Par Lahouari Addi

Pour célébrer le 2èm anniversaire du hirak, des centaines de milliers de citoyens ont marché ce lundi 22 février dans les principales villes du pays pour demander la transition démocratique et le changement de régime. Les mêmes slogans ont été mis en avant, notamment dawla madania machi ‘askaria. Ces manifestations expriment le rejet du discours de Abdelmadjid Tebboune du 19 février où il a annoncé la dissolution de l’Assemblée Nationale et la tenue d’élections législatives en juin 2021. Face à la demande de changement, le président propose le renouvellement de l’Assemblée Nationale avec la même offre électorale composée principalement du FLN, du RND et de quelques partis d’opposition réduits à la figuration. Abdelmadjid Tebboune propose des élections, mais il oublie de dire qu’elles seront supervisées par une administration surveillée par la police politique. Les citoyens ont compris que tant que l’administration n’est pas libèrée de la tutelle de la police politique, il n’y aura jamais d’élections libres. L’existence de la police politique est la conséquence de la politisation du grade de général. La dépolitisation du grade de général est une condition nécessaire à la construction de l’Etat de droit. C’est le sens du slogan « madanya machi ‘askaria ».

Les élections législatives sont nécessaires, mais il y a des préalables dont:

-Formation d’un gouvernement de transition
-Dissolution de la DCSI (la police politique) et réhabilitation des Renseignements Généraux comme instrument d’information des responsables locaux et nationaux garants de l’ordre public
-Renforcement des moyens des services d’espionnage et de contre-espionnage pour neutraliser les menaces extérieures en cette période en particulier
-Refonte de l’offre électorale en autorisant des partis issus du hirak
-Liberté des journalistes dans l’exercice de leur fonction, y compris les journalistes du service public.

Ce sont là quelques mesures à prendre pour restaurer la confiance entre l’Etat et la population. Le hirak n’est pas une émeute contre l’ordre public, ni une jacquerie contre l’Etat. C’est une demande d’Etat émanant d’une société qui a changé depuis l’indépendance. Le hirak veut une recomposition du champ politique et demande à ce que l’autorité publique soit ancrée dans le suffrage universel protégé par l’autonomie de la justice et la liberté de la presse. L’ère où les fonctions électives tirent leur représentativité de la légitimité politique de la hiérarchie militaire est terminée. Les décideurs doivent accepter cette exigence de changement de légitimité qui exprime un progrès qualitatif dans la construction de l’Etat. L’Algérie est sur le point de passer de la légalité fictive à la légalité effective.

Source : La page FB de l’auteur
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