Par Maurice Buttin
Nul n’ignore le petit nom familier du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Réélu plusieurs fois depuis des années, il se sent tout puissant. Agissant quasi seul, il est le chef du pays. Il prend une posture impérialiste, et quel empereur ! Persuadé, sans doute, d’être le fils spirituel d’Alexandre le Grand, fondateur de l’Empire macédonien, il annonce en bombant le torse, à qui veut l’entendre, tous les jours, qu’il va « transformer le Moyen-Orient », au profit de l’Etat d’Israël, bien sûr !
Il a déjà obtenu le changement du régime syrien, devenu neutre. Cet Etat était considéré comme la « bête noire » d’Israël, après le pire ennemi l’Iran, dont il veut aussi mettre à mal le régime des mollahs…
Il s’adresse tous les jours à la télévision, repris par nos médias (BFM TV ou LCI), pour annoncer qu’il est prêt à éradiquer ces petits arabo-musulmans du Hamas, du Hezbollah, des Houthis, voire les chiites iraniens. Il est doublé par son chef d’état-major ou un ministre, qui n’hésite pas à considérer les Palestiniens comme des « animaux ».
Le pays était divisé depuis des mois, par la volonté du gouvernement d’extrême droite, élu en décembre 2022, de mettre la Justice sous la coupe de l’Exécutif ; de choisir les magistrats de la Cour suprême ! (Benyamin Netanyahou n’oublie jamais qu’il est poursuivi pour divers actes de corruption, qu’il risque la prison, comme son prédécesseur Ehud Olmert. Alors, changer les juges…).
Dans ce combat, il était aidé par ses deux complices, Itamar Ben-Gvir et Bezazel Smotrich, ministres extrémistes religieux, fascistes.
Il lui fallait donc une occasion pour reprendre en main le pays. Il va profiter de l’attaque brutale du Hamas, et autres combattants palestiniens, le « 7 octobre 2023 ». Il en était informé, contrairement à ses dires, même s’il ne se doutait pas jusqu’où iraient ces combattants. Dans une déclaration écrite sous serment à la Cour suprême, Ronen Bar, le chef du Shin Bet, a affirmé : « Cette nuit-là, rien n’a été caché à l’appareil sécuritaire ou au Premier ministre ». « Ce jour-là vers 3 heures, toutes les agences de sécurité ont reçu une alerte concernant des préparatifs inhabituels et la possibilité d’intentions offensives de la part du Hamas ». Ronen Bar explique, notamment, comment il s’est rendu au siège du Shin Bet à 4 h 30, soit deux heures avant l’attaque du Hamas, et a donné des instructions pour que le conseiller militaire du Premier ministre soit informé des événements ».
Aux premières informations, dans un discours prononcé dans la matinée du 7, sans savoir exactement ce qui se passait, il réagit en utilisant les mensonges les plus scandaleux depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948. Déjà, en leur temps, les présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozi avaient dû subir ses mensonges….
« Ses mots ne sont une surprise pour aucun israélien : le pays est entré en guerre. Ses dires ne laissent aucun doute : « Le Hamas a entamé une guerre brutale est diabolique. Il veut nous faire disparaître tous. C’est un ennemi qiui assassine des enfants et des mères dans leur maison, dans leur lit, un ennemi qui enlève des personnes âgées, des enfants et des jeunes femmes, qui massacre nos concitoyens, y compris des enfants, simplement sortis pour profiter des vacances. Ce qui s’est passé aujourd’hui est sans précédent en Israël – et je veillerai à ce que cela ne se reproduise pas », tel le rapporte Pierre Rehov et Stéphane Simon, au chapitre huit de leur ouvrage « 7 OCTOBRE. LA RIPOSTE », publié en avril 2025 par les Editions Fayard. « Le pays est entré en guerre » a affirmé le Premier ministre. « Oui, lui répond le leader du Hamas, en guerre de libération de la Palestine occupée depuis juin 1967 ».
Pour ma part, dans un livre édité en mai 2025, au titre « L’ECHEQUE D’UNE UTOPIE « JERUSALEM CAPITALE ETERNELLE ET INDIVISIBLE D’ISRAEL ». L’Histoire de la Palestine et du sionisme », publié chez Karthala, je conteste ce que rapporte le livre précité. Il affirme que Netanyahou n’était pas au courant, ce qui est faux,- nous l’avons vu -, et développe, sur des pages et des pages, les « crimes monstrueux » soi-disant commis par les combattants palestiniens. La seule chose que l’on peut leur incriminer, c’est d’avoir tué des civils et d’avoir en enlevé d’autres, ce qui est tout de même un crime de guerre.
