Conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 29 mars 2022.

Source : Ministère de la défense russe

Point de situation en Ukraine

[…] L’opération militaire spéciale menée par les forces armées russes se poursuit en Ukraine. Elle se déroule en parfaite conformité avec le plan, tel que cela a été annoncé par les autorités du pays. Le Président russe Vladimir Poutine a souligné que ses objectifs seront remplis.

Les militaires russes font tout pour éviter des victimes parmi la population civile – ils n’attaquent pas les sites civils, ouvrent tous les jours des couloirs humanitaires, aident les gens à quitter les régions dangereuses. Au 28 mars 2022, depuis le début de l’opération, 469.000 personnes, dont 97.000 enfants, ont été évacuées d’Ukraine, des républiques populaires de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL). 9.500 sites d’hébergement temporaire de réfugiés travaillent sur le territoire russe. La Russie organise l’acheminement d’aide humanitaire dans les républiques du Donbass et de l’Ukraine, des produits de première nécessité, des médicaments, de la nourriture. Plus de 5.000 tonnes de fret humanitaire russe ont été livrées depuis le 2 mars.

Bien que les citoyens ukrainiens aient besoin d’urgence d’aide humanitaire, les pays occidentaux augmentent les livraisons de différentes armes en Ukraine, et non de fret humanitaire. Notamment des armes d’infanterie, des missiles guidés antichars, des lance-missiles sol-air portatifs, des munitions et des équipements. Tout particulièrement les États-Unis, qui ne lésinent pas sur les dépenses à ces fins à hauteur de milliards de dollars. La Pologne joue le rôle de point de transit. Les unités armées ukrainiennes utilisent les armes occidentales pour bombarder des communes et tuer des civils. Donetsk, Makeïevka, Gorlovka, Iassinovataïa, Dokoutchaïevsk – ces villes et d’autres du Donbass sont régulièrement bombardées par les militaires ukrainiens avec des armements lourds, dont les missiles Tochka-U. Mais l’Occident ne le remarque pas en principe.

L’attitude des néonazis ukrainiens envers les civils continue d’horrifier. Des gens sont pris en otage, ils sont utilisés comme boucliers humains, on les empêche de quitter les zones des hostilités.

Nous avons appris récemment que les radicaux du « mejlis du peuple tataro-criméen » menaçaient à distance les Tatars de Crimée qui vivent dans la région de Kherson libérée. Ils forcent les gens à organiser des manifestations antirusses menaçant leurs proches et enfants qui restent sur le territoire contrôlé par le régime de Kiev.

L’attitude des néonazis envers les Russes et les citoyens des RPD et RPL faits prisonniers a terrifié le monde entier. C’est en ce qui concerne les démocraties contemporaines. Des images sinistres des cruautés des combattants ukrainiens ont fait le tour du monde, ils ne maltraitent pas simplement les militaires russes, ils montrent toute leur nature barbare. Ils leur tirent dans les jambes sans leur apporter une aide médicale. Une cruauté animale qui dégénère en sadisme. Cela apporte de la satisfaction aux combattants ukrainiens. Tous les crimes de guerre sont minutieusement consignés et les coupables seront traduits en justice.

Pas besoin de feindre que ce que tout le monde a vu sur ces images n’est jamais arrivé. J’ai lu de nombreuses publications de blogueurs et de journalistes. Ils disent que la guerre « déshumanise ». Non. Ces extrémistes et combattants sont inhumains depuis longtemps. Ce processus et son soutien par l’Occident (moral, politique, matériel, militaire) ont conduit à la situation actuelle. C’est précisément ce qu’ils faisaient pendant huit ans sur le territoire de Donetsk et de Lougansk: ils enterraient des gens vivants, tuaient des enfants, retenaient la population civile dans les sous-sols. Les miliciens qui se retrouvaient entre leurs mains comprenaient à leurs dépens ce qu’est le sadisme et la véritable cruauté animale des bataillons nationalistes ukrainiens. On ne s’en prenait pas à eux parce qu’ils participaient aux activités militaires. C’était une vengeance parce qu’ils ne s’étaient pas soumis à l’idéologie nationaliste, n’avaient pas prêté allégeance à ceux qui étaient désignés comme ennemis selon la décision du tribunal de Nuremberg. Ils ne s’étaient pas inclinés devant le mal et défendaient ce qui était toujours considéré (et consigné sur le papier dans les documents juridiques) comme juste, vertueux et digne.  

Nous assistons à une situation scandaleuse avec quatre collaborateurs d’une filiale de Rosatom qui ont livré un chargement spécial à la centrale nucléaire de Rovno conformément aux engagements contractuels. Depuis plus d’un mois ils sont revenus par les autorités ukrainiennes dans un wagon ferroviaire sur le territoire de la centrale. Nous exigeons de l’Ukraine de libérer nos citoyens et leur retour sûr en Russie. Nous appelons l’AIEA à apporter sa contribution en ce sens.

Les ambassades ukrainiennes continuent de recruter des volontaires et des mercenaires pour participer aux hostilités (nous l’avons dit à plusieurs reprises). Les autorités des pays où un tel recrutement a lieu ferment les yeux là-dessus en violation des normes internationales, notamment de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961, dont l’article 41 interdit d’utiliser des représentations diplomatiques à des fins incompatibles avec leurs fonctions. Si c’est normal, que ces pays nous le disent directement. Ou même publiquement pour qu’ensuite ils ne puissent pas revenir sur leurs propos, comme c’est généralement le cas. S’ils pensent que les ambassades ont le droit de faire du recrutement, qu’ils le disent ouvertement pour que les citoyens de ces pays et d’autres le sachent aussi. Il ne faudra pas alors s’étonner des processus qui se produiront ensuite en masse après de telles révélations.

Les négociations entre les délégations russe et ukrainienne se déroulent depuis un mois, le 28 février. À l’ordre du jour: la neutralité permanente, le statut de non-alignement et les garanties de sécurité de l’Ukraine, sa démilitarisation, dénazification, la reconnaissance des réalités territoriales actuelles, le rétablissement du statut du russe et des droits de la population russophone.

En d’autres termes, il est question d’un retour de l’Ukraine aux origines de sa structure étatique fixée dans la Déclaration de souveraineté de 1990. Nous espérons que pendant le prochain volet de négociations à Istanbul la délégation ukrainienne fera preuve d’une approche constructive.

Ces huit dernières années, les habitants du Donbass souffraient des bombardements, du blocus et du génocide, et le peuple ukrainien souffrait de la discrimination et des sévices du régime nationaliste. Aujourd’hui l’Ukraine n’a pas besoin des fournitures d’armes occidentales, mais d’une aide humanitaire et d’un progrès aux négociations pour parvenir à la paix et à la stabilité, pour que cet enfer de plusieurs années se termine. Personne ne pourrait prétendre que ces huit années n’ont pas eu lieu. […]

Sur la situation du transport de marchandises à la frontière polono-biélorusse

Ces derniers temps, le ministère russe des Affaires étrangères reçoit un grand nombre de demandes liées aux problèmes de transport routier à la frontière polono-biélorusse, notamment une lettre du directeur général de l’Association des transporteurs routiers internationaux Andreï Kourouchine et des plaintes des transporteurs eux-mêmes.

Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir, en essayant d’interagir avec la partie polonaise. Précisément « en essayant ». Varsovie a tout fait pour que cette interaction ne soit pas mise en œuvre. Nous avons annoncé à l’ambassadeur de Pologne à Moscou Krzysztof Krajewski l’inadmissibilité de bloquer la circulation des camions en provenance de Russie au passage de la frontière de Koroszczyn. Nous avons rapidement envoyé une note au ministère polonais des Affaires étrangères avec une demande de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la restriction illégale du passage du transport routier russe.

