Rachad est «un département des affaires extérieures des partis islamistes en Algérie».
Sur la photo Mourad Dhina. D.R

Interview réalisée à Bruxelles par Mohsen Abdelmoumen

Mohsen Abdelmoumen : Comment évaluez-vous le règne de Bouteflika ?

Lakhdar Ferrat : Le règne de Bouteflika été l’un des plus désastreux pour l’Algérie depuis son indépendance. Il s’est caractérisé par un manque total de projet de société, de cap vers l’avenir pour le pays. L’Algérie a été gérée comme on gère un grand casino. J’ai toujours milité pour mettre fin à cette méthode de gérer un pays, en 2014 j’ai demandé la destitution de Bouteflika pour arrêter la catastrophe avant qu’il ne soit trop tard. Le monde entier voit aujourd’hui dans quelle situation se trouve l’Algérie issue du règne de Bouteflika. La société d’aujourd’hui est le fruit de sa politique, on cherche toujours à s’enrichir sans effort. Il a produit les personnes les plus viles dans tous les domaines, que ce soit au niveau politique, économique ou social, des personnes qui ne cherchent qu’à s’accrocher dans des postes pour se servir. Le courant islamiste, sous le règne de Bouteflika, et même avec le président Tebboune, s’est fortifié politiquement et matériellement ; il a renforcé ses alliances internationales et trouve dans la Turquie un protecteur inespéré. Cette mouvance supranationale reste toujours un danger majeur pour la stabilité de l’Algérie.

Je considère, et je l’ai toujours dit, que ce bilan désastreux de Bouteflika doit être partagé avec les personnes qui l’ont ramené et imposé à la société algérienne.

Actuellement, nous subissons toujours cette gestion catastrophique d’autant plus qu’il n’y aucune volonté de sortir le pays de cette phase. On continue dans le même sillage et l’on gère avec les mêmes personnes qui sont à l’origine de ce K.-O. produit par le système Bouteflika. Dans un pays normal, on ferait le bilan de cette mauvaise gestion et on prendrait un nouveau cap en rupture totale avec les méthodes et les hommes qui ont été avec l’ancien système. Or, ce n’est pas ce que je vois actuellement.

Aujourd’hui, on pousse vers l’islamisation du pouvoir alors que les islamistes ont été le bras droit du système corrompu que Bouteflika a installé, donc on fait fausse route encore une fois et ce sera plus dommageable encore que la voie prise par Bouteflika, car les islamistes n’ont rien à offrir au pays, sauf quelques vieilleries dépassées créées par les islamistes égyptiens au début du siècle.

Nous sommes dans une démarche de compilation des problèmes qui sont entassés les uns sur les autres au lieu de faire face et d’assainir pour démarrer une nouvelle politique à l’opposé de ce qu’a fait Bouteflika, lequel, j’espère, sera jugé pour ses actes.

Vous êtes un des rares à avoir écrit une série d’articles dans le journal Al-Fadjr sur les Frères musulmans et leur entrisme en Algérie. D’après vous, comment peut-on lutter efficacement contre l’idéologie mortifère des Frères musulmans ?

Les islamistes restent un vrai danger pour l’Algérie. Ils ne peuvent rien apporter à la société algérienne, ils n’ont pas d’idées, que ce soit au niveau politique, religieux ou économique. Ils ressassent les idées produites ailleurs déjà expérimentés et qui ont échoué. Ils ne permettent même pas au pays d’éviter des expériences déjà faites, comme cette bêtise du crédit hallal inventé d’ailleurs par une banque suisse, et qui n’est qu’un système de leasing connu et reconnu. Les islamistes algériens, connus pour être les plus incultes et les plus extrémistes de la planète, n’apporteront rien de bon à notre pays. Leur donner le pouvoir serait une grave erreur politique car il suffit de regarder dans d’autres pays pour tirer les conclusions de leur règne, par exemple au Soudan avec Al-Bachir, en Turquie avec Erdogan, en Libye, en Afghanistan, et Daech, l’émirat qui les représente à merveille comme le prouvent les emails d’Hillary Clinton, etc.

On voit clairement l’alliance entre Bouteflika et les islamistes dans l’article de loi de la honte, soit le 144 bis qui a instauré le dogme wahhabite, bizarrement activé par l’actuel président, Tebboune. Cet article porte les germes d’une vraie guerre civile en Algérie puisqu’il concerne plusieurs rites religieux : malékite, ibadite, ismaélite. L’article 144 bis tel qu’il a été conçu constitue la plus grande dérive religieuse connue dans notre pays. Il est une tentative claire des islamistes d’imposer leurs rites salafistes et wahhabites à toute la société algérienne. Encore une preuve du danger que représente cette secte islamiste. L’Algérie n’est pas wahhabite et pourtant un salafiste wahhabite a fait condamner un musulman algérien à de la prison ferme sous le regard d’un Président qui se voit en arbitre dans un pays miné de partout.

