Rapport du CPI

Centre palestinien d’information

La tentative d’assassinat des dirigeants du mouvement  de résistance Hamas dans la capitale du Qatar, Doha, alors qu’ils étaient réunis pour discuter du dernier document américain sur le cessez-le-feu, a constitué un développement exceptionnel dans l’agression génocidaire sur Gaza. Cette attaque, qui a eu lieu au cœur d’une capitale arabe favorable au processus de médiation, ne peut être considérée comme une simple opération militaire ponctuelle. Elle reflète plutôt les calculs politiques et sécuritaires profonds de l’entité sioniste et ouvre la voie à une série de répercussions régionales et internationales.

Contexte historique

Historiquement, l’entité sioniste a eu recours aux assassinats politiques et militaires pour éliminer les dirigeants des factions palestiniennes à l’intérieur et à l’extérieur des territoires palestiniens, avec une longue histoire d’assassinats ou de tentatives d’assassinats de dirigeants palestiniens à l’étranger. Ces opérations s’étendent sur plusieurs décennies et ont provoqué de nombreuses crises diplomatiques.

Parmi les assassinats les plus connus, on peut citer ceux commis contre des Palestiniens à la suite des attentats des Jeux olympiques de Munich en 1972, qui ont coûté la vie à 11 athlètes sionistes et qui auraient été perpétrés par l’organisation Septembre noir.

La liste est longue depuis les années 70 jusqu’à aujourd’hui, à commencer par l’écrivain et romancier politique palestinien Ghassan Kanafani, Mohammed Abu Dayya, Ziad Moushi, Wael Zaiter, Hassan Salama, Kamal Adwan, Kamal Nasser, Mohammed al-Najjar, Khalil al-Wazir, Atef Bseiso, Fathi al-Shqaqi, Izz al-Din al-Sheikh Khalil, Mahmoud al-Mabhouh et Omar al-Nayef.

Dans la situation actuelle, la tentative d’assassinat collectif des dirigeants de Hamas est survenue à un moment délicat des négociations, ce qui reflète la volonté persistante des sionistes de faire échouer tout processus politique en ciblant les dirigeants.

Selon l’écrivain et analyste politique Ahmed Al-Hila, la tentative d’assassinat manquée contre l’équipe de négociation de Hamas alors qu’elle se réunissait pour discuter de la proposition du président américain de cessez-le-feu à Gaza vise plusieurs objectifs, notamment : saper le processus de négociation afin de poursuivre le crime d’épuration ethnique et d’extermination à Gaza, Netanyahu et l’extrême droite sioniste théologique estimant que les négociations constituent un obstacle à la réalisation de leurs plans d’occupation de la bande de Gaza et d’expulsion du peuple palestinien par le bombardement, la destruction et les massacres.

Saper le processus de négociation

Al-Hila souligne que ce qui a suscité cette crainte chez Netanyahu et son gouvernement d’extrême droite, c’est l’accord préalable du mouvement de la résistance  Hamas sur la proposition de l’émissaire américain Steve Witkow, le 18 août dernier, sans modification ni réserve, ce qui l’a mis dans une position délicate et lui a valu une forte pression de la part de l’opinion publique internationale et sioniste, qui l’a accusé d’intransigeance et d’avoir manqué une occasion de libérer les prisonniers et de mettre fin à la guerre contre Gaza.

Il ajoute : « Il semble que Netanyahu ait craint que le mouvement de résistance Hamas n’accepte à nouveau les propositions du président américain, ce qui l’a poussé à agir dans la précipitation et à lancer cette offensive, afin de bloquer toute possibilité d’accord de cessez-le-feu et de maintenir la guerre contre Gaza comme scénario dominant, dans le but d’atteindre ses objectifs politiques théologiques en Terre promise. »

Fantasme d’une victoire absolue

Al-Hila estime que l’assassinat présumé des dirigeants politiques du Hamas au Qatar, après celui de figures importantes du mouvement telles que le chef de son bureau politique Ismaël Haniyeh à Téhéran, puis de Yahya al-Sinwar à Gaza, et avant eux du cheikh Saleh al-Arouri à Beyrouth, ainsi que de hauts responsables militaires du conseil militaire des Brigades al-Qassam, aurait peut-être constitué pour Netanyahu une victoire politique et sécuritaire sur la voie de l’élimination du Hamas.

Le chroniqueur politique palestinien n’exclut pas que l’entité sioniste répète le scénario de l’assassinat au Qatar, en Égypte et en Turquie sous le même prétexte, où les dirigeants du mouvement Hamas se rendent pour diverses raisons politiques, expliquant que cet assassinat permettrait à Netanyahu de convaincre l’élite sioniste et l’administration américaine qu’il est sur le point de mettre fin au dossier du Hamas en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à l’étranger, ce qui pourrait lui donner l’occasion de poursuivre le rasage de la bande de Gaza et le déplacement du peuple palestinien, sous le couvert américain de la création de la Trump Riviera et de grands projets économiques discutés par la Maison Blanche le 27 août dernier à Washington.

