Par Andre Damon

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio à Doha, au Qatar, le mardi 16 septembre 2025
[AP Photo/Nathan Howard]

Lundi, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a tenu une conférence de presse conjointe avec le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou pour saluer ce que Nétanyahou a qualifié de « dernières opérations » dans l’offensive américano-israélienne contre Gaza : la conquête et la destruction de la ville de Gaza.

L’offensive israélienne contre la ville de Gaza placera la bande de Gaza sous occupation militaire totale, créant les conditions nécessaires à l’internement de la population dans des camps de concentration en vue de son extermination ou de son déplacement forcé.

« Nous allons prendre le contrôle du bastion du Hamas et le détruire », a déclaré Nétanyahou.

Mais le premier ministre israélien, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, a été surpassé dans sa soif de génocide par le secrétaire d’État américain, qui a répété publiquement la déclaration notoire de l’ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant selon laquelle les Palestiniens sont des « animaux ».

Rubio a déclaré: « Cela s’est produit parce que le 7 octobre, ces animaux, ces animaux barbares, ont mené cette opération […] contre des innocents. »

Il a conclu : « Cela doit cesser. Et comment cela peut-il cesser ? Cela cessera en éliminant les personnes qui ont commis ces actes, en mettant fin à la menace qu’elles représentent. »

Aussi vastes que soient les crimes de l’impérialisme américain qui a financé, armé et permis le génocide de Gaza, la déclaration de Rubio marque un nouveau tournant. L’impérialisme américain, abandonnant son voile de promotion de la « démocratie » et des « droits de l’homme », a adopté un langage qui ne serait pas déplacé dans un discours prononcé par Adolf Hitler.

L’utilisation par Rubio de ce langage génocidaire a été le coup d’envoi de l’offensive israélienne à grande échelle contre la ville de Gaza, alors que des chars et des avions de combat entraient en action, déplaçant des milliers de personnes sous la menace des armes vers la route côtière encombrée au sud de Gaza.

L’assaut de cette semaine a été précédé d’une campagne de bombardements incessants qui a rasé une grande partie de la ville en préparation d’une offensive terrestre visant à tuer ou à chasser le million de personnes qui s’y sont réfugiées.

Annonçant l’offensive contre la ville de Gaza, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a écrit sur X : « Gaza est en feu. L’armée israélienne frappe avec une main de fer. […] Nous ne céderons pas et nous ne reculerons pas, jusqu’à ce que la mission soit accomplie. »

La « mission » consiste à détruire et à déplacer tout un peuple, sous les yeux du monde entier, dans un génocide commis sans vergogne, au vu et au su de tous.

Alors même qu’Israël lance ses « dernières opérations » à Gaza, il étend sa campagne visant à subjuguer la Cisjordanie.

La semaine dernière, Nétanyahou a annoncé un plan visant à étendre les colonies israéliennes en Cisjordanie, coupant de fait le territoire palestinien en deux. Le plan de colonisation, selon les termes du ministre des Finances Bezalel Smotrich, vise à « enterrer l’idée d’un État palestinien ».

En signe d’approbation des plans d’annexion de la Cisjordanie par Israël, Rubio a participé à l’inauguration d’un site illégal de « tourisme architectural » pour les colons à Jérusalem-Est, en prenant part à l’excavation d’un tunnel sous des maisons palestiniennes.

Le jour même où Rubio a rencontré Nétanyahou, la Commission d’enquête internationale indépendante des Nations unies sur le territoire palestinien occupé a publié un rapport de 72 pages démontrant de manière méticuleuse et irréfutable qu’Israël commet systématiquement un génocide à Gaza.

Annonçant les conclusions de la commission dans une tribune libre publiée dans le New York Times, la juriste sud-africaine Navi Pillay, âgée de 81 ans, a déclaré : « Notre conclusion est sans appel : Israël commet un génocide contre les Palestiniens à Gaza. »

Pillay a exposé l’ampleur sans précédent de ce massacre. Plus de 64 000 Palestiniens ont été tués, dont 18 000 enfants et près de 10 000 femmes. En conséquence, l’espérance de vie à Gaza a chuté de près de moitié, passant de 75 à 40 ans, l’une des baisses les plus importantes jamais enregistrées. Un enfant est mort toutes les heures à Gaza.