La situation s’était améliorée pendant un certain temps, mais maintenant, grâce aux efforts des manifestants bloquant le passage et l’inaction des autorités polonaises, les files de camions se sont allongées sur plusieurs kilomètres, et nous ne parlons pas seulement de trains routiers avec des plaques d’immatriculation russes et biélorusses, mais aussi de tout autre transport de marchandises en provenance de Pologne vers la Biélorussie et la Russie.

Malheureusement, compte tenu du nihilisme juridique (en fait, il s’agit d’un mépris absolu des règles légales régissant les relations bilatérales) des autorités polonaises et la volonté d’agir au détriment même de leurs propres affaires, on peut s’attendre à divers scénarios décevants de l’évolution de la situation du transport routier international à la frontière polono-biélorusse. Bien que nous aimerions éviter cela. Tous les signaux exprimés et incorporés dans les documents concernés ont été transmis à Varsovie.

Sur démantèlement d’un monument aux soldats libérateurs soviétiques en Pologne

23 mars 2022 en Pologne un monument aux soldats-libérateurs soviétiques installé dans le village de Chrzowice (voïvodie d’Opole) en 1949 sur le site de la mort de 620 soldats de l’Armée rouge du 1er Front ukrainien, a été démantelé.  

Ce n’est pas la première fois que nous assistons à ce phénomène honteux: la guerre contre les monuments soviétiques en Pologne. Il semble que le ministre polonais de la Défense ait dit un jour que les Ukrainiens avaient libéré Auschwitz, parce que c’était le front ukrainien. Ensuite, cet argument était utilisé par Varsovie (comme cela leur a semblé avec une logique si douloureuse). Maintenant, malgré le fait que nous parlions d’un monument aux soldats de l’Armée rouge du front ukrainien, cet argument ne fonctionne pas. C’est au-delà de la logique erronée. Il n’y en a pas.

Le régime de Kiev n’a peur d’aucun mensonge. Le président Vladimir Zelenski, s’adressant aux parlementaires de divers pays, racontait comment son pays aime les héros de la Seconde Guerre mondiale et de la Grande Guerre patriotique, les honore sacrément, et qu’en Ukraine il n’y a pas de nazisme. Où est l’Ukraine maintenant? Ils voient ce qui se passe. Jamais ils n’ont élevé la voix, n’ont pas envoyé de protestations, n’ont pas soulevé cette question par rapport à aucun monument érigé en Europe (par exemple, orientale) et dédié à la mémoire notamment d’Ukrainiens ethniques. Certainement pas. Exactement comme maintenant.

Tout ce dont Vladimir Zelenski et ses représentants essaient maintenant de parler est un mensonge. Cela est fait juste pour raconter aux parlementaires du monde entier un autre « conte de fées » sur la façon dont l’Ukraine combat le néonazisme, ses diverses manifestations, ne tolère pas le fascisme, etc. Comment combat-on ? Vous ne vous êtes battus pour aucun monument. Pas pour un seul monument ils n’ont pris la peine de se lever de leur place dans les ambassades d’Ukraine dans les pays où cela se produisait, juste pour s’assurer qu’ils sont en sécurité.

Nous l’avons fait. Nous n’avons jamais rejeté la responsabilité sur autrui. Nous comprenons que c’est la mémoire de nos ancêtres. L’Ukraine n’a jamais protesté contre la démolition ou la profanation de monuments à ses héros, qu’ils appellent maintenant ainsi en paroles seulement devant la communauté occidentale. En fait, dans leur âme, dans leur cœur et dans les réalités de leur propre vie, ils n’ont jamais été considérés comme des héros. Silencieusement et vicieusement détestés. Ensuite, ils ont démoli les mêmes monuments, bas-reliefs, les ont recouverts de peinture et les ont échangés contre Bandera et Choukhevitch. Ce sont les vrais idéologues du néonazisme moderne en Ukraine.  

Tout ce qui se fait actuellement en Pologne est une violation des accords bilatéraux existants et des normes de société civilisée. Il suffit de dire que sur 561 sites commémoratifs inclus en 1997 avec la partie polonaise dans la « Liste des lieux commémoratifs des défenseurs soviétiques de la patrie tombés sur le territoire de la Pologne », une centaine seulement a survécu jusqu’à présent. L’Occident collectif (tous ensemble et séparément) a failli à ses obligations, aux principes de respect de la loi en tant que telle. Il existe de nombreux exemples.

 Le démantèlement de Chszowice s’est déroulée sous une forme particulièrement laide – ils ont essayé de donner à l’événement un maximum de « solennité »: la destruction du monument a été retransmise en direct, en présence de responsables polonais. J’entends beaucoup d’arguments en leur faveur, car la Russie mène une opération militaire spéciale. Apparemment, si cela n’avait pas été fait, rien de tout cela ne serait arrivé. Si! C’est juste qu’ils l’auraient fait « discrètement », par l’intermédiaire de quelques monstres et barbares sous le couvert de la nuit, comme toujours, sans trouver ceux qui ont profané ou démoli le monument.

Maintenant, ils sont sortis de l’ombre. Ils le font non seulement ouvertement, mais solennellement, devant les caméras. Probablement pour une fixation historique, de sorte que plus tard, il soit impossible de les qualifier de « voyous ». Ce ne sont pas des hooligans, mais le point de vue officiel. Maintenant nous voyons tout. Si quelque chose a changé, c’est que le secret a éclaté au grand jour. Ce qui était soigneusement caché et à quoi on essayait de donner un « flair civilisé » a fait surface sous une forme aussi terrible et disgracieuse.

 Karol Navrotsky, directeur de l’Institut de la mémoire nationale, structure responsable de la « politique historique » actuelle de la Pologne, qui a dirigé l’action (la démolition solennelle du monument aux soldats de l’Armée rouge du 1er Front ukrainien), a expliqué que ces monuments « glorifient le totalitarisme », et les étoiles rouges « symbolisent les crimes du régime communiste » qui « avec la croix gammée allemande est responsable du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale ». « Il n’y a pas de place pour une étoile rouge dans l’espace public d’une Pologne libre, indépendante et démocratique », a déclaré Karol Navrotsky.  

Mais ni lui ni d’autres « responsables » polonais ne se sont souvenus de l’essentiel: s’il n’y avait pas des gens avec des étoiles rouges, dont des centaines de milliers sont morts dans des batailles contre le nazisme à Chrzowice et dans d’innombrables autres villes polonaises, villages et sur la terre polonaise, alors ils n’y auraient pas aujourd’hui d’une « Pologne libre, indépendante et démocratique », eux-mêmes n’existeraient probablement pas. Tout cela au prix de la vie de nos héros. Comme c’était toujours le cas.

Au début, ils ont nourri des monstres avec des « démocraties civilisées » collectives. Ensuite, nos gars sont venus et ont combattu ces monstres.

Hitler n’est-il pas arrivé au pouvoir démocratiquement, comme l’affirment les chroniques? Démocratiquement. Il était fier de la démocratie dans les années 1930 en Allemagne. Il a été soutenu par le peuple allemand avec des écussons, des saluts nazis, l’imposition du culte du fascisme et de la logique de haine – avec tout ce qui est en principe inacceptable non seulement pour une personne civilisée, mais pour une personne en général. Toute l’Europe l’a applaudi, il a été glorifié et aimé. Incité à attaquer l’Est et accepté en Occident. Puis vinrent ceux qui sont maintenant accusés de tout. Comme dans les années 1930 et 1940, toute cette action criminelle était « brassée » en Occident, et devait être ratissée à l’Est. Et la même chose se passe maintenant. Ils ont simplement élevé des monstres sur le territoire de l’Ukraine.

 Cela semblait être un plan merveilleux. Après tout, personne ne pensait qu’en Ukraine, qui était couverte de sang à cause des atrocités des nazis et de leurs collaborateurs, quelque chose de pareil pouvait se produire.