Dominer le Moyen-Orient

D’autre part, Al-Hila estime que le recours par l’occupation à l’aviation militaire dans le cadre de l’opération d’assassinat manquée en plein jour, au cœur de Doha, et le fait de ne pas avoir eu recours à des opérations d’assassinat secrètes, constituent un message adressé au Qatar et aux pays arabes. C’est ce qu’a souligné le président de la Knesset israélienne, Amir Ohana, du parti Likoud dirigé par le criminel de guerre Netanyahu, quelques heures après l’agression contre la souveraineté qatarienne, affirmant que cette opération était « un message adressé à l’ensemble du Moyen-Orient ».

Il ajoute : « L’entité sioniste voulait dire qu’il avait les mains libres dans la région, qu’il ciblerait n’importe quel pays, quelle que soit sa distance géographique, et que « personne n’était à l’abri », comme l’a déclaré Netanyahu après l’échec de l’opération.

Al-Hila montre que ce comportement, dans l’esprit sioniste extrémiste, sert et rejoint l’idée d’une expansion géographique de l’entité dans la région, ainsi que la déclaration de Netanyahu il y a quelques semaines selon laquelle il est engagé dans une « mission spirituelle et historique pour la Grande Isrl », dont nous suivons les prémices en Syrie et au Liban, où les forces sionistes sont positionnées.

La passivité arabe

Le chroniqueur politique Mohamed Al-Masri partage l’avis de Al-Hila, affirmant que l’entité n’est pas seulement un État voyou qui ignore la primauté du droit, mais aussi un État qui rejette ouvertement toutes les conventions et tous les accords, et dont les dirigeants ont toujours promu la vision d’une « Grande Isrl » s’étendant de l’Euphrate en Irak au Nil en Égypte, Netanyahu ayant réitéré en août son engagement envers ce projet publiquement à la télévision de l’entité.

Dans un article publié sur le site Middle East Eye, il affirme que le Qatar n’aurait jamais dû se sentir en sécurité, et qu’aucun autre pays de la région ne devrait se sentir en sécurité.

Il estime que de nombreuses leçons peuvent être tirées de l’attaque contre le Qatar. La première est que la passivité arabe ne sert à rien face à un État hors de contrôle comme l’entité occupante :

« l’attaque sioniste contre Doha est le résultat de deux années de faiblesse arabe et islamique face à une agression génocidaire flagrante et sans précédent. »

Il ajoute : « Ces gouvernements n’ont pratiquement pas réagi aux crimes commis à Gaza, en Cisjordanie et dans tout le Moyen-Orient. Au fil des décennies, l’occupation a appris qu’il pouvait faire ce qu’il voulait, quand il le voulait et comme il le voulait, sans aucune intervention de la part des dirigeants arabes ».

Il souligne un problème structurel dans les politiques arabes, plusieurs pays arabes ayant maintenu leurs relations politiques et commerciales avec l’entité sioniste au plus fort du génocide de Gaza. « L’Égypte, le plus grand pays arabe et celui qui possède l’armée la plus puissante, a signé il y a trois semaines un accord gazier colossal avec Israël et a accepté de lui verser 35 milliards de dollars au cours des quinze prochaines années. »

Questions sur les politiques arabes

SelonAl-Misri, cette attaque soulève également des questions sur le Qatar et les États-Unis : à quoi sert une base centrale gigantesque si elle n’est pas capable d’empêcher un allié des États-Unis de frapper le pays qui l’accueille ? Dans quelle mesure les pays arabes devraient-ils enfin regarder au-delà de Washington, peut-être vers la Russie, la Chine ou ailleurs ?

Il affirme que les États-Unis ne sont pas dignes de confiance, qu’ils soient démocrates ou républicains. L’administration Biden a apporté aux génocidaires un soutien diplomatique et militaire total pendant les 15 mois du génocide à Gaza, sans jamais faire pression pour qu’il mette fin à la guerre. Pendant ce temps, l’équipe de Trump est remplie de sionistes qui sont plus attachés à la « Grande Isrl » que beaucoup de sionistes eux-mêmes.

Al-Masri affirme que la région arabe au sens large doit désormais faire face à des questions difficiles, et que les pays qui se dressent sur la route de la « Grande Isrl » doivent se réveiller, envisager de rompre leurs relations avec cette entité et utiliser leur influence auprès de Washington pour imposer le changement, soulevant à nouveau la question de savoir si les pays arabes sont capables de former une alliance capable de défier l’entité sioniste sur le plan militaire. Ou bien vont-ils réagir avec la même passivité qui a longtemps caractérisé leur approche ?

Al-Masri affirme que l’agression contre Doha montre qu’aucune alliance antérieure, aucune diplomatie, aucune protection américaine ne peut protéger un pays arabe de la violence sioniste. Si l’ennemi n’est pas confronté, chaque capitale de la région doit savoir qu’elle est une cible potentielle.

« une seule vérité est claire : l’entité ne s’arrêtera pas tant qu’on ne l’aura pas arrêté ».

Source : CPI
https://french.palinfo.com/…

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