En comparant l’article du Guardian intégralement traduit ci-dessous, où le fait que 135 cadavres de Palestiniens aient été restitués dans un état effroyable par l’occupation israélienne est indiqué dès le titre, et le compte rendu (intégré ci-après) qu’en fait Le Monde, supprimant le mot-clé (« mutilés ») du titre, on comprend que les médias dominants n’ont d’autre vocation que de servir de service après-vente pour les atrocités israéliennes, pour reprendre le mot d’Alain Marshal (qui analyse ici le traitement de ce sujet par Mediapart). Notons que le Guardian avait déjà publié un article sur les actes de tortures et exécutions constatés sur les cadavres palestiniens le 15 octobre, mais nos médias n’estiment pas ce sujet digne d’intérêt, justement parce qu’il montre le vrai visage d’Israël.
Au moins 135 corps mutilés de Palestiniens détenus dans une prison israélienne tristement célèbre, selon des responsables de Gaza
Des documents indiquent qu’ils provenaient de Sde Teiman, déjà accusée de torture et d’assassinats extra-judiciaires.
Source : The Guardian, 20 octobre 2025
Traduction : lecridespeuples.substack.com
Au moins 135 corps mutilés de Palestiniens renvoyés par Israël à Gaza avaient été détenus dans un centre de détention tristement célèbre, déjà visé par des accusations de torture et de décès illégaux en détention, ont indiqué des responsables du ministère de la Santé de Gaza au Guardian.
Le directeur général du ministère de la Santé, le Dr Munir al-Bursh, et un porte-parole de l’hôpital Nasser de Khan Younis, où les corps sont examinés, ont déclaré qu’un document trouvé à l’intérieur de chaque sac mortuaire indiquait que tous provenaient de Sde Teiman, une base militaire située dans le désert du Néguev où, selon des photos et témoignages publiés par le Guardian l’année dernière, des détenus palestiniens étaient enfermés dans des cages, les yeux bandés et menottés, enchaînés à des lits d’hôpital et contraints de porter des couches.

« Les étiquettes à l’intérieur des sacs mortuaires sont rédigées en hébreu et indiquent clairement que les dépouilles ont été conservées à Sde Teiman », a déclaré Bursh. « Les étiquettes montraient également que des tests ADN avaient été effectués sur certaines d’entre elles. »
L’année dernière, l’armée israélienne a ouvert une [mascarade d’] enquête pénale, toujours en cours, sur la mort de 36 prisonniers détenus à Sde Teiman.
Dans le cadre de la trêve négociée par les États-Unis à Gaza, le Hamas a remis les corps de certains [détenus] morts pendant la guerre, et Israël a jusqu’à présent transféré les corps de 150 Palestiniens tués après l’attaque du 7 octobre 2023.
Certaines des photographies des corps palestiniens vues par le Guardian, qui ne peuvent être publiées en raison de leur caractère explicite, montrent plusieurs victimes les yeux bandés et les mains liées derrière le dos. Une autre image montre une corde nouée autour du cou d’un homme [aperçu ici et ici ; âmes sensibles s’abstenir].
Les médecins de Khan Younis ont déclaré que les examens officiels et les observations de terrain « indiquent clairement qu’Israël a commis des meurtres, des exécutions sommaires et des actes de torture systématique contre de nombreux Palestiniens ». Les responsables de la santé ont affirmé que les constats documentés incluaient « des signes évidents de tirs directs à bout portant et des corps écrasés sous les chenilles de chars israéliens ».
Eyad Barhoum, directeur administratif du complexe médical Nasser, a indiqué que les corps « ne portaient aucun nom, seulement des codes » et qu’une partie du processus d’identification avait déjà commencé.
