Par Laurent Brayard

Ils étaient plusieurs ces journalistes russes qui laissèrent leur vie en voulant informer le public des événements durant la guerre du Donbass. En Occident, prompt à montrer du doigt le moindre des cas réels ou manipulés, de répressions ou de meurtres de journalistes, aucun média n’osa pourtant faire son travail et parler de ces hommes. C’est qu’en Occident, le Russe est redevenu « le sous-homme », dont la vie ne compte pour rien, l’untermenschen cher à Himmler et à la SS. En Occident, les chefs d’orchestres et les musiciens russes n’ont pas le droit de se produire, comme les Juifs dans l’Allemagne nazie des années 30. Les sportifs russes sont disqualifiés, eux aussi, on interdit des lettres de l’alphabet, car elles symbolisent l’opération militaire russe, et dans divers pays, des monuments de commémoration de l’armée rouge ou de la victoire de l’armée soviétique contre l’Allemagne nazie sont détruits. L’interdiction va dans certains pays jusqu’au ruban de Saint-Georges, symbole russe de la victoire sur le nazisme, et même l’interdiction de fêter la victoire sur l’Allemagne nazie, le 9 mai. C’est au contraire leurs meurtriers qui sont désormais magnifiés par la presse occidentale et française bien sûr. La France le pays des Droits de l’Homme, et de la fameuse déclaration de 1789. Cette France qui a refusé par ailleurs de condamner le nazisme à l’ONU dans une session de la fin de l’année 2021… Alors ignorer ces assassinats de journalistes russes, une pacotille en quelque sorte ! Sans parler des tentatives perfides de cacher la dizaine de régiments et bataillons néonazis de l’armée ukrainienne… selon les médias français, un seul petit régiment… Azov. Et selon d’autres encore défini comme régiment de patriotes. Ont-ils vu les vidéos des exactions terribles de cette unité ?

Lorsque le bataillon néonazi Aidar tuaient des journalistes sous la conduite d’une députée de la Rada d’Ukraine. L’un de ces hommes, s’appelait Igor Korneliouk, né en 1977 dans l’Ukraine soviétique, à Zaporojie et tué à Lougansk (17 juin 2014). Il avait débuté une brillante carrière de journaliste TV en 1995, dans la rédaction du canal Aspect, comme technicien puis opérateur, pour finir correspondant dès 1997. Les années suivantes, il avait travaillé pour divers médias notamment dans la région de Mourmansk, dans les terres arctiques de la Russie, célèbre port et base militaire de la Russie (2013). C’est de là qu’il était passé à la chaîne télévisée Rossia et fut ensuite envoyé dès le début du conflit en Ukraine, dans le Donbass (juin 2014). Il avait livré plusieurs reportages émouvants, témoignant des massacres de civils par l’Armée ukrainienne, femmes et enfants, au moyen des bombardements ou des exactions des troupes politisées des Ukrainiens. Il se trouvait près du village de Metalist, dans la région de Lougansk, avec son collègue Anton Volochine opérateur son, le 17 juin 2014. Ils furent soudainement bombardés par les Ukrainiens, Volochine fut tué sur le coup tandis que Korneliouk décédait une demi-heure plus tard de ses blessures en arrivant à l’hôpital où il devait être soigné.

Les plaintes de Reporter sans frontière ne furent guère entendues ni relayées en Occident. Quelques semaines plus tard, la destruction partielle du bataillon de massacreurs néonazis Aidar ; dont l’égérie féminine avait fait même l’objet d’un article enjôleur en français dans les lignes du magazine Elle http://www.rfi.fr/europe/20150101-magazine-elle-propagande-berne-nazi-vita-zaveroukha; permit la capture de Nadia Savtchenko. Les activistes occidentaux firent beaucoup de gesticulations pour la faire libérer et empêcher son passage devant un tribunal de guerre. Ils furent même aidés par des politiciens français ou des associations « pour la défense de la Démocratie » comme la Cosmopolitan Project Foundation pilotée par des socialistes français (dont Quentin Guillemain un ancien assistant parlementaire au Sénat, impliqué dans un gros scandale) et financée par des réseaux menant à l’ambassade d’Ukraine, à la diaspora et en direction d’autres organisations du même genre conduisant à l’USAID. Il serait long de revenir sur une affaire connue : Savtchenko membre du bataillon néonazi Aidar, était aussi député du parti ultranationaliste de La Reine du Gaz ; la femme aux tresses, Timochenko. Elle était aussi une ancienne navigatrice de l’Armée de l’Air ukrainienne. C’est dans ses fonctions d’opératrice et coordinatrice d’artillerie, qu’ayant appris par l’écoute des téléphones des journalistes russes, leur position exacte, qu’elle fut à l’origine du déclenchement du tir sur les journalistes russes. Ils furent tués comme nous l’avons vu.