Vexé par l’attaque fulgurante des combattants palestiniens de Gaza, Netanyahou va, pendant 36 mois de guerre diriger l’armée israélienne, la « plus immorale du monde », bien que se prétendant le contraire. Celle-ci, sans arriver à éradiquer pour autant les Gazaouis, leur impose un véritable génocide. Plus de 200 000 tués, blessés, en majorité des femmes et des enfants ; deux millions d’habitants déplacés du nord au sud, puis du sud au nord ; volonté affirmée de les expulser de la bande de Gaza ; 70 % des structures locales détruites (rien n’est négligé : hôpitaux, écoles, mosquées, maisons individuelles, immeubles…). Agissant de la sorte, l’armée israélienne « oublie » la libération des otages, en en tuant plusieurs.
En décembre 2023, un accord étant intervenu, des dizaines d‘otages avaient été libérés. Tous le seraient depuis longtemps, si le projet présenté au printemps 2024 par le président Joe Biden avait été respecté par Israël, quant à la deuxième phase prévoyant cette libération, le retrait de l’armée israélienne et, en définitive la paix avec le Hamas. Mais Netanyahou a-t-il un jour respecté sa signature, les accords, le droit international ? Et comment repartir sans avoir éradiqué tous les « terroristes » palestiniens, voir tous les Gazaouis ou avoir tenté de les expulser dans des pays voisins…
Une réunion était prévue ce mois de juin à Washington sur le sort de la Palestine et la reconnaissance de son Etat, proclamé le 15 novembre 1988, en particulier par la France. Netanyahou s’en inquiétait. Il ne lui restait plus qu’une solution pour la torpiller : décider, trois jours avant, le vendredi 13 juin, des frappes aériennes d’une ampleur sans précédent contre des sites militaires et nucléaires sur le sol iranien. Comme prétexte, Netanyahou affirmait que l’Iran allait réussir sous peu à avoir sa bombe atomique, ce qui lui était refusée. Une riposte suivait des dirigeants iraniens. Ils décidaient à leur tour une attaque de missiles frappant au cœur Israël. Cela paniquait un peu plus la population, déjà traumatisée depuis le 7 octobre 2023, par les mensonges du Premier ministre et l’absence d’informations extérieures, sauf par le remarquable et courageux journal de gauche Haaretz, malheureusement lu par 2 % des Israéliens !
Depuis ce 13 juin, c’est quasi la guerre entre Israël et l’Iran… ce qui n’aurait jamais dû être si Netanyahou, le chef sublime, avait laissé se dérouler normalement les discussions engagées, au sujet du nucléaire, entre l’Iran, et le Président américain. Mais, comme pour la Palestine, Netanyahou ne pouvait envisager d’accepter un accord. C’était donc une deuxième raison pour attaquer l’Iran – alors que celui-ci évoquait toujours sa volonté d’utiliser ses travaux pour le nucléaire civil.
Cette attaque israélienne était soutenue par tous les dirigeants occidentaux, dont Donald Trump, informé secrètement juste avant. (De même que ceux-ci craignaient et anonçaient les Russes à Paris, ils prédisaient l’éventuelle bombe iranienne comme un « risque mortel » pour l’Europe !)
Le comble était, hélas, atteint par notre Président. Il téléphonait à Netanyahou – alors qu’il aurait dû, peu avant, forcer son avion, survolant notre pays pour se rendre aux Etats-Unis, à atterrir, pour livrer l’homme à la Cour Internationale de Justice, puisque le Premier ministre faisait l’objet d’un mandat d’arrêt… Il lui disait qu’il ne devait plus avoir de crainte quant au projet franco-saoudien pour la reconnaissance de la Palestine et la paix entre les deux pays, qu’il avait très courageusement décidé de le renvoyer aux calendes ! Quelques jours après, Emmanuel Macron faisait encore plus fort : il proposait à Netanyahou que la France intervienne au côté d’Israël contre l’Iran !!!
Le Premier ministre israélien aura tout fait, tué et blessé des centaines de milliers de personnes, démoli plusieurs pays, il ne devrait pas oublié pour autant qu’« il n’y a pas loin de la Capitole à la Roche Tarpéienne ». Demain, ou il aura le courage de se rendre à la Cour Internationale de Justice pour être condamné pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ou il acceptera le jugement de la Justice de son pays. Pas seulement pour les pacotilles commises avec son épouse, mais pour crimes de guerre, pour ne pas s’être préoccupé de la libération de tous les otages détenus par le Hamas, afin de tenter de sauver sa peau.
Et oui, sacré Bibi, demain, c’est la prison !
Me Maurice Buttin, président par intérim du CVPR PO, membre des C.A. de « Pour Jérusalem » et des « Amis de Sabeel-France », de « Chrétiens de la Méditerranée » et de l’AFPS 14°.
Source : France Irak actualité
https://www.france-irak-actualite.com/…