S’il existe des preuves substantielles que de nombreux Palestiniens rapatriés ont été exécutés, il demeure difficile de déterminer où les victimes ont été tuées. Sde Teiman sert de lieu de stockage pour les corps provenant de Gaza, mais c’est aussi un camp de détention tristement célèbre pour les décès en captivité [et les actes de viols collectifs barbares commis sur des détenus palestiniens, voir Institutionnalisation du viol des détenus Palestiniens : le vrai visage d’Israël]. Les défenseurs des droits de l’homme réclament une enquête pour établir si certains des morts ont été tués sur place, et si oui, combien.
Le corps de Mahmoud Ismail Shabat, 34 ans, originaire du nord de Gaza, portait des marques de pendaison autour du cou et ses jambes avaient été écrasées par les chenilles d’un char, ce qui suggère qu’il a été tué ou blessé à Gaza avant que son corps ne soit transféré à Sde Teiman. Son frère Rami, qui a identifié le corps grâce à une cicatrice d’une ancienne opération chirurgicale à la tête, a déclaré : « Ce qui nous a le plus bouleversés, c’est que ses mains étaient liées et que son corps portait des traces évidentes de torture. »
« Où est le monde ? » a demandé la mère de Shabat. « Tous nos otages nous ont été rendus torturés et brisés. »
Certains médecins palestiniens affirment que le fait que de nombreux corps aient les yeux bandés et les mains liées suggère qu’ils ont été torturés, puis tués pendant leur détention à Sde Teiman, où, selon les médias israéliens et les témoignages de gardiens de prison lanceurs d’alerte, Israël détiendrait près de 1 500 corps de Palestiniens originaires de Gaza.
Un lanceur d’alerte qui s’est confié au Guardian et a été témoin des conditions de détention à Sde Teiman a déclaré : « J’ai vu un patient de Gaza amené avec une blessure par balle à la poitrine gauche. Il avait aussi les yeux bandés et les poignets menottés, et il était tout nu à son arrivée au service des urgences. Un autre patient, blessé par balle à la jambe droite, est arrivé à mon hôpital dans des conditions similaires. »
Un autre lanceur d’alerte a déjà décrit comment les patients, tous originaires de Gaza, étaient menottés à leurs lits. Ils portaient tous des couches et avaient les yeux bandés.
On lui a dit que certains patients venaient d’hôpitaux de Gaza. « Il s’agissait de patients capturés par l’armée israélienne alors qu’ils étaient soignés dans des hôpitaux de Gaza, puis amenés ici. Ils avaient des membres amputés et des plaies infectées. Ils gémissaient de douleur. »
Il a affirmé que l’armée n’avait aucune preuve que les détenus appartenaient au Hamas, certains d’entre eux demandant à plusieurs reprises pourquoi ils étaient là.
Dans un cas, a-t-il précisé, il a appris qu’un détenu avait été amputé d’une main « parce que ses poignets étaient devenus gangrenés en raison des blessures causées par les menottes ».

Quand Le Monde assure le service après-vente de l’attaque terroriste de masse aux bipeurs,
en mentant comme un arracheur de dents.
Shadi Abu Seido, journaliste palestinien de Gaza travaillant pour Palestine Today, libéré après 20 mois de détention à Sde Teiman et dans une autre prison israélienne, a déclaré avoir été arrêté par les forces israéliennes à l’hôpital al-Shifa le 18 mars 2024.
