Par Caitlin Johnstone

L’administration Biden a officiellement redésigné Ansarallah – la force dominante au Yémen également connue sous le nom de Houthis – comme une entité terroriste mondiale expressément désignée [Specially Designated Global Terrorist entity].


La Maison Blanche affirme que cette désignation est une réponse appropriée aux attaques menées par le groupe contre des navires militaires et commerciaux américains en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, précisant que ces attaques “correspondent à la définition du terrorisme telle qu’elle figure dans les manuels”. Ansarallah affirme que ses actions “respectent les dispositions de l’article 1 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide”, puisqu’il ne fait qu’appliquer un blocus visant à mettre un terme à la destruction de Gaza par les Israéliens.

L’un des actes les plus odieux commis par l’administration Trump a été la désignation d’Ansarallah comme organisation terroriste étrangère [“Foreign Terrorist Organisation”] et comme terroriste mondial expressément désigné [“Specially Designated Global Terrorists »], deux sanctions qui, selon les critiques, précipiteraient la population du Yémen, qui dépend de l’aide humanitaire, dans une famine encore plus grave que celle qu’elle connaît déjà, si elles venaient à être restreintes. L’une des seules décisions décentes de l’administration Biden en matière de politique étrangère a été de revenir sur cette décision sadique. Aujourd’hui, elle est partiellement annulée, même si, heureusement, elle ne concerne que la liste SDGT et non la désignation FTO, plus dangereuse et plus lourde de conséquences.

Dans un nouvel article d’Antiwar sur ce dernier développement, Dave Decamp explique que même si la Maison Blanche de Biden se donne beaucoup de mal pour assurer qu’elle va émettre des exemptions pour s’assurer que ses sanctions ne nuisent pas au peuple yéménite déjà en difficulté,

“l’histoire a montré que les sanctions font fuir les entreprises internationales et les banques qui veulent faire des affaires avec les nations ou les entités ciblées et provoquent des pénuries de médicaments, de nourriture et d’autres produits de première nécessité”.

M. DeCamp note également que les frappes aériennes américaines et britanniques sur le Yémen ont déjà contraint certains groupes d’aide à suspendre leurs services dans le pays.

L’empire américain va donc imposer des sanctions à un pays qui lutte encore pour se remettre de la dévastation produite par le blocus saoudien soutenu par les États-Unis, qui a fait des centaines de milliers de morts entre 2015 et 2022. Tout cela en réponse au gouvernement de facto de ce même pays qui impose son propre blocus dans le but d’empêcher un génocide.

C’est vrai, les enfants : lorsque le Yémen met en place un blocus pour tenter d’arrêter un génocide en cours, c’est du terrorisme, mais lorsque l’empire américain impose un blocus pour garantir ses intérêts géostratégiques au Moyen-Orient, c’est tout simplement l’ordre international fondé sur des règles en action.

Que l’empire américain puisse imposer des blocus et des sanctions contre des pays comme le Yémen, le Venezuela, Cuba, l’Iran, la Syrie et la Corée du Nord parce qu’ils refusent de se plier à ses diktats en dit long sur sa perception de lui-même, mais que le Yémen impose un blocus pour des raisons infiniment plus justes et plus nobles est considéré comme un acte de terrorisme. Les dirigeants de l’empire planétaire vaguement centralisé à Washington croient ainsi réellement que le monde leur appartient et qu’ils peuvent le gouverner à leur guise, quiconque s’opposant à leurs règles étant considéré comme hors la loi.

Cela nous prouve juste que l’“ordre international fondé sur des règles” que les États-Unis et leurs alliés prétendent défendre n’est absolument pas fondé sur des règles : il est fondé sur le pouvoir, c’est-à-dire sur la capacité de contrôler et d’imposer sa volonté à autrui. Les “règles” ne s’appliquent qu’aux ennemis de l’empire parce que ce ne sont pas des règles du tout : ce sont des récits utilisés pour justifier la volonté de soumettre la population mondiale à son bon vouloir.

Nous sommes gouvernés par des dictateurs sanguinaires. Des voyous armés du nucléaire qui préfèrent affamer les civils en soutenant un gigantesque génocide plutôt que favoriser une paix durable. Notre monde continuera à souffrir tant que ces monstres seront aux commandes.

Source : Spirit Of Free Speech
https://ssofidelis.substack.com/…