Par Régis de Castelnau

Praticien du droit et de la justice, j’ai entrepris depuis une dizaine d’années un travail critique, sur la double catastrophe qui frappait l’institution judiciaire. Tout d’abord une catastrophe matérielle, où un système néolibéral pour lequel le rôle de l’État n’est pas de garantir la pérennité des services publics, y compris dans leurs fonctions régaliennes, mais de protéger le Marché et par conséquent le Capital. À la destruction programmée et méthodique de l’État-providence, s’est ajouté l’abandon budgétaire de la justice. Déjà parent pauvre dans un pays où la régulation administrative a toujours été plus puissante, la Justice s’est vue privée des ressources qui lui auraient permis de d’accomplir sa mission convenablement. La comparaison statistique avec les autres pays européens démontre la pauvreté, et d’une certaine façon le mépris dans lequel les dirigeants du pays tiennent cette mission. Mais un autre phénomène s’est combiné avec la clochardisation, celui de l’autonomisation du corps des magistrats, aboutissant en violation de la Constitution et de tous les principes d’une démocratie représentative, à une transformation de la Justice en pouvoir politique séparé. Composé de gros bataillons de la petite bourgeoisie urbaine, base de masse du néolibéralisme, le corps des magistrats est armé d’une idéologie directement politique de soutien à celui-ci. Par des centaines d’articles et la publication d’un ouvrage assez copieux, j’ai tenté d’appeler l’attention sur les dérives gravissimes de cette « Autorité judiciaire » devenue véritable « Pouvoir judiciaire », décidé à imposer au peuple français sa vision politique. Comme l’a montré le fonctionnement du système avec l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir. Personne aujourd’hui ne peut contester que c’est le raid judiciaire contre François Fillon du printemps 2017 qui a permis l’installation d’un parfait inconnu à l’Élysée. C’était le but poursuivi par ceux qui l’ont organisé. Depuis, la justice a soigneusement protégé le système mis en place par Emmanuel Macron, souvent à base de corruption géante. Aucune des grandes (ou petites) affaires qui auraient été de nature à le disqualifier n’a jamais prospéré. C’est une litanie que ces dossiers endormis, allant d’Alstom à McKinsey en passant par Kohler, fond Marianne, Benalla etc. etc. Parallèlement le même appareil judiciaire s’acharne contre tous ceux qui peuvent s’opposer au pouvoir d’Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen en savent quelque chose. Tout aussi parallèlement les mêmes toujours, se précipitent au coup de sifflet pour réprimer férocement tous les mouvements sociaux qui peuvent mettre en cause le système, les gilets jaunes pour ne parler que d’eux en savent eux aussi quelque chose. Et rappelons-nous l’incroyable circulaire Dupond Moretti lançant après le 7 octobre 2023, une répression tout aussi féroce et destructrice de la liberté d’expression. Enfin, il y a la complaisance avec la délinquance quotidienne du lumpenprolétariat sur laquelle je renvoie là aussi à la lecture d’un article récent.

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Source : Vu du Droit
https://www.vududroit.com/…

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