Pillay a déclaré : « Ce ne sont pas des accidents de guerre. Ce sont des actes calculés pour provoquer la destruction d’un peuple. »

Le rapport explique que le crime de génocide comporte deux éléments : un élément physique (« actus reus ») et un élément mental (« mens rea »). La culpabilité des responsables israéliens dans ces deux domaines ne fait aucun doute. Le rapport accuse les dirigeants israéliens d’avoir « tué des membres du groupe » et d’avoir « délibérément infligé au groupe des conditions de vie calculées pour provoquer sa destruction physique ».

À plusieurs reprises, Pillay et les autres membres de sa commission ont fait remarquer que la composante mentale du génocide est généralement la plus difficile à prouver, car tous les génocides précédents ont été accompagnés de dissimulations systématiques. Mais dans le cas du génocide de Gaza, les dirigeants israéliens ont fait des déclarations génocidaires de manière flagrante et ouverte, notamment la déclaration de Gallant selon laquelle «nous combattons des animaux humains », qui est désormais reprise par Rubio.

Ainsi, le rapport déclare : « Concernant l’intention criminelle du génocide, la Commission conclut que les déclarations faites par les autorités israéliennes constituent une preuve directe de l’intention génocidaire. »

Au début du mois, le Washington Post a publié un plan secret qui a fait l’objet de discussions approfondies à la Maison-Blanche.

Il présentait la destruction et le nettoyage ethnique de Gaza comme une entreprise financière, déclarant que chaque Palestinien qui quitte Gaza vaut 23 000 dollars pour les occupants de l’enclave. Dans ce cadre, le génocide est présenté comme un moyen de faire de l’argent, dans lequel plus il y a de personnes tuées et plus il y a de bâtiments rasés, plus les États-Unis, Israël et leurs « partenaires » investisseurs milliardaires y gagneront financièrement.

Le rapport présentait le génocide dans le contexte du plan américano-israélien pour un « nouveau Moyen-Orient », sous domination américaine, qui sert de centre militaire et logistique pour les plans de guerre des États-Unis contre la Chine.

Le génocide de Gaza est un avertissement : l’impérialisme américain, confronté à une crise sociale, économique et géopolitique dont il ne voit pas d’issue, est capable de tous les crimes, que ce soit contre les peuples du monde ou contre la classe ouvrière aux États-Unis.

Rien de ce que disent ou font les Nations unies ne changera la trajectoire des actions d’Israël. Israël n’est pas freiné par l’opinion internationale ou les résolutions diplomatiques. C’est un régime criminel, dirigé par des criminels de guerre inculpés, qui considère le génocide comme un instrument légitime de politique d’État.

Mais les crimes d’Israël sont les crimes de l’impérialisme. Le génocide de Gaza a été lancé sous l’administration Biden, avec le soutien total du Parti démocrate. Il est maintenant mené à bien sous Trump et son gouvernement de fascistes. Le massacre a été armé, financé et justifié par toutes les puissances impérialistes – la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France, le Canada et d’autres – qui ont toutes du sang sur les mains.

L’anéantissement de Gaza s’inscrit dans le cadre d’une offensive impérialiste plus large. De l’Ukraine au Moyen-Orient, de l’Afrique à l’Asie, les élites dirigeantes déclenchent la guerre et la destruction dans le but de rediviser le monde dans un contexte de crise économique et politique profonde. Leur objectif est de réimposer une domination de type colonial et d’écraser toute résistance de la classe ouvrière. Pour atteindre cet objectif, leurs crimes ne connaissent aucune limite.

L’expérience de Gaza, avec près de deux ans de massacres et de punitions collectives, nous enseigne une leçon décisive : le génocide ne peut être arrêté par des appels aux puissances capitalistes qui le perpétuent et le défendent. Il ne peut être arrêté que par la mobilisation indépendante de la classe ouvrière dans chaque pays, dans un mouvement de masse qui s’attaquera à la cause profonde de la guerre et de l’oppression : le système capitaliste lui-même.

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…

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