Le président Vladimir Zelenski a déclaré que lui-même, étant un représentant du peuple juif, qui sait ce qu’est l’Holocauste, ne peut pas permettre qu’une telle chose se produise. Bon déguisement. Que voit-on aujourd’hui? Les images d’abus de prisonniers. Cela ne se fait pas en une seconde. Cela se manifeste lorsque c’est profondément ancré chez les personnes qui commettent de tels actes. L’histoire se répète. Cela a été évoqué à maintes reprises. Il faut travailler sur ses erreurs. Pendant huit ans (et avant 2014 également), nous mettions en garde contre le monstre qu’on élevait et nourrissait sur le territoire de l’Ukraine moderne. Nous avons averti que cela se transformerait en effondrement.

Les gens qui ont ensuite érigé des monuments aux soldats de l’Armée rouge sur le territoire de la Pologne comprenaient à qui ils érigeaient ces monuments – à ceux qui les ont libérés au prix de leur vie et des générations non nées dans notre pays. Et leurs petits-enfants, les citoyens de la Pologne qui ont été sauvés et libérés, n’avaient ni mémoire historique ni sentiments humains élémentaires – gratitude, dignité et décence –  n’hésitent pas à commettre des actes odieux en direct dans une atmosphère solennelle.

Sur l’anniversaire de la fin de la bataille de Rjev pendant la Grande Guerre patriotique

La bataille de Rjev s’est déroulée dans la zone de la saillie de Rjev-Viazemski du 8 janvier 1942 au 31 mars 1943 et regroupait quatre opérations offensives stratégiques des troupes soviétiques des fronts Ouest et Kalinine pendant la Grande Guerre patriotique. Ses principaux objectifs étaient la destruction des principales forces du centre du groupe d’armées allemand, la libération de Rjev, Sytchovka, Viazma, et ainsi l’élimination de la saillie de Rjev-Viazemski (tête de pont des troupes allemandes).

Rjev a été libérée le 3 mars 1943 par les troupes de la 30e armée du Front Ouest. Le jour de la libération, dans la ville détruite avec une population d’avant-guerre de 56.000 habitants, il restait 362 personnes, dont des prisonniers de l’église d’intercession. En quittant Rjev, les nazis ont rassemblé presque toute la population survivante de la ville – 248 personnes – dans l’église d’Intercession de la rue Kalinine et ont miné l’église. Pendant deux jours dans la faim et le froid, entendant des explosions dans la ville, les habitants de Rjev s’attendaient à la mort chaque minute, et ce n’est que le troisième jour que les sapeurs soviétiques ont retiré les explosifs du sous-sol, trouvé et désamorcé la mine. Jusqu’à fin mars, la ligne de front s’est éloignée de Moscou de 130 à 160 km supplémentaires.

Cela ne vous rappelle rien? L’idéologie est la même – rassembler des civils, les traîner dans les sous-sols, les forcer à entrer dans des abris. Déployez du matériel et, sous prétexte de libérer des civils, cachez-vous derrière leur dos et combattez. La même logique. Lorsque les forces armées d’un pays protègent leur population, la première chose qu’elles font est de dire aux gens d’utiliser les couloirs humanitaires et d’assurer la sécurité. C’est alors que les forces armées, et non le peuple, sont infectées par le « bacille » néonazi. C’est un fait. Cela n’a rien à voir avec les émotions et le point de vue. Vous pouvez le montrer à la télévision de différentes manières. C’est ce qu’ils font sur les chaînes mondiales.

La bataille de Rjev était l’une des batailles les plus sanglantes de la Grande Guerre patriotique. Selon les données officielles, les pertes soviétiques dans les batailles près de Rjev s’élevaient à plus d’un million de personnes (dont environ 400.000 tuées, décédées des suites des blessures, portées disparues et capturées).

La bataille de Rjev a bloqué les grandes forces du groupe d’armées Centre, les a saignées, attirant les réserves allemandes d’autres fronts. Les actions actives de l’Armée rouge ont permis de perturber un certain nombre d’opérations offensives majeures de l’ennemi.

Par décret du Présidium du Soviet suprême de l’URSS du 2 mars 1978, la ville de Rjev a reçu l’Ordre de la guerre patriotique, Ier degré, pour le courage dont elle a fait preuve dans la lutte contre les envahisseurs nazis lors de la Grande Guerre patriotique. Par décret du président de la Fédération de Russie n°1345 du 8 octobre 2007, la ville de Rjev a reçu le titre honorifique de « Ville de la gloire militaire ».

Le 30 juin 2020, dans la région de Tver, avec la participation des présidents russe et biélorusse Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko, a eu lieu l’inauguration du Mémorial Rjev au soldat soviétique – un complexe commémoratif dédié à la mémoire des soldats soviétiques tombés au combat près de Rjev en 1942-1943. J’y étais cette année. Je conseille fortement à tout le monde de le visiter. Il est extrêmement important de comprendre notre histoire. Il y a un merveilleux musée là-bas – petit, mais ce sera suffisant pour comprendre ce qui s’y est passé. […]

Réponses aux questions:

Question: Comment pourriez-vous commenter les déclarations provocatrices et menaçantes du député de la Douma d’État Mikhaïl Deliaguine à l’encontre de l’Azerbaïdjan?

Réponse: J’ai remarqué que le secrétaire de presse du Président de la Fédération de Russie Dmitri Peskov a déjà fait des commentaires à ce sujet. Nous sommes entièrement solidaires avec son avis. Nous considérons que de tels commentaires sont absolument inadmissibles et irresponsables. En aucun cas ils ne reflètent la position officielle des autorités de la Russie, visant à établir une collaboration alliée et un partenariat stratégique avec Bakou. Nous sommes persuadés que les dirigeants de la Douma d’État russe évalueront d’une manière appropriée les déclarations de Mikhaïl Deliaguine.

Question: Que pouvez-vous dire sur le nouveau document doctrinal politico-militaire « Boussole stratégique » approuvé par les dirigeants de l’UE le 25 mars de cette année?

Réponse: La doctrine de sécurité et de défense de l’UE approuvée le 25 mars que Bruxelles a qualifié de « Boussole stratégique ». Objectivement, cela ne constitue pas une stratégie à part entière et ne peut pas servir de vrai navigateur fiable dans un environnement géopolitique compliqué.

Il s’agit d’une autre preuve de la réticence de l’UE à analyser objectivement les causes de la dégradation de la situation dans le domaine de la sécurité européenne et à déterminer les moyens de sa normalisation.

Dès la première ligne l’escalade de confrontation croissante avec la Russie, dont les activités sur la scène internationale sont déclarées comme une « menace directe à long terme pour la sécurité internationale », est annoncée. Même cette déclaration est déconnectée de la réalité. Nous sommes l’Europe. Consultez la carte: quelle partie de notre pays est européenne par rapport à celle occupée par les pays de l’UE. C’est par là qu’il faudrait commencer. L’Union européenne essaie de nouveau de rejeter la majorité des défis et des problèmes auxquels elle est confrontée sur notre pays. Ils ne jugent pas nécessaire de rendre hommage au rôle et à la place de la Russie sur le continent européen, de reconnaître la légitimité de nos intérêts dans le domaine de la sécurité. Les circonstances de l’aventure militaire de Mikhaïl Saakachvili qui a attaqué l’Ossétie du Sud en août 2008 ont été déformées au point d’être méconnaissables. Les circonstances du coup d’État anticonstitutionnel de Kiev et la libre expression de la volonté démocratique des Criméens en faveur de la réunification avec la Russie en 2014 ont été dissimulées. Il s’agit tout simplement d’un miroir déformé. Le rôle stabilisateur des gardiens de la paix en Transnistrie est également passé sous silence tandis que Bruxelles n’hésite pas à « couvrir » ses protégés à Kiev qui au cours de longues huit années sabotaient la mise en œuvre des Accords de Minsk sur le règlement du conflit au Donbass et caressaient des projets de son « nettoyage » militaire et de force.