Selon la jurisprudence du prononcé du jugement en référence à l’article 144 bis, tous les Mozabites sont passibles de la prison puisque leur rite religieux ne reconnaît que quinze hadiths, donc ils sont en porte-à-faux avec cet article de loi qui fait d’eux des mécréants. J’ai personnellement adressé une lettre ouverte au président Tebboune pour lui demander d’annuler ce dangereux article qui mine la stabilité du pays. Voilà ce que peuvent apporter les islamistes : que des divisions et du danger sur la stabilité du pays.

J’ai, par ailleurs, appris qu’ils ont commencé à créer des camps où sont rassemblés des jeunes hommes ou des jeunes filles qui se retrouvent pendant un mois dans une villa sous prétexte d’apprendre le Coran. Comme si les millions de mosquées ne suffisent plus ! Il s’agit d’une forme d’organisation pour créer des adeptes extrémistes du Coran et ça va déboucher sur du terrorisme à un moment donné.

La violence fait partie intégrante de la mouvance islamiste. Leur donner le pouvoir équivaut à se suicider et à détruire un pays stratégique dans la zone sud de l’Europe. Aujourd’hui, le monde entier est conscient du danger que représentent les islamistes sauf Tebboune, qui les considère comme fréquentables, comme si les 250 000 Algériens tués s’étaient suicidés et n’avaient pas été assassinés par les islamistes du GIA, du MIA, du FIS et de l’AIS.

Ce qui me choque dans cette orientation, c’est que l’Algérie tourne en rond et ne prend pas la mesure du changement qui se déroule autour d’elle. Ainsi, l’Arabie Saoudite a abandonné le rite wahhabite et entamé des réformes religieuses audacieuses jamais égalées dans l’histoire de l’islam et dont l’Algérie devrait s’inspirer pour opérer une grande réforme qui doit nous débarrasser de cette mouvance. Aujourd’hui, ils sont bannis dans leur fief et l’Arabie Saoudite va bientôt devenir un pays laïc et l’Algérie fonce tête baissée tout droit vers un émirat de Daech ou un appendice de la Turquie, ce nouveau califat autoproclamé. Il me semble que nous faisons fausse route et que nous allons vers une perte de temps préjudiciable pour l’Algérie.

Comment expliquez-vous le jeu trouble de la Turquie d’Erdogan en Algérie ?

La Turquie, comme tous les Etats, cherche à défendre ses intérêts. Elle a mis en place une politique de reconquête de ses anciennes colonies de l’ère ottomane et elle a appelé cette politique le «néo-ottomanisme». Les déclarations du président Erdogan sont là pour confirmer cette politique néocoloniale de la Turquie qui considère donc l’Algérie et d’autres pays qui ont été sous domination ottomane comme un bien perdu qu’il faut récupérer avec tous les moyens militaires comme en Syrie, en Irak, et en Lybie, ou politiques pour l’instant comme en Algérie et en Tunisie. Sa politique néocoloniale l’a menée à créer une armée de janissaires dont une grande partie est stationnée en Libye et qui menace la stabilité de la région. Je n’ai lu aucune déclaration faite par des islamistes en Algérie ou en Tunisie qui marquerait leur inquiétude par rapport à cette masse de terroristes stationnés en Libye. Bien sûr, ce sont des valets de cette nouvelle croisade contre l’Algérie et les pays du Maghreb.

La politique turque est expliquée par les politiques turcs eux-mêmes, Erdogan en tête, et est parfois défendue dans certains médias officiels algériens. C’est honteux.

Erdogan n’est-il pas un danger pour l’Algérie ? D’après vous, existe-t-il un plan pour déstabiliser l’Algérie conçu par Erdogan ?