Acharnement à taire la vérité jusqu’au négationnisme et révisionnisme. Aucun média occidental n’a pleuré la mort des journalistes russes. Korneliouk était marié et avait une petite fille : Daria. Anton Volochine n’avait que 26 ans, mais il était aussi marié. Aujourd’hui, les valeurs se sont donc inversées, nos journalistes défendent les assassins. Pourtant la nature du bataillon Aidar était parfaitement connue et vérifiable. L’erreur du magazine Elle à la fin de l’année 2014, qui avait fait un gros scandale vite étouffé et peu relayé par les médias français, s’est prolongée dans les ondes de Radio France Info, avec un reportage sur le bataillon Azov et les ultras du club de football Dynamo de Kiev. Le journaliste Jérôme Cadet n’avait fait aucune excuse, ni même sa rédaction, même après les événements qui auraient pu tourner au drame durant le match Guingamp-Kiev en février 2015. Quant au bataillon Aidar, son commandant qui avait été élu député à la Rada de Kiev, le sinistre Serhiy Melnychuk s’était vu retiré finalement son immunité parlementaire, suite à une enquête criminelle diligentée contre lui pour : « la création d’un gang formés des hommes du bataillon Aidar s’étant ensuite livrés à des enlèvements, des pillages, des tortures et sans doute des meurtres ».

C’est de ce bataillon que sortait Nadia Savtchenko, bataillon épinglé par le journal britannique Guardian (mars 2015), lors d’un reportage mettant en exergue l’utilisation de symboliques nazies, insignes de la SS, wolfsangel de la terrible 36e division SS commandée par le criminel Dirlewanger. Cette division, dont le nom de son chef était synonyme de terreur, s’illustra par des massacres odieux de civils, des exécutions sommaires et des viols, pour un total d’au moins 60 000 victimes innocentes durant la Seconde Guerre mondiale. Amnesty International a émis un document terrifiant sur les activités du bataillon Aidar, prouvant l’exécution de prisonniers de guerre, d’otages, s’étant livré à des tortures, des viols, des pillages. Les faits relatés plongerait n’importe qui dans l’horreur la plus absolue : têtes tranchées, civils exécutés après avoir été martyrisés, racket des populations russophones, réquisitions forcées y compris de « ventres » de femmes, passages à tabac et destructions de biens privés (septembre 2014) . Nous avons le tournis à lire le nombre et la nature des crimes et c’est la nausée qui vient lorsque nos médias partent à la défense de tels criminels, comme ici dans les lignes de France 24 .

Alors journalistes de France, pourquoi ne parlez-vous pas de la nature du bataillon dont Savtchenko faisait partie… Pourquoi niez-vous le fait qu’il y ait de très nombreux nazis dans l’armée ukrainienne et dans sa population ? Pourquoi cachez-vous le nombre de bataillons ou régiments néonazis existants ? Pourquoi vos collègues russes qui laissèrent des veuves et des orphelins ne rentrent-ils pas dans la sphère de vos « protestations démocratiques » ? Sachez qu’en agissant ainsi vous devenez complices, qu’en omettant, désinformant ou en manipulant l’information vous n’êtes plus journalistes. Vous devenez des criminels.

Laurent Brayard pour le Donbass Insider

Source : Donbass Insider
https://www.donbass-insider.com/fr/…

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