Il existe une tendance à militariser l’Union européenne et à la fusionner avec les États-Unis et l’Otan (si autrefois nous disions « frères jumeaux », aujourd’hui l’Otan a déjà « absorbé » l’Union européenne au sens idéologique, tout en politisant l’agenda de l’organisation qui a surgi en tant qu’une communauté économique), que le document déclare être les partenaires stratégiques les plus importants et les plus fiables de Bruxelles. Ainsi, un autre pas a été fait vers la dévalorisation des ambitions déclarées à plusieurs reprises par les dirigeants de l’UE d’accroître leur propre « autonomie stratégique ». L’incohérence entre cette affirmation et le fait que l’UE suit l’exemple de Washington sur la majorité des thèmes régionaux, ce n’est que l’une des contradictions dont la « boussole » abonde. Bruxelles affirme qu’au XXIe siècle le recours à la force n’a plus sa place, mais en même temps ils misent sur l’alimentation en armes létales dans des pays tiers et la création du potentiel militaire de l’UE pour des interventions militaires à l’étranger. Refusant le concept des « zones d’influence » ils fixent tout de suite l’objectif de renforcer leur présence dans des pays voisins à l’est et au sud afin que « personne d’autres ne prennent leur place ». Ils déclarent leur attachement au principe du choix libre par les États des moyens d’assurer leur propre sécurité, mais refusent cette liberté à la Biélorussie alliée.

Force est de constater que la Boussole stratégique que possède maintenant Bruxelles n’a pas réalisé sa mission principale – à savoir fournir une analyse panoramique de la situation politico-militaire autour de l’UE sur tous les azimuts. Il a été victime de l’anomalie antirusse qui est présente dans l’espace de l’UE. Le résultat est un document opportuniste et en grande partie propagandiste. L’aiguille de cette « boussole » est désespérément déréglée. Une tentative de naviguer avec celle-ci dans l’avenir ne mènera l’UE ni à la paix, ni à la stabilité. C’est déjà évident maintenant. Plutôt au contraire, elle conduira à une escalade des tensions, à un approfondissement de la scission sur le continent, ainsi qu’à une perte de sa propre position et influence internationale.

Nous appelons l’Union européenne à renoncer à une approche de confrontation vouée à l’échec à l’égard de la Russie et de nos alliés. Revenir au respect des principes de la Charte des Nations unies et de l’Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe signé à Helsinki en 1975 sur le droit à l’égalité et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ainsi que la coopération entre les États.

Lorsque pour la première fois j’ai vu à la une des journaux que Bruxelles s’était doté d’une « boussole stratégique », j’ai tout de suite pensé à Jules Verne. Rappelez-vous de l’ouvrage merveilleux « Un capitaine de 15 ans »? Là, un voyou portugais a mis une hache sous la boussole du bateau pour se rendre dans un pays où l’on vend des esclaves. En conséquence, le bateau a dévié de sa trajectoire. J’espère que les États-Unis ne mettront pas leur « hache de guerre » sous la « boussole » de Bruxelles afin que l’UE ne s’égare définitivement.  

Question: Comment pourriez-vous commenter l’appel lancé par le porte-parole du Président de la Turquie Ibrahim Kalin à Moscou à renoncer aux recommandations faites à Kiev de reconnaître l’indépendance du Donbass, ainsi que l’adhésion de la Crimée à la Russie?

Réponse: Nous sommes reconnaissants pour le rôle de médiation de la Turquie et des efforts que ses dirigeants étaient prêts à fournir et fournissent pour organiser, entre autres, les négociations russo-ukrainiennes et pour régler la situation en général.

Cependant, à notre avis, cette déclaration ne correspond pas à la médiation annoncée. Ce n’est pas le genre de questions que les représentants turcs devraient commenter.

Question: Le 26 mars, le Président des États-Unis Joe Biden a de nouveau insulté publiquement Vladimir Poutine le traitant de « boucher » et déclarant que le président russe « ne peut pas être au pouvoir ». Le département d’État a déjà expliqué les paroles de Biden par un coup d’émotion et a déclaré que son énoncé ne correspondait pas à la position de Washington, mais cet incident et d’autres ne sont certainement pas favorables à l’interaction entre les deux pays. Comment le ministère des Affaires étrangères va-t-il réagir en cas de nouvelles déclarations de ce genre de la part du dirigeant américain? Envisager-vous la rupture des relations diplomatiques avec les États-Unis s’ils continuent d’entreprendre des démarches inamicales?

Réponse: Tout d’abord nos hauts représentants ont déjà fait des commentaires à ce sujet. L’administration présidentielle a fait une déclaration appropriée. Deuxièmement, c’est étonnant mais ces déclarations ont suscité davantage l’indignation aux États-Unis même. Toutes les heures j’ai vu de nouveaux commentaires des représentants officiels et des personnalités publiques dans les rapports des agences de presse. Des représentants des pays-membres de l’Otan se sont également exprimés sur des tons divers sur l’inadmissibilité de déclarations de ce genre: de la condamnation directe et l’exigence de retirer ses paroles au regret que le Président des États-Unis ne puisse pas contrôler ses émotions.

Je voudrais exprimer l’espoir que de telles « émotions » auxquelles la Maison Blanche et le département d’État ont attribué les déclarations du Président Joe Biden n’aboutiront pas à ce que le président américain commette quelque chose d’irréparable et dangereux pour le monde entier sous leur influence. S’ils disent que c’est une « émotion ».

On commence à se rendre compte qu’elle l’emporte sur la raison, le professionnalisme, la lucidité et la logique. Cependant, de tels états « émotionnels » auraient pu pousser le monde au bord d’une catastrophe.

Les relations bilatérales ont été évoquées de manière exhaustive lors du dernier briefing et dans diverses interviews. En particulier, le vice-ministre des Affaires étrangères de la Russie Sergueï Riabkov a commenté en détails l’ordre du jour.

Nous partons de la nécessité d’un dialogue sous diverses formes, fondé sur les réalités du développement des relations bilatérales. Nous enregistrons systématiquement la manière dont Washington a évolué à différentes étapes (il a commencé dans la phase active quand les démocrates étaient au pouvoir. Ils l’ont fait pendant les deux mandats du Président Barack Obama. Puis leur approche de la destruction des relations bilatérales à subi une « mutation ») en menant une guerre sur deux fronts: au sein de son propre pays avec les républicains et leur président et en même temps avec la Russie. Maintenant avec une nouvelle vigueur ils ont atteint les objectifs qu’ils s’étaient fixés dans les années 2010. Nous l’avons constaté et les avons prévenus où l’on pourrait en venir. S’ils espéraient ou voulaient emprunter ce chemin et aller jusqu’au bout, qu’ils le disent. Nous partons du principe que les relations bilatérales sont développées non pour la beauté ou pour la formalité, mais pour la mise au point des relations entre les peuples des deux pays dans différents domaines où cela pourrait être important, bénéfique, intéressant, utile et nécessaire. Nous avons toujours préconisé cette approche. Même lors des périodes les plus difficiles de la confrontation on réaffirmait notre volonté de bâtir des rapports d’égal à égal avec Washington.

Si le choix des Américains est le même que celui que nous observons maintenant, ce qui conduit de toute évidence à la destruction des relations bilatérales, ils en seront responsables. Ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question sous quelle forme ils prévoient de faire tout cela. C’est à eux.