Reconquérir l’Algérie considérée comme pays ottoman perdu est une réalité de la politique d’Erdogan et les intentions turques ne sont pas cachées, il suffit juste de suivre et de lire ce que disent les Turcs eux-mêmes. Leur travail en Algérie est visible et plusieurs indices le révèlent. Bon nombre d’hommes d’affaires turcs envoyés en Algérie sont en réalité de simples officiers de renseignement, les activités de certaines entreprises turques en Algérie sont très douteuses et travaillent plus à l’infiltration de la société qu’à faire des affaires. Leurs relais dans la société algérienne sont la mouvance islamiste. Erdogan a un plan pour tous les pays d’Afrique du Nord. En Tunisie, sa politique est plus visible, et le même scénario se prépare chez nous. On le constate avec l’insistance de nommer des islamistes à la tête du gouvernement algérien. Cela s’inscrit dans le cadre de la turquisation de l’Algérie et, bien sûr, sur fond de discours nationalistes bidon.

Il s’agit d’une option contraire à l’intérêt de l’Algérie qui a besoin, au moment du déclin de la mouvance islamiste, de reconstruire son bloc nationaliste qui la protégerait à moyen et à long terme de toute dérive. C’est vital de redonner au pays sa force de frappe qui est le socle de son existence même.

Les Turcs poussent vers l’alignement de l’Algérie sur le modèle tunisien en la mettant en crise permanente, comme on le voit chez nos voisins. Or, c’est contraire aux intérêts de l’Algérie. Les islamistes, nous les avons assez subis, même trop.

Les Frères musulmans ne représentent-ils pas également un danger mortel pour l’Algérie ?

Les Frères musulmans ont toujours rêvé de prendre le pouvoir en Algérie, pays qui a un potentiel économique et militaire énorme susceptible de leur assurer une domination sur d’autres pays moins importants. Leur objectif n’a jamais changé, seuls les moyens d’y parvenir changent. Il ne faut pas oublier que les coups d’Etat font partie de leur stratégie comme cela est arrivé au Soudan et dans d’autres pays. Quand un coup d’Etat est en leur faveur, il est le bienvenu, sans oublier que les infiltrations font aussi partie de leur stratégie de pouvoir, comme on le voit très clairement en Algérie.

Le danger que représentent les Frères musulmans, hormis leur idéologie néfaste et rétrograde, vient aussi de leur appartenance à une organisation internationale qui est infiltrée par des dizaines de services secrets étrangers. Chacun les utilise à sa guise et pour ses intérêts, comme le prouve la dernière lettre de leur «morchid», guide intérimaire, Brahim Mounir basé à Londres, et adressée au nouveau président américain pour se mettre à son service. Donner le pouvoir aux islamistes rejetés par le peuple dans le dernier scrutin, c’est mettre le pays en danger et le livrer comme une proie entre les mains de forces occultes dangereuses.

Avec tout ce que l’Algérie a subi comme massacres et attentats lors de la décennie noire, à votre avis, a-t-on appris la leçon de ce qu’il s’est passé ? N’y a-t-il pas un risque que nous revivions le même cauchemar que pendant les années 1990 ?

L’Algérie n’a tiré aucune leçon de ce qu’elle a subi dans les années 1990 : des milliers de morts et plus ou moins un million de cadres qui se sont exilés, l’équivalent de ce qu’a produit l’université algérienne en douze ans. Malgré tous les sacrifices, elle considère que l’islamisme n’est pas un danger pour le pays. C’est comme si nous étions aveugles. Après tant d’années, nous sommes revenus aux discours islamistes haineux et qui vilipendent, comme l’a fait Bengrina, l’élite du pays en la traitant de vendue, sans que la justice bouge le petit doigt. Cette même justice qui veut forcer le destin et instaurer le rite wahhabite en Algérie, contre la référence religieuse nationale, comme on l’a vu lors de l’application du 144 bis.

Les calculs politiques internes et les fausses alliances ont fait du mouvement islamiste algérien qui devait disparaître ce qu’il est actuellement, soit un outil d’alliance politique dangereuse pour l’Algérie au moment où le monde entier a pris conscience du danger réel des islamistes.

L’Algérie, qui devait être un exemple de l’anti-islamisme, sachant ce qu’elle a vécu et enduré, est devenue, au contraire, un havre de paix pour les islamistes et un pays qui risque de passer très bientôt entre leurs mains dans une grave compromission que nous voyons se dérouler sous nos yeux. C’est tout simplement scandaleux.

La corruption qu’a connue l’ère Bouteflika a beaucoup bénéficié aux islamistes et nous ne voyons aucun d’entre eux devant les tribunaux. Ils sont, au contraire, proches de la prise de pouvoir qu’il faut absolument empêcher pour reconstruire le pays sur le socle nationaliste afin d’éviter son écroulement. La responsabilité des dirigeants de cette période est entièrement engagée. Ils ont combattu le terrorisme armé mais ont échoué à doter le pays d’un système qui permettrait à l’Algérie d’échapper à tout risque de retour en arrière. Les défenseurs des fameux grands dossiers de réforme de l’Etat que Bouteflika voulait réaliser et qui est soi-disant concrétisée aujourd’hui sont des gens qui se sont enrichis et d’autres se cachent. Et le bilan est catastrophique pour le pays qui tourne en rond quand il n’avance pas vers l’arrière, comme dit la vox populi.

