Les membres du 118e Congrès se lèvent pour le serment d’allégeance lors du premier jour du 118e Congrès dans la Chambre des représentants du Capitole des États-Unis, le 3 janvier 2023 à Washington, DC.

Par Andrey Sushentsov

Ceux qui vous ont apporté la guerre en Irak soutiennent bruyamment l’armement de l’Ukraine. Où cela va-t-il nous mener ?

Malgré les conséquences désastreuses de l’invasion américaine de l’Irak il y a vingt ans, de nombreux responsables de cette de cette guerre, ainsi que les médias et les universitaires qui les ont encouragés, sont de retour et en redemandent.

  • Suivi de Hassan Nasrallah : la Résistance irakienne a infligé une défaite historique aux Américains

Par Andrey Sushentsov, directeur des programmes du Club Valdaï

Source : RT, 30 mars 2023

Traduction : lecridespeuples.fr

Cette année, le vingtième anniversaire de l’invasion illégale de l’Irak a paradoxalement coïncidé avec des événements internationaux majeurs. Xi Jinping, Secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois, était à Moscou ce jour-là, tandis qu’un forum parlementaire Russie-Afrique s’ouvrait au même moment.

En 2003, au sommet de leur puissance, les États-Unis ont proclamé leur « moment unipolaire », au cours duquel ils domineraient sans partage, sans avoir besoin d’alliés et sans tolérer d’objections de la part de leurs adversaires. L’histoire, pensait-on, n’avait qu’un seul but, et rien ne les arrêterait pour l’atteindre. En effet, la domination militaire, politique et économique des États-Unis semblait totale à l’époque, faisant écho aux sentiments d’Henry Kissinger qui, quelques années plus tôt, avait écrit « America at the Apex » (L’Amérique au sommet). Vingt ans plus tard, nous assistons à l’épanouissement de la multipolarité : à Moscou, le Secrétaire général du comité central du parti communiste chinois s’entretenait avec le président russe, deux pays contribuant à un changement que le monde n’avait pas connu depuis cent ans. Ce caractère éphémère de l’histoire mondiale montre la rapidité avec laquelle les cycles historiques changent, mais il est également important que les États-Unis eux-mêmes, par leurs actions dans différentes parties du monde, accélèrent leur cours.

L’invasion de l’Irak est l’une des plus importantes erreurs stratégiques commises par Washington. Basée sur un faux prétexte et sur une tromperie délibérée de la communauté internationale, elle a conduit à une série de crimes de guerre importants, à une guerre civile catastrophique, à l’éclatement de l’État irakien et à d’énormes répercussions sur l’ensemble du Moyen-Orient. Quelques années seulement de présence américaine en Irak ont entraîné la mort d’un très grand nombre de civils, un usage aveugle de la force et la destruction de plusieurs villes, dont Mossoul.

Lors de l’évacuation de l’ambassade russe au cours de l’invasion américaine de 2003, un convoi de diplomates a été la cible de tirs américains et plusieurs d’entre eux ont été blessés. Les contractants militaires privés américains, qui à un moment donné avaient la même présence dans le pays que les troupes officielles, ont commis un certain nombre de crimes de guerre. Les mauvais traitements infligés aux prisonniers par l’armée américaine à la prison d’Abu Ghraib, près de Bagdad, ont été largement documentés. Lorsque la Cour pénale internationale a soulevé la question de l’inculpation de citoyens américains pour des délits commis en Afghanistan et en Irak, les États-Unis ont répondu qu’ils poursuivraient les juges qui avaient soulevé la question et qu’ils devraient retirer leurs initiatives immédiatement.

Le plus grand crime des États-Unis en Irak a sans doute été de créer une guerre civile qui a fait un nombre effroyable de victimes, les estimations allant de 600 000 à un million.

Entre 2005 et 2007, la courbe démographique du pays s’est aplatie, bien que le pays ait toujours eu l’un des taux de natalité les plus élevés de la région. Le démantèlement du gouvernement central a déclenché des processus géopolitiques dans la région et le pouvoir dans ce pays anciennement sunnite est tombé entre les mains de la majorité arabe chiite, qui a entamé un rapprochement avec l’Iran. Depuis lors, la position stratégique de Téhéran en Irak est restée importante.

Certaines des conséquences de l’invasion américaine se sont également retournées contre eux. Par exemple, la [prétendue] lutte contre le terrorisme a conduit à une augmentation de l’influence de Daech, une organisation interdite en Russie, en Irak. De manière inattendue, le renforcement du rôle de l’Iran dans le pays a signifié que 150 000 soldats américains étaient incapables de contrôler la situation en Irak, alors que quelques dizaines de diplomates iraniens à l’ambassade de Bagdad étaient tout à fait capables de le faire. La métastase du Printemps arabe, qui a commencé à se répandre dans plusieurs pays de la région, a également été l’une des conséquences de la guerre en Irak.

Entre-temps, le coût financier de la guerre pour les États-Unis est estimé à plusieurs milliers de milliards de dollars. Dans l’ensemble, les opérations politiquement infructueuses en Irak et en Afghanistan ont entraîné un déclin de l’influence et du statut des États-Unis dans la région, comme en témoigne le récent rétablissement des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran, avec la médiation de la Chine.