Question: Un nouveau cycle de négociations entre les représentants de la Russie et de l’Ukraine aura lieu le 29 mars à Istanbul. Pourquoi Istanbul a été choisie comme lieu de la nouvelle réunion des délégations? La Turquie, serait-elle impliquée d’une manière ou d’une autre en tant que troisième partie médiatrice au cours des négociations? Les propos de Sergueï Lavrov sur le manque de confiance en partenaires occidentaux signifient-ils l’expression de confiance de Moscou à Ankara, qui a récemment envoyé des armes et des drones Bayraktar en Ukraine?

Réponse: Je ne me concentrerais pas sur le lieu de négociation. Convenez, ce n’est pas l’essentiel. Au départ il y a eu beaucoup d’exigences de la part de la partie ukrainienne quant à la géographie de ces négociations. Nous n’avons pas eu de tels problèmes. Si c’est crucial pour quelqu’un, c’est uniquement pour les négociateurs ukrainiens. Pour nous, le fait même que des négociations aient été demandées par le régime de Kiev constitue un facteur essentiel et majeur. Du point de vue de la géographie ce ne sont que des détails.

Je voudrais rappeler que les négociations ont débuté sur le territoire de la Biélorussie. Il s’agit ici de la poursuite des négociations en dehors de l’Ukraine et de la Russie. Au début c’était la Biélorussie. Nous sommes très reconnaissants à nos partenaires biélorusses pour leur organisation rapide et fraternelle.

Pourquoi aujourd’hui c’est la Turquie et dans quelle mesure est-ce incompatible avec ces approches. C’est une question de la politique. La politique c’est une « chose » qui réagit à la manifestation de différents facteurs. Mais il y a des choses de principe. Nous ne nous en écartons pas. Je vous rappelle que dans le contexte de la politique occidentale visant à adopter des restrictions contre la Russie, la Turquie à adopté une attitude plus équilibrée et indépendante par rapport aux autres pays. Les partenaires turcs n’ont pas rejoint les sanctions adoptées par les États-Unis et l’Europe à l’égard de la Russie et continuent de respecter les normes du droit international dans les détroits de la mer Noire, malgré les appels de certains pays à les « fermer » aux navires russes, et maintiennent l’espace aérien ouvert pour l’aviation russe. Avec toutes les nuances et sachant que nous n’avons pas partagé l’approche de la Turquie sur la situation en Ukraine sur de nombreux aspects ces dernières années, y compris la Crimée. On en a parlé ouvertement pendant les négociations. D’une manière ou d’autre, à ce jour, cette campagne russophobe n’a pas submergé ni le gouvernement ni le peuple turc. Ils ne partagent pas cette « hystérie » qui se passe en Occident.

C’est également en raison de la politique équilibrée d’Ankara que nous sommes allés dans le sens de nos amis turcs et avons accepté leur offre d’assistance aux négociations avec les Ukrainiens. On espère que nos partenaires turcs nous aideront à rendre la réunion actuelle aussi efficace et efficiente que possible.

Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier également la partie biélorusse pour son aide. Elle a accueilli trois cycles de négociations en présentiel.

Il y a un certain nombre de pays qui proposent leurs services de médiation. Aujourd’hui et demain – le lieu des négociations est Istanbul. Des négociations elles-mêmes se déroulent entre les délégations russe et ukrainienne.

Vous avez posé une question sur la médiation. Il ne s’agit pas de la médiation mais de la mise à disposition d’une plateforme de négociation par la Biélorussie, la Turquie ou d’autres pays. Les questions évoquées, notamment le statut neutre de l’Ukraine, sa démilitarisation et dénazification, le rétablissement du statut officiel de la langue russe et la reconnaissance des nouvelles réalités territoriales, concernent nos deux parties.

Je voudrais vous encourager à vous inspirer des commentaires de Vladimir Medinski et d’autres négociateurs pour comprendre l’évolution de la situation directement dans la salle de négociations.

Question: Le 24 mars, le vice-ministre polonais des Affaires étrangères Marcin Przydacz a déclaré que Varsovie n’excluait pas l’expulsion de l’ambassadeur de Russie du pays. Pour le moment, aucune décision n’a encore été prise à ce sujet. Que pense le ministère des Affaires étrangères de cette déclaration? Est-ce que le ministère des Affaires étrangères a averti la Pologne des conséquences de cette décision? La Russie pourrait-elle imposer des mesures préventives à la mission diplomatique de la Pologne et ces mesures seront-elles symétriques?

Réponse: Depuis des années, la Pologne sabote systématiquement les relations bilatérales, mais récemment, Varsovie a redoublé d’efforts. Ils considèrent qu’il s’agit d’une opportunité à ne pas manquer. Ils ont perdu toute notion de décence et de règles juridiques, comme en témoigne la récente décision de la Pologne de déclarer 45 diplomates russes persona non grata et de bloquer les comptes bancaires de l’ambassade russe à Varsovie, sous un prétexte absurde. Cette phrase de Marcin Przydacz, qu’il a prononcée lors de son interview à RMF-24 répondant à la question sur les prochaines mesures possibles de Varsovie, s’inscrit dans cette logique. Toutefois, comme il l’avait souligné, il ne s’agit pas pour le moment de concrétiser ces mesures. Il s’agit d’une dégradation des relations bilatérales, sans pour autant le consigner de jure, mais de facto…

Ces déclarations ne pourraient s’expliquer que par une profonde russophobie et les problèmes non résolus. Cela dit, dans la diplomatie on connaît bien le principe de réciprocité, auquel nous recourons. Cette situation ne fera pas exception. Nous suivrons le même principe, et aucune démarche hostile de la part de la Pologne ne demeurera sans réponse.

Maintenant, certains médias disent qu’il faut trouver une solution inattendue et que cela ferait réagir l’autre partie, qu’il faut tendre une main d’amitié, qu’il ne faut pas rétorquer et qu’il faut être au-dessus de tout ça ou qu’il faut faire preuve de bonne volonté. Nous en avons déjà fait preuve, sans parler de patience. Nous en avons parlé et publié l’information officielle à plusieurs reprises.

Avant de quitter la Maison Blanche, Barack Obama a décidé de claquer la porte en expulsant un nombre sans précédent de diplomates russes, apparemment pour se venger de l’échec de Hillary Clinton à l’élection présidentielle. À l’époque, nous avons fait un geste de bonne volonté, en faisant preuve de retenue, nous étions au-dessus de ça. Nous n’avons expulsé aucun diplomate de l’Ambassade américaine, au contraire, nous les avons invités avec leurs familles à la soirée du Nouvel An, pour montrer que nous étions capables de fermer les yeux sur des choses négligeables, bien qu’il ne s’agisse pas de choses négligeables. Nous étions conscients que les Américains avaient été motivés par une rancune. Est-ce que leur réaction était favorable? Leur attitude n’a fait que s’aggraver. Apparemment, ils l’ont pris pour de la faiblesse. Ils ont commencé à expulser nos diplomates, à proférer des insultes, à trouver des excuses. Ils ont lancé une campagne entière de propagande, ensuite il y a eu l’affaire Skripal. Et puis, Donald Trump, ému par la photo des pauvres canards que sa fille lui avait montrée, a décidé encore une fois d’expulser des diplomates russes.

À l’exemple des États-Unis, une grande puissance, nous avons montré notre bonne volonté et la capacité de s’élever au-dessus des intérêts individuels, au nom des générations futures et des relations bilatérales. À quel résultat cela a-t-il abouti? Au résultat contraire.

J’ai remarqué une conversation entre Emmanuel Macron et ses électeurs. Un citoyen l’a interpellé sur le prix de l’essence en disant qu’il avait du mal à remplir son réservoir, alors que le Président continuait à leur parler d’Ukraine. C’était une question vitale pour lui. Il a cité en exemple une hausse de prix de 30 centimes qui avait ruiné sa vie.

