Dans cette photo prise le 19 novembre 2021, l’attaché des forces terrestres à l’ambassade des États-Unis en Ukraine, le colonel Brandon Presley, regarde une carte pendant la visite d’une délégation de l’ambassade des États-Unis en Ukraine dans la zone d’opération des forces conjointes dans la région de Donetsk, en Ukraine, touchée par la guerre
(Photo: Service de presse de l’opération des forces conjointes ukrainiennes via AP).

Par Andrea Peters

Alors que les États-Unis et l’OTAN poursuivent leur renforcement militaire aux frontières de la Russie, leurs représentants intensifient leur rhétorique anti-russe hystérique et leurs menaces de guerre. Insistant sur le fait que Moscou a massé des troupes et des équipements à la frontière ukrainienne et que la Russie a décuplé sa campagne anti-ukrainienne sur les médias sociaux en vue d’envahir son voisin occidental, le secrétaire de l’alliance transatlantique, Jens Stoltenberg, a déclaré mardi que la Russie paierait un «prix élevé» pour une telle action. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a fait écho à ses propos mercredi, mettant en garde contre de «graves conséquences». Tous deux ont réitéré leur soutien à la «souveraineté ukrainienne».

Moscou insiste sur le fait qu’elle a parfaitement le droit de déplacer des troupes sur son territoire. On n’a présenté aucune preuve que les forces positionnées à l’ouest de la Russie, dont la taille est entièrement basée sur les affirmations de Washington, se préparent à envahir l’Ukraine. Tout en admettant qu’il ne soit pas clair si Poutine a décidé de procéder ou non à une «incursion», Blinken a affirmé que le Kremlin «met en place la capacité de le faire dans un bref délai».

En réalité, l’OTAN, qui travaille en alliance avec le gouvernement de Kiev, a mené d’interminables provocations anti-russes, notamment des exercices navals en mer Noire, des vols de bombardiers à quelques kilomètres de l’espace aérien russe, des opérations massives d’entraînement militaire le long de toute la frontière occidentale de la Russie et des déploiements de troupes dans les États baltes.

En juin, un navire de guerre britannique a pénétré de manière provocatrice dans les eaux de la mer Noire revendiquées par la Russie. Rien qu’au cours du mois dernier, les États-Unis ont envoyé trois navires de guerre dans cette région. Le ministre russe de la Défense, Sergey Shoigu, a déclaré la semaine dernière que le Kremlin était «témoin d’une augmentation considérable de l’activité des bombardiers stratégiques américains près des frontières russes». Ils s’entraînent, a-t-il ajouté, à utiliser «des armes nucléaires contre la Russie simultanément depuis l’ouest et l’est».

Mardi, le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, s’est entretenu par téléphone avec le ministre polonais de la Défense nationale, Mariusz Blaszczak, sur «les moyens de renforcer la dissuasion le long du flanc oriental de l’OTAN». Les États-Unis et l’UE multiplient également les dénonciations à l’encontre de la Russie, qui se livrerait à une «guerre hybride» à la frontière biélorusse polonaise. Washington vient d’imposer de nouvelles sanctions au gazoduc germano-russe Nord Stream 2. Selon le Guardian britannique, la crise actuelle pourrait entraîner l’arrêt complet du projet de gazoduc, qui revêt une importance économique et géopolitique majeure pour le Kremlin.

Vendredi dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que Kiev avait découvert un complot de Moscou, qui serait de mèche avec l’oligarque le plus riche d’Ukraine, pour renverser son gouvernement cette semaine. Le Kremlin dément ces affirmations. Les responsables occidentaux ont également répété les accusations infondées selon lesquelles le Kremlin s’emploie, tels que les termes utilisés par Blinken, à «déstabiliser l’Ukraine de l’intérieur». Les deux parties font continuellement référence à la supposée «invasion préalable de l’Ukraine par la Russie en 2014». C’est une déformation consciente des événements qui ont suivi l’installation d’un gouvernement d’extrême droite anti-russe à Kiev lors d’un coup d’État financé par Washington et Bruxelles.

Les médias occidentaux, dans le but de préparer le public à un éventuel massacre de masse fomenté par Washington, inondent les ondes de reportages sur les objectifs prétendument démoniaques de Moscou. On prépare le terrain pour justifier une guerre contre la Russie.

Pendant ce temps, le président ukrainien Zelensky, qui dirige un pays en proie à une vague désastreuse de COVID-19, continue d’exiger que son pays soit admis au sein de l’OTAN et que l’alliance transatlantique renforce immédiatement la coopération militaire avec son gouvernement dans le cadre d’un «plan de dissuasion» qui comprendrait également des sanctions économiques contre Moscou.

Cette semaine, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que le déploiement par l’OTAN de capacités offensives sur le sol ukrainien était une «ligne rouge» à ne pas franchir et a proposé de conclure un accord excluant cette possibilité ainsi que l’admission de l’Ukraine dans l’OTAN. Jeudi, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a réitéré cette position et averti que tout approfondissement de la relation OTAN-Ukraine provoquerait la «déstabilisation de la situation militaro-politique en Europe».

En réponse, le chef de l’OTAN, Stoltenberg, s’exprimant en Lettonie au début de la semaine, a déclaré: «C’est seulement l’Ukraine et 30 alliés de l’OTAN qui décident quand l’Ukraine est prête à rejoindre l’OTAN. La Russie n’a pas de droit au veto, la Russie n’a pas son mot à dire, et la Russie n’a pas le droit d’établir une sphère d’influence en essayant de contrôler ses voisins».

S’exprimant jeudi à Stockholm après une rencontre avec Blinken au cours de laquelle ce dernier a exigé que la Russie retire ses troupes à la frontière ukrainienne, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a lancé un appel impuissant sur cette question précise. La Russie, a-t-il insisté, ne «veut pas de conflits» avec l’OTAN au sujet de l’Ukraine, mais elle a le «droit de choisir les moyens de garantir ses intérêts légitimes en matière de sécurité».

«N’oublions pas, a-t-il poursuivi, le principe proclamé d’indivisibilité et de sécurité, y compris à l’OSCE, au Conseil de l’OTAN de la Russie, qui dit que personne n’a le droit de renforcer sa sécurité au détriment de celle des autres. Et la poursuite de l’avancée de l’OTAN vers l’Est affectera certainement les intérêts fondamentaux de notre sécurité».

Il a ajouté: «… si l’OTAN refuse toujours de discuter de ce thème ou des garanties ou des idées avancées par le président de la Russie Vladimir Poutine, nous prendrons bien sûr des mesures pour nous assurer que notre sécurité, notre souveraineté et notre intégrité territoriale ne dépendent de personne d’autre.»

Jeudi, Lavrov et Blinken ont indiqué qu’il y aurait une prochaine rencontre au sommet entre les dirigeants de leurs pays.

Les provocations irréfléchies de l’impérialisme américain se trouvent en grande partie motivées par une profonde crise intérieure. Le capitalisme américain, dont la survie actuelle repose sur un marché boursier hypertrophié qui se maintient en vie par l’impression massive de monnaie et l’obligation pour les gens de travailler face à un virus mortel afin d’en extraire la plus-value, doit compter sur la violence militaire pour assurer sa domination mondiale. Elle considère le contrôle par la classe dirigeante russe de plus de 6,6 millions de kilomètres carrés de ressources et de marchés mondiaux comme une limite intolérable à ses appétits. Pour cela, les occupants du Kremlin et les oligarques russes, dont la richesse et le pouvoir sont entièrement liés au système capitaliste mondial, n’ont aucune réponse.

(Article paru en anglais le 3 décembre 2021)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…