© Al Jazeera. De la fumée s’élève après une frappe israélienne, mardi 9 septembre 2025,
sur le quartier de Legtaifiya à Doha, au Qatar.
Par ONU Info
Source : ONU Info
La frappe israélienne qui a visé mardi un quartier de Doha, tuant six personnes dont cinq membres du Hamas, a suscité jeudi la condamnation de l’ensemble des membres du Conseil de sécurité. Le Qatar a dénoncé une atteinte à son rôle de médiateur, tandis qu’Israël affirme avoir visé les « cerveaux du terrorisme ».
L’attaque a balayé les murs d’un complexe résidentiel de la capitale qatari, où des cadres du Hamas étaient en train d’évaluer la dernière proposition américaine de cessez-le-feu à Gaza et de libération d’otages. « Elle s’est produite sur le sol d’un médiateur central », s’est indigné le Premier ministre du pays, Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani, venu en personne réclamer justice au Conseil.
« C’est une violation de la souveraineté d’un État membre des Nations Unies… Israël, mené par des extrémistes assoiffés de sang, est allé au-delà de toute limite », a-t-il lancé, rappelant que l’émirat, qui est le principal théâtre des négociations entre Tel Aviv et le Hamas, avait contribué à la libération de 148 otages israéliens. Pour le dirigeant, frapper Doha, alors même que des pourparlers étaient en cours, révèle « l’intention d’Israël : saboter toute perspective de paix ».
Israël persiste et signe
Face à lui, l’ambassadeur israélien, Danny Danon, a revendiqué sans détour l’opération : « Les hommes visés n’étaient pas des diplomates, mais les cerveaux du terrorisme », a-t-il affirmé. « Il n’y a pas et il n’y aura jamais d’immunité pour les terroristes ».
Égrenant un chapelet d’attaques attribuées au Hamas, du massacre du 7 octobre 2023 – à l’origine de la guerre actuelle à Gaza – aux fusillades récentes à Jérusalem, il a accusé Doha d’abriter les « commandants » du groupe dans le confort de « palaces de luxe » et exigé de l’émirat qu’il choisisse entre médiation et complicité.

UN Photo/Loey Felipe. Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, lors de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU.
Condamnation du Conseil
Entre ces deux positions irréconciliables, le Conseil a affiché une condamnation unanime d’Israël. Dans un rare élan d’unité, ses quinze membres ont publié une déclaration, quelques instants avant la réunion, dénonçant les frappes israéliennes et réaffirmant leur soutien à la souveraineté du Qatar. « Cette frappe ouvre potentiellement un nouveau et périlleux chapitre dans ce conflit dévastateur », a surenchéri Rosemary DiCarlo, cheffe des affaires politiques de l’ONU, à l’entame de la réunion d’urgence, qui était convoquée à l’initiative de l’Algérie.
Le représentant de cette dernière a accusé Israël d’agir « comme si les frontières n’étaient qu’illusions », entraînant au passage « la région et le monde vers l’abîme ». Son homologue russe a rappelé que le raid israélien avait frappé en pleine après-midi un quartier fréquenté regorgeant d’écoles et de jardins d’enfants, à 600 mètres des locaux diplomatiques de Moscou. Une « impunité totale » uniquement possible, selon lui, « grâce à la couverture diplomatique offerte par Washington ». La France a également condamné des frappes « inacceptables, quel qu’en soit le motif », tout en appelant Israël à mettre fin à l’« état de guerre permanent à Gaza ».
Même les États-Unis, habituel bouclier intergouvernemental d’Israël, ont haussé le ton : « Des frappes unilatérales sur le territoire du Qatar ne servent ni les objectifs d’Israël ni ceux de l’Amérique », a reconnu leur ambassadrice, Dorothy Shea, tout en réaffirmant qu’« éliminer le Hamas… est un objectif légitime ».
Quelle voie pour la paix ?
Comme souvent, à l’ONU, c’est la voie de la paix que l’organisation a souhaité mettre en premier lieu en avant. « Concluez un accord. Libérez les otages. Mettez fin aux souffrances du peuple de Gaza », a exhorté Rosemary DiCarlo, en une supplique presque désespérée. Mais entre le Qatar qui dénonce une diplomatie torpillée et Israël qui promet de traquer ses ennemis dans chaque recoin du monde, l’espace pour une médiation paraît plus étroit que jamais.
Source : ONU Info
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