Donc, j’ai pensé à quel point les Français ordinaires étaient éloignés de la politique de l’Otan, dont la France fait partie, et même de la politique de l’UE. Pour eux, la hausse du prix de l’essence est une chose vitale. Ils ne pensent pas comment les pays comme la Syrie, la Lybie, la Biélorussie vivent depuis des années sous leurs sanctions, et qu’en est-il de Donetsk, Lougansk? L’essence, c’est la dernière chose à laquelle ils pensent. À partir de 2014 (même avant), la Russie subissait des sanctions terribles, mais nous avons tout surmonté, nous avons réussi à substituer les importations sans créer des problèmes et des crises mondiales dans divers domaines. Au contraire, nous avons surmonté toutes les difficultés, tout en maintenant les relations économiques mondiales.

Les citoyens de la France, de l’Allemagne, de la Belgique, des Pays-Bas, de l’Italie seraient profondément bouleversés d’apprendre la douleur, l’amertume et la destruction infligées par les sanctions qu’imposent leurs gouvernements dans différentes régions, où non seulement on voit le prix du pétrole augmenter de 30 centimes, mais où des secteurs entiers d’économie disparaissent, car on doit s’adapter aux nouvelles réalités. Les citoyens de ces pays sont bien protégés contre ces bouleversements par leurs médias qui ne leur en parlent pas.

Question: Le ministère des Affaires étrangères envisage-t-il de convoquer l’ambassadeur des États-Unis John Sullivan suite aux dernières déclarations de Joe Biden?

Réponse: Nous avons convoqué l’ambassadeur et les représentants américains dans différents contextes. On leur expliquait tout cela. Il y a eu notre communiqué du 21 mars sur les propos inacceptables tenus par le président américain. Et avant ça, nous attirions déjà l’attention sur un tel comportement. Cette fois, les propos de Joe Biden ont été désavoués par les représentants américains de tous les niveaux, de la Maison Blanche au Département d’Etat et même au Congres (les deux partis, ce qui est du jamais vu). D’habitude, ils parlent d’une seule voix, quand il s’agit de la russophobie. Pour la première fois j’ai vu une telle désapprobation unanime des propos de leur président, bien qu’il représente l’un des partis. Cette déclaration a été désavouée par les États-Unis eux-mêmes.

Question: Que diriez-vous des propos tenus par le maire de Riga qui a dit que tant que la guerre se poursuivait, la célébration du 9 mai n’était pas possible.

Réponse: Ce n’est pas nouveau. Avant, ils étaient obligés de tolérer cette fête et les rubans de Saint-Georges. Dans le même temps, ils ont interdit les symboles de l’Armée rouge. Maintenant, ils pensent pouvoir aller plus loin et qu’ils ne sont plus obligés de le tolérer. Ils ne partageaient plus la reconnaissance (je parle ici des autorités officielles et des politiciens) que toutes les personnes normales ressentent à l’égard des héros de la Seconde Guerre mondiale et de la Grande Guerre patriotique. Ils le toléraient pour ne pas donner l’impression qu’ils étaient trop nationalistes. Maintenait, ils pensent qu’il est possible d’arrêter de le tolérer, et la situation en Ukraine est juste un prétexte. Le président de la Lettonie, le Premier ministre et le maire de Riga ont pris l’initiative d’interdire la célébration de la journée de la Victoire.

La Lettonie a depuis longtemps la mauvaise réputation d’un pays où on tente de falsifier l’histoire et glorifier le nazisme au plus haut niveau. On relève de nombreux cas de profanation des monuments en hommage à ceux qui ont sacrifié leurs vies dans la lutte contre le fascisme.

Ce sont des restrictions vénéneuses et revanchistes, qui font outrage à la mémoire des victimes de la Seconde Guerre mondiale. Nous nous souvenons de tout. Et ça, nous ne l’oublierons pas non plus! Le fait qu’il n’y ait aucune réaction de la part des institutions internationales n’est pas une nouvelle pour nous. Elles ont été créées pour défendre la liberté d’expression, les intérêts des minorités, la mémoire historique, au lieu de cela, on les instrumentalise afin de servir des intérêts politiques conjoncturels. Leurs représentants ne cherchent même pas à être politiquement désengagés ou au moins impartiaux, sans parler d’être historiquement corrects.

Question: Concernant la réunion du Conseil de sécurité sur les laboratoires biologiques en Ukraine. Il semble que les accusations portées par l’Occident, qui a qualifié les faits présentés par Vassili Nebenzia de désinformation, ont été préparées d’avance. Est-ce qu’on peut considérer que, dans le contexte actuel, l’Organisation des Nations unies est capable de s’acquitter de ses fonctions découlant de la Charte?

Réponse: Je vous demande de ne pas confondre les déclarations des représentants permanents auprès de l’ONU avec celles de l’Organisation elle-même.

En ce qui concerne les déclarations des représentants permanents, notamment des États-Unis et de leurs satellites, leur réaction en dit long. « Ils ont été pris la main dans le sac”, en train de mener des activités militaires et biologiques extrêmement dangereuses et illégales sur le territoire ukrainien, ce qui constituait une menace directe à la Fédération de Russie.

Nous réaffirmons que les faits révélés constituent une violation des articles I et IV de la Convention sur les armes biologiques.

Nous espérons que l’ONU a un rôle clef à jouer dans le règlement de la situation actuelle. Le Conseil de sécurité, notamment, pourrait contribuer de manière significative à la mise en œuvre des articles V et VI de la Convention, en vertu desquels les États parties à la Convention s’engagent à se consulter et à coopérer entre eux pour résoudre tous les problèmes qui pourraient éventuellement surgir quant à l’objectif de la Convention, ou quant à l’application de ses dispositions, et à coopérer dans toute enquête sur d’éventuelles violations de la Convention.

Nous avons souligné à plusieurs reprises que l’efficacité de l’ONU dépendait de la volonté politique de ces membres qui seraient prêts à mettre de côté des attitudes égoïstes et à s’engager dans la coopération fondée sur l’égalité pour régler les questions clés de la modernité. L’Organisation internationale a été conçue comme un système autonome, et pas comme un forum où seul un groupe d’États domine. Ce forum devrait assurer la coopération constructive de tous les 193 États membres.

Malheureusement, l’Occident tente de monopoliser le droit de définir l’avenir de l’humanité, et de remodeler le monde selon ses propres desseins et d’imposer ses valeurs au reste du monde, en faisant passer le mal pour le bien et le bien pour le mal. Cette politique irresponsable est appliquée également dans le cadre de l’ONU, notamment concernant le dossier ukrainien. Outre le sujet des laboratoires biologiques, les pays occidentaux tentent de politiser la question vitale de l’aide humanitaire pour la population de l’Ukraine, c’est ce dont nous avons parlé aujourd’hui.

En exerçant la pression sur les pays en développement, ils sont parvenus à bloquer notre projet de résolution au Conseil de sécurité portant sur l’aide humanitaire et l’évacuation sûre de civils et contenant les formulations convenues.

Ensuite, en utilisant le chantage et les menaces, ils ont fait adopter à l’Assemblée générale une résolution humanitaire, coparrainée par la France et le Mexique, qui regorgeait d’allégations infondées à l’égard de la Russie.

Cependant, une résolution similaire préparée par l’Afrique du Sud, a été retirée de l’examen de l’Assemblée générale à cause de stratagèmes procéduraux. Où est-ce qu’on va? Est-ce qu’on va s’entendre ou se tendre des pièges les uns les autres? C’est ce que fait l’Occident qui nous tend des pièges en créant des situations provocatrices qui n’ont rien à voir avec la politique. Il ne s’agit pas d’un savoir-faire politique ou d’un art diplomatique. Ce sont des provocations directes qui visent à détruire l’ordre mondial et à monopoliser l’ordre du jour international, contre toute logique et tout en comprenant que cela n’ajoute pas de valeur. C’est un exemple récent d’une approche destructive et de comment un petit groupe d’États peut porter atteinte aux activités de l’Organisation qui est un élément clef du système des relations internationales.