Voir Exclusif : Les clauses de sécurité secrètes de l’accord irano-saoudien

Les Américains ont formulé un objectif raisonnable pour l’opération militaire dès 2007. Il a été exprimé par le général David Petraeus lors d’une audition devant le Congrès américain. En réponse à une question sur les intérêts américains dans le pays, il a déclaré : « Notre but n’est pas de créer une démocratie à la Jefferson, notre but est de créer les conditions nécessaires au retrait de nos troupes ». L’implication était que le retrait ne devait pas ressembler à une défaite. À l’époque, cet objectif raisonné était bien conforme aux intérêts américains et montrait la profondeur de l’erreur stratégique commise par Washington lors de la préparation de l’invasion de 2003.

Aujourd’hui, de nombreux responsables de cette guerre, ainsi que les médias et les « intellectuels » qui les ont encouragés, soutiennent bruyamment la position de Washington à l’égard de l’Ukraine.

Il est peu probable que l’impact de leurs actions soit différent cette fois-ci.

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Hassan Nasrallah : la Résistance irakienne a infligé une défaite historique aux Américains

Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 22 mars 2023, en hommage à un cadre du Parti décédé le 16 mars, Hussein al-Chami.

Source : video.moqawama.org

Traduction : lecridespeuples.fr

[…] Ces jours-ci, nous commémorons le vingtième anniversaire de l’invasion américaine de l’Irak, et de l’occupation de l’Irak. Il y a 20 ans, le Hezbollah avait une position claire [condamnant et s’opposant farouchement à] cette invasion, et elle nous a été vivement reprochée, mais nous étions fiers de notre position. Ce projet d’invasion était très dangereux, car cette occupation de l’Irak était censée être une introduction à l’occupation de 6 autres pays, comme l’ont reconnu de grands généraux du Pentagone, à savoir la Syrie, le Liban, la Somalie, le Soudan, la Libye et enfin l’Iran. Et il était également prévu que cette occupation dure pendant des décennies voire des siècles. Les Américains ne sont pas venus pour ensuite repartir : ils sont venus pour occuper, s’installer et piller le pétrole, le gaz, les eaux et les décisions (politiques), et protéger leurs intérêts via leurs forces armées, leurs navires de guerre et leurs porte-avions. C’est ce qui s’est passé il y a 20 ans.

Mais par la grâce de la résistance irakienne héroïque, celle qui a combattu les envahisseurs occupants —et non ces terroristes takfiris qui, (loin de combattre les forces d’occupation), n’ont fait que semer la mort, la terreur et la destruction, (en attaquant) les mosquées, les églises, les husseiniyas, les universités, les mausolées des Imams (du chiisme), les marchés, tant côté sunnite que chiite que chrétien, tant chez les Arabes que les Kurdes, je parle des groupes armés terroristes (affiliés à Al-Qaïda). Je parle de la résistance authentique et sincère qui s’est formée de factions irakiennes, a combattu les Américains et leur a imposé le retrait (de leurs forces). Cette occupation américaine qui est venue s’installer pour des centaines d’années en Irak a dû quitter le pays en 8 ans, en 2011. Les Américains sont certes sortis du pays dans le cadre d’un accord, mais tout le monde sait que ce retrait n’aurait pas eu lieu sans la résistance quotidienne, les pertes quotidiennes infligées aux troupes d’occupation américaines en Irak.

Voir Nasrallah : les groupes soutenus par Soleimani ont chassé l’armée américaine d’Irak en 2011

C’est là une autre leçon (confirmant) le sérieux de la Résistance, qui est capable de changer non seulement le destin d’un pays, mais bien le sort de toute la région et même celui du monde entier. La résistance irakienne, et la ténacité de la République Islamique d’Iran —l’Iran se retrouvait alors avec des bases américaines d’un côté, à sa frontière (Est) avec l’Afghanistan, et des bases américaines de l’autre, à sa frontière (Ouest) avec l’Irak— et la persévérance de la Syrie, qui a reçu la visite de Colin Powell avec une liste d’exigences (qui ont été rejetées), cette endurance de ces deux pays et cette résistance héroïque de l’Irak ont eu pour conséquence l’échec du projet américain dans toute la région, et pas seulement en Irak. C’est tout le projet américain dans la région qui a été vaincu. S’étant révélés incapables de rester en Irak, les Etats-Unis ne pouvaient donc pas occuper la Syrie, la Libye, le Soudan et la Somalie, sans même parler de l’Iran.

Il s’agit donc d’une commémoration importante, et je dis toujours que la résistance irakienne, ses combattants et ses dirigeants, ses martyrs, ses prisonniers et ses blessés, ainsi que leurs familles, n’ont pas obtenu de la Communauté arabo-musulmane ce qu’ils méritaient en fait d’honneur, de gloire et de reconnaissance pour le succès énorme et historique qu’ils ont réalisé en Irak en imposant une défaite à l’occupation américaine, et, ce faisant, au projet américain (d’asservissement total du Moyen-Orient). Bien sûr, il y a encore de grands défis que doivent relever l’Irak et le peuple irakien, à savoir faire face à l’influence américaine qui prend de nouvelles formes, sur la voie de la liberté, de l’indépendance et de la souveraineté authentiques. […]

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Source : Le Cri des Peuples
https://lecridespeuples.fr/…