Par Karine Bechet-Golovko

Pendant que la situation est dans une impasse stratégique, les populations du Donbass continuent à subir les assauts de l’armée ukrainienne, la France continue à dire qu’elle n’est pas satisfaite de la situation … en Russie, les Etats-Unis à exiger de … la Russie, partie aux accords de Minsk, que finalement ce soit elle qui les exécute et la Russie, toujours pas décidée à réellement intervenir, décide d’une nouvelle aide humanitaire et économique. Les grands hommes font les grandes nations, ils sont aujourd’hui dans les tranchées, mais manquent sérieusement sur le front politique.

Chaque jour apporte son lot de nouvelles désespérantes, humainement désespérantes. Car combien de temps les habitants du Donbass, qui ont eu le courage de simplement vouloir rester dans le Monde russe, vont-ils devoir subir cette infamie ? Et l’infamie n’est pas que militaire, humanitaire, elle est internationale : c’est la faillite de tout un système de valeurs, qui démontre sa plus haute hypocrisie.

L’avancée de l’armée ukrainienne est un fait, c’est donc un fait établi que les moribonds accords de Minsk sont dévastés. Par exemple, les habitants du village de Kominternovo, qui avaient dû attendre pour que la station électrique soit réparée que l’Ukraine accepte de cesser les tirs quelque temps, n’ont pu profiter de l’électricité qu’un mois … car l’Ukraine a de nouveau touché cette centrale. 68 personnes restent attachées à leur village. Seulement 68 personnes direz-vous, pas des combattants, des habitants. 68 personnes qui vivent un enfer au quotidien. Chaque vie est importante, chaque vie est un monde.

C’est un exemple parmi beaucoup d’autres. Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron, discutant avec Vladimir Poutine, ne s’estime pas satisfait de la régulation de la situation dans le Donbass, enfin pour être plus précis, ce qui semble l’intéresser beaucoup plus que les tirs de l’armée ukrainienne, c’est la présence d’une armée russe en Russie, qui ose avoir une frontière commune avec l’Ukraine. Que reste-t-il de l’humanisme, de la culture française ? Manifestement, absolument rien.

Mais au-delà des paroles des uns et des autres, par-delà l’avancée lente et sûre de l’armée ukrainienne, armée par les pays de l’OTAN, formée par les programmes de l’OTAN, aucun pas décisif n’ose être fait. Comme le dit parfaitement Erwan Castel, c’est un pat. En effet, comme nous le répétons depuis longtemps, l’impasse est stratégique : les occidentaux, à travers les Ukrainiens, ne sont pas prêts à prendre la responsabilité du sang et la Russie reste empêtrée dans une impasse diplomatique et une incertitude idéologique intérieure, ne pouvant se résoudre à digérer un territoire, dont il faudra garantir la frontière.

Un geste est toutefois fait : le Président Poutine décide d’une aide humanitaire et d’une ouverture du marché russe aux produits du Donbass. Comme l’explique sur place un expert, la certification qui ne sera plus nécessaire, ne l’était pas vraiment de toute manière, les grandes chaînes fédérales russes qui n’achetaient pas leurs produits ne les achèteront pas non plus, mais une ouverture est possible vers les petites chaînes locales.

Même si la décision est difficile à prendre, seule l’intégration du Donbass permettra de sauver une population, qui de toute manière a trop souffert par le fait de Kiev pour pouvoir revenir comme si de rien n’était dans le giron ukrainien. Cela est d’autant plus impossible, que l’Ukraine comme Etat, donc souverain, n’existe plus – le Donbass n’a plus nulle par où « revenir ». Cette décision d’intégration du Donbass permettrait par ailleurs de sauver la Russie de la voie dangereuse, dans laquelle elle s’enfonce, en la ramenant sur la voie du réel, en la rendant à elle-même.

Source : Russie politics
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