L’Occident n’a pas renoncé à l’idée odieuse d’imposer un ordre mondial basé sur des règles, qui prévoit la prise des décisions à travers les mécanismes non inclusifs et en contournant l’ONU. En outre, ses règles sont créées au fur et à mesure par un cercle restreint de personnes, et n’ont rien à voir avec les normes juridiques universellement reconnues et stipulées dans la Charte de l’Organisation. Tout cela pourrait déséquilibrer l’ONU et affaiblir sa crédibilité.

Pour sa part, la Russie continue à défendre, en collaboration avec les autres membres responsables de la communauté internationale, le rôle central de coordination de l’ONU, et à appeler à l’attachement aux principes de sa Charte.

Il s’agit du principe de l’égalité souveraine des États, selon lequel les opinions, les intérêts et les préoccupations de chaque État membre doivent être respectés. Nous accordons une grande importance au droit des peuples à l’autodétermination, au respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté. Cela dit, il est important de comprendre le rapport entre ces principes.

Je citerai ici la Déclaration relative aux principes du droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les Etats conformément à la Charte, qui a été approuvée par consensus en 1970. La déclaration stipule que “le principe de l’intégrité territoriale ne s’applique qu’aux États souverains et indépendants se conduisant conformément au principe de l’égalité de droits et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et dotés ainsi d’un gouvernement représentant l’ensemble du peuple appartenant au territoire sans distinction de race, de croyance ou de couleur.

Est-ce que cela s’applique au gouvernement de l’Ukraine? Bien sûr que non. Comment est-il possible qu’un pays majoritairement russophone puisse adopter une loi limitant l’emploi du russe dans les médias et dans les documents officiels? Donc, on peut penser, parler russe, mais officiellement il est interdit d’utiliser la langue russe. En 1970, cette formulation s’appliquait aux pays non européens. Il était difficile d’imaginer que dans un pays européen, une partie de population puisse être discriminée en raison de leur religion ou de la couleur de leur peau, etc. On l’acceptait dans le contexte de l’ordre mondial colonial qui était en train de s’effondrer. Notez que c’était, en grande partie, grâce aux efforts de l’Union soviétique qui disait que le colonialisme était un phénomène honteux au XXe siècle. Nous souhaitons que tous ceux qui ont retrouvé leur liberté et indépendance grâce à l’Union soviétique, s’en souviennent. Il s’avère qu’aujourd’hui on devrait appliquer ces phrases à l’État qui se présente comme un pays européen, le régime de Kiev, qui a refusé à ses citoyens (il s’agit de ses citoyens, même pas de personnes déplacées) le droit d’utiliser la langue russe. Ce sont des citoyens, des autochtones qui depuis des années défendaient cet État, créaient sa culture, son économie, ses finances, etc. À un moment donné, on commençait à leur dire comment ils allaient vivre. De plus, c’était des personnes qui se faisaient passer pour des représentants légitimement élus. D’autant plus que le monde entier a été témoin à deux reprises d’un coup d’État renversant des représentants légitimement élus. Le gouvernement ukrainien actuel qui pendant huit années faisait subir un génocide aux populations russophones de l’est du pays, va à l’encontre des principes de cette Déclaration.

Nous sommes convaincus qu’afin de régler la crise ukrainienne, notamment le problème du Donbass, il faut se laisser guider par les valeurs onusiennes qui depuis plus de 75 ans demeurent valides. Il faut évaluer de la même façon les évènements de 2014 en Crimée, dont la population, faisant face à une menace réelle d’être exterminée en raison de son origine ethnique après un coup d’État inspiré de l’étranger, a exercé son droit légitime à l’autodétermination.

Question: Le 26 mars, les autorités de la République non reconnue du Haut-Karabakh ont déclaré la loi martiale sur son territoire. Selon les représentants des structures de force russes, les forces militaires azerbaïdjanaises sont entrées dans la zone sous la responsabilité du contingent russe de maintien de la paix au Haut-Karabakh, notamment dans le village de Faroukh (Paroukh). Plus tard, un retrait des forces azerbaïdjanaises a été signalé, mais cette information a été ensuite démentie par l’Azerbaïdjan. Qu’en est-il de la situation réelle dans la zone sous la responsabilité du contingent russe de maintien de la paix? Est-ce qu’il s’agit d’une provocation de la part de l’Azerbaïdjan (peut-être à l’instigation de la Turquie) qui essaie de pêcher en eau trouble pendant que la Russie se concentre sur l’Ukraine?

Réponse: J’ai reçu de nombreuses questions sur ce sujet. Je donnerai une seule réponse exhaustive.

La position de la Russie sur les récents incidents dans la zone de responsabilité de la mission russe de maintien de la paix est inscrite dans la déclaration du 26 mars du ministère russe des Affaires étrangères. Moscou appelle instamment toutes les parties à garantir un cessez-le-feu complet dans la zone de conflit du Haut-Karabakh avec le respect inconditionnel des accords trilatéraux du 9 novembre 2020. Le ministère russe de la Défense et le commandement de la mission russe de maintien de la paix prennent des mesures actives pour désamorcer la situation. Dans le même temps, les soldats de la paix russes agissent en stricte conformité avec les dispositions de la déclaration susmentionnée des dirigeants des trois pays.

La Russie est en contact permanent avec les représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan par l’intermédiaire du ministère des Affaires étrangères, et des informations simultanées sur la situation opérationnelle sur le terrain sont publiées quotidiennement dans les bulletins du ministère russe de la Défense.

Nous continuons d’œuvrer à la normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, en nous appuyant sur les accords existants des dirigeants des trois pays, notamment la démarcation de la frontière azerbaïdjanaise et arménienne, le déblocage des communications économiques et de transport. Nous contribuerons activement à la signature d’un accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

Question: Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a appelé les pays musulmans à rester neutres par rapport à la situation en Ukraine. Ces pays devraient faire preuve d’unité et rechercher le dialogue avec les partenaires fiables afin d’éviter une confrontation avec la Russie. Lors de son discours liminaire prononcé à l’occasion de la 48e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le Premier ministre Imran Khan a appelé l’OCI de coopérer avec la Chine afin de trouver un consensus entre la Russie et l’Ukraine. La Russie encourage-t-elle ces efforts?

Réponse: Nous avons déjà déclaré les objectifs de l’opération militaire spéciale: il s’agit de la démilitarisation et de la dénazification de l’Ukraine, de l’élimination des menaces à la sécurité de la Russie provenant du territoire ukrainien en raison de son exploitation militaire par l’Otan. L’opération vise également à protéger les populations des républiques du Donbass qui étaient victimes d’un génocide de la part du régime de Kiev. C’est un grand crime contre l’humanité, et le tolérer signifie une violation flagrante de tous les principes de l’humanisme. La Russie n’a pas attaqué l’Ukraine. Toute l’histoire de notre pays dit que la Russie ne commence pas les guerres, la Russie y met fin.

Au cours de huit années, toutes les possibilités de négociation ont été épuisées, y compris à l’aune des garanties de l’Occident qu’il mettrait la pression sur l’Ukraine afin de l’obliger de mettre en œuvre les engagements pris en 2015. Cela n’a pas été le cas.

Nous appelons les États amis à soutenir nos efforts, notamment sur les plateformes internationales. Dans le même temps, nous comprenons et apprécions le fait que les pays neutres font face à une pression inédite de la part de Washington et de ses satellites. Il s’agit d’une pression brutale et flagrante, allant du chantage jusqu’à l’intimidation. Ils utilisent toutes les méthodes de pression.