« Ils m’ont complètement déshabillé pendant dix heures, dans le froid », a-t-il témoigné dans une interview vidéo publiée sur Instagram par la chaîne publique turque TRT. « J’ai ensuite été transféré à Sde Teiman et détenu là-bas pendant cent jours, durant lesquels je suis resté menotté et les yeux bandés. Beaucoup sont morts en détention, d’autres ont perdu la raison. Certains ont été amputés d’un membre. Ils ont subi des violences sexuelles et physiques. Ils ont amené des chiens qui nous ont uriné dessus. Quand j’ai demandé pourquoi j’avais été arrêté, ils m’ont répondu : “Nous avons tué tous les journalistes. Ils sont morts une fois. Mais nous t’avons amené ici pour que tu meures des centaines de fois.” »
« Les traces de torture et d’abus constatées sur les corps des Palestiniens récemment renvoyés par Israël à Gaza sont horribles, mais malheureusement pas surprenantes. Ces conclusions confirment ce que Physicians for Human Rights Israel (Médecins pour les droits de l’homme — Israël) a révélé au cours des deux dernières années sur les conditions à l’intérieur des centres de détention israéliens, en particulier au camp de Sde Teiman, où des Palestiniens ont été systématiquement torturés et tués par des soldats et des gardiens de prison. »
Physicians for Human Rights Israel a déclaré : « Le nombre sans précédent de Palestiniens morts en détention israélienne, les preuves vérifiées et documentées de décès résultant de tortures et de négligence médicale, et maintenant les conclusions tirées de l’examen des corps rapatriés, ne laissent aucun doute : une enquête internationale indépendante est désormais indispensable pour que les responsables en Israël soient tenus de rendre des comptes. »
Le Guardian a soumis des photographies des corps à un médecin israélien qui avait lui aussi été témoin du traitement des prisonniers à l’hôpital de campagne de Sde Teiman.
Sous couvert d’anonymat, le médecin a déclaré que l’une des photos « montre que l’homme avait les mains liées, probablement avec des attaches en plastique. Il y a un changement de couleur entre les bras et les mains au niveau des attaches, ce qui indique probablement des altérations ischémiques dues à des contraintes excessives ».
Il a ajouté : « Il pourrait s’agir d’une personne blessée puis capturée (et donc décédée en détention israélienne) ou d’une personne morte des suites de blessures infligées après sa capture. »
Le Dr Morris Tidball-Binz, médecin légiste et rapporteur des Nations unies, a déclaré : « Il faudrait faire appel à une assistance médico-légale indépendante et impartiale pour aider à examiner et identifier les morts. »
Contactées au sujet des allégations de torture, les Forces israéliennes ont indiqué avoir demandé au Service pénitentiaire israélien (IPS) d’enquêter. L’IPS n’a pas répondu aux demandes de commentaires.
Concernant les abus présumés à Sde Teiman et les actes de torture infligés aux prisonniers, l’armée israélienne a précédemment déclaré qu’elle traitait les détenus « de manière appropriée et avec soin » et que « toute allégation de faute commise par des soldats de l’armée israélienne est examinée et traitée en conséquence. Dans les cas appropriés, des enquêtes criminelles sont ouvertes par la police militaire ».
Interrogées sur l’affirmation selon laquelle les corps palestiniens provenaient de Sde Teiman, l’armée israélienne a répondu qu’elle « ne commentait pas cette affaire ».
Selon les Nations unies, au moins 75 détenus palestiniens sont morts dans les prisons israéliennes depuis le 7 octobre 2023.
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Voici comment Le Monde rapporte cet article du Guardian : le sujet, non pas traité dans un article à part entière mais noyé dans le fil d’actualité pour en accentuer l’invisibilité, ne devient pas la torture et la mutilation de 135 cadavres, supprimée du titre, mais le fait marginal qu’ils proviennent de tel centre de détention (tristement célèbre pour ses mauvais traitements documentés) ; ce n’est qu’au 5e paragraphe que les actes indiscutables de tortures sont mentionnés. Ce procédé absolument abject permet à L’Immonde de pouvoir estimer avoir traité le sujet, tout en ayant masqué de son mieux l’essentiel. Si un seul prisonnier israélien avait été victime de tels sévices, le public occidental serait quotidiennement noyé sous les articles, éditoriaux, éditions spéciales et Unes de presse incandescents. Mais il ne faut rien espérer de tel pour les « animaux humains » de Gaza, car c’est ainsi que les considèrent la majeure partie des journalistes. Ce n’est que grâce à la complicité totale des médias que peuvent se perpétuer les crimes israéliens, constamment occultés et minimisés, tandis que les atrocités imaginaires attribuées aux Palestiniens sont amplifiées à l’extrême.

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Source : Le cri des Peuples
https://lecridespeuples.fr/…