Par Karine Bechet-Kolovko

Le rêve de l’enseignement à distance, c’est-à-dire finalement virtuel – dans tous les sens du terme, de l’élite progressiste russe a (enfin) pu être réalisé grâce à l’instrumentalisation du coronavirus. Mais selon le ministère de la Santé, ce fantasme se transforme en cauchemar : 83,8% des enfants confinés de facto à domicile pour jouer la parodie de l’enseignement à distance présentent des symptômes plus ou moins graves de trouble psychique. 83,8%. Bref, non seulement l’enseignement à distance ne permet pas de dispenser un enseignement de qualité, mais en plus, la justification se devant imparable du « Mais, enfin, ne soyez pas égoïste, c’est pour leur saaanté! » (n’oubliez le visage figé et l’oeil accusateur de la bien-pensance outragée), ne tient pas non plus. Etrangement, et parce que c’est manifestement prévu pour durer, le ministère de la Santé ne prévoit pas de renvoyer les enfants à l’école … mais de les shooter aux psychologues. Ainsi, ils pourront intégrer la nouvelle norme sociale et se faire détruire sans souffrir. C’est quand même beaucoup plus humain.

Le ministère russe de la Santé vient de rendre publique les résultats d’une étude concernant les conséquences de l’enseignement à distance, qui confirme les inquiétudes des parents ne cessant de demander la fin de ce système pesant de plus en plus lourdement sur les enfants (voir notre texte ici) et qui ne concerne que les écoles publiques. Est-ce parce que les écoles privées sont justement privées, qu’elles bénéficient d’une telle dérogation ? Les restaurants, les bars, etc. qui sont aussi du secteur privé, sont bien obligés aujourd’hui de fermer à 23h; quand il y a eu le confinement, même quand tout ce qui n’était pas « vital » était fermé, les écoles privées, elles, restaient ouvertes. Chose surprenante, car si la « peste coronée » rôde dans nos rues et nos écoles, pourquoi l’impératif de santé publique ne concerne pas les écoles privées ?

N’oublions pas que le sacrifice de chacun est demandé au nom de la santé. Soit. Or, selon l’étude menée par le ministère russe de la Santé, 83,8% des élèves présentent des troubles psychiques en raison de l’isolement et de l’enseignement à distance : dans 42,2% des cas, il s’agit de dépression et dans 41,6% des cas d’asthénie. Sans même parler de la démotivation pour l’apprentissage qui s’abat sur eux.

Donc, pour un virus qui a un taux de mortalité en Russie de l’ordre 1,6% des cas, qui ne touche quasiment pas les enfants, l’on « sauve » leurs corps d’un danger quasiment inexistant pour les détruire quasiment à coup sûr psychiquement.

La solution la plus simple et la plus logique, suite à ce rapport accablant, serait de remettre les enfants à l’école. Mais non, ce serait trop simple. Et surtout, cette saine réaction aurait sa place, si le problème était d’ordre sanitaire. Or, pourquoi avoir fait autant d’efforts pour s’arrêter si proche du but ? Il est donc proposé par le Gouvernement, pour « régler » ce problème … de développer la présence et le rôle des psychologues. Qui seront eux-aussi virtuels et vont ainsi augmenter la pression numérique.

Autrement dit, nous allons tout faire pour que restiez encore longtemps enfermés à domicile devant un écran, mais nous allons faire en sorte que vous trouviez cela normal, que vous n’ayez plus aucune réaction de rejet, que vous n’ayez plus aucune réaction. 

Ce mouvement de suicide volontaire de sa population n’est pas propre à la Russie, il prend une forme différente selon les pays. Pour autant, le mouvement est global. Rappelons que les enfants sont l’avenir du pays, dans le sens direct du terme. Détruire une génération, c’est amputer son avenir, c’est condamner son pays. J’aimerais savoir en quoi la situation, objectivement, le justifie.

Source : Russie politics
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