Par Karine Bechet Golovko

La situation en Ukraine continue à se dégrader au fur et à mesure que l’attaque politique contre le Russie se renforce. A tel point que, pendant que l’artillerie ukrainienne reprend ses tirs quotidiens, que l’Ukraine violant ouvertement les accords de Minsk intime à la Russie d’en devenir partie et non pas garant, l’ancien ambassadeur ukrainien aux Etats-Unis appelle à rompre toute relation avec la Russie-ennemi et le clan Atlantiste à l’ONU veut faire de la Russie le pays agresseur. Ce n’est pas encore la guerre, mais c’est un chantage ouvert à la guerre fait à la Russie, pour la faire céder.

L’instrumentalisation du sous-conflit ukrainien bat son plein depuis l’arrivée des Démocrates au pouvoir aux Etats-Unis. Les tirs d’artillerie reprennent de plus belle et l’armée ukrainienne met de plus en plus de forces près de la ligne de front (voir le texte de Erwan Castel sur ce sujet ici).

Une telle intensification de l’agression ukrainienne contre l’Est du pays a obligé les dirigeants du Donbass à revenir sur l’interdiction de tirs faite à leurs hommes. Tout d’abord, le 3 mars, l’autorisation a été faite de tirer sur les postes de tirs ukrainiens vu l’absence de réaction internationale, puis l’artillerie a été autorisée à répondre à l’artillerie ukrainienne. Il y a bien donc, une escalade du conflit, qui hésite encore à devenir une guerre totale. Et les médias occidentaux couvrent d’un silence écrasant cette agression d’une armée contre son peuple.

Pour autant, cette guerre interminable est surtout un chantage politique fait à la Russie. Et le cirque déplorable qui se déroule autour des funestes accords de Minsk en est l’illustration parfaite. Ces accords morts-nés dès le départ, furent le fruit de l’idée confuse que l’Ukraine ne devait pas perdre plus que le Crimée, ni se déchirer entièrement dans une guerre civile, et que si la situation politique s’améliorait à Kiev, elle devait pouvoir récupérer le Donbass. Mais la situation continue à se détériorer, puisque le conflit ukrainien est sous-conflit, qui dépend de l’évolution du conflit global entre le monde atlantiste et la Russie. 

Ces accords, desquels la Russie est garante, au même titre que la France et l’Allemagne, sont devenus pour l’Occident, qui couvre toutes les violations ukrainiennes, un moyen de pression sur la Russie, notamment par l’intermédiaire de sanctions. Ainsi, la Russie doit porter la responsabilité de la violation par l’Ukraine des accords de Minsk, comme si elle pouvait réformer la Constitution ukrainienne, adopter la législation ukrainienne ou contrôler l’armée ukrainienne. Mais c’est également un instrument de maîtrise de l’agenda international et, en ce sens, un double mouvement est mis en place : d’une part, faire de la Russie une partie aux accords de Minsk et non plus un garant, d’autre part, faire reposer sur les jeunes républiques toute la responsabilité de la non-exécution de ces accords inexécutables.

Ainsi, l’ancien président ukrainien Kravtchuk, qui dirige actuellement la délégation ukrainienne, d’intimer à la Russie de « reconnaître » son statut de partie aux accords de Minsk, faute de quoi, la Russie démontrant ainsi, dans la très spécieuse logique ukrainienne, son manque de volonté pour la paix, l’Ukraine sera alors obligée de prendre des mesures radicales et d’aller « chercher la paix » ailleurs. SI l’on tient compte du regroupement militaire ukrainien, il semblerait que la voie de la paix passe par le fer et le sang. A moins, qu’il ne s’arrête qu’au niveau des déclarations médiatiques …

Parallèlement, à l’ONU, fin février, l’Ukraine, soutenue par les Etats-Unis, a fait son show en présentant une « Plateforme pour la Crimée« , évidemment « contre l’agression russe » :

« La plateforme pour la Crimée a notamment été saluée par les États-Unis qui ont espéré que d’autres États Membres rejoindront cet effort diplomatique qui vise à repousser l’agression en cours de la Fédération de Russie. (…) Des appels à la pleine mise en œuvre des accords de Minsk ont été lancés par une vaste majorité des délégations, soucieuses de parvenir à une solution politique du différend.  L’Union européenne a notamment demandé à la Russie d’exercer la considérable influence qu’elle a auprès des formations armées pour que celles-ci mettent pleinement en œuvre le cessez-le-feu, rappelant en outre que la durée des sanctions économiques qu’elle lui impose est liée à la mise en œuvre totale desdits accords. »

Dans ce discours, la Russie est bien plus considérée comme une partie au conflit, qu’un garant des accords de Minsk. Discours ouvertement tenu par l’Allemagne :

 » Autre membre de cette configuration, l’Allemagne s’est alarmée du fait que dans l’est de l’Ukraine, les séparatistes sapent l’accord de cessez-le-feu depuis le premier jour. (…) Évidemment, tout n’est pas parfait côté ukrainien, a-t-elle concédé, mais n’oublions pas que c’est la Russie qui a envahi l’Ukraine et pas l’inverse. »

Et alors que l’artillerie ukrainienne a repris, puis intensifié ses tirs, que l’Ukraine concentre de plus en plus de forces près de la ligne de front, dans l’hypocrisie totale qui caractèrise le fonctionnement de ce qui fut la diplomatie occidentale, il est exigé de la Russie :

« La Fédération de Russie doit également inciter les formations armées à rouvrir les points de passage le long de la ligne des contacts »

Pour laisser passer l’armée ukrainienne ? Certainement, puisque l’ancien ambassadeur ukrainien aux Etats-Unis, Valeriy Chaliy, annonce le 8 mars qu’il est impératif pour l’Ukraine de « rompre toute relation avec l’agresseur », la Russie – pays ennemi. L’Ukraine, et surtout le monde atlantiste, ont un besoin impératif de sortir enfin le conflit ukrainien de la guerre civile, pour en faire un conflit entre l’Ukraine et la Russie, ce qui permettrait une intervention « humanitaire » et « pacifique » contre la Russie.

La position de la Russie est simple et claire, parfaitement résumé par cette phrase :

« « La véritable occupation, c’est l’occupation de la vraie Ukraine par l’Ukraine du Maïdan », a rétorqué la Fédération de Russie qui a dénoncé la « folie nationaliste et antirusse » de cette dernière. » 

Nous sommes bien en présence d’un double mouvement : un discours, censé recréer une réalité plus confortable pour le monde atlantiste, celui d’une Ukraine victime d’une agression russe, parallèlement à une action dans la réalité, couverte par ce discours, qui est celle d’une agression de l’Est du pays, d’une population, qui à force de se faire agresser par Kiev, ne se sent plus ukrainienne.

C’est principalement en ce sens que les accords de Minsk ont échoué : l’Ukraine n’a pas repris ses esprits et sa souveraineté, elle s’est couchée de tout son long devant les intérêts atlantistes et perd son territoire autant que sa population. Elle s’est perdue. Ces accords sont dépassés.

Source : Russie politics
http://russiepolitics.blogspot.com/…