Par Andre Damon

Les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et d’autres membres de l’OTAN préparent une nouvelle étape majeure de la guerre États-Unis-OTAN contre la Russie en utilisant leurs navires de guerre pour briser le blocus russe des ports ukrainiens, ce qui créerait les conditions d’une guerre directe entre les forces navales de l’OTAN et de la Russie.

Cette escalade massive des États-Unis et de l’OTAN est présentée comme une «coalition de volontaires», faisant écho aux mots utilisés par le gouvernement Bush pour décrire l’invasion de l’Irak en 2003.

Le général quatre étoiles à la retraite, Jack Keane, président de l’Institute for the Study of War et président d’AM General, le fabricant du véhicule militaire Humvee, a appelé mercredi à la création d’une «coalition internationale de navires de guerre dirigée par les États-Unis» pour assurer le contrôle de la mer Noire.


Le général Jack Keane appelle à une «coalition de volontaires»

«Nous (…) allons au port d’Odessa et laissons les navires (…) ramasser les céréales qui doivent être ramassées et les escorter en dehors de la zone», a déclaré Keane à Fox News.

«L’autre risque est que la marine russe est là. Ils pourraient voir cela comme une provocation, et il pourrait y avoir une confrontation».

Il a déclaré que «le risque était tout à fait tolérable pour que cela soit fait».

Keane a développé les commentaires de l’amiral James Stavridis, qui a déclaré au début du mois que la mer Noire serait «le prochain grand front de la guerre en Ukraine».

En réponse à une version antérieure des remarques de Keane, le Wall Street Journal a publié un éditorial intitulé «Briser le blocus ukrainien des céréales imposé par la Russie» (Breaking Russia’s Ukrainian Grain Blockade). Il déclarait: «Une mission en mer Noire pour escorter les navires commerciaux pourrait être nécessaire pour éviter une pénurie alimentaire mondiale».

Le Journala approuvé avec enthousiasme la proposition de Keane et a écrit:

La mission consisterait à former une coalition internationale de navires de guerre pour escorter les navires commerciaux en toute sécurité hors d’Odessa et de la mer Noire. Il s’agirait d’une coalition de volontaires, et non d’un projet de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord qui permettrait à Poutine de prétendre qu’il s’agit d’une autre provocation de l’OTAN.

Le Journala ajouté:

Il y a des risques militaires. … Certains critiques prétendront qu’une mission d’escorte serait trop risquée et constituerait une version navale d’une «zone d’exclusion aérienne». Mais c’est très différent… Aucun engagement militaire ne serait nécessaire si la Russie n’interfère pas.

Techniquement, on pourrait dire cela de tout conflit militaire. Si l’armée adverse dépose simplement les armes, aucun combat ne sera nécessaire.

Bien sûr, malgré les assurances optimistes de Keane sur le «risque tolérable», l’idée que la Russie reste simplement sans rien faire pendant que les navires américains et britanniques brisent son blocus est hautement improbable.

Dans presque tous les scénarios imaginables, cette opération pourrait rapidement se transformer en une bataille navale majeure, tout comme une «zone d’exclusion aérienne» est synonyme de guerre ouverte et directe entre la Russie et l’OTAN.

Ne prenant même pas la peine de cacher son cynisme, le Journala clairement indiqué que cette escalade majeure serait «mieux planifiée et présentée comme étant une opération humanitaire». En d’autres termes, une guerre directe entre les deux plus grandes puissances nucléaires serait «présentée» comme un moyen de mettre un terme à la faim dans le monde.

Le langage de Keane et du Wall Street Journalcorrespond parfaitement à la rhétorique des responsables américains et de leurs alliés impérialistes.

S’exprimant au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, mardi, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a accusé la Russie de bombarder les infrastructures alimentaires ukrainiennes et d’«accumuler ses propres exportations alimentaires comme une forme de chantage». Elle a déclaré: «retenir les approvisionnements pour augmenter les prix mondiaux, ou échanger du blé contre un soutien politique. C’est utiliser la faim et les céréales pour exercer un pouvoir».

Le secrétaire d’État Antony Blinken a accusé la Russie de mener «un effort délibéré» pour miner les approvisionnements alimentaires mondiaux.

Blinken a déclaré: «L’armée russe a bloqué à plusieurs reprises le passage sûr vers et depuis l’Ukraine en fermant le détroit de Kerch, en renforçant son contrôle sur la mer d’Azov, en stationnant des navires de guerre au large des ports ukrainiens. Et la Russie a frappé les ports ukrainiens à de multiples reprises».

Il a ajouté: «L’approvisionnement alimentaire de millions d’Ukrainiens – et de millions d’autres dans le monde – a été littéralement pris en otage par l’armée russe».

En début de semaine, le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a annoncé que les États-Unis fourniraient à l’Ukraine des missiles antinavires Harpoon via un intermédiaire, le Danemark. Le Harpoon est l’armement antinavire standard de la marine américaine, capable de couler de grands navires de guerre.

Vendredi, Anton Gerashchenko, conseiller au ministère ukrainien de l’Intérieur, a tweeté que «les États-Unis préparent un plan pour détruire la flotte [russe] de la mer Noire» dans le cadre d’un «plan pour débloquer les ports». Il a poursuivi: «Des livraisons d’armes antinavires puissantes (Harpoon et Naval Strike Missile d’une portée de 250 à 300 km) sont en cours de discussion».

Le mois dernier, les États-Unis ont fourni à l’Ukraine des renseignements qui lui ont permis d’attaquer et de couler le croiseur lance-missiles russe Moskva, le navire amiral de la flotte russe de la mer Noire.

Les premiers pays à approuver officiellement l’opération navale dirigée par l’OTAN en mer Noire ont été la Lituanie et le Royaume-Uni. Lundi, le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, a appelé à la mise en place d’un plan pour briser le blocus, déclarant: «Nous aurions besoin d’une coalition de pays volontaires disposant d’une puissance navale importante pour protéger les voies de navigation et les pays concernés».

Le Guardianrapporte que la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a approuvé cette proposition, qui prévoit notamment de «déminer le port et de fournir à l’Ukraine des armes à plus longue portée pour défendre le port contre les attaques russes».

Les plans actuellement discutés marqueraient une nouvelle escalade significative de la guerre, soulevant la possibilité que des navires de guerre de l’OTAN et de la Russie se tirent dessus ainsi que l’invocation de l’article 5 de l’OTAN et l’abandon de toute retenue sur le conflit, ce qui aurait des conséquences catastrophiques pour toute l’humanité.

(Article paru en anglais le 26 mai 2022)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…

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