© UNICEF/Mohammed Nateel. Une clinique pour les enfants souffrant de malnutrition à Khan Younis, dans le sud de Gaza.

Par ONU Info

Source : ONU Info

L’aide humanitaire a enfin atteint les entrepôts des Nations Unies à Gaza, suite à la levée partielle, en début de semaine, du blocus imposé par Israël à l’enclave palestinienne, où les agences onusiennes constatent parallèlement une dégradation alarmante de l’état nutritionnel des enfants.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, près de 200 camions transportant une aide vitale sont entrés dans la bande de Gaza par le point de passage de Kerem Shalom, dans le sud d’Israël, dont environ 90 ont pu atteindre les entrepôts de l’ONU. Une course contre la montre est désormais engagée pour distribuer leur contenu auprès de la population. 

Il s’agit, selon le porte-parole des Nations Unies, « d’une goutte d’eau dans l’océan des besoins » des Gazaouis. Mais après 11 semaines de blocus humanitaire, la nouvelle a été saluée, jeudi, comme un tournant par Tom Fletcher, le chef des opérations humanitaires de l’organisation. 

« La journée d’aujourd’hui sera cruciale », a toutefois averti le haut responsable, sur le réseau social X, citant les « énormes difficultés » logistiques auxquelles sont confrontés les travailleurs humanitaires pour acheminer l’aide depuis la réouverture, lundi, de Kerem Shalom.

Grâce à l’arrivée de l’aide, la boulangerie Al-Banna, à Deir El Balah, dans le centre de Gaza, a pu rouvrir ses portes après 40 jours de fermeture, faute de réserves de farine de blé suffisantes pour la fabrication du pain.

« C’est formidable », a déclaré Vladimir Jovcev, responsable de la logistique au Programme alimentaire mondial (PAM), qui soutient l’établissement. « Nous avons pu acheminer de la farine de blé après plus de deux mois et demi de fermeture de la frontière ». 

Pour l’instant, le pain produit dans cette boulangerie devrait être distribué à des cuisines communautaires, au sein du réseau du PAM, ainsi qu’aux plus démunis.

En attendant une arrivée massive de l’aide, la faim continue de gagner du terrain dans l’enclave palestinienne. Selon les dernières données de l’OCHA, le bureau des affaires humanitaires de l’ONU, une proportion « nettement plus élevée » d’enfants de moins de cinq ans souffre de malnutrition.

Durant la première quinzaine de mai, près de 3.000 enfants parmi les 50.000 dépistés présentaient des signes de malnutrition aiguë, contre un peu plus de 2.600 sur 60.000 au mois de février. 

Les cas les plus graves sont pris en charge dans l’un des quatre centres de stabilisation surpeuplés que compte la bande de Gaza. Celui de Kamal Adwan, seul établissement encore fonctionnel dans le nord de l’enclave, a cependant suspendu ses activités le 20 mai, à la suite d’un ordre de déplacement israélien. Les enfants qui y étaient hospitalisés ont dû être transférés vers la ville de Gaza, un trajet jugé dangereux dans leur état.

Les chiffres communiqués par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont glaçants : au moins 57 enfants seraient déjà morts de malnutrition, selon les autorités sanitaires locales — un nombre probablement inférieur à la réalité. 

Et la tendance pourrait empirer. Le dernier rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), qui catégorise les niveaux de faim à Gaza en fonction de leur gravité, anticipe que 71.000 enfants de moins de cinq ans pourraient souffrir de malnutrition aiguë dans les onze mois à venir, si aucune aide massive n’était distribuée.

À Rafah, Khan Younès et dans le nord de l’enclave, de nombreux partenaires ont été contraints de suspendre leurs activités, faute de fournitures et d’accès sécurisé. De plus, les itinéraires fournis par les forces israéliennes seraient, selon M. Fletcher, « inappropriés » pour  le déplacement des marchandises.

Entre le 2 mars et la journée de lundi, aucune marchandise, commerciale ou humanitaire, n’a été autorisée à entrer dans Gaza, aggravant une crise alimentaire déjà dramatique. L’assouplissement récent du blocus israélien, bien qu’attendu, ne parvient pas pour l’instant à enrayer l’urgence.

À cela s’ajoute un contexte sécuritaire explosif. Plus de 80 % du territoire se trouve désormais en zone militarisée ou fait l’objet d’ordres d’évacuation. Près d’un tiers de la population a été de nouveau déplacée le mois dernier, selon l’OCHA, dont plus de 160.000 personnes en une seule semaine, privées de tout refuge.

Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/…

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