Par Eva Bartlett

Ottawa a l’habitude de couvrir les extrémistes de droite, depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’à l’actuelle Kiev.

Eva Bartlett est une journaliste indépendante canadienne. Elle a passé des années sur le terrain à couvrir les zones de conflit au Moyen-Orient, en particulier en Syrie et en Palestine (où elle a vécu pendant près de quatre ans).

Source : RT, 25 septembre 2023

Traduction : lecridespeuples.fr

La scène écœurante du parlement canadien ovationnant il y a trois jours un ancien nazi de la Waffen SS a fait le tour d’internet.

Lors de la visite du président ukrainien Vladimir Zelensky au Canada, et après son discours d’une grandiloquence prévisible, le président de la Chambre des représentants, Anthony Rota, a fait l’éloge d’un Canadien d’origine ukrainienne présent au Parlement ce jour-là : Yaroslav Hunka, un nazi de la Seconde Guerre mondiale, le qualifiant de « héros ukrainien, héros canadien » et le remerciant pour son service.

Deux jours plus tard, M. Rota s’est excusé d’avoir fait l’éloge de cet homme, expliquant qu’il avait « rendu hommage à un individu dans la tribune » et qu’il avait par la suite pris connaissance « d’informations supplémentaires qui [lui] font regretter [sa] décision d’agir ainsi ».

Pour être clair – puisque Rota ne l’a pas été dans ses explications – l’individu auquel il s’est docilement référé était Yaroslav Hunka, et l’information qui a donné des remords à Rota était que Hunka avait été un membre volontaire de la 1ère division galicienne de la Waffen SS – vous savez, celle qui est accusée d’avoir assassiné en masse des Polonais, des Juifs et des Ukrainiens en Ukraine et en Pologne, ainsi que d’avoir commis d’autres atrocités.

Alors que Rota affirme qu’il n’était pas au courant du service de Hunka en tant que nazi, étant donné qu’il a également fait l’éloge de Hunka pour avoir combattu « pour l’indépendance de l’Ukraine contre les Russes », on peut supposer que c’est à ces états de service qu’il se référait.

Dans ses excuses, M. Rota a déclaré que « personne, y compris mes collègues parlementaires et la délégation ukrainienne, n’était au courant de mon intention ou de mes remarques avant que je ne les prononce ». Le bureau du Premier ministre canadien Justin Trudeau a nié toute connaissance de Hunka et de son service nazi, déclarant que « le Président avait son propre contingent de places d’invités pour le discours de vendredi, qui ont été déterminées par le Président et son bureau uniquement ». Il semble toutefois très improbable que le gouvernement canadien autorise quiconque à entrer au Parlement sans contrôle préventif approfondi lorsque Zelensky, un président en visite, prend la parole.

Que Trudeau (et sa vice-première ministre Chrystia Freeland, sympathisante de Stepan Bandera) ait été au courant ou non de l’existence de Yaroslav Hunka, la question demeure : pourquoi n’a-t-il jamais été traduit en justice ? Ni lui, ni aucun des 2 000 autres SS nazis que le Canada aurait accueillis dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Après avoir été acceptés comme réfugiés anticommunistes sans examen approfondi, ces criminels de guerre et collaborateurs présumés ont été autorisés à finir leurs jours en paix, et la plupart d’entre eux l’ont fait ouvertement sous leur propre nom, comme le Centre Simon Wiesenthal l’a signalé à maintes reprises.

Il y a beaucoup à dire sur l’histoire du Canada avec les nazis ukrainiens. Non seulement il les a accueillis après la Seconde Guerre mondiale, mais le Congrès ukrainien canadien, soutenu par le gouvernement, comptait jusqu’à récemment parmi ses membres des organisations d’anciens combattants ayant collaboré avec les nazis, ainsi que des « centres de jeunesse » ukrainiens financés par le gouvernement qui célèbrent des collaborateurs nazis tels que Stepan Bandera et Roman Shukhevich. Des monuments honorant les collaborateurs nazis et les criminels de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne sont même encore érigés dans des villes canadiennes.