Il faut changer de méthode de gestion, s’accorder une halte, revoir tout ce qui a été réalisé, faire un bilan objectif et tracer une nouvelle politique pour sortir le pays de la gangrène qui risque de l’emporter.

Dans plusieurs de vos articles, vous avez présenté la finance islamique comme une supercherie et une escroquerie. Pouvez-vous nous éclairer à ce sujet ?

Quand j’ai vu la joie de l’ex-Premier ministre Abdelaziz Djerad au Parlement après le vote en faveur de la loi de finances musulmane, j’ai été choqué. Même Abassi Madani n’aurait pas été si joyeux, ni si élogieux devant une supercherie pareille. Un hadith attribué au calife Omar Ibn Al-Khateb dit clairement : «Le prophète Mohamed est mort sans nous expliquer le verset coranique qui traite de la riba.» Comment Djerad sait-il que l’intérêt bancaire est de la riba ? Est-il mieux placé que le calife Omar ? D’où tient-il cette certitude qui a servi à introduire une finance islamique créée à l’origine par des banques occidentales en l’occurrence suisse ? La question de la riba est controversée sur le plan religieux. L’Iran, par exemple, a juste fait changer le nom de l’intérêt pour le sortir du débat religieux et n’a pas touché à son système financier qui fonctionne normalement. Idem pour beaucoup de pays du Golfe où des banques privées fonctionnent, selon le principe de la finance islamique, mais pas le système bancaire du pays comme chez nous. D’ailleurs, la Baraka Banque existe depuis plus de quarante ans en Algérie et utilise la finance islamique qui est une pure escroquerie. C’est du simple leasing, ni plus ni moins.

L’extrémisme des islamistes algériens est en grande partie dû à leur grande méconnaissance, et ils acceptent tout ce qui se dit sous couvert de l’islam. Mais ce qui est grave, c’est qu’ils sont pressés de l’appliquer dans leur pays dès qu’on leur donne la possibilité de le faire pour transformer l’Algérie en pays cobaye. Aujourd’hui, avec cette ineptie de finance islamique, le citoyen, quand il va à la banque, se trouve devant un crédit hallal et un autre haram, et souvent il subit des pressions de la part de certains banquiers zélés qui le poussent à opter pour la finance hallal. Finance qui n’a rien de hallal en réalité, car l’argent que le citoyen algérien contracte auprès de sa banque, la banque elle-même l’achète auprès de la Banque centrale en payant un intérêt. Donc, selon les concepteurs de cette mascarade, l’argent est déjà haram à la base.

L’Algérie est devenue championne du «harakiri». Elle détruit ses propres banques en reconnaissant qu’elle pratique du haram. Drôle de pays…

En Belgique, l’ex-ministre des Finances Didier Reynders, aujourd’hui commissaire européen, m’avait déclaré il y a des années que la Belgique ne voit pas d’inconvénient si les banques islamiques s’installent sur son territoire, à condition qu’elles respectent les lois de la Banque centrale belge. Du coup, aucune banque islamique n’est venue en Belgique, ce qui pousse à se questionner quant à leur mode de financement.

La finance islamique théorisée et appliquée par les islamistes embusqués à l’intérieur du système pose un vrai problème sur l’existence des cellules islamistes dormantes et sur leurs capacités de nuisance. Ils sont prêts, le moment venu, à faire de l’Algérie un champ d’expérimentation de leurs idées tirées du Moyen-Âge.

Le ministre des Finances, à la base de la destruction du système financier algérien en introduisant la finance islamique, passe au poste de Premier ministre en guise de récompense, ce qui pose de sérieuses questions sur le devenir du pays. Nous sommes en plein processus d’islamisation rampante qu’il faut vite stopper.

Quelle est votre analyse à propos des différents discours du chef d’état-major de l’ANP, Saïd Chengriha, lors de la récente conférence à Moscou ?

