Par le CPI

CPI

Le gouvernement israélien a commencé à prendre des mesures concrètes pour retirer les licences de travail de plusieurs organisations humanitaires internationales actives en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, ouvrant ainsi un nouveau chapitre de restriction sur le travail humanitaire sous des prétextes légaux et sécuritaires.

Selon un rapport publié mardi par le journal israélien Yedioth Ahronoth, ces mesures sont dirigées par une autorité gouvernementale conjointe comprenant plusieurs ministères israéliens, présidée par le ministère dit de la « Diaspora et de la lutte contre l’antisémitisme ». Cette autorité cible des organisations sous prétexte de ne pas avoir rempli les exigences légales d’enregistrement selon les lois israéliennes, et accuse certains de leurs employés d’être impliqués dans des activités « terroristes ».

Le rapport indique que les autorités israéliennes ont envoyé des notifications officielles à plus de dix organisations internationales, dont Médecins Sans Frontières, les informant du retrait de leurs licences à partir du 1er janvier, avec l’obligation de mettre fin à toutes leurs activités d’ici le 1er mars.

Cette décision intervient après que les organisations ont bénéficié de prolongations supplémentaires pour se conformer aux exigences légales. La date limite initiale était le 9 septembre, mais elle a été prolongée jusqu’au 31 décembre.

Néanmoins, la version israélienne affirme que certaines organisations ont refusé de fournir une liste complète des employés palestiniens, invoquant leur refus de se soumettre à ce que les autorités qualifient de « vérifications de sécurité ».

Les autorités israéliennes ont prétendu que leurs services de sécurité avaient découvert la participation d’employés de Médecins Sans Frontières à des activités qualifiées de « terroristes ». Selon elles, en juin 2024, un membre du Hamas travaillant dans l’organisation aurait été tué, et en septembre, un autre employé aurait été identifié comme tireur d’élite des Brigades Al-Qassam. L’organisation aurait refusé de fournir des informations sur ces employés ou la nature de leurs rôles.

En parallèle, le journal a cité des responsables politiques et sécuritaires israéliens anonymes affirmant qu’ils « ne prévoient pas d’interrompre le flux d’aide humanitaire aux civils de Gaza », et que les organisations visées représentent une part limitée de l’aide totale, la majorité continuant par d’autres canaux sous contrôle israélien.

Une réponse humanitaire biaisée

Médecins Sans Frontières avait déjà averti, le 22 décembre, que les nouvelles règles israéliennes sur l’enregistrement des ONG internationales pourraient priver des centaines de milliers de Palestiniens de soins de santé vitaux d’ici 2026.

L’organisation a expliqué que ces exigences menaçaient le retrait de leur enregistrement à partir du 1er janvier, ce qui affaiblirait leur capacité à fournir des services essentiels à Gaza et en Cisjordanie.

Elle a souligné que la perte d’ONG humanitaires indépendantes et expérimentées constituerait « une catastrophe réelle », appelant Israël à garantir la continuité d’une aide humanitaire indépendante et impartiale, et avertissant que le système humanitaire déjà fortement limité ne pourrait supporter davantage de démantèlement.

Dans ce contexte, Pascale Kowasar, coordinatrice des urgences pour Médecins Sans Frontières à Gaza, a indiqué que leurs équipes avaient soigné l’année dernière des centaines de milliers de patients et fourni des centaines de millions de litres d’eau. En 2025, l’organisation a effectué environ 800 000 consultations en ambulatoire et traité plus de 100 000 cas de blessures graves.

Cette escalade s’inscrit dans le cadre d’accusations israéliennes précédentes visant l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), notamment après l’attaque du 7 octobre 2023. Israël avait alors affirmé que certains employés de l’agence avaient participé à l’attaque. Cependant, une enquête internationale, publiée en avril 2024, n’avait trouvé aucune preuve de l’implication institutionnelle de l’UNRWA dans des activités militaires, ce qui a conduit plusieurs pays donateurs à reprendre leur financement, alors qu’Israël continue de rejeter ces conclusions et de maintenir ses accusations.

Source : CPI
https://french.palinfo.com/…

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