Le Canada a également soutenu les nazis des temps modernes en Ukraine même, en formant des membres du bataillon néonazi Azov sur le sol canadien, bien que les médias corporatistes canadiens aient tenté ces dernières années de minimiser cet état de fait.

Radio Canada a rapporté en avril 2022 que les forces armées canadiennes « ont contribué à la formation des soldats du régiment Azov en 2020, au point que cette unité se vante aujourd’hui de pouvoir former ses propres soldats selon les normes occidentales ». L’Ottawa Citizen, réagissant à ce rapport, a cité un briefing de 2017 de la Force opérationnelle interarmées du Canada en Ukraine selon lequel « plusieurs membres d’Azov se sont décrits comme des nazis. »

En novembre 2021, le même journaliste de l’Ottawa Citizen a écrit que des officiels canadiens avaient rencontré des dirigeants du bataillon Azov en juin 2018. Les officiers et diplomates canadiens « ne se sont pas opposés à la réunion et se sont plutôt laissés photographier avec les responsables du bataillon malgré les avertissements précédents selon lesquels l’unité se considérait comme pro-nazie. »

Le Canada (ainsi que les États-Unis et l’Ukraine elle-même) a refusé à plusieurs reprises de soutenir les résolutions de l’ONU contre la glorification du nazisme, du néonazisme et de la discrimination raciale, estimant qu’elles visaient Kiev. Une majorité écrasante d’États membres a soutenu ces résolutions, les autres soutiens occidentaux de Kiev (comme tous les États membres de l’UE) et leurs alliés (comme le Japon et la Nouvelle-Zélande) s’étant abstenus.

Si vous avez suivi le soutien impénitent du Canada aux nazis, l’ovation du Parlement pour un ancien membre des SS devient moins surprenante. Elle a déclenché une petite tempête, l’indignation étant exprimée non seulement par les défenseurs des droits des Juifs et par Moscou, mais aussi par l’ambassadeur de Pologne au Canada.

On ne peut qu’espérer qu’il y avait des députés sincèrement consternés d’apprendre qu’ils avaient applaudi un nazi. Cependant, maintenant que les excuses ont été présentées, il est fort probable que l’indignation s’estompe et qu’Ottawa continue à soutenir le même genre de personnes, tant qu’elles sont du même côté dans la guerre par procuration de l’Occident contre la Russie.

Après tout, comme l’a noté la chercheuse canadienne Tamara Lorincz, si tout le monde a applaudi le nazi ukrainien, « aucun député n’a appelé à la paix, au cessez-le-feu et aux négociations ». C’est la partie silencieuse que peu sont prêts à dire à haute voix – tout comme le Canada a apparemment accepté les « réfugiés » SS parce qu’ils étaient des combattants contre le communisme de l’Union soviétique, tout comme le Canada (et d’autres puissances occidentales) sont prêts à soutenir les terroristes s’ils luttent contre un gouvernement « indésirable » au Moyen-Orient, le Canada continuera à couvrir, à soutenir et à faire semblant de ne pas remarquer la résurgence de l’une des idéologies les plus atroces de l’histoire tant que ses adeptes peuvent être utilisés contre l’adversaire actuel : la Russie.

Voir Wesley Clark : « L’OTAN a créé Daech pour combattre le Hezbollah »

Pour sa part, M. Zelensky a félicité le Canada d’être toujours du « bon côté de l’histoire ». Récapitulons : le Canada a aidé à détruire la Libye, le Canada a soutenu indirectement les terroristes en Syrie contre le président élu du pays, le Canada a hébergé 2 000 nazis après la Seconde Guerre mondiale, et le Canada soutient aujourd’hui les nazis en Ukraine. La définition de Zelensky du bon côté de l’histoire est pour le moins particulière.

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Source : Le Cri des Peuples
https://lecridespeuples.fr/…