Le chef d’état-major de l’ANP, Saïd Chengriha, semble combler le vide créé par les politiques apparemment désintéressés par la situation dangereuse que vit l’Algérie. Dans mes articles, j’avais déjà averti que certaines déclarations des ministres sont contraires à l’intérêt de l’Algérie car ils utilisent des propos descriptifs d’une situation algérienne compliquée sans aucune explication, ni sans proposer des solutions pour que les Algériens n’aient pas peur et se sentent en sécurité chez eux. Certaines déclarations de ministres ont participé à la démoralisation des citoyens algériens en ne parlant que des dangers sans montrer les capacités du pays à y faire face. Ce vide est aujourd’hui comblé par les sorties du chef d’état-major. Heureusement, il pose les problématiques de sécurité qui touchent à notre pays et donne des assurances aux Algériens, ce qui fait de lui une personnalité qui rassure le peuple en l’absence d’hommes politiques qui devraient jouer ce rôle.

Ses mises en garde à partir de Moscou, allié stratégique de l’Algérie, tombent à pic dans un moment de flottement. Le chef d’état-major intervient pour mettre en garde tous ceux qui veulent porter atteinte à notre sécurité. Chengriha est poussé en avant-plan malgré lui, vu l’incompétence et la démission collective dans la défense des intérêts du pays. Les médias algériens sont devenus presque nuls, aucune émission sérieuse ne peut être produite pour répondre ou orienter les Algériens et leur donner de l’espoir en leur disant que leur pays a toutes les capacités de les défendre et de bien les défendre. On doit tirer les leçons et corriger les erreurs, et remettre de l’ordre là où il y a des problèmes, l’Algérie doit être bien défendue par tous ses enfants.

Personnellement, je dirais heureusement qu’il existe une personne comme le chef d’état-major Chengriha qui mérite tout le respect, car il est là au bon moment pour veiller à ce l’Algérie ne sombre pas dans une anarchie dont on voit déjà les prémisses. L’histoire retiendra que cet homme, Saïd Chengriha, a fait beaucoup pour l’Algérie.

L’Algérie est totalement déstructurée politiquement, et navigue sans aucune vision politique, sans aucun projet pour son avenir, et sans méthode pour faire face aux problèmes. La démarche devant les difficultés du pays est surtout une démarche d’entassement des problèmes, ce qui est une vraie fuite en avant et un danger mortel pour le pays.

La réhabilitation et la construction du pôle nationaliste sont le chemin le plus sûr pour protéger l’Algérie et pour épauler l’armée.

D’après vous, pourquoi l’armée algérienne est-elle la cible permanente des forces antinationales à la solde de l’empire ?

L’armée est ciblée par plusieurs forces antinationales, la première d’entre elles étant les relais des partis islamistes qui se trouvent en Algérie. J’ai toujours considéré le mouvement Rachad comme un département des affaires extérieures des partis islamistes en Algérie. Celui qui pense le contraire, comme on le voit malheureusement, va faire perdre à l’Algérie une vingtaine de précieuses années pour son redressement et sa reconstruction. Les islamistes savent que sans l’armée le pouvoir est à leur portée. Tant que l’institution ANP, héritière de l’Armée de libération nationale, est debout, organisée, solide et bien structurée, le spectre islamiste s’éloignera. Bien sûr, cette tendance travaille pour des intérêts de nombreux pays qui veulent voir l’Algérie disloquée, affaiblie, voire même anéantie.

Une Algérie forte, c’est une armée forte, et c’est l’histoire qui nous l’enseigne. On ne peut avoir un pays respecté sans une armée forte derrière lui.

Le mouvement scissionniste MAK, qui raconte des stupidités tant au niveau politique qu’historique, cible aussi l’armée. Je suis déjà intervenu devant des étudiants à Béjaïa par vidéo conférence et je leur ai dit que le projet de Ferhat M’henni est très simple : «Vous avez un très grand pays et Ferhat Mehenni veut vous l’enlever. Et il vous propose un lot de terrain à la place.» Il faut que les jeunes comprennent ce deal débile. Ils sont assez intelligents pour le comprendre. Il y va de leur avenir de le combattre, et j’ai confiance dans cette jeunesse.

L’ANP est-elle, selon vous, la seule garante de la stabilité de l’Algérie dans un contexte géopolitique extrêmement instable ?

Oui, l’armée est le seul rempart contre toutes les tentatives de déstabilisation, en attendant de reformuler le paysage politique algérien sur des bases plus solides et plus saines, en dehors de la nébuleuse islamiste qui reste un danger majeur pour l’Algérie à court, moyen et long terme.

Interview réalisée à Bruxelles par Mohsen Abdelmoumen

Lakhdar Ferrat est un journaliste algérien indépendant établi en Belgique.

Source : Algérie Résistance
https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/…