Communiqué de l’AFPS

Après plus de 19 mois de guerre génocidaire menée par l’État d’Israël, après deux mois et demi d’un blocus total qui provoque une famine délibérément organisée par Israël, après les assassinats de journalistes, médecins, professeurs, hommes, femmes, enfants, et la destruction de toutes les infrastructures vitales de ce territoire, les autorités françaises ont commencé à changer de ton : « une honte » a déclaré le président de la République le 13 mai. Déjà, le 23 avril, les ministres des Affaires étrangères de le France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni avaient déclaré que «  la décision israélienne de bloquer l’entrée de l’aide à Gaza est intolérable » et pointé le caractère « inacceptable » de la décision d’Israël de maintenir son armée à Gaza.

Jusqu’ici, des mots, rien que des mots, qui n’ont eu aucun effet, et qui n’ont évidemment pas empêché Israël d’engager depuis deux jours une nouvelle offensive de grande ampleur pour tuer, détruire, déplacer la population et finalement s’emparer de ce territoire, le seul véritable but de cette guerre génocidaire contre la population palestinienne de Gaza.

Des mots, rien que des mots, qui masquent mal les décennies d’impunité et de complicité, dont a bénéficié Israël pour commettre tous ses crimes de guerre et ses crimes contre l’humanité, et pour bafouer délibérément le droit international et toutes les résolutions de l’ONU. Une impunité scandaleuse, autorisée par les États qui se sont jusqu’à présent exonérés de leur obligation vis-à-vis de la convention de prévention du génocide.

Le Conseil européen des Affaires étrangères, qui réunit les ministres des Affaires étrangères de tous les pays de l’Union européenne, offre ce mardi 20 mai une opportunité unique pour sortir des déclarations sans lendemain et poser enfin des actes. Répondant à la demande récente des Pays-Bas, à la demande formulée par l’Espagne et l’Irlande depuis plus d’un an, et aux prises de position de nombreux États européens, il doit enfin se prononcer sur la procédure d’examen de l’application de l’article 2 de l’Accord d’Association entre l’Union européenne et Israël, qui pose le respect des droits humains comme une « condition essentielle » de cet accord. Le lancement de cette procédure ne requiert en rien l’unanimité, elle répond seulement à l’obligation de la Commission européenne de jouer son rôle de gardien des traités. Les mesures qui en découleront, dont la suspension d’une bonne partie de l’Accord d’Association, ne requièrent pas non plus l’unanimité des États membres.

Nous attendons de la France qu’elle sorte enfin de ses déclarations ambiguës et sans lendemain, et qu’elle demande clairement à la Commission Européenne de mener cette procédure de manière accélérée pour aboutir, dans les délais les plus brefs, à la suspension de l’Accord d’Association. Nous demandons à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et à la Haute représentante pour la politique extérieure, Kaja Kallas, de prendre leurs responsabilités et d’engager sans délai cette procédure. Surseoir une fois de plus serait une honte !

Cette échéance européenne est essentielle mais elle ne doit pas dédouaner la France de ses responsabilités propres. Nous formulons à ce sujet deux demandes immédiates :

  • La France doit sortir des demi-mesures sur les livraisons d’armes à Israël – le concept d’« arme défensive » n’a aucun sens s’il sert à protéger la commission de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité -, et décréter enfin un embargo total sur toutes les livraisons d’armes et de composants militaires à l’État d’Israël ; elle doit aussi interdire la participation des entreprises israéliennes au salon du Bourget.
  • Les ONG palestiniennes de défense des droits humains et près de 400 organisations dans le monde dont l’AFPS, appellent les États à organiser d’urgence un« convoi humanitaire diplomatique  », mené par des diplomates de haut rang du monde entier, pour accompagner l’aide humanitaire à Gaza et en exiger l’entrée par le terminal de Rafah. Nous demandons à la France de prendre la tête de cette initiative et de l’organiser dans les plus brefs délais.

Contrairement à ce qu’a affirmé le président de la République, le génocide n’est pas qu’une affaire d’historiens, c’est un crime défini par le droit international et il le sait très bien ; la Cour Internationale de Justice en pointe le caractère plausible depuis 15 mois, et les plus grandes ONG de défense des droits humains en ont démontré la réalité. La Convention Internationale pour la prévention et la répression du génocide impose à tous les États signataires, dont la France, d’agir pour le prévenir et le réprimer, au risque d’être déclaré complice en cas d’abstention.

Agir n’est pas une option, c’est une obligation. Il faut dépasser les paroles sans lendemain et poser des actes. C’est demain, ce mardi 20 mai que cela doit se décider.

Le Bureau national de l’AFPS, le 19 mai 2025

Source : AFPS
https://www.france-palestine.org/…

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