Les universités ont mobilisé leur staff, leurs professeurs, et avec beaucoup de difficultés, ils ont essayé de se procurer des cartes ISIM internationales qui leur ont permis d’obtenir une bonne connexion internet. Par exemple, l’université de Lille en France a envoyé 4000 cartes ISIM internationales pour permettre d’avoir une connexon internet afin de pouvoir suivre les cours. D’autres universités italiennes, belges, françaises, espagnoles, américaines et arabes bien sûr se sont mobilisées pour aider les étudiants et les professeurs à Gaza. De plus, des universités étrangères ont proposé des professeurs bénévoles pour donner des cours. Au début, seuls 70% des étudiants pouvaient suivre virtuellement les cours (manque d’électricité, d’ordinateur, …) mais deux mois plus tard, grâce à leur volonté et la motivation et la détermination des professeurs palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie ou de leurs collègues internationaux, la participation est montée à 83%. Des étudiants ont pu soutenir leur master, ou leur mémoire de licence, terminer leurs modules et passer leurs examens virtuellement.

En conclusion, le professeur universitaire a mentionné que C’est un miracle pour ces Palestiniens qui grâce à leur volonté et le soutien international ont ainsi pu sauver une deuxième année universitaire.

Suivez cet entretien à partir de ce lien du quotidien régional -Le Ô- en Suisse :
https://le-o.ch/wp-content/uploads/2025/06/LeO_N126_27Juin25_LR.pdf

Source : Ziad Medoukh

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