Par l’ONG Who Profit

L’ONG israélienne Who Profits dénonce la construction d’un pipeline de dérivation des eaux de source aux abords du village palestinien de Bardala, au Nord de la Vallée du Jourdain.

Ce pipeline, à destination des colonies voisines, contourne soigneusement les communautés palestiniennes sises sur ce territoire, privées d’accès à ces eaux.

Le contrôle de cette ressource revêt une importance géopolitique majeure, en particulier dans ce contexte d’occupation prolongée. Le vol des eaux palestiniennes et syriennes par l’occupant a contribué à l’expansion de la production agricole des colonies illégales. A contrario, les communautés occupées se voient refuser le droit de contrôler l’eau et les autres ressources naturelles de leur sol, ce qui entraîne leur dé-développement. Ces mesures s’inscrivent dans la politique d’apartheid menée par Israël.

Le village de Bardala est dans une région riche en eaux souterraines, sources et puits et qui représente environ 28,5% de la Palestine occupée. Elle est depuis longtemps une cible privilégiée pour le secteur agricole israélien en raison de ses avantages climatiques, ses terres fertiles et ses cours d’eau. Bardala a été relié au réseau national des eaux israélien, géré par la compagnie israélienne Mekorot, en 1975 et est depuis à sa merci.

Bien que trois puits soient situés sur le territoire palestinien, Israël empêche les résidents d’en extraire l’eau. Celle-ci bénéficie aux colons, qui s’enorgueillissent de leurs plantations verdoyantes tandis que les Palestiniens de la vallée du Jourdain ont accès à seulement 20 litres d’eau par personne et par jour en moyenne.

Mais le projet de Bardala n’est qu’un parmi tant d’autres. De nombreux pipelines de dérivation des eaux sont prévus dans diverses villes palestiniennes. Ces projets fonctionnent en tandem avec un complexe réseau de routes de contournement qui ne cesse de se développer, assurant à Israël le contrôle des infrastructures et des ressources palestiniennes. De ces politiques résulte un véritable « apartheid de l’eau ». Les colons israéliens bénéficient d’un approvisionnement continu en eau tandis que les Palestiniens se voient refuser collectivement leur droit à l’eau par un ensemble de politiques et de pratiques discriminatoires institutionnalisées.

Piscine dans la colonie d’Ariel

Israël utilise ce contrôle sur l’eau dans le cadre de ses politiques de contrôle et de déplacement forcé. Via Mekorot, l’occupant ne fournit que le minimum d’eau nécessaire, et parfois même coupe l’approvisionnement de collectivités entières. Selon un rapport d’Amnesty International, les colons reçoivent en moyenne quatre fois plus d’eau que les Palestiniens, soit 300 litres par jour et par personne environ. La consommation de ces derniers est estimée à 70 litres par jour et par personne. C’est loin des 100 litres recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé. Le rapport souligne également que certaines communautés palestiniennes n’ont accès qu’à 20 litres par jour et par personne. Cela correspond au minimum absolu recommandé par l’OMS. En revanche, les colonies de la vallée du Jourdain et de la mer Morte reçoivent jusqu’à 18 fois plus d’eau pour l’agriculture que les exploitations palestiniennes de Cisjordanie.

Après l’occupation israélienne de la Cisjordanie, de Gaza et d’Al Quds/Jérusalem-Est en 1967, Israël a émis des ordres militaires par lesquels toutes les ressources en eau palestiniennes sont devenues « propriété publique », peu importe qu’elles aient jusque-là appartenu à des municipalités ou des particuliers. Il faut désormais aux Palestiniens un permis israélien pour extraire l’eau de leur puits.

Mekorot et les autorités israéliennes concernées ont étendu les infrastructures préexistantes, creusant et forant pour détourner toujours plus d’eau à destination des colonies illégales.

Détournement de l’eau palestinienne

Le contrôle de l’eau en Palestine occupée a été entériné comme suit par les accords d’Oslo :
l’Autorité Palestinienne est responsable de la distribution de l’eau (et des installations inhérentes à cette tâche) dans les zones A et B, tandis qu’Israël en est responsable- pour les communautés palestiniennes comme pour les colonies- dans la zone C. Un Comité Mixte pour l’Eau a également été mis en place, composé pour moitié d’Israéliens et pour moitié de Palestiniens. Il est chargé de superviser la gestion des aquifères partagés et la distribution de l’eau en Cisjordanie et à Gaza. Toutefois, comme l’a noté la Banque mondiale, « il ne peut pas fonctionner comme une institution de gestion « conjointe » en raison d’asymétries fondamentales ». Pour preuve, en 2009 118 projets palestiniens étaient en attente d’approbation, dont certains depuis 1999. S’ils avaient été approuvés, ces projets auraient bénéficié à près de 2 millions de personnes. A contrario, tous les projets israéliens, à une exception près, ont été approuvés. En outre, les projets israéliens qui extraient l’eau d’aquifères partagés hors de la Ligne verte, ne sont pas soumis au comité pour approbation. Mais surtout, le contrôle total d’Israël sur la zone C, où se trouvent les principales ressources en eau de Cisjordanie, rend cet accord tout à fait caduque.

Les accords d’Oslo stipulent de surcroît que l’AP (Autorité Palestinienne) doit acheter son eau à Mekorot, la rendant ainsi dépendante d’Israël, auprès de qui elle est contrainte de continuer à s’endetter. L’occupant ayant la main-mise sur les ressources comme sur les infrastructures, il est libre de dicter ses termes. Ainsi, les Palestiniens payent l’eau huit fois plus cher que les colons israéliens.

C’est dans ce cadre, visant à l’expropriation des ressources naturelles palestiniennes au profit de l’économie d’occupation, que s’inscrit le pipeline de contournement de Bardala. Ce projet consolide l’emprise de la puissance occupante sur les terres et les ressources naturelles palestiniennes. Il est rendu possible grâce à la participation de sociétés privées israéliennes et internationales, notamment grâce à la Herrenknecht AG allemande et à la société basée aux USA CETCO Mineral Technology. Avant la publication du présent rapport, WHo Profits a tenté de contacter ces entreprises, ainsi que toutes les autres mentionnées dans le même rapport, sans succès à ce jour.
Ce pillage est pourtant considéré comme un crime de guerre en vertu du droit international et a un effet négatif sur le développement humain et économique palestinien, conclut l’ONG. »

(Traduit par Sarah V. pour CAPJPO-EuroPalestine)

Source : Whoprofit.com

CAPJPO-EuroPalestine

Source : EuroPalestine
https://europalestine.com/…