Nous estimons que les États membres de l’OCI, la Chine et d’autres pays raisonnables (je parle ici des élites politiques) ont un rôle positif à jouer dans le règlement de la situation en Ukraine, en s’appuyant sur les propositions judicieuses de la Russie. Bien évidemment, les modalités précises de cette coopération vont être étudiées séparément.

Question: Selon les médias, la Russie prépare un décret pour introduire des contre-mesures concernant les visas. Ce décret va limiter l’entrée sur le territoire de la Russie aux ressortissants des pays « inamicaux ». Nous savons que pendant deux ans, l’entrée en Russie était interdite aux citoyens de certains pays, à cause de la pandémie. La Russie envisage-t-elle d’assouplir les restrictions d’entrée sur son territoire en raison de l’amélioration de la situation sanitaire?

Réponse: Hier, lundi 28 mars, lors de la réunion du Conseil général du parti Russie unie, consacrée à la coopération internationale et au soutien des compatriotes à l’étranger, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a annoncé la préparation d’un décret présidentiel pour introduire des contre-mesures concernant les visas. À cet égard, je voudrais expliquer ce qui suit.  

D’abord, cet acte normatif en cours d’examen constitue une réponse aux actions inamicales de l’Union européenne. Notamment, il s’agit de la décision du Conseil de l’UE du 25 mai 2006 relative à la suspension partielle de l’application de l’accord entre l’Union européenne et la Fédération de Russie visant à faciliter la délivrance de visas aux citoyens de l’Union européenne et de la Fédération de Russie. Par cette décision, l’UE suspend l’exemption de visa pour les titulaires de passeports diplomatiques, y compris les membres des délégations officielles, les membres du Gouvernement de la Fédération de Russie, les sénateurs, les députés et d’autres représentants de la Russie se rendant dans l’Union européenne dans l’exercice de leurs fonctions.

Malgré les tentatives de l’Occident de compliquer les contacts humanitaires et de détruire les liens culturels et commerciaux, la Russie ne va pas prendre une revanche sur les Européens ordinaires, même si ce serait une riposte logique.  Le décret en cours d’élaboration ne s’appliquera pas aux ressortissants étrangers déjà légalement présents en Russie.

En ce qui concerne l’assouplissement des restrictions de voyage en Russie, liées à la pandémie, ces questions sont examinées dans le cadre du Centre opérationnel sur la prévention de la propagation du coronavirus en Russie.

Ce faisant, une décision concernant l’assouplissement des restrictions de voyage des ressortissants étrangers est prise au vu des résultats de l’évaluation par Rospotrebnadzor de la situation épidémiologique dans tel ou tel pays, et des conséquences d’un tel assouplissement.

Pour conclure, je voudrais éclaircir deux choses. D’abord, il s’agit seulement d’un projet de décret. Par conséquent, ce sont des commentaires préliminaires. Cette décision sera prise par le Président russe Vladimir Poutine. En conséquence, d’autres commentaires ne pourraient voir le jour que lorsque la décision sera prise.

Ensuite, ce projet, sous sa forme actuelle, ne s’appliquera pas aux Européens ordinaires.

Question: À l’initiative du Premier ministre pakistanais Imran Khan, et avec le soutien de l’Organisation de la coopération islamique, l’Organisation des Nations unies a adopté une résolution historique proclamant le 15 mars Journée internationale de la lutte contre l’islamophobie. Selon vous, quelle est l’importance de ce document? Ne devrait-on pas adopter une résolution pareille pour lutter contre la russophobie?

Réponse: La Fédération de Russie abrite des représentants de plus de 190 nationalités et de groupes ethniques, et de plus de 60 croyances différentes. Notre pays possède une expérience millénaire de coexistence entre les différentes communautés religieuses.

Le principe de non-discrimination fondée sur la religion ou des convictions est inscrit dans la Constitution de la Fédération de Russie et dans d’autres règlements.

En conséquence, nous accordons une attention particulière à la coopération internationale dans la lutte contre la discrimination fondée sur l’appartenance religieuse, et à l’inadmissibilité des persécutions religieuses et de la profanation des lieux de culte. Cela dit, la Fédération de Russie considère qu’il est indispensable d’adopter une approche globale pour aborder les questions religieuses en attachant une importance égale à toutes les religions traditionnelles du monde, à savoir le christianisme, l’islam, le judaïsme, le bouddhisme, et d’autres. En même temps, la Fédération de Russie a toujours préconisé un échange de bonnes pratiques et d’expériences pour instaurer la paix et la stabilité religieuse, notamment dans les sociétés multiethniques et multiconfessionnelles.

Sur le plan pratique, nous réalisons notre stratégie portant sur la lutte contre les formes contemporaines de racisme, de xénophobie et d’intolérance, inspirées par l’antisémitisme, l’antichristianisme et l’islamophobie, notamment en présentant chaque année une résolution de l’Assemblée générale  sur la lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée. La résolution a été une fois de plus adoptée en décembre 2021 lors de la 76e session de l’Assemblée générale à New York. L’initiative russe a été coparrainée par 58 États, dont 28 États musulmans.

Dans certains pays occidentaux, notamment en Europe, les dernières décennies ont été marquées par une recrudescence importante de l’islamophobie, alimentée par les forces nationalistes radicales. La rhétorique islamophobe et la discrimination envers l’islam en tant que religion prennent souvent des proportions alarmantes. Nous en avons parlé à plusieurs reprises, tout en affirmant notre opposition résolue à ce phénomène.

En conséquence, la Russie a été fière de coparrainer la résolution proclamant la Journée internationale de la lutte contre l’islamophobie. Nous sommes convaincus que cette décision de l’Assemblée générale renforcera le dialogue interreligieux et interculturel et la tolérance dans le contexte de la lutte contre les propos haineux. Cela dit, la Russie tient à souligner l’inadmissibilité de toute sorte de phobies religieuses, qu’il s’agisse de l’islamophobie, de l’antisémitisme ou de l’antichristianisme que nous observons également dans certains pays. Nous sommes prêts à travailler avec tous les acteurs concernés afin de répondre à ces phénomènes négatifs.

En ce qui concerne la russophobie qui constitue une nouvelle forme de discrimination fondée sur l’ethnicité, il est clair que la Russie s’y oppose fermement. Aujourd’hui plus que jamais, nous assistons à une hystérie russophobe sans précédent en Occident. Cela dure depuis longtemps, alors que maintenant la russophobie revêt une forme odieuse. Alors qu’auparavant, il s’agissait d’un rejet de la politique de la Russie, désormais il semble qu’on interdit tout ce qui est russe. Ces sentiments sont alimentés par les élites occidentales qui profitent du potentiel des réseaux sociaux sous leur contrôle. Cela ne peut que susciter l’indignation non seulement de la part des Russes, mais aussi de toutes les personnes sensées. Nous assistons à des campagnes de soutien à la Russie dans plusieurs pays européens. Nous estimons que cette russophobie revêt un caractère spécifique et temporaire, car elle est alimentée artificiellement.

La non-discrimination au motif de l’origine ethnique est solidement ancrée dans le droit international et les résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU portant sur la lutte contre le racisme et la discrimination ainsi que sur la protection des minorités nationales et linguistiques. Par conséquent, pour le moment, nous ne voyons pas la nécessité de prendre des décisions supplémentaires sur la question de la russophobie dans le cadre de l’ONU. Nous allons voir comment la situation évoluera.

Question: Selon vous, quel progrès a été réalisé lors des pourparlers?

Réponse: Je ne le commenterai pas, je sais que les agences de presse citent déjà les déclarations des négociateurs russes. Vous pouvez regarder la déclaration du chef de la délégation russe Vladimir Medinski.

Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.

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Source : Le Cri des Peuples
https://lecridespeuples.fr/…

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