Xavier Bertrand et Valérie Pécresse ont un positionnement politique très proche
et sont tous les deux en concurrence pour 2022 (image d’illustration).
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Par Bastien Gouly

Source : RT France

Quittant leur famille politique en 2017 et 2019, les deux candidats à la présidentielle Xavier Bertrand et Valérie Pécresse ont finalement décidé de reprendre leur carte chez LR, dans le but d’être investi par le parti. Un retournement de veste ?

Ils avaient quitté leur parti politique de toujours à coups d’esclandres et d’invectives. Finalement, les deux candidats à la présidentielle, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, ont ressenti les 14 et 15 octobre le besoin de revenir au bercail de Les Républicains (LR). Ni l’un, ni l’autre ne s’imposant réellement dans les intentions virtuelles de vote, pouvaient-ils faire autrement ? Durant leur congrès du 4 décembre, Les Républicains officialiseront en effet l’investiture d’un des six candidats en lice dont font aussi partie Eric Ciotti, Michel Barnier, Philippe Juvin, et Denis Payre. Pourtant, depuis leur départ de LR, tant Xavier Bertrand que Valérie Pécresse ont misé sur une image anti-boutique LR, pour tenter de rallier des soutiens d’autres horizons.

Sauf que les dynamiques n’ayant pas réellement pris, les deux ont finalement opté pour un retour dans leur ancienne formation. La plus surprenante volte-face est probablement celle du président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand qui a donc repris sa carte le 15 octobre «au nom de la cohérence et de la clarté». «A partir du moment où j’accepte les règles du congrès, les choses sont claires. Ce qui ne m’empêchera pas de solliciter le soutien de l’UDI», a-t-il précisé sur BFMTV.

Pourtant, trois jours plus tôt, le 12 octobre, il avait réitéré en réunion avec des sénateurs de droite, sa volonté de rester en dehors du parti. En réalité, cela fait depuis quatre ans que Xavier Bertrand n’a fait que se détacher de celui-ci. Pressenti en 2017 pour être Premier ministre d’Emmanuel Macron, il avait notamment soutenu la réforme phare du code du travail de Muriel Pénicaud. Identifié au centre-droit de l’échiquier politique, cet ancien ministre sarkozyste a quitté sa formation d’origine le 11 décembre 2017, après l’élection du conservateur Laurent Wauquiez à la présidence de LR. Ne souhaitant pas rejoindre une nouvelle structure, il a alors pris pour leitmotiv : «Mon parti, c’est la Région.»

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D’ailleurs, même après la démission de Laurent Wauquiez le 2 juin 2019 après l’échec des élections européennes, Xavier Bertrand s’est refusé à toute nouvelle adhésion. Une rectitude qu’il tiendra jusqu’au 15 octobre 2021. Surfant sur l’idée macroniste anti-parti de «l’ancien monde», il s’afficha même publiquement à une rencontre publique du Printemps républicain, un mouvement de gauche de défense de la laïcité. Un événement auquel assista également… Valérie Pécresse.

En outre, lorsqu’il rendait quasiment public sa candidature pour 2022 en août 2020, l’ancien ministre de la Santé assurait qu’il ne souhaitait plus se soumettre à «des règles fixées par les partis politiques», préférant une absence de filtre entre lui et le peuple. Il a entretenu de fait un clair-obscur programmatique, se présentant comme une figure de la droite modérée, libéral, pro-Union européenne, tout en se définissant comme un gaulliste social. Il s’est même lancé dans une diatribe contre l’austérité au début de la crise du Covid-19, alors même qu’il fut un partisan de la règle d’or budgétaire durant ses responsabilités ministérielles quelques années auparavant.

Depuis sa réélection à la Région en juin 2021, Xavier Bertrand a réclamé à de nombreuses reprises une union de potentiels candidats de droite à la présidentielle… sous sa bannière. Une proposition qui n’a jamais été retenue par ses concurrents de droite. Certain d’être l’homme providentiel, le 30 septembre sur France 2, il affirme une nouvelle fois «demander le soutien de [sa] famille politique», considérant être «celui qui peut battre Emmanuel Macron et Marine Le Pen». Refusant toute primaire, mais ne parvenant pas à s’illustrer comme le prétendant naturel et rassembleur de la droite, il concède donc une investiture par le vote des adhérents LR.

Xavier Bertrand a-t-il été pris de court par le retour de Valérie Pécresse chez LR ?

Est-ce que le choix de Xavier Bertrand, celui de revenir au sein de LR, est un aveu de premier échec ? Cet acte s’est en tout cas déroulé dans la foulée de celui de Valérie Pécresse. La présidente de la Région Ile-de-France a en effet annoncé son retour le 14 octobre, la veille de l’annonce de Xavier Bertrand. Quittant LR après les européennes le 5 juin 2019, elle a fait de son mouvement Libres !, une machine politique à son service.

Elle dénonça à l’époque la ligne politique de LR, la jugeant comme «trop rétrécie», en écho au profil conservateur de la tête de liste désignée par Laurent Wauquiez pour les élections européennes : François-Xavier Bellamy. Proche elle aussi du centre-droit, Valérie Pécresse estima alors qu’il fallait que cette ligne «évolue» et «s’enrichisse de nos différences, de notre diversité». «J’ai décidé de quitter Les Républicains parce que j’ai la conviction qu’il est impossible de refonder les idées de la droite de l’intérieur du parti», annonça-t-elle, en préconisant «une troisième voie» entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Néanmoins, elle avait précédemment affiché une proximité plus forte avec le macronisme, soutenant quelques mesures comme la réforme de la SNCF. Forte de son succès aux régionales en 2021, Valérie Pécresse a officiellement présenté sa candidature pour l’Elysée le 22 juillet 2021. A l’inverse de Xavier Bertrand, elle a régulièrement pris position en faveur d’une primaire de la droite. Moins rétive pour revenir dans le giron de Les Républicains, elle s’est par exemple affichée à la rentrée des jeunes LR en septembre 2021.

L’ancienne ministre du Budget avait eu droit à des applaudissements alors que Xavier Bertrand, absent, fut hué. Sa ré-adhésion est selon elle une «conséquence logique». «Du fait que j’ai accepté depuis le début de jouer collectif», argumente-t-elle. Les deux leaders poussent désormais leurs partisans à reprendre la carte avant mi-novembre. Histoire d’avoir le plus de voix possibles pour le congrès. Une stratégie opportuniste ou une réelle volonté de se fondre dans le collectif ? Bastien Gouly

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Publié le 16 octobre 2021

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