Le président américain Joe Biden s’adresse à la 78e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, mardi 19 septembre 2023 au siège des Nations Unies. [AP Photo/Mary Altaffer]

Par Andre Damon

Le gouvernement Biden a utilisé la réunion de mardi de l’Assemblée générale des Nations Unies comme plate-forme pour lancer une diatribe enflammée contre la Russie, du genre de celles que font les pays avant de déclarer la guerre.

Dans son discours à l’ONU, Biden a déclaré: «Les États-Unis, avec leurs alliés et partenaires du monde entier, continueront à soutenir le courageux peuple ukrainien dans la défense de sa souveraineté, de son intégrité territoriale et de sa liberté».

Biden a affirmé que «la Russie est seule responsable» de la guerre en Ukraine. «Seule la Russie a le pouvoir de mettre fin à cette guerre immédiatement. Et c’est la Russie seule qui fait obstacle à la paix, parce que le prix de la paix pour la Russie est la capitulation de l’Ukraine, le territoire de l’Ukraine et les enfants de l’Ukraine».

Il ne s’agissait pas d’un simple discours, mais d’une diatribe implacable contre toute idée selon laquelle les États-Unis seraient ouverts à un règlement négocié de cette guerre.

Si les mots ont un sens, les déclarations de Biden signifient qu’elles sabordent toute idée que les États-Unis seraient ouverts à un règlement négocié.

La Maison-Blanche exige la capitulation inconditionnelle de la Russie, accompagnée du renversement de son gouvernement et de son démembrement territorial. Il est impossible d’atteindre cet objectif sans une implication directe des États-Unis, ce qui transformerait une guerre par procuration en un conflit direct entre les États-Unis et la Russie.

Le conflit en Ukraine est déjà une guerre américaine, pour laquelle les États-Unis et l’OTAN fournissent de la logistique, des armes et des renseignements. Mais l’échec de la contre-offensive a conduit le gouvernement Biden à conclure qu’il était impossible d’atteindre ses objectifs sans transformer la guerre par procuration actuelle en un conflit à part entière impliquant le déploiement de troupes des États-Unis et de l’OTAN.

Les médias américains ont largement affirmé que le président russe Vladimir Poutine pense qu’un changement de gouvernement américain entraînerait un changement de politique. Il s’agit là d’une illusion. Néanmoins, l’objectif du gouvernement Biden est d’anticiper un tel changement de politique en intensifiant le conflit à un point tel que, bien avant les élections de 2024, les États-Unis seront engagés dans une guerre frontale avec la Russie.

Les remarques de Biden ont été suivies par celles de son chien d’attaque, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont les propos frisaient la folie totale. Zelensky a qualifié la Russie et les Russes de «maléfiques» et de «terroristes» et les a accusés de perpétrer un «génocide» contre l’Ukraine.

Zelensky a condamné les Nations unies pour leur peur excessive de la guerre nucléaire, déclarant: «Dans de nombreux cas, la peur de la guerre, de la guerre finale, a été la plus forte ici – la guerre après laquelle plus personne ne se réunirait dans la salle de l’Assemblée générale».

Il poursuit: «La troisième guerre mondiale était perçue comme une guerre nucléaire. Un conflit entre États sur la route des armes nucléaires. Les autres guerres semblaient moins effrayantes que la menace des fameuses “grandes puissances” utilisant leurs stocks nucléaires».

«Les efforts qui visent à promouvoir un désarmement nucléaire complet ne devraient pas être la seule stratégie pour protéger le monde de cette guerre finale».

Alors que Biden et Zelensky faisaient ces déclarations effrayantes, le général Mark A. Milley, président de l’état-major interarmées, prenait la parole à la base aérienne de Ramstein, en Allemagne, une plaque tournante logistique essentielle pour l’effort de guerre américain.

Milley a déclaré: «Les États-Unis et leurs pays alliés sont riches, puissants, dotés d’importantes ressources militaires capables de soutenir ce combat, pour reprendre les termes du président Biden, aussi longtemps qu’il le faudra».

Les déclarations des principaux responsables américains ont été rejointes par des affirmations tout aussi imprudentes et provocatrices dans les principaux journaux. Dans un éditorial intitulé «Biden a fait beaucoup pour l’Ukraine. Mais pas assez», le Washington Post a écrit que: «M. Biden devrait cesser de lambiner et fournir à Kiev l’ATACMS » en référence au système de missiles à longue portée qui serait utilisé pour frapper profondément à l’intérieur du territoire russe.

Les États-Unis et l’OTAN participent déjà à une guerre non déclarée en fournissant de la logistique, des armes et des renseignements. La seule chose que l’Ukraine fournit, ce sont les corps. L’étape suivante est l’implication directe des troupes américaines.

Cela nécessitera une mobilisation massive des forces militaires américaines et européennes, y compris la possibilité d’une conscription. L’armée américaine se prépare activement à une telle guerre. L’édition d’automne 2023 du US Army War College Quarterly contient un article intitulé «Un appel à l’action: Les leçons de l’Ukraine pour la force d’avenir» (A Call to Action: Lessons from Ukraine for the Future Force). On y lit que:

La guerre entre la Russie et l’Ukraine met en évidence des vulnérabilités importantes dans la profondeur du personnel stratégique de l’armée et dans sa capacité à résister aux pertes et à les remplacer. Les planificateurs médicaux de l’armée de terre en zone de combat peuvent s’attendre à un taux soutenu d’environ 3.600 blessés par jour… Avec un taux de remplacement prévu de 25 pour cent, le système de personnel aura besoin de 800 nouveaux membres chaque jour. À titre de comparaison, les États-Unis ont subi environ 50.000 pertes en deux décennies de combats en Irak et en Afghanistan. Lors d’opérations de combat à grande échelle, les États-Unis pourraient subir le même nombre de pertes en deux semaines.

La témérité folle des États-Unis dans l’escalade de la guerre en Ukraine témoigne des crises sociales, politiques et économiques qui frappent simultanément les États-Unis. La richesse de l’oligarchie financière américaine, qui dépend des sauvetages gouvernementaux continus financés par la monétisation de la dette, est hantée par la perspective de ce qu’elle appelle l’érosion de la «domination du dollar».

À l’intérieur des États-Unis, la classe dirigeante fait face à un mouvement de grève de plus en plus important. Ce n’est pas la première fois que la croissance de l’opposition intérieure devient un facteur majeur dans l’escalade des plans de guerre de la classe dirigeante.

La lutte contre la guerre doit se développer en fusionnant les luttes sociales grandissantes de la classe ouvrière américaine avec l’opposition à l’impérialisme américain. Les revendications sociales des travailleurs doivent être liées à l’effort pour mettre fin à la guerre dans le cadre d’une lutte mondiale pour le socialisme.

(Article paru en anglais le 21 septembre 2023)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…

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